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Sarko et moi - Page 4

  • Clavier fatigué

    Rien à dire. Le clavier refuse l'ennui d'évoquer la honte que Machin a fait subir à notre pays pour rien, la semaine dernière. Je tente d'écrire ce billet le lendemain du jour (samedi) ou un ancien terroriste, un dictateur, un assassin, un violeur cynique, a quitté la France, laissant derrière lui une opinion écoeurée et des VIP désorientées par leurs propres compromissions. Quousque tandem, Sarko ? Quousque tandem ?...

    Je dis pour rien, parce que Kadhafi a bien perçu l'embarras de son hôte, l'âpreté au gain des investisseurs, la nausée qui a saisi les politiques devant cette pantalonnade, il a bien compris qu'il n'était pas le bienvenu, malgré les sourires crispés, les poignées de main réticentes et les tapis rouges. "Pourquoi me recevez-vous comme ça ? Chez nous, quand on invite, on le fait bien, ou alors il ne fallait pas." Non, il ne fallait pas. D'autres pays vont l'accueillir ? Et alors ? Croyez-vous que l'Espagne va dérouler le tapis rouge, accueillir pendant cinq longues journées cette crapule ? Et de toute façon je m'en fiche, mon pays, c'est la France, ma terre bafouée, souillée, humiliée, c'est la France. Oui, les gars, vous saviez pas : Léo est un patriote, il aime son pays. Il a mal pour lui.

    Pour rien. Ils sont oubliés, les 10 milliards de marché promis, qui faisaient briller les yeux des amis de Machin. On aura peut-être 300 millions, et encore... Des armes made in France qu'on retrouvera dans la bande de Gaza. Les Israéliens vont sûrement apprécier, les Américains aussi. En prime, l'infortunée secrétaire d'état à l'environnement, envoyée au casse-pipe quand les autres huiles se sont défilées, a signé un accord gazier, dont elle ne connaissait ni les tenants ni les aboutissants. Elle nous coûte cher, la libération des infirmières bulgares. Tout ça pour donner à Cécilia une illusion d'existence, avant qu'elle réalise que tout s'est joué ailleurs, et qu'elle décide de quitter le navire, sans doute dégoûtée du rôle qu'on lui a fait jouer. Quelle réussite, quelle farce affreuse, quelle ignominie !

    Les intérêts commerciaux ? D'accord, si vous voulez, si vous êtes sûrs que ça rétablisse le coût des cadeaux faits par Machin à ses copains, mais pas à n'importe quel prix. Machin, dans l'élan enthousiaste de son élection, ce fameux soir où une majorité de français ont choisi de plonger le pays dans les strass et la vanité, avait déclaré que la France, fidèle à son image, serait aux côtés des opprimés, il avait déclaré plus tôt que les droits de l'homme ne sont pas négociables ou solubles dans les intérêts économiques. Se renier ainsi... Nicolas, Nicolas... Quelle honte, quelle honte !

    Nous vivons dans le même pays, pourtant je ne le reconnais pas dans l'image que tu te fais de lui. Mon pays s'ébroue, rechigne, désobéit, conduit sa voie comme il l'entend, quel que soit le coût de ses caprices. Il ne se soumet pas aux dictats des grandes puissances. Mon pays est toute résistance, il sourit aux faibles et aux opprimés ; face aux grands, il mord. Il agace, il est donneur de leçons, il s'empresse de dénoncer les problèmes des autres, avant de regarder chez lui ? Certes, il m'agace aussi, mais jamais il ne m'a désespéré comme aujourd'hui.

    Un jour, nous sortirons de ce long cauchemar, abasourdis, étonnés, hébétés. Nous nous dirons : "Comment ? Pourquoi ?" Et il n'y aura plus personne pour nous aider à comprendre que nous n'avons pas écouté ceux qui disaient "danger", ceux qui pleuraient, qui suppliaient, qui tentaient de prévenir. Un jour, nos enfants nous demanderons des comptes.

    Post Scriptum : heureusement, Kronix n'a aucune prétention au scoop, aussi je ne rebondis qu'à présent sur la nouvelle syncope médiatique de Machin : son mariage avec Carla. Se montrer à Dysneyland, pas de doute, on est dans le ton. Et pourquoi maintenant ? Pour faire vite oublier sa minable prestation face à un dictateur plus expérimenté, et qui l'a renvoyé dans l'ombre. L'ombre, principe intenable pour Sarkozy. Vite, de la lumière, des flashes, des paillettes !

