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  • Jusqu'à rien

    Considérant les statistiques de fréquentation de Kronix, je m'aperçois que les visites diminuent depuis plusieurs mois de façon régulière. Il faut bien avouer que je ne dis rien de très passionnant. Je ne cherche pas non plus à "performer", à gonfler artificiellement mon chiffre en allant sur d'autres blogs absolument étrangers à mon domaine, en multipliant les liens et en produisant quelques "bonnes feuilles" sur Foresti ou la marée noire en Floride par exemple. Je comprends que je n'ai pas su garder le lectorat apporté par le coup de projecteur de la période "Lettres-frontière". Bientôt, Kronix retournera au presque anonymat qui fut le sien. Il sera une voix murmurante inaudible dans le vaste brouhaha de la toile, et sa fonction ne sera plus que celle que je lui attribuais, naguère : une production de la discipline quotidienne de travail, presque une scorie, un déchet, une excroissance de l'exercice d'écriture. Cela pose le problème -interrogation permanente dans mon cas- du but réel de l'écriture : pas forcément le partage, puisque peu de gens viennent régulièrement, pas le message, puisqu'un temps, je m'étais même amusé à écrire des billets dans une langue compréhensible de moi seul (mais une vraie langue, attention), alors quoi ? Une espèce de coutume masturbatoire, peut-être. Qu'est-ce qu'une écriture qui se passe de lecteurs ? De la littérature, justement ? J'évoquais l'autre jour la recherche d'une forme littéraire adaptée à notre époque. Et si le blog inconnu, autiste, tourné vers personne, était une possible réponse ?

  • Bonus

    A propos du Psychopompe, ce petit jeu de questions-réponses sur le "choix des libraires" : http://www.lechoixdeslibraires.com/livre-88502-le-psychopompe.htm

    (cliquer sur le lien)

  • En comparaison

    Parfois, je considère l'ensemble des moments où je me suis comporté comme un sale con, et je les mets face au comportement permanent de certains. Je m'en trouve soudain -valablement bien qu'artificiellement- valorisé.

     

  • Pense-bête

    Aujourd'hui, bien penser à écrire un truc génial.

  • Plagiat

    « Monsieur Hugo, je viens de tomber par hasard sur votre dernier ouvrage, et je dois protester contre le plagiat éhonté que vous avez fait de mon oeuvre ! En effet, les artifices grossiers sous lesquels vous tentez de maquiller votre forfait ne peuvent abuser personne. Il ne suffit pas, monsieur l'écrivaillon, de changer le titre de mon « Alexandra et les feux du Pacifique » en « Notre-Dame de Paris », de déplacer le cadre de l'action des îles Hawaï au Paris du Moyen-âge et de modifier le métier et le nom de mes personnages (chez vous, Alexandra, journaliste, devient Esméralda, danseuse, et Hyppolite, cadre en villégiature, devient Quasimodo, sonneur de cloches), pour créer la diversion que vous espérez. Votre paresse et votre manque d'imagination, ne sauraient excuser de pareils procédés. Méfiez-vous, monsieur Hugo, méfiez-vous ! »

     

    (Pas faire attention : un certain manque d'inspiration, ces jours-ci)

  • Charon, dans le fond...

    Riche et ambitieuse critique du Psychopompe par Laurent Cachard, sur son blog.

    je ne saurais trop vous conseiller d'y aller faire un tour.

  • Prolifération

    Le peintre avait cette fichue manie de peindre tout le temps. Comme il ne vendait jamais rien, les toiles encombraient sa maison, couloirs, toilettes et grenier compris. Bientôt, il fut obligé d'en ranger dans le jardin, de les déployer sur la pelouse, dans les arbres, puis contre la grille, sur le trottoir, contre la maison des voisins, sur la rue jusqu'au carrefour, accrochées aux poteaux, aux poubelles, posées sur les toits. Et encore le long de la grande route jusqu'à la ville suivante, ainsi de plus en plus loin et même plus sur des toiles mais sur les murs eux-mêmes, sur le goudron des rues, les troncs et les mâts, les voitures et les bornes. Il n'eut plus de peinture et se saigna, n'eut plus de sang et mourut. Un grand orage lava tout ça, et le monde revint à son rêve gris.

