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  • Le silence du limule

    Et bien voilà. Le rideau est refermé. Nous sommes "après". On peut dire honnêtement que, à l'échelle de notre petite ville, "le rire du limule" a été un succès. En tout cas, une expérience marquante pour tous ceux qui y ont participé. Pour moi, d'abord, l'émotion de voir des hommes et des femmes s'échiner pendant des mois pour apprendre, porter, réinventer les mots écrits dans la solitude de mon bureau. Pour tous, la fierté d'avoir accompli quelque chose de différent.

    limule3.jpgJe ne cesse depuis des jours de remercier celles et ceux qui ont permis ce miracle. Bernard, qui est à l'origine concrète du projet, et qui en a trouvé le financement, François, qui a mis en scène, (qui a dû convaincre parfois), qui a travaillé le texte d'une manière extraordinairement intelligente, Jérôme et son complice Benoît, qui ont additionné leur talent pour fabriquer une ambiance et un caractère à l'ensemble de la pièce, par le son et la musique, Marc qui, en plus de signer l'affiche et les photos d'ambiance s'est révélé un acteur solide, capable de créer le lien de tout un spectacle par sa présence, et la finesse de son interprétation, Dominique, qui a créé un parcours lumineux minimaliste mais élégant, et tous les comédiens, impliqués et tremblants, sincères, vibrants, qui ont tenu jusqu'au bout, malgré les obligations familiales et professionnelles : Brigitte, Nathalie, Sandrine, Tatiana, Virginie, Jean-Michel, Marc, Nicolas, Patrick, Renaud, tous éblouissants... et débordant de bonheur et d'énergie au final.

     Et la Ville de Roanne, bien sûr, sans laquelle rien n'aurait été possible, comme on dit.

    Et permettez-moi une pensée pour ma douce, toujours pas remise de l'émotion générée par l'aventure.

    limule7.jpg

    Les photos d'illustration sont de mon vieux pote Christian.

     

    En haut : Jean-Michel, Nicolas et Renaud.

     

    En bas : Patrick, Tatiana et Virginie.

     

    Lire aussi le billet de Jérôme alias Godot :

    http://jeromebodonclair.wordpress.com/

    (billet du 26 avril, soit le lendemain de la représentation. C'est que jérôme n'est pas un feignant, lui).

  • La routine

    Les interdits se multiplient, pas une raison pour se résigner, et considérer que c'est normal.

    Merci à l'Autre, qui m'a tuyauté sur ce fait-divers.

  • Avec les doigts

    Des amis musiciens pestent souvent contre la manie des guitaristes de jouer deux-cent notes quand une suffirait, mais des fois, bon sang, c'est franchement beau. Allez, prenez cinq minutes et admirez. Merci à Steve, au passage. Et vive internet, des fois.

    http://www.youtube.com/watch?v=6VAkOhXIsI0

  • Un quoi ?

    Un limule. Li-mu-le. Quand j'ai proposé le titre, la première fois, et ainsi presque à chaque fois que je le prononce, ou l'annonce, j'obtiens cette réaction : "un QUOI ?".

     

    Alors, un limule ressemble à ça (quand il est mort) :

    limule1.jpg Et comme dirait Nicole Rieu (dans la pièce. Oui, il y a Nicole Rieu dans la pièce...) :

    " Sa couleur terne, qui hésite entre la bouse durcie et la noisette moisie, ses formes, qui causent chez l'homme l'ennui généralement provoqué par l'examen d'une motte de beurre, ses pattes petites et frêles, incapables de le dresser à plus de trois centimètres au dessus du limon, ses yeux presque aveugles, sa surdité avérée, sa lenteur et son caractère désespérément égal, l'ont éloigné durablement des élans lyriques qu'inspirent le lion et l'aigle."

  • Jour sans

    Aujourd'hui est un jour sans. Sans achat. En tout cas, au moins, pas d'achat dans les grandes surfaces. Il paraît que ça aurait pour effet de faire diminuer les prix, aussitôt. J'en connais qui doivent bien rigoler. Bon, comme ça ne coûte rien, essayons tout de même.

  • M comme Montreuil

    Vous souvenez-vous de la fin de "M le Maudit" de Fritz Lang ? je veux dire, la toute fin, après l'angoissante poursuite engagée par le bon peuple, dans les rues noires et luisantes de Berlin (d'ailleurs est-ce Berlin ? Disons une ville allemande, un quartier populaire), pour attraper le pédophile qui terrorise la population ? La toute fin, c'est-à-dire, après que le bon peuple, aidé par la pègre, a capturé Peter Lorre et improvise un procès dans quelque sous-sol. Vous vous souvenez ? Non ?

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    Alors, je vous rafraîchis la mémoire :  la police intervient, et s'empare du criminel. Oui. C'était pour Lang une manière de dire (nous sommes en 1931, les nazis ne sont plus du tout une menace risible), que la république de Weimar fonctionne peut-être mal, qu'elle est à bout de souffle, mais que, n'empêche, c'est un régime toujours plus juste que celui de la haine populiste, une forme de pouvoir préférable au nazisme.

