Les appeler « foutriquets » avait causé une stupeur de quelques secondes suffisantes pour lui permettre d'échapper aux petites frappes qui voulaient lui niquer sa race.
Bois-en mieux - Page 37
-
Autodéfense
-
Dommages collatéraux
Les jeux paralympiques offrent un surcroit d'intérêt. Prenez cette épreuve du tir à la carabine par des déficients mentaux, avec ces arbitres qui courent dans tous les sens.
-
Adapté
Au nom de l'adaptation du travail aux handicaps, le grutier sujet au vertige avait obtenu de conduire des grues ne dépassant pas deux mètres de haut.
-
Effet Coriolis
Dans l'hémisphère nord, l'eau s'évacue en tournant dans le sens contraire de celui des aiguilles d'une montre. C'est l'inverse dans l'hémisphère sud. Les derviches tourneurs, instinctivement, font de même. La première rencontre internationale des derviches des deux hémisphères s'est soldée par un beau merdier.
-
Pas mûr
Ce soir-là, notre hôte me présenta cette dame comme la fondatrice de l'association contre les murs. Je m'amusai à lui demander si elle avait également quelque chose contre les toits, mais la dame me répliqua d'un air pincé que l'EMUR était l'Ecole Masculine Universelle de Réappropriation, formation machiste qui prônait la domination mâle et qu'elle était contre. Je m'excusai bien humblement et me retirai dans le jardin pour prendre l'air. Là, j'avisai une charmante jeune femme, invitée comme les autres, s'ennuyant avec classe, un verre à la main. Je tentai une approche assez originale en lui demandant si elle était elle aussi, contre l'EMUR. Elle m'assura que oui, et je renchéris en me lamentant sur la phallocratie ambiante et ses dommages. Je vis sur son visage passer l'incompréhension puis la stupeur avant de comprendre qu'elle était seulement contre les murs et leur symbolique d'enfermement ; sa présence ici, dans le jardin, le prouvait bien d'ailleurs. Elle me demanda si, à mon tour, j'avais quelque chose contre les murs, ce à quoi je répondis oui, espérant me racheter à ses yeux mais son visage s'assombrit : elle s'appelait Sylviane Mure et si j'avais quelque chose contre elle et contre sa famille en général, il valait mieux le dire tout de suite. J'avoue que, quand notre hôte s'est avancé vers moi avec une coupe de fruits ramassés le soir-même dans le jardin en me demandant si j'avais quelque chose contre les mûres, j'ai été un peu dépourvu et quand j'ai résolu la tension qui grandissait en me jetant la tête contre les murs, tout le monde n'a pas vraiment compris ce qui m'arrivait.
Elle est pas top, elle est trop longue, elle est pas drôle, mais j'avais rien de mieux sous la main.
-
Holà, doucement.
L'animal le mieux adapté au métabolisme de notre chat est un paresseux (pensions-nous), et nous en avons récemment adopté un pour lui tenir compagnie. Mais le chat est perturbé par la précipitation du nouveau venu, ses gestes foudroyants qui lui donnent le tournis. Et je dois avouer que nous-mêmes...
-
Bonjour chez vous
Depuis qu'il avait vu son responsable sécurité habillé en elfe au dernier Comic Con, le président émettait des doutes sur ses compétences. Mais son DRH protesta : s'habiller en héros de film, de BD ou de série télévisée, n'était pas incompatible avec le sérieux qu'on mettait à son travail. Et le DRH conclut : « Vous êtes rassuré Numéro 1 ? »
-
Têtu
Le premier type qu'on mit sur un bûcher était persuadé que le pain n'avait pas de croûte. On lui montrait un pain bien cuit avec une bonne croûte craquante mais non, il s'enferrait : « il n'a pas de croûte, aucun pain ne fait de croûte, vous ne m'aurez pas ». On citait des témoins, on faisait paraître devant lui des boulangers qui essayaient de lui expliquer, avec des petits schémas, on lui avait fait visiter une boulangerie pour lui montrer mais rien à faire : « c'est pas vrai », il disait. A la fin, les mecs en ont eu marre et voilà comment ça a fini. Faut les comprendre, aussi.
-
La tête à Toto
L'inventeur du zéro était un homme-tronc (comptant sur ses doigts comme ses contemporains, trouvant toujours le même résultat, tenté de trouver un nom à ce vide). Nombriliste probablement, aussi.
-
Banal
La force des expressions toutes faites : un camion frigorifique renverse une vieille dame qui faisait traverser son sanglier apprivoisé. « Un banal accident de voiture », lit-on dans l'article.
-
Partout, je vous dis.
Il ne m'était pas apparu à la première écoute (manque d'attention de ma part) que, aussi incroyable que ça paraisse, il est aussi question de taupe dans « pour un oui ou pour un non » de Nathalie Sarraute.
-
Rideau
La scène s'éclaire : rien. Je regarde autour de moi : personne. Une pièce d'avant-garde ? Ignorée par le public ? Ou me suis-je tout bonnement trompé de jour ?
