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  • Essaye encore

    C'est par esprit de compétition avec un autre thaumaturge de son époque que Jésus surenchérit : soigner les fous et les aveugles, réveiller les morts, marcher sur l'eau, multiplier les pains et les poissons, changer l'eau en vin, ressusciter... Enfin, l'autre déclara forfait. Ouf. Un défi de plus, et Jésus s'apprêtait à donner le bonheur éternel et immédiat à tout le monde. On l'a échappé belle !

  • Et ça, c'est une rumeur ?

    Regarder, écouter. Et lire les articles complets sur Libé, RUE89 et Backchich

  • Avec le temps

    Je croise depuis des années cet homme dans la rue. Son statut de simple d'esprit avait quelque chose d'attendrissant et de poétique du temps de sa jeunesse. Aujourd'hui c'est un vieillard qui souille parfois son pantalon en marchant, sans conscience de ce qui l'entoure. Il ne porte plus sa petite radio contre l'oreille en permanence ; l'âge a anobli sa moue de débile léger. Il semble moins sidéré, presque commun. Il ne se distingue plus des autres passants. Ou bien nous sommes-nous tous amoindris jusqu'à lui ressembler ?

  • Le mythe

    Les deux hommes se faisaient face dans la rue centrale. Ils dégainèrent ensemble, vidèrent leur chargeur. La poussière dissipée, ils s'aperçurent qu'ils étaient l'un et l'autre toujours vivants. Ils rechargèrent leur arme et tirèrent à nouveau. Manqués ! Le duel se prolongea ainsi tard dans la soirée, mais personne n'assistait plus à l'ennuyeux échange, qui reprenait ainsi quotidiennement depuis des années. Soudain, l'un d'eux s'écroula. L'autre, tétanisé, n'osant croire en sa victoire, s'approcha. Dans un dernier sursaut, sa victime leva son revolver et tira. Son meurtrier s'effondra à son tour. Le pasteur, averti que le combat avait enfin connut son issue, décida d'en faire le sujet de son prêche du lendemain. Dimanche, du haut de son estrade, il voulut expliquer à ses ouailles quel exemple de bêtise les deux malheureux adversaires avaient donc donné. Mais il perdit le fil, s'embrouilla et ne sus rien en tirer. A la sortie, on se permit des remarques blessantes sur son âge, ses moyens intellectuels qui s'amenuisaient et il décida de reprendre cette histoire, de l'approfondir le soir-même, pour enfin déterminer quelle morale chrétienne on pouvait bien extraire de ce duel absurde qui avait empoisonné la vie de tout Daisy Town pendant plus de dix ans, à ce qu'on disait. Mais certains anciens racontaient que les ennemis s'affrontaient depuis plus longtemps, qu'ils étaient déjà en place alors que la ville n'était même pas encore construite. Qu'ils se défiaient chaque jour depuis la conquête de l'ouest, et peut-être encore avant. Le pasteur fut convaincu alors qu'il tenait là une histoire plus grande que la seule illustration des méfaits de la haine, mais un véritable mythe à l'exemplarité biblique, une légende. Il chercha, réfléchit, compulsa des maîtres de la fable et de la morale, recueillit l'avis des plus grands philosophes. Après des semaines de travail acharné, le pasteur dut se rendre à l'évidence : il n'avait rien à dire sur ces deux cons.

  • Amicalement, signé Chris

    Samedi après-midi chez Lauxerois à Roanne, donc, les amis et connaissances se sont déplacés pour me soutenir (et aussi, j'espère quand même, pour le livre lui-même). Je n'ai pas levé le nez de la table de signature. C'était encore un de ces moments merveilleux où l'on se sent aimé et entouré. C'est tellement bon, je vous assure.

    Je profite donc de cette note pour remercier affectueusement tous ceux qui sont venus me voir ou qui avait acquis le livre par anticipation, et me réjouir du soutien de ceux qui n'ont pas pu, mais achèteront "le psychopompe" dans les jours à venir.

    C'est étrange. Quand l'écrit a trouvé cette forme achevée de papier et d'encre, il devrait sortir de la mémoire de son auteur, désireux surtout de passer à autre chose, préoccupé surtout du suivant, qu'il a déjà entamé depuis des mois, mais le livre désormais se manifeste, réclame son dû, pèse par sa puissance d'objet et de contenu. On ne se débarrasse pas facilement de ce qu'on a produit, tandis qu'on était à peine conscient de produire. Un paradoxe.

    Demain, Kronix reprend son rythme de croisière, et mon écriture de roman son rythme laborieux et régulier.

