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  • Bonus 3

    Même séance d'écriture que celle décrite précédemment. J'avais produit presque la totalité de la pièce en quelques jours, tout envoyé à François et attendu sa réaction. Il y avait de bonnes choses (ah si. Si, si, c'est François qui me l'a dit !), elles seront dans la pièce. Et puis... il y avait le reste. Dont cette scène, d'une symbolique particulièrement lourdingue. Mais bon, vous savez, quand on est lancé.

    Sur la scène, un livre. Un passant remarque à peine le bouquin par terre, s'arrête plus loin et revient sur ses pas. Il approche prudemment du livre. De plus en plus prêt, de plus en plus prudent, presque surpris de sa propre audace. Il regarde autour de lui. Personne. Du bout du pied, il touche la couverture, recule, attend, s'approche à nouveau. Il s'enhardit, bouscule maintenant vraiment l'objet. Le livre s'ouvre. Le passant effrayé, s'enfuit. « Monsieur l'agent, monsieur l'agent ! ». Il sort de scène, revient avec un autre personnage.
    Le passant désigne le livre : « Là, regardez. »
    L'agent : « Ah mais oui. Oui, c'est vrai. »
    Le passant :  « Et il bouge encore. »
    L'agent, pas rassuré : « Ah bon ? Vous êtes sûr ? »
    Le passant : « Oui, oui. »
    L'agent, après un moment d'hésitation : « Bon. On va pas prendre de risque, hein. » (il dégaine, tire une première fois. Il approche, rassuré par le premier coup. Tire encore une fois, puis encore. Vient tout près du livre abattu. Le passant derrière lui.) L'agent : « Voilà. Je crois que c'est fait. » Il se penche pour le ramasser.
    Le passant le retient : « Attention, monsieur l'agent » L'agent hausse les épaules, mais on sent qu'il n'en mène pas large. Précautionneusement, il saisit enfin le livre et le soulève, le tient à bout de bras, comme une charogne. Il secoue le livre, inoffensif à présent. Le passant se met à rire, soulagé.
    L'agent, triomphant : « Voyez ? Hein ? Fini. Aha. Bon, je l'emmène au poste. Vous, vous me suivez. »
    Le passant : « Ah bon ? Pourquoi ? »
    L'agent : « Faire mon rapport, c'te bonne blague. Vous êtes le premier à l'avoir vu, non ? »
    Le passant : « Ah ben je sais pas, moi. Je passais juste, j'ai... »
    L'agent : « Allez, pas d'histoire, vous venez avec moi. »
    Le passant : « C'est-à-dire... J'avais un rendez-vous, et... »
    L'agent : « Un rendez-vous ? Avec qui ? »
    Le passant : « Mais... Enfin... »
    L'agent : « Y'a un problème ? »
    Le passant : « Non, non. Un problème ? Non, pourquoi ? »
    L'agent : « Vous ne vous souvenez pas de la personne avec qui vous avez rendez-vous ? »
    Le passant : « Ah ça ? Mais non, enfin si, mais. Je voulais dire... Je n'ai pas précisément rendez-vous, en fait... »
    L'agent : « Houlà, m'paraît bien compliquée votre histoire, là. Vous allez m'expliquer ça au poste calmement. »
    Le passant : « Vous croyez ? »
    L'agent le fixe. Ça ne rigole plus du tout. L'agent, glacial : « Si je crois ?? Je vous dis : suivez-moi au poste, et vous me demandez si je crois ? Ça vous paraît contestable, ce que je vous dis ? »
    Le passant : « Oh non, m'sieur l'agent. »
    L'agent regarde le livre : « Vous l'avez trouvé où, ce machin, vous m'avez dit ?... »
    Le passant : « Ben, là. Par terre. »
    L'agent : « Ah. »
    le passant : « Oui. Il était là, quoi. »
    L'agent : « Ah. C'est vous qui l'avez posé ? »
    Le passant : « Non, non - Oh mais non, m'sieur l'agent, pas moi. Oh non, je ne mange pas de ce pain-là, moi. »
    L'agent : « Mouais. Vous allez me suivre au poste, et sans rechigner, vous. On a sûrement plein de choses à se raconter. » (il le pousse hors de la scène)

  • Bonus 2

    Cette scène, produite lors d'une session d'écriture particulièrement prolifique, a été refusée par François, d'emblée. Il ne l'aimait pas, et puis, c'est une idée de mise en scène, sans vrai fond, qui ne dit rien. Une fausse piste, quoi. je la livre ici, pour souligner combien on s'égare parfois, dans des registres de pure forme. Cela apparaît quand on est soudain persuadé de tomber sur une bonne idée. Dangereux, les bonnes idées.