  • Quand les murs tombent

    9c157f1a89cbf8ba298e1dde39a829fe.jpgPar les temps qui... courent, les journalistes engagés (on entrouve) se révèlent et considèrent comme un devoir d'alerter une opinion publique bien atone. Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau ont commis cet opuscule, publié par les éditions Galaade, pour rappeler que, tandis que nous nous inquiétons de notre pouvoir d'achat, la sinistre entreprise xénophobe de Machin se poursuit, avec tests ADN, murs politiques et policiers, ministère mêlant immigration et identité nationale.

    Le texte n'a pas la qualité de ceux que j'ai pu vous présenter jusque là, certaines formules pseudo-philosophiques sont même un tantinet agaçantes, mais il m'a semblé intéressant de profiter de la sortie de ce nouveau manifeste pour évoquer un phénomène inédit. Jamais on a vu un tel sursaut d'auteurs, d'historiens, d'intellectuels, prenant la plume au bout de quelques mois de présidence, pour alerter sur la catastrophe qui se prépare.

    Je pense à vous qui ne bougez pas. Je préfère être dans ma conscience que dans la vôtre.

  • Guy Môquet au Fouquet's

    Je sais, parfois je vous fatigue. Mais je me dis qu'avec un billet par jour, sur l'ensemble, mon obsession anti-Machin ne doit pas être si pesante. Disons que pour une bête raison d'urgence démocratique, je me sens un peu obligé de vous tenir au courant. Histoire de ne pas me sentir trop ennuyé quand mes enfants me demanderont des comptes, le jour où l'autre enverra son pays à la guerre. Dire que j'ai fait ce que j'ai pu. Bref. Parlons bouquin, si vous voulez bien.

    83f894c4d4fb175a83d7a8539a402fa5.jpgPierre-Louis Basse, quand il évoque Guy Môquet, lui, connaît son sujet, il a écrit "Guy Môquet, une enfance fusillée", et a subi un choc quand il a entendu la parole du jeune homme dont il avait travaillé la biographie, utilisée, dévoyée, vulgarisée, détournée, à des fins politiciennes.

    "Guy Môquet au Fouquet's" est présenté comme un pamphlet, mais s'élève au-dessus de ce seul objectif : il énonce sobrement, sans vindicte, par la force que donne la rigueur de l'analyse, les caractéristiques du pouvoir mis en place. Un président manager, héros de Closer et de Voici. Basse rappelle qu'il suffit de se promener du côté de Neuilly pour se faire une idée correcte de l'hypocrisie de Machin : pas une rue, pas une place, pas un parc ou une fontaine baptisé du nom du sacrifié, dont les mots servent surtout à pétrifier la contestation par l'émotion, la réflexion par le sentiment.

    "Saviez-vous que c'est à grands coups de botte que les nazis ont plié le corps de Guy, dans un cercueil taillé à la hâte ? (...) Alors je vous ai bien observé, au bois de Boulogne. C'était immédiatement après la lecture de la lettre. J'ai vu cette petite larme, (...) ne demandant qu'à ruisseler, (...) devant les caméras de télévision. (...) J'ai vu le spectacle.Tout est devenu spectacle depuis quelque temps. (...) J'avoue : j'ai vacillé, un instant. Et puis j'ai compris. (...) Le patriotisme sans projet social ni générosité peut engendrer des conséquences assez désastreuses. Je ne doute pas que Charles Maurras, par exemple, fut patriote, à un moment de l'histoire où la bourgeoisie murmurait dans les salons : "Mieux vaut Hitler que le Front Populaire."(...) Aujourd'hui, les nuages que nous sommes quelques-uns à apercevoir reviennent sous des formes différentes, mais toujours aussi inquiétantes. Les nuages noirs s'accumulent au milieu des rires et des comédies musicales. Avez-vous remarqué que nous n'avons jamais eu tant d'occasions de rire et de frapper dans nos mains, ces derniers temps ? (...) Votre message a le mérite de la clarté : "J'accorde à l'amour de la patrie plus de valeur qu'au patriotisme de parti." L'historien Pierre Schill note avec justesse que, avec un tel message présidentiel, les lycéens sont tenus dans l'ignorance des origines. Si le patriotisme fournit un cadre moral de référence, il ne signifie pas une ligne de conduite unique : les collaborateurs ou les pétainistes l'étaient aussi par amour de la patrie".

  • La nuit du Fouquet's

    dc0badf4cfbab9776571a6dccfaeca3d.jpgpar Ariane Chemin et Judith Perrignon.