  • Dassine

    Il y a trois ans à peu près, j'ai découvert, dans le cadre d'un travail sur les peintres du désert, l'écriture et le personnage de Dassine (ou Dacine) poétesse targuie du XXème siècle, femme politique, célèbre artiste, chanteuse, devenue une légende de son vivant. Aussi bien auprès de son peuple que des autorités françaises en Algérie (il existe un film français sur elle, mais j'en ai perdu la trace). Elle reste encore peu connue des écrivains occidentaux. D'elle, je n'ai d'abord lu que cet extrait, où elle évoque les écritures occidentale, arabe et enfin, tifinagh (l'écriture des touaregs -ou plutôt des tamasheq ou imajaghan, tels qu'ils se désignent eux-mêmes). C'est son texte le plus connu, et je l'ai retrouvé sur internet. Pour moi, c'est une merveille. Le voici :

    « Tu écris ce que tu vois et ce que tu écoutes avec de toutes petites lettres serrées, serrées, serrées comme des fourmis, et qui vont de ton cœur à ta droite d'honneur.

    Les arabes, eux ont des lettres qui se couchent, se mettent à genoux et se dressent toutes droites, pareilles à des lances : c'est une écriture qui s'enroule et se déplie comme le mirage, qui est savante comme le temps et fière comme le combat. Et leur écriture part de leur droite d'honneur pour arriver à leur gauche, parce que tout finit là : au cœur.

    Notre écriture à nous, au Hoggar, est une écriture de nomades parce qu'elle est toute en bâtons qui sont les jambes de tous les troupeaux : jambes d'hommes, jambes de méhara, de zébus, de gazelles : tout ce qui parcourt le désert. Et puis les croix disent que tu vas à droite ou à gauche, et les points – tu vois, il y a beaucoup de points – ce sont les étoiles pour nous conduire la nuit, parce que nous les Sahariens, on ne connaît que la route qui a pour guides, tour à tour, le soleil et puis les étoiles. Et nous partons de notre cœur et nous tournons autour de lui en cercles de plus en plus grands, pour enlacer les autres cœurs dans un cercle de vie, comme l'horizon autour de ton troupeau et de toi-même. »

    Beaucoup de ses poèmes ont été traduits par Charles de Foucault. Il faut que je retrouve les documents compulsés à l'époque de mes recherches pour vous en dire plus. Le personnage en vaut la peine.

  • Partir, revenir

    Une simple promenade, une marche dans la campagne, quand l'écran se fait surface de verre opaque devant moi. Un tour tranquille, les mains dans les poches, une herbe entre les lèvres, l'écharpe bientôt dénouée. Le soleil, les champs repus d'ombelles blanches et de boutons d'or. La vie alentie des moutons et des poules intriguées. Le pas solitaire entre deux haies hirsutes, le concert des insectes innombrables, les cris des chiens réveillés de leur farniente. Arrivé au faîte de la colline, la vue grisée de soleil sur la plaine jusqu'au Forez, le temps arrêté, le regard assuré, campé sur deux jambes. L'heure qui s'écoule par mes narines. Tout est calme, les génisses tendent leur mufle vers moi, reculent pour un geste, reviennent m'interroger et me regardent reprendre le chemin. La petite route revient à la maison, à l'escalier, au bureau. Je retrouve l'écran qui a repris sa transparence. Écrire.

  • Mode d'emploi

    Un compliment : à peine une main sur la blessure. Une critique : un carnage de tout l'être.

    C'est comme ça. Il faut apprendre à se protéger. Le problème, surtout, est quand les réserves révèlent une lecture « à côté », c'est-à-dire que le lecteur s'est arrêté à un seul aspect du livre et n'a pas vu vraiment quel en était le projet. Là aussi, apprendre à ne pas s'en trouver anéanti. Sur « le Baiser », facile : il ne pouvait pas y avoir de contre-sens, le propos, basique, manifeste, n'ouvrait qu'à peu d'interprétations dévoyées. Sur « le Psychopompe », je vois que beaucoup ne se sont pas arrêtés sur ce propos de la fiction comme seule trace de nos vérités. L'ironie d'un mensonge comme porteur de mémoire. Quand le lecteur ne se contente pas d'une lecture politique ou satirique. On ne peut quand même pas livrer un roman avec son mode d'emploi. Si ?