     

    Un personnage entre, un livre à la main. Ses lèvres articulent sans bruit le texte qu'il lit. Un autre entre, même jeu. Et ainsi de suite. Beaucoup de personnages se croisent ainsi, marchant, le nez dans leur bouquin. Ce sont des textes divers, parfois en langue étrangère. Leur voix s'élève au fur et à mesure qu'ils accélèrent la marche. Bientôt, on assiste au ballet de ces promeneurs, vociférant leur lecture. Sur scène, une sorte de chef d'orchestre intervient. Il frappe de sa baguette. Silence. Les marcheurs s'arrêtent, silencieux. Le chef fait un geste, les lecteurs, cette fois immobiles, se remettent à lire et, par les mouvements du chef, lisent à hauteur de voix différentes ; crescendo ou decrescendo.

    Pendant ce temps, dans le public, d'autres distribuent des copies de textes divers, incitent à lire à haute voix. Petit à petit, les voix du public se mêlent à celles des acteurs sur la scène. On crée un brouhaha qui monte, monte. Puis le chef se tourne vers le public, module la hauteur des voix, comme il vient de le faire avec les acteurs. Il ordonne des silences, des reprises, des moderato, etc. Jusqu'à un crescendo final, puis silence.

  • Bonus

    En attendant le 25 avril, et la représentation du "Rire du Limule", je vous livre en exclusivité la scène suivante, supprimée dans la version qui sera jouée au théâtre de Roanne. François et moi nous l'aimions bien, ainsi que certains acteurs, mais, rien à faire, impossible de l'intégrer dans le patchwork pourtant hétérogène de la pièce. J'ai eu beau la réécrire, la réécrire, François a eu beau chercher un angle, une manière, un jeu... Cette scène résistait. Finalement, nous avons résolu de la supprimer définitivement, comme cinq ou six autres, je ne sais plus (mais là, François a été beaucoup plus clair tout de suite : elles ne lui plaisaient pas. Point). Tiens, je vais peut-être les disposer ici, dans les jours qui viennent. Pour pas gâcher.

     

    Thot approche d'un groupe en train de discuter tranquillement, choisit tel ou tel, écarte un homme, une femme, sépare un couple impitoyablement, éloigne avec brusquerie l'un d'eux, renvoie carrément un autre. Certains renâclent, mais la plupart, dociles, se laissent expulser sans un mot. L'un d'eux, au public : « Vous ne dites rien ? » Il hausse les épaules, se résigne, dans l'indifférence générale.

    Ra s'aperçoit que la table est bancale, et se met dès lors à tenter une réparation. Thot l'observe. Ra met du temps, soupire, reprend, se trompe, est sur le point d'abandonner, puis revient à sa tâche. Thot ricane.

    Ra : «Ne te moque pas. »

    Thot : « Je veux bien, mais tu es risible, mon ami. Tu ne sais rien faire. Le moindre geste te prend une plombe. »

    Ra : « Peut-être. Je ne vois pas le problème, si j'ai une plombe pour le faire, le geste. »

    Thot : « C'est ce côté médiocre assumé qui m'agace vraiment chez toi. »

    Ra : «  Le monde serait pire sans les médiocres. »

    Thot : « C'est idiot. »

    Ra : « J’ai longtemps assisté au spectacle de la frénésie des plus « efficaces » d'entre nous, l'énergie qu'ils dépensent pour partir plus loin en vacances, acheter de plus grandes piscines ou manger moins gras, s'acheter de plus grosses voitures et des dents alignées, dépasser les collègues, performer, optimiser, qualifier. Tout le monde s’acharne à faire les choses au mieux, mais en réalité, la dépense d’énergie et de talent, c’est scientifiquement prouvé, équivaut sur le long terme aux résultats des plus incompétents ; les deux s’équilibrent. Bref, je suis convaincu que le bilan de l'efficacité est négatif à l'échelle individuelle, quand elle n’est pas compensée par l’effet modérateur des médiocres. »

     

    Thot : « L’effet modérateur… »