    L'intérêt n'est pas tant dans l'espoir de trouver une réponse dérisoire à "que s'est-il passé pendant toutes ces heures où Sarko a disparu derrière les murs du Fouquet's le jour de son élection ?", que dans la liste des invités. A la limite, elle seule suffit et donne une idée de ce qui attendait la France, dès le lendemain :

    (par ordre alphabétique -et j'ai du mérite, parce que j'avais tout saisi, et Hautetfort a bugué et tout effacé. J'enrage, et je recommence, l'information des masses vaut bien ce sacrifice)

    Mathilde Agostinelli, responsable de la com' de Prada-France,

    Robert Agostinelli, son mari, fonds d'investissement Rhône Capital, membre du Council on Foreign Relations

    Bernard Arnault, président de LVMH, N°1 du luxe français, première fortune de France,

    Arthur (no comment),

    Les Balkany (clientélistes, traîneurs de casserolles à Levallois-Perret),

    Nicolas Bazire, secrétaire général de LVMH,

    Antoine Bernheim, banquier d'affaires, président de la compagnie d'assurances Generali,

    Nicolas Beytout, directeur de la rédaction du Figaro,

    Basile Boli,

    Vincent Bolloré, PDG d'Havas,

    Martin Bouygues, PDG de Bouygues, premier actionnaire de TF1 (ceci expliquant cela),

    Denis Charvet, actionnaire de casinos (pas de "Casino", hein),

    Christian Clavier, Marie-Anne Chazel, Jean Reno, sa femme top-modèle, la clique neuillyste des comédiens friqués,

    Stéphane Courbit, ex-président d'Endémol France,

    Agnès Cromback, présidente de Tiffany France,

    Bruno Cromback, PDG d'Augis 1880,

    Jean-Claude Darmon, ancien grand argentier du football français,

    Serge Dassault, PDG de Dassault et du journal Le Figaro (vous n'espérez pas un jour, découvrir un article critique sur Sarko dans son journal ?),

    Jean-Claude Decaux, PDG de JCDecaux, leader mondial du mobilier urbain,

    Paul Desmarais Sr, milliardaire canadien, PDG de Power Corporation,

    Dominique Desseigne, PDG du groupe Barrière,

    Bernard Fixot, éditeur de best-sellers (dont Ron l'infirmier, tiens au passage : Ron, barre-toi, c'est pas ta famille !),

    Valérie-Anne Giscard d'Estaing, éditrice (livres des records et autres bouses), femme du précédent,

    Albert Frère, première fortune de Belgique, premier actionnaire de Suez,

    Hugues Gall, président de l'Institut de financement du cinéma et des industries culturelles (à votre avis, Clavier a des problèmes pour financer ses merdes ? Non. Ah bon.),

    Pierre Giacometti, directeur général d'Ipsos France (ceux qui donnent 71% d'opinion favorable à leur copain),

    Johnny et sa femme,

    Patrick Kron, PDG d'Alstom,

    Bernard Laporte, affecté de tropisme casinotier,

    Alain Minc, président d'AM conseil (qui ne s'est pas trompé pour une fois),

    Henri Proglio, PDG de Veolia,

    Raffarin,

    François Sarkozy, frère de l'autre, vice-président du conseil de surveillance du groupe Bio-Alliance Pharma (ça sent le boulot de complaisance),

    Guillaume Sarkozy, frère des deux autres, ancien vice-président du Medef, s'est retiré du poste parce qu'un frère à la tête du Medef, c'était trop voyant,

    Richard Virenque, droiture et honnêteté dans l'effort,

    et les amis, les parents... mais pas Cécilia, toujours pas Cécilia, ou seulement à la fin, quand, exaspéré de l'attendre, son futur ex-mari, décidera de quitter le nid douillet de ses amis patriciens pour se jeter enfin dans la mêlée du populo (mais quel populo : les broshings et les chemises Armani du XVIè, rassemblés devant Macias et Mireille Mathieu).

    Le récit de cette nuit étrange est déroulé dans un court texte, ciselé, aux phrases nettes et sûres. Refermé, le livre laisse le goût amer du livre de Reza. Ce sera un témoignage précieux pour les historiens du futur, quand ils voudront comprendre la bizarre période que nous traversons. Un livre utile.