    J'ai pensé à M le Maudit, l'autre jour, quand j'ai appris qu'un pauvre gars, parce qu'il ressemblait au portrait-robot d'un pédophile (maghrébin de surcroît), avait failli être lynché par le bon peuple vigilant qui faisait ses courses, ce jour-là, et trainait son quotidien autour d'un supermarché. Il a failli y passer, est à l'hôpital dans un état grave. Un homme a cru le reconnaître, a tiré un coup de flash ball (que faisait ce type, au supermarché, avec un engin pareil ?), a hurlé à la catonnade au pédophile comme on crie au loup, au feu, à mort, et les braves gens, les héroïques citoyens de Montreuil, les futurs miliciens de la Ville, ont cerné le type qui cherchait à s'enfuir (tu m'étonnes) et ils ont cogné. Ils ont cogné, coups de pieds, dans les côtes, le ventre, la tête, ils y sont allés de bon coeur, avec la jubilation du travail bien fait et qui ne doit pas attendre d'autre forme de procès. Les braves ordures. Vous imaginez ce groupe de bons français tapant sur un homme effondré à leurs pieds, suppliant et gémissant, égaré par la peur ? Ils se sont acharnés jusqu'à ce que la police arrive.

    La France est aujourd'hui pire que les pires fantasmes de Lang dans l'Allemagne pré-nazie. Je n'arrête pas de le dire, je n'arrête pas d'alerter, mais tout le monde se moque de moi. Vous ne voyez pas que ce pays devient fou ?

  • Bonus 4

     Un scène muette ou presque. J'aimais bien. François n'en a pas voulu. Elle n'apportait rien, il est vrai.

    Une table longue, deux hommes à chaque extrémité, une femme sur un côté, mangent. Silencieusement, avec le sérieux et l'application qu'on met dans un travail minutieux. Un autre homme approche, une assiette à la main. Il déambule autour de la table. Il y a une série de chaises vides, plus ou moins éloignées. L'homme prend beaucoup de temps pour en choisir une. Les autres convives l'observent à la dérobée, mais continuent de manger. Enfin, l'invité s'assied et commence à manger. Les autres ont suspendu leur geste pour le regarder puis, comme s'ils s'étaient habitués à ce nouveau détail, reprennent leur repas. Au bout d'un certain temps, l'invité regarde la femme à côté de lui, et semble s'interroger sur ce qu'elle a dans son assiette. Il se décide enfin, tend une cuiller vers l'assiette de sa voisine. Tous les convives s'immobilisent et observent le manège de l'invité. La femme ne dit rien, attend que l'homme plonge sa cuiller dans l'assiette, mais son expression est désapprobatrice. L'invité se sert avec la lenteur qu'on peut mettre à désamorcer une mine, tandis que les autres le regardent, et porte la cuiller à sa bouche. Il apprécie, fait un signe de tête à sa voisine pour dire : « C'est rudement bon votre truc », il lui montre son assiette, offrant ainsi de lui faire goûter son propre potage. Mais elle le dédaigne et tous reprennent leur activité dans un bel ensemble. Un moment encore, puis l'invité fixe l'homme le plus proche de lui. On voit qu'il aimerait bien goûter aussi sa soupe, mais hésite. Enfin, il approche timidement sa cuiller. L'autre s'arrête. Tous s'arrêtent. Visages contrariés. Comme le convive ne proteste pas, l'invité s'enhardit à plonger la cuiller et à goûter. Un temps, puis tous reprennent le repas. Au bout d'un moment. L'invité, pourtant dernier arrivé, repose sa cuiller : il a fini. Les autres mangent encore, très lentement.

    L'invité avise le troisième convive, qu'il n'a pas encore importuné. Cette fois, il doit se lever pour approcher. Ce qu'il fait, la cuiller en main. L'autre, tout en mangeant, surveille du coin de l'oeil la manoeuvre de l'invité, sans s'interrompre. L'invité s'assied à côté de lui. Il approche la cuiller de l'assiette. Le convive pose sa main libre en paravent sur l'aile de l'assiette. L'invité tente de contourner l'obstacle. Le convive, farouche, éloignant son assiette : « Oh ! » Les autres s'arrêtent. Observent la scène. L'invité a un recul, fait un geste d'excuse. Il revient à sa place. Après un temps, les autres se remettent à manger. L'invité se lève, décide de tourner autour de la table. Les autres jettent de temps en temps des coups d'oeil inquiets. Quand il s'approche, le troisième convive se penche plus près de son assiette. L'invité s'éloigne. Le manège peut durer longtemps. L'invité va imaginer plusieurs ruses pour pouvoir goûter la dernière assiette. A la fin, j'imagine qu'il se rassoit, sort une cigarette et un briquet de sa poche. Les autres le regardent, médusés, scandalisés. L'invité approche la cigarette de ses lèvres, puis allume le briquet... il approche le briquet... Les autres sont terrifiés (il ne va tout de même pas ? Il ne va pas oser ??...). L'invité fait durer le suspense. Allumera  ? allumera pas ?. Enfin, il allume la cigarette. Les convives fuient en hurlant. Satisfait, l'invité éteint sa cigarette, se dirige vers l'assiette tant convoitée. Elle est vide.