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  • La bombe Brelin

    Un soir d'hiver 1853, Camille Brelin fut le premier à tester la bombe du même nom, dans sa cuisine. Le fait que ni les voisins, ni même sa femme qui cousait dans le salon tout près, n'ait entendu la moindre déflagration, explique qu'on n'ait jamais rien su de cette extraordinaire invention.

  • La haine

    Ils se détestaient depuis toujours. A 1 an, ils se piquaient leurs jouets, à 2 leurs copines, à 3 ans ils constituèrent deux holdings concurrentes, et à 4 ans, ils se lancèrent en politique pour s'affronter sur le terrain idéologique. Jusqu'où seraient-ils allés s'ils n'étaient pas morts à 5 ans, prématurément vieillis par la haine ?

  • L'épreuve

    Voilà, c'est fait. Hier matin, j'ai livré l'épreuve du "Psychopompe" corrigée, à Jean-Patrick, mon éditeur.

    Une épreuve aussi, d'ailleurs, cette correction. J'ai retenu mon envie de multiplier les corrections d'auteur, c'est-à-dire, les modifications autres que les simples ajustements typographiques ou le relévé des fautes d'orthographe. Il faut apprendre à assumer, un jour, la "maturité" de son petit, à le laisser se débrouiller seul.

    Le voici lancé dans la chaîne de fabrication. Comment sera-t-il reçu ? les lecteurs saisiront-ils ce que j'ai vraiment voulu mettre entre les pages, sous le récit tragi-comique de ce vieil érudit alcoolique qui se livre au meurtre ? Les premiers chapitres ne sont-ils pas trop légers, sont-ils assez bien écrits ? Trop tard pour se poser ces questions, l'élan et la jubilation surgis devant la solitude de l'écran il y a maintenant peut-être un an, vont se métamorphoser en cet objet de papier, confié aux mains de tous, des lecteurs plus bienveillants aux critiques les plus revêches.

    Autour de moi, chacun est convaincu que c'est un très bon bouquin. Je sais quant à moi, qu'il est riche, que j'y ai intégré beaucoup de réflexion. Saura-t-on dépasser le niveau de lecture du polar ?

    Je dois être confiant : "le baiser..." m'a appris l'intelligence du public.

    Sortie encore retardée probablement : disons mars ?

  • Civilisé

     

    D'abord, l'envie de tuer le pilote qui pèse de tout son 4X4 sur la place handicapée. Et puis la paresse, devant l'étendue des problèmes qui suivrait le meurtre, souvent mal perçu. Alors, je lance un civilisé « Connard ! » et je passe à autre chose.

  • Rencontre à Bozel 2

    Le beau zèle de Marielle – 2

    Dans la petite bibliothèque, (visitée avant une courte sortie dans le village, histoire de jeter un œil à la tour « sarrasine » qui fut, semble-t-il, le lieu d'un bel ensemble de manifestations autour du thème de « la neige », naguère), je me prépare, rôde au milieu d'un cercle de chaises promptement installé. On entre, des plateaux couverts d'offrandes, posés sur les mains ouvertes, on se salue, on se sourit, on s'installe, on écoute. On écoute Marielle qui a préparé un texte malicieux pour me présenter, quelques pages émouvantes et justes où elle répond à mon inquiétude de l'autre jour, après mon passage à Thonon (bien que Thonon, entendons-nous, c'était très bien), sur l'utilité de la présence d'un auteur. Elle parle d’abord des échanges, suscités par la lecture d’un livre difficile, et que la venue de son auteur permettra de poursuivre, d’approfondir. Évidemment, tout le monde n’a pas aimé : le thème rebattu, les scènes horribles, l’écriture difficile. Pourquoi ce sujet, pourquoi aujourd’hui, pourquoi sous cette forme ? Là, la rencontre avec l’auteur devient essentielle.

    C’est qu’un livre -qui doit se défendre tout seul, nous sommes d’accord- est aussi élaboré par un cerveau (en général), un vécu, une histoire travaillée depuis la chair, éprouvée depuis long, et qui surgit au terme d’une gestation (Marielle reprendra cette métaphore « utérine »). Tout cela, le lecteur en est avide, le bon lecteur, celui qui ne se contente pas d’avoir compris le livre, mais veut comprendre le pourquoi du livre, le comment du livre.