     

     

     

     

  • Donnez-nous nos autoroutes quotidiennes

    Qu'on se rassure, après le Grenelle de l'environnement, rien ne changera. C'est ce que se tue à nous expliquer, par chez nous, un député de la région, ex-ministre, UMP, qui a rencontré Borloo (vous savez : le type que Sarko a mis à l'environnement parce qu'il paraissait plus débraillé que les autres). Les projets d'autoroute (rien que deux dans le coin) seront poursuivis. Et d'énoncer toutes les bonnes raisons qui font déroger ces chantiers de la directive présidentielle, en conclusion du Grenelle de l'environnement. "Répondre à des problèmes de sécurité, contourner des villes, mettre fin à des situations de congestion". Y-a-t'il des projets autoroutiers ou des voies expresses qui ne répondent pas à ces critères ? Non, n'est-ce pas ? A part de vagues tronçons destinés, comme ce fut le cas un temps, d'accéder à un musée présidentiel au fond de la Corrèze...

    Autrement dit, on va continuer de construire, on va continuer de polluer, on va continuer, on va continuer. Décidément, jusqu'au mur brutal qui nous arrêtera tous, on va continuer.

    Qui regrettera l'humanité, une fois disparue ?

  • Le mec qui ne comprend pas

    Il ne comprend pas, il ne sait pas, il ne voit pas le monde, il n'en comprend pas la nécessaire tolérance, la vitale générosité. Il est d'un autre temps.

    Je ne suis pas surpris, je suppose que vous non plus. J'en devine même qui sont d'accord. Vous n'avez rien compris non plus, alors.

  • Grenelle de l'environnement (2)

    Toujours émousser son plaisir à la lecture d'un avis divergent, c'est épuisant, mais lucide.

    Et aussi, cet article passionnant, sorte de revue de presse très bien faite et commentée. Toujours pour affiner son opinion.

  • Grenelle de l'environnement

    Une insomnie, et je me retrouve à écouter les discours de Sarko.

    Quand il fait un truc bien, j'ai toujours été d'accord pour le saluer. Je le salue : discours de conclusion après le fameux "grenelle de l'environnement".

    Cela dit, il y a des choses... Quand il parle de ne coller les éoliennes que sur les friches industrielles... je pouffe devant pareille aberration (il y a déjà si peu de "couloirs" de vent utilisables en France ; trouver pile une friche sur le passage...) ; quand il postule l'équivalence d'investissement dans la recherche entre nucléaire et énergie renouvelable "1 euro pour le nucléaire, 1 euro pour les énergies renouvelables", alors qu'un retard énorme a été pris dans la recherche des deuxièmes... Je pouffe aussi.

    Sur les OGM aussi, je ne suis pas sûr qu'il parvienne à résoudre les contradictions entre principe de précaution et directives européennes. Quant à la baisse de la facture énergérique de 40 % pour les ménages d'ici 2020... C'est dit sans tenir compte des privatisations en chaîne que Sarko prône par ailleurs.

    Mais, à part ça... un bon point. Sincèrement.

  • Quel Môquet ?

    Grâce à contre-journal, la mise en ligne de ce petit poème de Guy Môquet, trouvé sur lui le jour de son arrestation. A votre avis, pourquoi Sarko n'a-t-il pas demandé plutôt qu'on lise celui-ci à l'école ?  

    « Parmi ceux qui sont en prison
    Se trouvent nos 3 camarades
    Berselli, Planquette et Simon
    Qui vont passer des jours maussades

    Vous êtes tous trois enfermés
    Mais patience, prenez courage
    Vous serez bientôt libérés
    Par tous vos frères d’esclavage

    Les traîtres de notre pays
    Ces agents du capitalisme
    Nous les chasserons hors d’ici
    Pour instaurer le socialisme

    Main dans la main Révolution
    Pour que vainque le communisme
    Pour vous sortir de la prison
    Pour tuer le capitalisme

    Ils se sont sacrifiés pour nous
    Par leur action libératrice
     

    Et aussi, pour mieux comprendre comment Sarko utilise l'histoire en la pervertissant : http://cvuh.free.fr/spip.php?article82, comment se discours sont une déclinaison des fantasmes barrésiens où l'instinct du peuple est une protection contre le défaitisme des intellectuels (l'intellectuel : figure en pointe de la représentation du mal, déjà bien exploitée par Raffarin), comment enfin Sarko s'inscrit dans la ligne réthorique de la droite nationaliste la plus dure, celle de Vichy.

  • Et toujours la nausée...

    (extrait d'un communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme - Limoges) 

    Mercredi 17 octobre 2007, le Réseau Education Sans Frontières de Haute Vienne organisait une conférence de presse à la Maison des Droits de l’Homme de Limoges. Il s’agissait de dénoncer l’indignité à laquelle en ont été réduite des jeunes filles obligées de se soumettre à un examen de puberté.