  • Pas arrivé

    Mais c'est que je ne comprenais pas ce qu'on me voulait ! Je parcourais les couloirs, les classes et les gymnases, je m'asseyais comme-ci comme-ça, j'écoutais, je notais, mais je ne comprenais pas. Quand on disait que tel enseignement m'aiderait dans ma vie d'adulte, cela me causait une horrible angoisse : quel adulte ? Où ça ? Comment pourrais-je un jour appartenir à ce monde incroyable où les hommes et les femmes se côtoient avec naturel et où les gens prennent des décisions, gagnent de l'argent, ont un métier ? Savent où ils sont, apparemment. Jamais je n'y arriverais. C'était comme regarder un film et savoir qu'on ne sera jamais dans la distribution (d'abord, parce que le film a déjà été tourné, sans vous). Et puis, il a bien fallu devenir adulte. Je ne sais toujours pas ce que c'est, qu'un adulte. Pas plus que je ne savais ce qu'était un enfant quand je l'étais. Si on m'avait seulement dit un jour qu'être adulte ne demande aucun effort, seulement de se laisser vieillir, j'aurais été rassuré. Mais on a voulu me faire croire qu'il fallait travailler à cela. Quand je vois ceux qui y sont parvenus en forçant leur nature, je me dis que j'ai bien fait de patienter. Et si ça se trouve, je n'y suis toujours pas.

  • Le bonheur à table

    A., si tu passes par là, tu vois : je vais parler du bonheur. En souvenir notamment de cette soirée « banquet-philo » qui a réuni près de 25 personnes autour d’une vaste table dressée, dans la maison de J., notre ami.

    A., l’autre soir, m’avoue sa déception de n’avoir pas trouvé de relation de cette soirée sur Kronix, sinon le lendemain, en tout cas dans les jours qui ont suivi. J’avoue ne pas y avoir pensé. Surtout, l’entreprise dépasse mes compétences : comment résumer les propos, échanges et idées, remués en l’espace de quelques heures ce soir-là, et par exemple, comment parler savamment du rapide et essentiel tour de la question, réalisé de main de maître en apéritif par notre chère C. ? Impossible, en ce qui me concerne. Ou bien trop de travail pour le petit amateur de pensées que je suis. Voilà pourquoi je n’ai rien écrit, A. Mais il y a tout de même quelque chose à en dire. En dehors de cette évidence que, travaillant sur l’idée du bonheur, nombreux et attentifs à la parole des autres nous avons participé à le fabriquer ensemble. En dehors de cette évidence que, seul ou à plusieurs, il est toujours en notre pouvoir de se le procurer et d’en procurer aux autres. Et d’en procurer de la qualité voulue. Je veux dire que le travail, le temps mis à la préparation de cette soirée, se retrouve dans l’équation partage=bonheur. En dehors de ces évidences donc, il y a eu ces paroles authentiques, inspirées et improvisées celles-là, de toi, A., et de ton compagnon. Nous avons perçu l’existence de votre bonheur dans la simple attitude de votre sérénité, votre assurance à parler de la solidité du vôtre. Ce bonheur là, sans théorie, provoquait le désir de l'inventer pour ceux qu'on aime.

  • Le fauve d'en face

    Certains ethologues estiment que les fauves sont en général déroutés par la position bizarre de l'homme, debout sur ses deux jambes, et que cette originalité lui vaut d'avoir survécu aux âges farouches. De son côté, l'homme -que rien n'étonne- lançait épieux et silex meurtriers.

  • La 4ème dimension

     

    Attablé au café, j'admire, pendant plus de dix minutes, un défilé ininterrompu de filles superbes. La peur soudain, d'être passé dans une autre dimension, et de ne plus jamais revoir de filles communes.

  • l'Envol

    LEnvol.jpgManière de promenade, échange entre personnes qui ont à se dire : désormais une toile de Christine Muller, dédicacée en remerciement du texte que j’ai écrit pour son livre (sortie en septembre chez Thoba’s édition), fait partie de notre univers et s’y trouve bien, je crois. La place a été difficile à trouver, et elle est plus modeste que prévue (le grand mur sur lequel nous avions d’abord imaginé l’installer ne convient pas, finalement), mais parfaitement adaptée. Je voulais juste vous faire partager ce moment de plaisir qui se prolonge, se prolonge…

    Il en est ainsi d’autres, issus de rencontres (toujours), d’échanges ou d’achats (parfois). Autres histoires dont je vous parlerai sur Kronix bientôt.