    Je commence à saisir, moi, que les lecteurs sont cannibales et ont un désir de dévoration de l’écrit, qui va jusqu’à l’ingestion des pensées de celui qui « a fait l’expérience de la création littéraire ». Cette expérience, rappelle aussi Marielle, qui ne serait pas complète (ou qui ne serait peut-être pas, tout simplement), si elle n’était associée à celle de la lecture, « Lecture et écriture comme des démarches en miroir, l’une nourrissant l’autre », et c’est aussi le lecteur qu’accueille la bibliothèque de Bozel. D’ailleurs, une pile de livres derrière moi, inspirera, selon l’organisation de mon hôte, mes réactions de lecteur.

    Après cette brillante introduction, « sans cirage de pompes », je ne sais que dire. J’enchaîne pourtant sur la notion de poncif du livre. C’est vrai, tout a déjà été dit sur les systèmes totalitaires et leur mécanisme ou leur installation, et je ne prétends pas décrire avec plus de pertinence que les autres cet aspect. Alors ? C’est que, expliqué-je, d’abord, je n’ai pas théorisé ce livre, il a surgi, point. Il fallait que je l’écrive, et que je l’écrive de cette façon. Du neuf ? Non, bien sûr, sauf peut-être ma voix, ma façon de dire, ma façon de me confronter à ce sujet qui me hante depuis toujours et sur lequel, très souvent, je reviens par tous les moyens. Ensuite, souplement, grâce aux enchaînements de mon hôte, il m'est possible d'expliquer comment s'est construit le récit, comment a été travaillé ce style particulier, quel défi c'était. La cohérence forme-fond ; plus que la cohérence, la fusion, la symbiose. Apnée, asphyxie, noyade. Et l'éditeur ? Quel est son poids dans le processus ? Le moment de ce roman, dans le reste de ma production, pourquoi ai-je dit que les scènes de torture me révulsaient moi-même ? A ma grande surprise, il se trouve que je suis capable de répondre à tout.

    Bozel_30_01_2010.JPG

    Dans son texte, Marielle évoque cet autre raison qui conforte l'intérêt de la venue d'un auteur. Quand son livre implique une médiation, ce « dont s’acquitte avec délice une bibliothécaire . L’accueil d’un auteur est la forme aboutie de ce travail de médiation. »

    Il m’est impossible de résumer la richesse de nos échanges, ce soir-là, et mon bonheur de, non pas transmettre un quelconque savoir, mais échanger, comme l'a dit Marielle, échanger ensemble sur ce qui nous pousse à lire ou à écrire.

     

    Hébergé chez Pascale, une cadre sup qui a décidé un jour de laisser tomber le stress et les leurres du pouvoir, même limité, je dors comme un loir, sans qu’il soit besoin de lampe de sel, me fait-on remarquer (je note une proportion de lecteurs de Kronix assez incroyable, à Bozel). Je m’endors comme un bienheureux, en pensant au récit que je vais faire à ma douce de cette soirée et, cerise sur le gâteau de Savoie, de la vision de ce mouflon au bord de la route, à peine dérangé par la voiture de Pascale, quand nous rentrions dans la nuit.

    Le lendemain, Marielle et Corinne, une spécialiste qui fait entendre la « voix » de l’environnement à Courchevel, nous rejoignent comme convenu pour une promenade sur la neige ragaillardie par le soleil matinal. L’occasion de se connaître mieux et, tout simplement, de parler de tout et de rien, de la vie, des parcours de chacun, des projets… En cours de promenade, Pascale imagine, à tout hasard, de téléphoner à la famille Paccalet, dont nous voyons la maison non loin, pour proposer à Catherine et Yves Paccalet, de partager le repas de midi et m’offrir ainsi, en plus du reste, le bonheur de la découverte de l’auteur de « L’humanité disparaîtra, bon débarras ». Ils acceptent.