    Depuis plusieurs années, les autorités administratives et judiciaires avaient pris pour habitude de présumer coupables des jeunes étrangers arrivant à Limoges et en possession d’un titre d’état civil indiquant un age inférieur à 18 ans. Ainsi le parquet de Limoges décidait d’utiliser des compétences médicales en astreignant ces jeunes mineurs à devoir passer une radio des os. A plusieurs reprises, des jeunes mineurs ont été poursuivis pour faux et usage de faux avec pour seule pièce à l’appui, le rapport d’un médecin concluant que la personne était probablement majeure.

    Cependant, plusieurs fois, le Tribunal de Grande Instance de Limoges et la Cour d’Appel ont renvoyé les autorités locales dans les cordes en se déclarant incompétents. Par cette prise de position, ils ont clairement signifié que les tests osseux, avec une marge d’incertitude qui peut atteindre les 18 mois, ne permettaient pas d’établir juridiquement l’âge de la personne.

    Loin d’avoir renoncé, dans ce harcèlement judiciaire, la justice n’hésite plus depuis quelque mois à demander à un médecin de procéder à un examen de puberté pour tenter d’établir l’âge de la personne. Il faut imaginer la situation subie par ces deux jeunes filles à Limoges en étant contraintes à un examen dont le seul but était d’établir un rapport médical destiné aux juges. Il faut dire que les éléments figurant dans le rapport comme la description du "système pileux" ou du "sexe" constituent plus un outrage voire une humiliation pour la personne jugée qu’un élément judiciaire probant.

    Ces faits sont aussi à remettre dans le contexte actuel où le gouvernement tente de faire adopter un texte de loi sur les tests ADN. Tout cela s’inscrit dans des pratiques qui visent de plus en plus à instrumentaliser les techniques de la médecine pour en faire des armes contre les êtres humains. On peut surtout s’inquiéter que le rejet de l’étranger se traduise ainsi dans les faits.

  • L'émotion rend service à Sarko. Luttons avec la raison

    De la part des enseignants du lycée-collège Carnot, que fréquentait Guy Môquet
       

        Elu président de la République, Nicolas Sarkozy a décidé de faire commémorer dans toutes les écoles de France la mémoire de Guy Môquet, jeune lycéen arrêté en octobre 1940 par la police française et fusillé par l’armée d’occupation le 22 octobre 1941 avec 26 de ses camarades communistes. Voulant ne retenir que son attitude de courage et d’abnégation devant la mort, instruction a été donnée à tous les enseignants de lire à leurs élèves, le 22 octobre 2007, la lettre adressée par Guy Môquet à sa famille peu avant son exécution. Ils sont en outre invités à célébrer dans leur classe les « valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui font la force et la grandeur de notre pays et qui appellent le sens du devoir, le dévouement et le don de soi [...] et les valeurs de courage et d'engagement ». 
        En tant qu’enseignants, nous refusons d’obéir à cette injonction, aussi louable puisse-t-elle paraître sur un plan moral et émotionnel. Et devant l’annonce du président de la République de venir accomplir cette cérémonie commémorative dans notre établissement qui fut aussi celui de Guy Môquet, nous voulons expliquer les raisons de ce refus aussi simplement et aussi précisément que possible.

        Enseignants à Carnot, nous connaissons de longue date cette histoire singulière ; et nombre d’entre nous considèrent de leur devoir ou plus simplement de leur fonction éducative d’expliquer à leurs élèves pourquoi le hall de leur établissement porte le nom d’un jeune homme dont la mémoire fut longtemps inconnue voire oubliée, hors de la tradition communiste. Mais l’évocation de cette histoire s’inscrit pour nous, comme d’ailleurs pour tout enseignant, dans la transmission d’un programme ordonné des connaissances historiques sur cette période, de même qu’elle s’accompagne d’une réflexion critique sur les constructions de mémoire, sur les obéissances aveugles et sur les formes de résistance à l’oppression.