  • Courtes ondes

    Bon, après on n'en parle plus (chiche ? non, je plaisante).

    Une petite interview (2 minutes) sur Virgin radio

  • Comme ça, c'est complet !

    Publiée cette semaine dans une journal local, mais considérablement raccourcie, je me permets de donner in extenso l'interview faite par mail, que m'a accordé Anabel Plence :

    Le Baiser de la nourrice et aujourd'hui Le Psychopompe, le thème de la psychose collective semble récurent chez vous. Avez-vous peur de quelque chose en particulier ?

    Surtout, je suis motivé par des révoltes, des répugnances, des incompréhensions. Le manque de bonté, le mépris pour les formes de pensée et de culture, la cruauté envers les plus démunis imposent que je m'y confronte. Côté peur, c'est vrai, l'exaltation des foules, l'abrutissement organisé des populations sont une de mes hantises permanentes. Dans le Psychopompe, il ne s'agit pas de psychose collective, à moins que l'on situe la vanité et la fatuité au rang des névroses. Nathan Charon, ce « psychopompe », un chroniqueur de nécrologies dans un journal local, est possédé par une névrose atypique : rendre leur vérité aux défunts. Une vérité que la vie leur a bien souvent dérobée.

    Quel plaisir trouvez-vous dans l'écriture des récits noirs ?

    J'aimerais tant écrire un doux récit d'amour, une bluette inoffensive ! Je peux vous jurer que j'ai essayé ! Rien à faire, dès que je pense à une histoire, même positive, la réalité des êtres et du monde me rattrape, se met à tordre le bel ordonnancement des lumières, et tout vire au pessimisme. J'y suis tout de même parvenu dans un roman, inédit à ce jour, mais qui n'a encore convaincu aucun éditeur. Je suis peut-être condamné aux récits noirs (néanmoins drôle : c'est le cas du Psychopompe).


    Existe t'il un Charon dans votre entourage ?

    Moi, je suppose. Je ne suis pas aussi misanthrope que lui, pas encore aussi alcoolique et défait, pas aussi vieux, mais il y a sans doute beaucoup de moi chez lui. Mais cet aveu est un leurre : tous mes personnages sont moi, ils sont aussi inspirés par les modèles que fournissent l'actualité, les rencontres, les souvenirs. Ensuite, tout se recrée. Une autre humanité se met en place dans la fiction, qui est celle que l'on connaît, en étant tout autre. Pour répondre : non, je ne connais aucun vieil érudit capable de tuer par amour de l'art et dégoût de l'humanité. Quant à moi, je dois admettre un manque d'enthousiasme à l'idée de tuer des gens. On ne se refait pas.


    Le Baiser de la Nourrice a-til "bien marché" ?

    Nous sommes dans le milieu de la petite édition, ce qui implique de petits tirages mais oui, « le Baiser » a bien marché. En plus du public, il a reçu un excellent accueil critique dans des revues comme « le matricule des anges » ou « Verso », qui sont d'une grande exigence littéraire et ça, c'est magnifique. La sélection Lettres-frontière a donné un puissant élan aux effets durables, et j'ai pu, grâce à ce prix, rencontrer des lecteurs, débattre, expliquer mon travail dans les médiathèques. Je suis invité encore en mai à Lausanne (Suisse) et en juin à Saint-Etienne. Pour « le Psychopompe », la médiathèque de Roanne me recevra, avec mon éditeur et une lecture de François Podetti, le 18 mai. C'est stimulant de parler de ce qu'on fait.


    Ecrivain compulsif (si je ne m'abuse ! ) avez-vous un nouveau roman en chantier, ou une intuition littéraire ?

    En dehors de l'écriture quotidienne sur mon blog,  plusieurs choses, toujours : sortira bientôt un livre sur l'artiste peintre Christine Muller pour lequel j'ai écrit un long texte, j'ai en chantier le scénario d'une série de BD pour le dessinateur Rivera, une pièce de théâtre intitulée « Peindre », qui devrait être jouée en avril 2011, et je travaille sur un roman historique (à ma manière) qui commence dans la seconde moitié du 19 ème siècle et s'achève à la fin de la première guerre mondiale. J'estime avoir encore quatre ans de travail pour l'achever. Je veux dire que je vais probablement écrire un « petit » roman dans ce laps, pour ne pas m'ennuyer.

