Rien à dire. Le clavier refuse l'ennui d'évoquer la honte que Machin a fait subir à notre pays pour rien, la semaine dernière. Je tente d'écrire ce billet le lendemain du jour (samedi) ou un ancien terroriste, un dictateur, un assassin, un violeur cynique, a quitté la France, laissant derrière lui une opinion écoeurée et des VIP désorientées par leurs propres compromissions. Quousque tandem, Sarko ? Quousque tandem ?...
Je dis pour rien, parce que Kadhafi a bien perçu l'embarras de son hôte, l'âpreté au gain des investisseurs, la nausée qui a saisi les politiques devant cette pantalonnade, il a bien compris qu'il n'était pas le bienvenu, malgré les sourires crispés, les poignées de main réticentes et les tapis rouges. "Pourquoi me recevez-vous comme ça ? Chez nous, quand on invite, on le fait bien, ou alors il ne fallait pas." Non, il ne fallait pas. D'autres pays vont l'accueillir ? Et alors ? Croyez-vous que l'Espagne va dérouler le tapis rouge, accueillir pendant cinq longues journées cette crapule ? Et de toute façon je m'en fiche, mon pays, c'est la France, ma terre bafouée, souillée, humiliée, c'est la France. Oui, les gars, vous saviez pas : Léo est un patriote, il aime son pays. Il a mal pour lui.
Pour rien. Ils sont oubliés, les 10 milliards de marché promis, qui faisaient briller les yeux des amis de Machin. On aura peut-être 300 millions, et encore... Des armes made in France qu'on retrouvera dans la bande de Gaza. Les Israéliens vont sûrement apprécier, les Américains aussi. En prime, l'infortunée secrétaire d'état à l'environnement, envoyée au casse-pipe quand les autres huiles se sont défilées, a signé un accord gazier, dont elle ne connaissait ni les tenants ni les aboutissants. Elle nous coûte cher, la libération des infirmières bulgares. Tout ça pour donner à Cécilia une illusion d'existence, avant qu'elle réalise que tout s'est joué ailleurs, et qu'elle décide de quitter le navire, sans doute dégoûtée du rôle qu'on lui a fait jouer. Quelle réussite, quelle farce affreuse, quelle ignominie !
Les intérêts commerciaux ? D'accord, si vous voulez, si vous êtes sûrs que ça rétablisse le coût des cadeaux faits par Machin à ses copains, mais pas à n'importe quel prix. Machin, dans l'élan enthousiaste de son élection, ce fameux soir où une majorité de français ont choisi de plonger le pays dans les strass et la vanité, avait déclaré que la France, fidèle à son image, serait aux côtés des opprimés, il avait déclaré plus tôt que les droits de l'homme ne sont pas négociables ou solubles dans les intérêts économiques. Se renier ainsi... Nicolas, Nicolas... Quelle honte, quelle honte !
Nous vivons dans le même pays, pourtant je ne le reconnais pas dans l'image que tu te fais de lui. Mon pays s'ébroue, rechigne, désobéit, conduit sa voie comme il l'entend, quel que soit le coût de ses caprices. Il ne se soumet pas aux dictats des grandes puissances. Mon pays est toute résistance, il sourit aux faibles et aux opprimés ; face aux grands, il mord. Il agace, il est donneur de leçons, il s'empresse de dénoncer les problèmes des autres, avant de regarder chez lui ? Certes, il m'agace aussi, mais jamais il ne m'a désespéré comme aujourd'hui.
Un jour, nous sortirons de ce long cauchemar, abasourdis, étonnés, hébétés. Nous nous dirons : "Comment ? Pourquoi ?" Et il n'y aura plus personne pour nous aider à comprendre que nous n'avons pas écouté ceux qui disaient "danger", ceux qui pleuraient, qui suppliaient, qui tentaient de prévenir. Un jour, nos enfants nous demanderons des comptes.
Post Scriptum : heureusement, Kronix n'a aucune prétention au scoop, aussi je ne rebondis qu'à présent sur la nouvelle syncope médiatique de Machin : son mariage avec Carla. Se montrer à Dysneyland, pas de doute, on est dans le ton. Et pourquoi maintenant ? Pour faire vite oublier sa minable prestation face à un dictateur plus expérimenté, et qui l'a renvoyé dans l'ombre. L'ombre, principe intenable pour Sarkozy. Vite, de la lumière, des flashes, des paillettes !