        Comme enseignants, nous avons d’abord et essentiellement à expliquer, à mettre en perspective, à éclairer les zones plus obscures de la mémoire collective qui a tendance à déformer ou à transformer les réalités historiques, y compris pour les réduire, les simplifier, les falsifier ou les instrumentaliser dans un sens ou dans un autre. Pas plus que notre enseignement sur Guy Môquet ne consistait jusqu’ici à exalter ou à condamner son appartenance politique et son statut de résistant, pas plus il ne nous semble aujourd’hui historiquement juste et moralement acceptable d’en réduire l’itinéraire à une leçon de morale édifiante dictée par le seul désir ou le seul calcul du chef de l’exécutif de notre pays. Notre travail d’enseignant n’est pas de renchérir sur des constructions qui magnifient, arrangent, voire manipulent la réalité historique aux fins de masquer les méandres de l’histoire réelle ou aux fins de glorifier, dans une pure contagion émotionnelle, la valeur héroïque et sublime d’une attitude indéniable de courage devant la mort.

        Or, en nous enjoignant de lire à tous les élèves cette lettre simple et poignante d’un jeune homme à sa famille alors qu’il va être exécuté, c’est exactement ce geste de commande émotionnelle qu’on nous demande de faire. Cette injonction relève expressément de la volonté de construire une morale d’Etat dont les enseignants seraient chargés de porter la bonne parole d’autant plus impérieuse qu’elle ferait communier la nation enfantine dans un recueillement fusionnel présenté comme indiscutable, sous peine d’être taxé d’esprit « anti-patriotique ». Contrairement à ce qu’ont pu dire ou écrire certains publicistes, il ne s’agit pas de prétendre que l’enseignement exclut par principe les sentiments et les émotions, et que c’est cette dimension « émotionnelle » qui effraierait les enseignants que nous sommes, trop méfiants à cet égard, trop « intellectuels » comme on dit parfois avec une curieuse insistance. Nous n’avons pas à nier ni à refuser toute dimension émotionnelle, mais nous savons aussi qu’il est très facile, à l’évocation des violences et injustices extrêmes de l’histoire, de faire communier élèves et adultes dans les pleurs, sans apporter pour autant le moindre élément de connaissance ni de compréhension du passé.

        Comme le rappelait l’un d’entre nous dans une tribune rendue publique, seul le cadre d’un enseignement structuré et réfléchi permet d'aborder la complexité de l'histoire en résistant à sa caricature, voire à son déni pur et simple dans une construction idéologique qui ne conserverait que des gestes héroïques déliés de toute épaisseur historique. Cette cérémonie d’édification morale à laquelle on nous enjoint d’apporter notre concours d’enseignants ne correspond en rien à l'idée qu’on est en droit de se faire d'un service public et laïque d'éducation nationale ; elle tend bien davantage à instrumentaliser cette mission pour mener une stricte opération de communication politique d’autant plus détestable qu’elle se couvre de manière insistante d’un manteau de grandeur morale.

        Il ne s’agit donc pas d’opposer une mémoire à une autre, une idéologie à une autre, mais de rappeler sans faux-fuyants que notre mission d’enseignants n’est pas d’être des prêcheurs de morale officielle, même si nous sommes aussi des éducateurs au sens plein du terme comme le rappelait le président de la République dans sa récente « Lettre » aux enseignants. Par conséquent, nous demandons que le ministre de l’Education nationale applique avec clarté et simplicité la volonté réaffirmée dans cette lettre de « laisser aux professeurs le libre choix de leur pédagogie » (Nicolas Sarkozy,  Lettre aux éducateurs, p. 28). Forts de cette « confiance » qui nous est reconnue du fait de notre statut et de notre mission institutionnelle, nous savons et saurons user de notre « capacité de jugement » pour solliciter en cours les documents que nous jugeons appropriés à l'étude réfléchie des programmes que nous avons la charge d’enseigner. C’est le meilleur usage de la « valeur de liberté » pédagogique qui est précisément la nôtre, seule justification de notre métier comme le rappelait encore cette « Lettre ». A moins que les mots utilisés en la circonstance par le président de la République ne soient précisément que des mots de circonstance, aussi vite oubliés que proférés — ce que nous nous refusons à croire.

        C’est pourquoi nous serons présents ce lundi 22 octobre devant le lycée Carnot, non pour obéir à une injonction qui n’a rien à voir avec notre travail d’enseignants, mais pour exprimer notre volonté de poursuivre sereinement ce travail de transmission des connaissances et de réflexion sur les valeurs, loin de l’agitation médiatisée et de la récupération politicienne dont la commémoration de la mémoire de Guy Môquet n’est aujourd’hui que le triste prétexte.

  • Soyons justes

    Oui, tout de même, soyons justes... Une fois n'est pas coutume, et pour faire preuve de bonne volonté, de jugement non-dogmatique, je voudrais saluer les paroles de Sarkozy à propos du Myanmar (euh, non : de la Birmanie).