     

  • Le Psychopompe J-1

    « Je fais pourtant un métier passionnant, constamment au contact avec la misère humaine. Hier, je faisais une permanence téléphonique au tribunal... Que faites-vous ? » Charon s'est levé : « Pardonnez-moi, il faut que je me dégourdisse les jambes, problèmes de circulation sanguine. Continuez, je vous en prie. » Bonne fille, Gisèle raconte sa dernière permanence au téléphone, les dizaines de cas, grotesques et tragiques, qui se succèdent, minute après minute, sans répit. Charon circule lentement, s'approche de la fenêtre derrière elle. Les détresses et les folies relayées par les policiers, filtrer immédiatement, déterminer, évaluer, démarrer l'instruction, c'est crucial vous savez, ces premiers instants après un délit, quand la police nous appelle, les gens ne se rendent pas compte... tenez, c'est moi qui dois décider d'une protection de mineur ou qualifier une enquête pour mort suspecte et ce n'est pas si rare, même à Croizan, comme l'autre nuit, j'étais chez moi, le téléphone sonne, et bien c'était pour la mort de Jérôme Talan, vous voyez de qui il s'agit, n'est-ce pas ?

    Oui, dit Charon calmement. Le cordon de rideau passe autour de la gorge blanche de Gisèle.

     

    La suite dans Le Psychopompe, signature demain à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Le psychopompe en images

    Entre une riche variété de "Euhhh" et si l'on veut bien faire abstraction de ma surcharge pondérale, on trouvera quelques éléments d'information sur mon prochain roman dans la rubrique "les talents" (oui) de RWTV la télévision roannaise sur le net.
    Pas de panique, ça ne dure que 5 minutes.

  • Le Psychopompe J-2

    Bon, dit Gizant en lui tendant l'appareil, tu as conscience que c'est complètement absurde, cette mort, Marchot, hmm ? Tu crois qu'on peut être maladroit à ce point ? Être soûl à tomber par terre, avoir du mal à se relever, je veux bien ; mais systématiquement choisir l'angle de chute qui te fera heurter la tête sur un bord ou un angle dur, bizarre, non ? Et puis la porte extérieure qui n'était pas verrouillée, c'est ça ? » Marchot est heureux de montrer son carnet, où il a bien écrit ce que lui ont déclaré la femme et la fille de la victime : la maison ouverte, mais aussi la porte de la salle de bains fermée à clé.

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Le Psychopompe J-3

    Depuis quelque temps, morts et vivants lui paraissent intimement proches, plus que d'habitude. Aurait-il mené l'expérience de la frontière à son terme ? Dans la rue, tout-à-l'heure, les passants secrets, les hommes abîmés, dans le square encore un temps plus tôt, les enfants énervés, le grand échalas sur le banc, lui sont apparus contaminés par une indicible nuit. Pas encore le grand bloc qui pèsera sur chacun, mais un contour naissant, un nimbe noir. Avec l'idée obsédante de son corps incapable de séduire, s'est manifestée la présence d'une camarde vers lui tournée avec une insistance nouvelle. Et tous désormais, dans son esprit le rejoignent, et Nathan désemparé ne peut éviter de songer au désir qu'il a de les voir le devancer.

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Le Psychopompe J-4

    Charon est avant tout un solitaire, et cette aptitude a, plus qu'une autre, orienté ses goûts vers l'étude de la chose disparue – objets, faits ou personnes, mais le disparu n'est reclus dans le passé que par la paresse de pensée des vivants, Charon a toujours eu le sentiment de l'existence des défunts, de leur présence irradiante. Les conversations légères de milieu de repas, convives plaisants, sourires scintillants derrière les losanges biseautés des flûtes de cristal, évoquaient invariablement pour le lui comparer, le personnage de Truffaut dans la chambre verte ; Charon déniait, avec d'autant plus de conviction qu'il s'interdisait de voir ce film mais en parlait avec science, ayant deviné à la vision d'une seule photo, tout ce qu'il devait en savoir, c'est-à-dire que ce rôle ne lui convenait pas et ne disait rien de son approche personnelle des disparus. Il voyait dans la figure de l'homme vêtu de noir, ganté, sinistre et froid, une sorte de croque-mort, jouissant de son appartenance au monde des morts. Il vivait, lui, il voulait juste démontrer à certains que les défunts produisaient une pensée qui les dépassait.

