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  • Ce qu'on sait déjà

    Certaines expériences de physique simple sont à la portée de tous. Il existe des antagonismes dont nous percevons les effets, avant même d'en avoir subi les conséquences. Par exemple, la lecture et le bain sont incompatibles, et un livre de Pierre Jourde coule comme n'importe quel Marc Lévy au fond de l'eau, même parfumée, et ses pages collent l'une à l'autre comme n'importe quel papier. Autre exemple : l'électronique audiovisuelle se remet très lentement d'une aspersion de café matinale. Sans l'avoir expérimenté, on le devine. Et en effet. Ensuite, on peut en déduire des statistiques sur la fréquence des accidents domestiques (pourquoi tout ça en l'espace de quelques heures ?) et sur le handicap d'avoir été créé avec deux mains gauches.

    Pour ceux qui s'étonneraient qu'un type sensible à l'environnement se prenne un bon gros bain très chaud au lieu d'une douche, je répondrai que d'abord, une fois n'est pas coutume, et que, l'autre soir, j'en avais rudement besoin. Oh oui, j'en avais besoin !

  • Le Psychopompe - la couverture

    couv psycho.jpgJ'admets avoir connu une certaine impatience. Tout était prêt depuis longtemps : le roman, ainsi que l'illustration de Franck Perrot. J'attendais la maquette. La voici : la couverture de mon prochain roman. Je suis très heureux. Pas mal, non ?

    (Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

  • La déclaration

    Dom a organisé une cérémonie qui ressemblait à Véro. Au micro, il a prononcé la plus belle déclaration d'amour que j'aie jamais entendue. Un texte au présent bien sûr, pour réfuter l'inacceptable, adressé à celle que pourtant, il ne reverra jamais. Beaucoup d'amis étaient là, une foule pour tout dire, qui témoignait de la gentillesse éclairante de ce couple.

    Écoutant ses mots, bouleversé par la simple énonciation de ce qu'était sa femme, de ce qui faisait d'elle cet être exceptionnel, je me suis interrogé sur l'étendue de mon amour, sur ma capacité à aimer. Je veux dire que je ne suis pas sûr d'avoir jamais su aimer comme Dom, je ne suis pas sûr d'en être jamais capable. Mais peut-être que cette troisième nuit d'insomnie colore mes impressions et me met en déroute.

  • Portrait à l'acide

    Un extrait du psychopompe fut, contre mon gré, lut par un précieux ami qui en avait eu la primeur, auprès d'une assemblée de courtes élites locales. Ce passage décrivait un mauvais peintre, un médiocre bouffi d'importance dans lequel les auditeurs crurent reconnaître une de leur tête de turc habituelle. Et de rire, et de trouver cela bien tourné, et de s'esclaffer sur l'acidité du portrait et la férocité de la charge. Courte vue, pauvres rires, incapables de saisir que ce portrait leur était tendu comme un miroir.

  • Témoins que rien

    Les amis que je connais ne s'enthousiasment généralement pas à la vue d'un couple de témoins de Jéhovah. Au mieux, ils remercient et déclinent toute offre, fut-elle divine ; au pire, ils les envoient se faire bénir ailleurs et claquent la porte. Je ne suis pas d'accord. Quand ces valeureux porteurs de bonne parole débarquent chez moi, c'est la fête. Je les accueille, les enveloppe, les cajole, les invite. Ils entrent, heureux et innocents, peut-être un peu décontenancés par cet enthousiasme inhabituel. Là, je pose une Bible sur la table, et j'attaque par la Genèse. Que pensez-vous du déluge, de la soumission de la femme, de l'interdiction sournoise de Dieu en son jardin, de Sodome et Gomorrhe ? Quelle est cette justice qui avorte des milliers d'enfants innocents, qui éradique une ville entière, etc. ? Je les tiens ainsi jusqu'à ce qu'ils regardent autour d'eux, perdus, cherchant une issue. Je les tiens encore, quand ils se lèvent pour me saluer, me remercier mais il va être l'heure de manger, je les tiens encore sur le seuil, dans la rue, leur propose de revenir c'est dommage on n'a pas fini. Je n'ai malheureusement effectuer ce pugilat que trois fois dans ma vie et je manque donc de pratique. Cependant : trois combats, trois KO.