-
Visitation
« Nous entrons à présent dans le bureau de Christian Chavassieux. Remarquez ses proportions humaines, comme un nid tapissé de livres qui veillaient sur les méditations de l'écrivain. C'est ici, à cette petite table, que l'auteur a écrit ses plus grands best-sellers : L'infirmière est en vacances, Pour en finir avec le PerFluorCarbone et surtout Les chemins de Compostelle avec une machette. L'écran que vous voyez est une photo-reconstitution. On dit que CC écrivait plutôt sur de petits carnets noirs qui ont disparu. Il avait un ordinateur pourtant, mais qu'il utilisait pour jouer au Solitaire, jeu de cartes fort prisé des élites intellectuelles de son temps. Le beau jeu d'échec sur la table derrière vous (attention madame), n'avait sans doute qu'une valeur décorative. Vous remarquerez au dessus de l'écran, sur le mur, un portrait de Bonot car, selon certain échotier contemporain, l'auteur fut un anarchiste convaincu et volontiers sanguinaire. La couronne de lauriers dorés et la lyre sur le fauteuil sont là pour rappeler que, selon le même échotier vindicatif, il a versé un temps dans la mégalomanie. Dans la bibliothèque, nos efforts ont permis de rassembler une partie des ouvrages qui constituaient le quotidien de l'auteur : « Le Capital », « Mein Kampf », la Bible et le Coran, quelques dictionnaires et des manuels de bricolage. On peut imaginer l'auteur, assoupi sur ce fauteuil après un repas préparé par la douzaine de domestiques que ses droits d'auteur lui permettaient de payer grassement, et une forte consommation de whisky coûteux, car Chavassieux, comme vous le savez, était alcoolique. On n'a par contre pas pu prouver sa participation aux orgies de son ami DSK. Il s'agit peut-être d'une rumeur. Non, madame, vous ne verrez pas de chaînes à ce bureau ni de fenestron par lequel on l'aurait nourri. L'image d'Epinal selon laquelle la compagne de l'auteur l'aurait enchainé et enfermé pour qu'il travaille est pure imagination. D'ailleurs, Chavassieux n'a eu de cesse de rendre hommage à celle qu'il appelait « ma douce ». Expression peu en accord avec cette vision de geôlière, n'est-ce pas ? Voilà, nous allons à présent nous rendre dans le jardin où l'écrivain, à la fin de sa vie, fit édifier une chapelle. Au passage, je vous remercie de ne pas caresser le chat empaillé qui se trouve à la sortie du bureau. »
-
Etron petipatapon
On m'apprend que Kronix est compatible avec l'usage matinal des toilettes. On ne m'a pas dit pour autant que mes billets avaient le pouvoir de faire ch...* Nuance.
* Je ne suis pas adepte des suspensions ou des minauderies du politiquement correct, mais je trouvais désagréable d'avoir à écrire le verbe "chier" ici. Dieu m'en garde.
-
Black Swan
Aussi, s'ils embauchaient des danseuses moins feignasses à l'Opéra de Paris, ils ne seraient pas obligés de les porter tout le temps !
-
Owouimbowé
« moi Jane, et toi ? »
« … ? »
« Toi, comment t'appeler, toi ? »
« Hou hou, Grrr.... Hu »
Et ben on n'est pas sorti du sable, se dit Jane. Ça allait être coton d'expliquer au type en slip de léopard qu'il faudrait la ramener chez elle à travers la jungle et si possible la débarrasser du singe lubrique qui s'agrippait à sa jambe. -
Au bal
De verre ou de vair, n'empêche que Cendrillon est venue au bal en pantoufles. Bonjour l'élégance !
-
3 en 1
Le char d'assaut à chenilles processionnaires était trop lent et n'a pas retenu l'attention de l'état-major.
Le pilote d'essai rechigne à accompagner sa femme dans la cabine d'essayage, ça lui rappelle le boulot.
La puce est capable de bonds prodigieux, ce qui avait inspiré le costume de ce champion de trampoline et une vague de fou-rire dans tout le stade. -
Le chevalier Bayard
Un courrier nombreux m'est parvenu pour me reprocher la récurrence un peu forcée de la figure de la taupe dans mes billets. On y voit une facilité, le signe d'une panne d'inspiration ou je ne sais quoi. On s'insurge notamment contre un article où il devait être question de gnou et où, semble-t-il, je me serais encore laissé aller à parler de taupe. Ces critiques me surprennent. Est-ce ma faute si la taupe est un point nodal dans la grande machine biologique ? On la rencontre partout : parasite du cachalot, prédateur de la limace et de la mouche tsé-tsé, base alimentaire du tigre et du lapon, ses intestins servent à la fabrication de balles de jokari, sa peau est utilisée sous les chaussures des cosmonautes, mixée avec des poireaux elle donne à la soupe un goût de gingembre et on la dressa en nombre, au XIXè siècle, pour creuser les tunnels du métro parisien. Tant de domaines lui sont associés qu'il semble très délicat de ne pas évoquer cette souriante créature, au détour de n'importe quel billet. J'espérais par exemple, aujourd'hui, parler du chevalier Bayard, mais comment évoquer ce personnage sans dire que son écusson était orné d'une taupe armée d'une lance ? Que dire de l'histoire du socialisme si on ne relève pas l'étonnante ressemblance de Marceau Pivert avec l'arrière du petit mammifère ? Dès que je veux écrire sur un sujet quelconque, le piège se referme : une taupe apparaît. Marcel Proust n'échappe pas à cette règle étrange, qui fut incommodé toute sa vie par des visions de taupes masquées jouant du piano. Je ne peux donc qu'adresser mes regrets à tous ceux qui espèrent ne plus trouver de taupes sur ce blog. Espoir que je partage d'ailleurs, mais voyez comme c'est difficile. Franchement, je ne sais pas comment font les autres.
-
Mutant
Notre chat devient inquiétant. Hier soir, je ne le vois pas tout de suite, je demande à ma douce : « Il est où, le chat ? » elle baisse le regard, gênée. Alors j'entends le bruit de la chasse d'eau et je vois le chat marcher vers la salle de bains en sifflotant.