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Le Psychopompe J-5

    Alors, ce roman ? « Magma », ce récit qui se tord contre sa volonté, qui rue et se disperse ? Pour l’heure, Charon compile les notes autobiographiques, dans l’espoir de trouver l’image initiale qui enclenchera le reste du récit. La première phrase ébauchée pendant sa discussion avec Claude, Tout a commencé par une histoire d’amour, est restée sans suite. Aujourd’hui, il entreprend de raconter les gorges de la Loire, les lieux de son enfance, à tout hasard :

    La Loire à Croizan, fanfaronne, roule des mécaniques de garçonne. Elle est loin de sa maturité en robe d'or et d'émeraude, vers Nantes. Ici, gamine, elle soulève sa jupe au gré des précipitations hivernales. Mais son impétuosité est contrôlée, depuis qu'un barrage de plus la contient. L'ouvrage, quelques kilomètres en amont, a muré sa fougue, rabattue entre les gorges désormais noyées. Avant cela, dans les années Mais... Mais ? Aïe ! Mais il est vraiment trop con ce chien ?! Anne-Marie, ton putain de chien vient de me mordre !

     

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Le Psychopompe J-6

    Je me rends bien compte écrit Lionel Gizant dans son journal, je me rends bien compte que mes collègues sont gentils avec moi. C'est vrai, tous l'aiment bien, malgré ses coups de gueule – des coups de gueule pour rien, café renversé, faute d'orthographe dans une note, mépris pour les échecs, ça les fait rire, en fait – parce qu'il ne représente aucun danger pour eux. Aucune trahison ne viendra de lui, aucune envie d'en découdre, pas d'exigence sur la façon dont ils devraient faire leur métier, ils aiment aussi sa disponibilité pour les vacances, les nuits, les dimanches... et ses supérieurs apprécient qu'il obéisse sans discuter malgré son âge, qu'il ne plaigne aucune heure de trop, sans revendication. Tout le monde aime surtout qu'il se fiche de paraître et soit beau pourtant, les femmes trouvent sa désinvolture séduisante. Il sait, il comprend, il se voit dans la vie, incarnant le stéréotype du flic désabusé, dans les films qu'il aime. D'une certaine façon, les films l'ont renseigné sur qui il est, Bogart lui a peut-être même montré le héros sans héroïsme qu'il serait – qu'il est en train de devenir. Il y a une part de vérité dans le cliché.

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Le Psychopompe J-7

    Sylvie Denoz marche et Charon la regarde approcher avec la même délectation qu'on ressent à voir la course d'un fauve au ralenti. Comment font-elles pour apprendre cette grâce ? S'entrainent-elles depuis l'adolescence, minauderies devant la glace sur fond de musique à danser, étude de la façon dont les plus grandes se meuvent, analyse du déhanché des stars ? Quand tout cela a-t-il commencé ? Quelle Lucy des aubes a-t-elle transformé un sauvage balancement de croupe en cette marche dégagée, faussement innocente, consciente d'elle-même, cette déambulation érotique ? « Salut Nathan » Bises sur les deux joues. Elle sent bon, Il y a ce moment douloureusement fugitif, où la chevelure brune se répand autour d'eux et tend un dais sur le monde. « Tu as besoin de l'ordinateur ? » La voix aussi est furieusement sensuelle, découpée en syllabes nettes par la morsure des dents blanches, l'une après l'autre, avec une scansion d'arpèges.

     

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Psychopompe J-8

    Modeste Lebecq s'est heureusement arrêté d'écrire après l'insuccès de son deuxième livre, non pas qu'il ait renoncé à croire en son talent, mais parce que le tirage de ses premiers travaux, financés par la bienveillance de sa mère, et dont il avait mal mesuré les potentialités, encombrait sa maison pourtant vaste, d'un grand stock de cartons pleins et lourds. Lourds, car Modeste Lebecq aimait le beau papier. Sa prose amusante, par laquelle il exhibait son goût des truismes et des clichés, ainsi que sa méconnaissance satisfaite de la syntaxe et du vocabulaire, lui paraissait magnifiée par une impression de qualité, sur un Arches dispendieux et rigide. Cependant, s'il fut brièvement conscient de son incompétence éditoriale, Modeste Lebecq n'en resta pas moins convaincu de son talent d'écrivain, qu'aucun de ses amis n'eut le courage de démentir, sous le prétexte discutable que « ça ne fait de mal à personne ». Et encore moins sa mère, coupable d'avoir même soutenu ce regrettable penchant. Au lendemain de sa mort, après qu'on l'ait trouvé, écrasé sous une pile de cartons effondrés, on découvrit que l'auteur préparait en secret un nouveau désastre, le chef d'œuvre de sa vie, un énorme polar inspiré de la série X Files, où un curé et une militante cégétiste s'épaulent pour lutter contre un criminel en série qui s'avère finalement être un extraterrestre. En plus de cette intrigue originale, le cadre de l'action avait toutes les chances de séduire le public restreint et fidèle de son cercle d'amis et parents, puisque l'invasion commençait du côté de Saint-Bécaud, son village natal. Une souscription infructueuse a été lancée par sa mère, dans le but d'éditer l'œuvre posthume, bien qu'inachevée – semble-t-il, ou bien votre serviteur, qui a eu la chance de s'en procurer une copie, n'a-t-il pas bien compris la fin.