    A ma connaissance, c'est la première fois, dans les annales politico-financières, qu'un président de la République française ose demander à une énorme entreprise française de s'interroger sur ses relations avec le pouvoir dictatorial en place. En nommant l'entreprise, qui plus est, en public : Total.

    Total qui soutient depuis des années la junte militaire, avec un cynisme inexcusable et la beinveillante négligence de l'Etat français.

    L'info est déjà ancienne, dans le flux continu et amnésique de l'actualité, mais je voulais souligner cet acte vraiment neuf.

    Si malgré tout, quelqu'un a l'exemple d'un tel courage poltique, même chez de Gaulle, je suis preneur. Mais je connais déjà la réponse. Bon, ça fera une croix dans la colonne "actif" de l'hyperprésident.

  • Communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme

    Des tests ADN pour les demandeurs de visas :

    les étrangers sont-ils des êtres humains de seconde zone ?

    Des tests ADN pour les demandeurs de visas : l’amendement au projet de loi « maîtrise de l’immigration » qui vient d’être adopté par la commission des lois de l’Assemblée nationale apporte une nouvelle pierre à l’édifice de la rupture avec le droit commun et avec les principes de la République.

    Il s’agit de « proposer » (sic) aux demandeurs de visas de faire effectuer, à leurs frais, un test ADN pour obtenir une empreinte génétique prouvant leur filiation. Faut-il rappeler que l’article 16 du Code civil interdit formellement toute « étude génétique des caractéristiques d’une personne » sauf « à des fins médicales ou de recherche scientifique » ? Seul un magistrat peut ordonner le recours aux empreintes génétiques pour établir une filiation. Mais ce qui est bon pour les Européens ne l’est plus pour certaines catégories d’étrangers qui relèvent apparemment d’une immigration que la majorité parlementaire ne veut plus « subir ».

    Dérogation au droit commun, traitement discriminatoire… à plus d’un titre : ces analyses coûtant plusieurs centaines d’euros, on voit aisément quel genre de tri entre les demandeurs elles permettront, alors surtout qu’il faudra déjà, si le projet est adopté, payer des études de français avant de prétendre obtenir un visa. Etre un immigré « choisi » ne sera pas donné à toutes les bourses.

    Quant à l’hypocrisie qui consiste à prétendre que le test ADN ne sera que « proposé » et non imposé, elle ne trompe évidemment personne : nul ne sera obligé de passer le test… ni d’obtenir un visa.

    Chaque semaine, ou peu s’en faut, apporte désormais son lot d’innovations « décomplexées » qu’aucune hésitation, aucun scrupule ne semble pouvoir retenir. Jusqu’où notre pays sera-t-il ainsi entraîné sur la voie du refus de l’autre, de la stigmatisation et de la suspicion généralisée ?

    La Ligue des droits de l’Homme appelle l’ensemble des parlementaires à mesurer les risques que cet emballement incontrôlé fait courir, à plus ou moins brève échéance, aux valeurs de la République et à la cohésion de la société française.

  • Dati la joue à l'intimidation, et tout le monde s'en fout

    http://www.rue89.com/2007/08/30/un-vice-procureur-convoque-par-dati-pourquoi-cest-inquietant

  • Fillon ment. Et tout le monde est content.

    71% d'entre vous doit trouver ça très agaçant, cette insistance à ne pas se satisfaire d'une politique pourtant plébiscitée. Ben oui, c'est comme ça. Les petites saloperies, les frilosités franchouillardes, les politiques populistes qui caressent les pires instincts, ça me révulse.

    Un jour, vous ferez le compte des horreurs que vous avez laissé faire en gardant un silence complice, voire en approuvant ; un jour, vous repenserez que vous ne faisiez pas partie de ceux qui, au moins, dénoncent. Que direz-vous à vos enfants ? "Je ne savais pas" ?, "on ne comprenait pas" ? La vérité, c'est que vous aurez laisser s'installer une dictature dans ce pays, avec la bonne conscience de ceux qui bossent dur.

    Mais bon, si le sommeil va bien, la santé tout ça, alors... Je suis content pour vous.

    Extrait de "rue 89" :

    "François Fillon et Rodriguez Zapatero, le Premier ministre espagnol, se contredisent sur la question de la régularisation des sans-papiers en Espagne. Le chef du gouvernement français affirmait dimanche soir sur TF1 que son homologue espagnol lui avait confié, en juillet, qu'il regrettait la régularisation de 690 000 sans-papiers à laquelle son gouvernement avait procédé en 2005, et s'était engagé "à ne plus le refaire".