  • Nouveau roman, nouvelle rencontre

    Ce soir, à partir de 18h30, les roannais qui n'auront pas pris de billet pour aller voir Jacques Dutronc pourront toujours venir nous voir, François Podetti et moi, lire et discuter de mon dernier livre : "Le Psychopompe". C'est à la Médiathèque de Roanne, et c'est gratuit. Par ces temps, trouver un endroit chaud où les gens sourient est rarement gracieux. A part ça, je vous promets de prononcer le mot "Glaïeul", un moment ou l'autre. Vous en avez assez que je vous rappelle  ce rendez-vous ? Oui, ben, je m’excuse : je le dis autant de fois que je veux (et comme je veux), je suis chez moi, ici. Cette peur de n’avoir personne, évidemment liée à l’égo et à sa forme paranoïaque (personne ne vient ? Personne ne m’aime, alors ?). Alors qu’il ne s’agit pas de moi, intimement, mais de l’auteur ou du livre, plus ou moins apprécié. Apprendre à faire la part des choses.

     

  • Préhistoire

    Non, je ne veux pas parler de Chevillard, même si, en l'occurrence... c'est que je me demande si écrire un roman, aujourd'hui, n'est pas une impasse, ou une manière obsolète d'explorer l'écriture et ce qu'elle a à dire de nous. C'est que je m'interroge sur la pertinence de ce mode littéraire au XXIème siècle. Bien sûr, le roman (cette excellence du XIXème) a été renouvelé au XXème, mais tout de même, il m'apparaît parfois que les romanciers oeuvrent sur une forme vieillie, inadaptée au monde actuel et à ses enjeux. A cette aune, je me dis que la poésie et la forme brève ont plus et mieux à dire que nos récits amples aux personnages complexes et plus ou moins réalistes où tout est contenu, y compris une représentation du monde. Le traitement de la société et de son état n'est-il pas plus juste dans une forme parcellaire et éclatée (par exemple)? Je m'interroge, voilà.

  • Les belles personnes

    Nous avons vécu des moments formidables, cette semaine. Dans le cadre de l'écriture de la future pièce « Peindre », nous avons rencontré plusieurs peintres dans leur atelier, et écouté, interrogé, recueilli, ce que notre présence attentive leur inspirait. De beaux instants, des heures dans une dimension où les avanies du monde ne sont autorisées à entrer qu'après être passées au filtre de la passion. Des leçons de vie, en général. Cela concerne les choix, les parcours, les engagements de chacun. Cela concerne la place des artistes dans la société. En fait, plus que tout autre, un artiste sait où il est. Voilà ce que je retiens. Et ça fait envie, si je puis me permettre.

    De belles pensées pleines d'émotion à Jean-Marc, Catherine, Marie, Pao et Christine (par ordre d'apparition sur notre cheminement).

  • Toujours aussi révoltant

    Gros couac à la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Une famille géorgienne en situation irrégulière qui avait été expulsée vers la Pologne a dû être rapatriée car les policiers avaient oublié le dernier fils, âgé de deux ans. Les deux parents, accompagnés de deux de leurs trois enfants, avaient été arrêtés le 11 mai dans un hôtel à Nancy où ils résidaient, puis transférés au centre de rétention administrative de Lyon.

    A lire sur LeMonde.fr

  • Mammuth

    Enfin, un film ! Je veux dire enfin un film réjouissant, intelligent, drôle, émouvant, généreux. Quinze idées par plan, une photo bidouillée, rebidouillée, traitée, maltraitée, sublimée, crasseuse ou solaire selon, des acteurs au poil, à poil, en pull ou pilou mais toujours pile, des dialogues géants, infimes, impec, hilarants, errant, ronds, patapon, un récit construit, reconstruit, déconstruit, altruiste, un Gérard au top, à moto, à mots, à moi, en émoi, emmené, trainé, entrainé, entrainant, trainant, jouissif et juste, enfin du cinoche Bon Dieu, du cinoche  ! Enfin un film stimulant, quoi.

    Mammuth, c'est un colibri d'acier qui fonce dans un pare-brise.