     

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à Roanne (Loire)

  • Psychopompe J-9

    Anne-Marie a laissé un message sur la table du salon, devant la télévision. Il déteste cette habitude, cette manœuvre ; sa femme sait très bien qu'il ne regarde pas la télévision. Elle pourrait déposer le billet dans la bibliothèque, où il passe ses soirées, ou bien à la cuisine ; aux toilettes pourquoi pas. Autant d'endroits qu'il est plus ou moins obligé de fréquenter, mais le salon... Cercle magique de fauteuils, équilibré par un canapé et un poste de télévision monolithiques, couleur obsidienne. Lieu tabou où se déroulent parfois de répugnantes assemblées autour de vaisselle en plastique et de bougies parfumées (le pire, les réunions de vente de bougies parfumées : le mélange d'odeurs, discrètes séparément, mais redoutables et capiteuses, quand la douzième est allumée « pour se faire une idée »), avec l'entrelacs assourdissant de piailleries sans répit, d'éclats de rire aigus et les regards sévères quand un homme s'aventure à portée de voix. Un mot d’Anne-Marie, placé dans ce lieu interdit, est une évidente démonstration d'hostilité. Charon décèle la triste énergie dépensée à inoculer cette infime dose de venin, d'autant plus inefficace que l'un et l'autre sont mithridatisés depuis longtemps. S'il pouvait, il s'empêcherait de lire mais trop tard, le mot est écrit énorme, avec un des feutres dont il se sert sur le tableau blanc. Ce type de feutre qui ne doit pas être utilisé sur papier, ce type de feutre qu'il faut avoir la nuisible volonté d'aller chercher sur son bureau. Sur la table basse, le billet hurle en rouge : « Rappeler l'éditeur. » Charon crispe les paupières. Depuis le temps qu'il fournit à toute la région et au-delà, des dizaines d'ouvrages, il connaît au moins quatre éditeurs importants, sans compter l'escroc. Elle le sait, elle le sait pertinemment !

     

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril.

  • Psychopompe J-10

    La grille du cimetière n'avait pas grincé, et les pas de Charon, dans un souci d'harmonie, s'évertuaient au silence. Le gravier formait dans les allées une rivière minérale et il pénétra avec douceur dans ces eaux dormantes. Les tombes inclinaient vers lui l'ombre de leur croix rouillée et il perçut le premier écho des étonnements qu'il était venu chercher ici. Les visites aux cimetières ne le plongeaient dans aucune espèce de nostalgie, ou évocation attristée d'un temps inconcevable. Aucun romantisme non plus – du moins s'en défendait-il – ni cette émotion respectueuse qui étreint les vieillards quand les carrés des tombes s'ouvrent devant eux comme des fenêtres où pencher leur ennui. Non : face aux vanités funéraires, Charon ricanait.

     

    La suite dans "Le Psychopompe", signature le 24 avril à Roanne (Loire), librairie Lauxerois, rue Charles-de-Gaulle

  • Terra Botanica

    Sûrement, je suis de parti pris, pour certaines raisons, liées à la famille, mais ce nouveau parc d'attraction, situé à Angers, n'est pas comme les autres. Il se nomme Terra Botanica, et fait la preuve qu'on peut proposer des attractions distrayantes, spectaculaires et familiales, tout en restant intelligent, esthétique et instructif. Un autre monde que la supeficialité disneyenne. Une réalisation ambitieuse mais raisonnée, à l'image du pays de là-bas.

  • Faites en sorte que le souper soit prêt

    Grâce à une de mes merveilleuses nièces, j'ai pris connaissance de ce manuel d'économie domestique à l'usage des jeunes épouses. Il s'agit d'un livret catholique distribué en 1960. Instructif. A faire lire aux personnes qui rechignent à penser que le progrès est vain ou que mai 68 n'a pas apporté son lot de bénéfices. Un bonheur de lecture. Les derniers paragraphes sont hallucinants.

     

    Manuel_scolaire_catholique_de_19601.pdf