     

    Ra, qui s'échauffe : « Reporté à l'échelle des nations, la compétence comporte aussi des dangers ; mais d'une autre nature. L'efficacité divise, elle scinde, partage, elle ne cimente jamais. Elle permet de distinguer avec plus de netteté ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas ; elle permet d'isoler les éléments improductifs, les tarés et les feignants, elle détermine des talents, des aptitudes et des assuétudes, elle sépare les gènes positifs, choisit les races supérieures. Elle fait le tri dans l'énorme matériau humain. La compétence et l'efficacité sans frein mènent tout droit aux camps de la mort. »

     

    Thot : « Ze démonstrachîeun »

     

    Ra : « Heureusement, les faibles, les maladroits, peuvent à tout moment faire capoter, ou au moins ralentir le grand projet des forts. Heureusement, l'humanité a sa réserve naturelle de médiocres qui la retient de foncer dans le mur avec le moteur surpuissant que ses éléments les plus intelligents ont su lui construire. Voilà pourquoi je dis que les médiocres, depuis le début des temps, ont sauvé l’humanité. Oui, le monde serait pire sans les médiocres.»

     

    Thot : « Pfff… »

     

    Ra : « Mais enfin, regarde ce qui se passe : on va dans le mur ! Des gens supra-intelligents, des cerveaux extraordinairement efficaces et pointus nous entraînent vers la fin du monde ! et tu sais pourquoi ? Pas parce que l’intelligence et l’efficacité sont nuisibles a priori, mais parce qu’on les a laissé seules, parce qu’on a évacué toute forme de maladresse et de naïveté dans les processus de fabrication, dans les mécanismes de décisions, parce qu’on n’a pas compris que la médiocrité, l’erreur, la faute, étaient les ressorts naturels de l’évolution des choses. Je dis : vive l’inertie, vive la lenteur, vive les défaillances, les arrêts, les contre-temps, vive l’inefficacité. Vive la médiocrité !»

     

    Ra s'en va. La table est toujours bancale. Thot émet un grognement d'exaspération devant ce résultat pitoyable. Un des « exilés » du début, revient. Thot l'observe, sur ses gardes. L'exilé pose sa joue sur la table, la caresse, dit « Parfait. » et s'étend sur la table pour dormir.

    Ra hausse les épaules, et sort.

  • Reviens

    Vous aurez peut-être remarqué, mais il m'arrive de laisser des petits mots sur Kronix, ces jours-ci. Il se trouve que mon dernier roman bafouille et patine. Il se trouve que je m'agace et désespère d'y voir clair dans cette saga sur deux générations au XIXème siècle, mêlant vie paysanne et bourgeoise, guerre et paix, moeurs familiales et industrie. Il se trouve que, parfois, j'abandonne mes documents historiques, pour vous retrouver un peu et glisser là mes pensées matinales (donc pas profondes, nous sommes d'accord).

    Il se trouve surtout que je n'ai rien de plus à dire. Pfff.

     

  • Je savais pas

    J'avoue mon ignorance, et je transmets aussitôt ce que je viens de découvrir, à l'occasion de la visite de not'président en Afrique : la première charte des droits de l'homme, dans l'histoire de l'humanité, date du 13 ème siècle, et est africaine :

    http://africamix.blog.lemonde.fr/2008/09/07/la-premiere-declaration-des-droits-de-lhomme-est-africaine/

    Respect.

    Il semble qu'avant son nouveau voyage, Sarko et son ghost writer, ont révisé leur histoire. Du coup, on apprend des choses, nous aussi.

  • Sans liberté de blâmer...

    ... il n'est pas d'éloge flatteur, comme cité sur la manchette du Figaro, servile relais de la droite française, n'empêche : quand notre gouvernement travaille dans le bon sens, je veux le dire. Alors voilà.

    Il existerait un projet de loi pour indemniser les victimes (civiles et militaires) des essais nucléaires français.

    J'aurais aimé applaudir une telle décision à gauche. Ils ne l'ont pas fait. Tant pis pour eux. Si le projet va jusqu'au bout, ce sera tout à l'honneur de notre agité monarque. Je respecte et m'incline. Voyez, je ne suis pas si méchant.

  • Pet

    Depuis l'enfance, Nicolas Sarkozy est victime de flattulences à la puissance légendaire. Cette nature a sans doute contribué à le familiariser avec le concept d'expulsion.