    Le démenti ne s'est pas fait attendre: contrairement à ce qu'affirme François Fillon, Zapatero ne "regrette" pas "amèrement" ce choix de régularisation. Le premier ministre espagnol a affirmé mardi à la presse qu'il ne regrettait en aucune façon cette décision, qui était "nécessaire, commode et positive". Il a expliqué que son gouvernement et lui même considèrent que "personne ne peut travailler dans l'illégalité". Il a rajouté qu'il "ne permettrait pas" que 700 000 personnes travaillent sans-papiers.

    Son ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a ajouté pour sa part que cette politique avait été "un succès", et qu'elle est aujourd'hui "un modèle pour de nombreux pays".

    Zapatero a voulu couper court à la polémique naissante en Espagne en précisant que "le gouvernement français émettra une note pour éclaircir ce qui a pu être une mauvaise interprétation".

    L'entourage de François Fillon a affirmé à l'agence de presse espagnole EFE que le Premier ministre avait compris que son homologue espagnol "n'avait pas eu d'autre choix" que celui de régulariser les immigrés.

    Tout au long de la campagne électorale, Nicolas Sarkozy et l'UMP avaient utilisé le spectre de la régularisation, à l'espagnole ou à l'italienne, pour défendre leur politique de durcissement de l'immigration en France.

    Un tel "aveu" de Zapatero aurait été du pain béni pour le gouvernement français, alors que le Parlement s'apprête à voter, en septembre, une nouvelle loi sur l'immigration, serrant un peu plus la vis à l'entrée en France."

  • Protéger une femme qui souffre ? Un délit.

     Rassurez-vous, je n'oublie pas que 71% des français sont ravis de la politique actuelle, haineuse et spectaculaire. Cependant, pour que vous n'oubliiez pas à qui nous avons à faire :

     L'affaire remonte à la mi-juillet. Victime de violences conjugales, une Algérienne, dont la carte de séjour a expiré au début de l'été, trouve refuge, au sein de l'association d'aide aux femmes battues Solidarité femmes, implantée à Belfort. Prise en charge par Catherine Bernard, l'une des assistantes sociales, elle est placée à l'abri, dans un lieu tenu secret pour éviter que son mari ne la retrouve.

    Le 17 juillet, Catherine Bernard reçoit la visite de la police aux frontières dans les locaux de l'association. Les agents sont à la recherche de la femme, qui est sous le coup d'un arrêté de reconduite à la frontière et susceptible d'être expulsée vers l'Algérie. Invoquant le secret professionnel, Mme Bernard refuse d'indiquer aux policiers le lieu où se trouve la personne dont elle a la charge.

    Emmenée au commissariat, elle est placée en garde en vue pendant trois heures trente et menacée de poursuites judiciaires. Les policiers veulent l'adresse de sa "protégée" et réclament que Catherine Bernard reconnaisse son délit. Le procureur de Belfort, Bernard Lebeau, a ouvert une instruction pour "aide au séjour irrégulier". Selon le magistrat, le dossier est encore "en attente".

    Selon l'association nationale des assistants de service social (ANAS), qui s'est saisie de l'affaire mardi 28 août, les policiers intimident couramment les travailleurs sociaux pour obtenir des informations, alors même que ces derniers sont tenus au secret professionnel. Le président de l'ANAS, Laurent Puech, affirme avoir recueilli plusieurs témoignages de travailleurs sociaux dont les policiers ont menacé de "casser la carrière".

    Pour lui, l'explication est évidente : "Les policiers sont maintenant soumis à une obligation de résultats. Ils vont donc chercher les sans-papiers là où ils sont facilement repérables. On l'a vu récemment avec les écoles, maintenant c'est le tour des associations d'aide et de soutien."

    Dans cette affaire, estime Laurent Puech, la police ne respecte pas la loi. Seule "l'assistance à personne en péril" peut justifier une violation du secret professionnel. L'ANAS va demander un rendez-vous à la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, pour demander des éclaircissements et obtenir que les conditions d'exercice des travailleurs sociaux soient garanties.

     

  • Vous reprendrez bien un peu de censure ?

     Je vais bientôt devoir créer une rubrique rien que pour ça ('sont fatigants, là-haut) :

    http://www.rue89.com/2007/07/07/pataques-du-gouvernement-concernant-la-la-palme-dor