    Yves Paccalet, regards et sourires ébauchés, retenus (on dirait timides si tout de même, l’accoutumance aux conférences, aux prises de paroles d’élus, n’avait rendu ce qualificatif douteux), parole claire et déroulement de pensée fluide qui vient au but. Un enchantement bien sûr. Autour de lui, nous écoutons le candidat aux régionales d’Europe Ecologie pour la Savoie, sur la liste de Meyrieu, et je crois qu’ici, en cet instant, chacun sait pour qui il va voter. La discussion est tellement agréable qu’elle se prolonge déraisonnablement, et c’est dans la précipitation que Marielle me ramènera à la gare.

    Deux minutes avant l’heure, le train est à quai, je ne peux pas m’attarder, on se salue vite, la bise, on sait qu’on va se revoir, c’est au-delà de la seule prestation organisée, un moment qui compte dans la vie.

    Dans un mail ultérieur, Marielle ajoutera aux bonnes raisons qui font qu’on invite un auteur, l’élargissement de son cercle d’amis. Rien que pour ça, en effet…

     

  • Rencontre à Bozel

    Le beau zèle de Marielle - 1

    Il a été question de cela, à une certaine heure, au cours de la discussion engagée autour de « le refus » de Kertesz, un des livres que j'avais choisis pour évoquer mes amours littéraires aux organisateurs de Lettres-frontière. Il a été question de la fonction de l'écriture qui, d'une certaine manière, certifie qu'un moment a bien été vécu, et lui confère le poids de chair qui, autrement, manquerait à la mémoire. Il a été question de l'écriture comme testament de la rencontre de Bozel. Pour dire que cela fut, surtout dire combien ce fut important pour moi. Alors voilà, il faut que je raconte Bozel, et je ne sais pas par quoi commencer.
    Par Marielle peut-être, tout simplement, parce que cette vaillante bibliothécaire a réussi, dans ce petit village de 1200 habitants à réunir en quelques jours plus d'une vingtaine de personnes, passionnées, exigeantes, attentives, et toutes, toutes humaines, humaines, Ô mais humaines comme j'en sais de proches ici, comme il y en a, nombreuses et discrètes, partout dans le monde, et qui vous réconcilient un temps avec le reste des bipèdes.
    Dans la minuscule médiathèque de Bozel, samedi soir, j'ai été accueilli dans une ambiance de vie et d'enthousiasme comme seule la résistance peut en générer, je crois. Parce que, là-bas, les mots du « baiser... » provoquent un écho qui vole sur les trois vallées et s'accroche au grand bec dont la neige fleurit sous le soleil. Parce qu'en face, il y a Courchevel, les flancs velus éprouvés par la gale des pistes, les constructions touristiques qui échardent la roche ; Courchevel, dont certains à Bozel jalousent l'argent, la neige artificielle, les pistes damées à renfort de diesel nocturne, et les touristes méprisants. Les mêmes envieux sans doute qui considèrent une bibliothèque comme un cimetière. Mais madame, le cimetière remue sacrément ! Venez seulement jeter un oeil : les morts-vivants agitent les mâchoires, je vous le dis, les zombies ont de belles couleurs, ils échangent, discutent, contestent, applaudissent, rient. A Bozel, la vie se concentre ici, madame, dans le « cimetière » des livres. Je le sais, j'y étais.

    (à suivre)

  • Bozel ? Patience...

    Ca vient, ça vient... Je m'adresse ici spécialement à mes amis de Bozel (vous permettez ? je ne dis pourtant pas amis facilement mais... Vous m'avez compris). Bien sûr, il y aura, dès demain, un récit de notre rencontre, sûrement déroulé sur plusieurs jours. Mais j'ai trouvé en arrivant dimanche soir, l'épreuve du "Psychopompe", déposée par mon directeur de collection, Jean-Patrick, et il faut d'abord que j'honore ce travail. Avant toutes choses, avant vous même. Mais je ne vous oublie pas.

  • Un peu de sport

    Pour essayer de vous faire comprendre : sur une des exoplanètes récemment découvertes, à des millions d'années-lumières de nous, il existe un animalcule unicellulaire, vivant dans les profondeurs obscures d'un océan de méthane. Celui-ci a une meilleure connaissance que moi de la dernière saison de football.