  • Aubrac

    Nous étions sur l'Aubrac, lande silencieuse, horizon sans limite.

    Les perce-neiges crèvent les roches délitées, un lac bleu de givre rejette la lumière dans la clarté de midi. Les névés en débacle découvrent par place des galeries de mulots et les ruisseaux débordent des herbes échevelées. Le seul bruit de nos pas, un à un, tranquilles, le seul son de nos souffles, mesurés, doux, économes. L'espace entier, figé autour de nous, comme un grand tableau de paradis.

    Nous étions sur l'Aubrac.

  • Répéte un peu pour voir

    Une séance de répétition filmée par l'ami Maurice, et mise en ligne sur son site.

    http://www.artsexpos.net/1-index.html

    Ce que j'aime, entre autres, c'est le regard et l'attitude de François, qui accompagne chaque mot, souligne pour lui chaque intention des acteurs.

    Quel travail !

    Pour les béotiens, la succession de ces bouts de dialogues et de monologues pourra sembler assez incompréhensible. Rassurez-vous, tout se met en place dans la pièce, grâce au travail de tous.

  • A la demande générale

    Le salon du livre de Paris.

    ...

     

    Voilà.

    Autrement, j'en ai profité pour aller voir Watchmen avec un copain. Excellent (le film et le copain). Très riche visuellement, symboliquement, etc.

    Extrait :

    -"Mais qu'est-ce qui est arrivé au rêve américain ?"

    - "T'as pas compris ? Il s'est réalisé !"

  • Salon du Livre 2009

    Tandis que "le baiser..." continue de se vendre (ou de s'acheter) doucettement, je "monte" à Paris, vendredi soir, pour être présent sur le stand des éditions Jean-Pierre Huguet, dès le lendemain, samedi. Je n'ai aucune sorte d'appréhension et je ne suis même pas sûr d'être curieux de savoir comment cela va se passer. C'est que je suis tellement convaincu que personne ne viendra jusqu'à nous. Enfin, nous verrons. Je me permettrai de revenir ici vous raconter un peu.

    Mon bouquin a été chroniqué dans la revue "Le Matricule des anges", très bonne revue, lue par les professionnels, les libraires, les médiathèques, véritable outil pour les lecteurs qui cherchent autre chose que la production des majors éditoriales. C'est un superbe article, qui qualifie "le baiser" de "poélitique", et qui le raconte avec brio. L'équipe des soeurs océanes en est assez fière.

    Ce We, je ne serai donc pas dans ma bonne ville pour assister à une répétition du "rire du Limule". Je croise d'ailleurs François à Paris (je dors chez lui), avant qu'il ne descende à Roanne (pour dormir chez moi, échange de bons procédés). Je vous raconte tout ça...

  • Blondes à bord

    Pourquoi est-ce que les 4X4 les plus monstrueux, épais et lourds comme des tanks, sont toujours conduits pas des petites minettes blondes, musclées comme des crevettes ?

  • Des matins...

    De toute façon, je m'installe devant l'écran. Je relis la production de la veille. De toute façon. Normalement, ensuite, il suffit que je pose mes doigts sur le clavier et puis, comme l'entendait Pascal en parlant de la prière et de la foi, "ça vient tout seul". Ce matin, on ne peut pas dire. Quoique... Voyez-vous, je n'arrive à rien sur mon dernier roman, à pas grand chose sur un texte commandé pour un festival prochain, et voici que je m'adresse à vous et là, facile, l'écriture s'écoule. Décidément, je suis condamné à écrire. Peut-être qu'un jour, jen aurais marre de cet acharnement, de cet enchaînement.

    Cet après-midi, François et toute la troupe du "Rire du Limule" se retrouvent au théâtre pour une répétition complète de la deuxième partie de la pièce. J'ai assisté à quelques répétitions, et je suis toujours émerveillé du travail de François à partir du texte. La façon dont il explore chaque nuance. De la broderie. J'en suis ému en permanence quand j'y assiste, rencogné et presque invisible, contre un mur. La date fatidique approche. Les comédiens sont de plus en plus impliqués, je crois. Jérôme nous a adressé les premiers morceaux de son et de musique. C'est véritablement magnifique, exceptionnel. Si tout est en place le 25 avril, et si les comédiens sont "dedans", je crois que ce sera une belle soirée.