    On peut me trouver cruel et peu charitable, et on pourrait soupçonner une intolérance envers les croyants. Ce n'est pas ça. Ce que je déteste, c'est le prosélytisme. Je ne vais pas frapper aux portes pour expliquer que je détiens la vérité ou que l'athéisme est un bienfait. Donc, quand un de ces braves enchristés vient frapper à ma porte, j'estime que la guerre est déclarée, et je lutte avec mes armes. Ite missa est.

  • Le poids des actes

    Pourquoi nos actes ne sont-ils pas anodins ? Pourquoi est-ce que nos paroles désinvoltes, nos pas sans but, ont des implications, des conséquences imprévues ? En tout cas changent un infime aspect de notre vie et de la vie des autres ; un détail qui, bientôt, engendrera des effets plus manifestes. Sommes-nous condamnés à agir sur ce qui nous entoure ? Sur ceux qui nous entoure ? Par le simple poids de notre présence. Il n'y aurait donc, par nos choix, l'impossibilité de l'acte gratuit, sans effet ? Nous ne serions donc pas libres ?

  • Véro, la nuit

    Nous sommes rarement vainqueurs. La camarde est un adversaire tellement redoutable. Elle a porté le coup fatal hier soir, et cet uppercut nous a tous assommé, simultanément. De ma place, j'ai souvent peur que ma douleur soit illégitime. Mais elle est vraie, profonde, génante. Permettez-moi de me livrer ici, quelques instants. Nous pensons aux deux êtres qu'elle laisse, la douce, la délicate Véro. Aussi doux et délicat qu'elle fut.

    Nous pensons à eux, nous pensons à elle. Nous savons qu'il n'y a pas de résurrection pascale. Nous savons l'irrémédiable des disparitions. Et les êtres aimés, adorables, silencieux, souriants, tendres, attentifs qui nous quittent, nous savons que nous ne les retouverons jamais. Il y a peu de choses en ce monde qui soit irrémédiable. En voici une. Et cette impossibilité d'un retour, nous cause une révolte...

    Je regarde par la fenêtre la lumière incertaine, et j'enrage stérilement qu'elle ne soit plus là pour la goûter ce matin. Et tous les autres matins du monde.

  • Véro

    Nous savons bien qu'il n'y a pas de justice. Nous savons bien que les bons et les méchants sont frappés également, sans discernement. Personne à qui adresser une prière, personne à qui demander pardon de notre impuissance, personne à qui demander pitié ; qu'il est lourd le fardeau de l'incroyant.

    Sous le même ciel que le vôtre, une femme se bat, sur la même terre que la vôtre, un homme doute, respirant le même air que le vôtre, une jeune fille a peur.

    Et mes mains incapables ne peuvent qu'aligner des mots qui ne soulagent aucune souffrance.

  • Pas le jour

    Absolument débordé. Il n'y aura donc pas de billets aujourd'hui. Ou bien, cette bricole, concoctée pour Facebook (oui, oui je suis sur Facebook, comment en suis-je arrivé là ? C'est la faute à François Podetti et à Delphine Bertholon, et ensuite à tous les amis, les vrais amis, que je retourne voir par ce biais). Donc, la bricole :

    "Je l'ai croisé dans la rue, tout nu avec son grand chapeau à plumes surmonté d'un drapeau pirate, ses cheveux orange, ses bottes remontées jusqu'à l'aine et sa peau teinte en bleu. Quand il m'a serré la main en me demandant comment ça allait, je n'ai pas pu lui répondre sans lui demander d'abord : « Et toi, ça va ? »

    Ce n'est pas avec des billets de ce genre que je vais remonter mes statistiques (ça baisse ce mois-ci).

    En tout cas, ça me fait un billet pour aujourd'hui. Débordé je vous dis.

    Et puis, une pensée pour certains amis qui souffrent.