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Bois-en mieux - Page 38

  • Hâlé

    On ne peut incarner une créature inconcevable. Ainsi, ce vampire incompris, mis à l'écart par ses congénères, dans cette soirée costumée où il est entré, déguisé en surfeur bronzé.

  • Un effort, quoi.

    Le conseil n'était pas mauvais, seule son application posait problème. "Soyez génial", lui avait dit son éditeur.

  • Un peu de discipline

    Comme à son habitude quand le chahut s'intensifiait, il lançait un bout de craie au hasard. Le projectile atteignit une silhouette, au fond. La réussite du tir fut saluée par l'ovation des élèves et le grand cri de douleur de son inspecteur d'académie, assis en observation au fond de la classe et dont il avait malencontreusement oublié la présence.

  • Le gnou et nous

    Hier après-midi, je confessais à l'un des lecteurs de Kronix (il arrive que j'en croise dans la vraie vie), l'embarras dans lequel je me trouvais : ne pas avoir de billet pour le lendemain est une situation désagréable. On sait aussi que les chroniques écrites dans l'urgence sont de deux natures : inspirées ou déplorables. Mon lecteur et néanmoins ami me conseilla de récidiver avec la série des taupes qui eut un certain succès dans ces colonnes. Vous me connaissez, ce n'est pas mon genre de tomber dans la facilité, aussi, point de taupe, je ne mange pas de ce pain-là, mais il m'est apparu que je pourrais évoquer le sort du gnou. Car le gnou a failli être propulsé au sommet de la chaîne alimentaire et aujourd'hui, si le destin ne s'en était pas mêlé, nous servirions d'appâts vivants pour la nourriture préférée du gnou : la taupe.
    La taupe a ceci d'étrange qu'elle porte de part et d'autre du museau de petits filaments blancs qu'elle essaye de faire passer pour des moustaches mais qui ne sont autres que des paratonnerres. Quand la foudre frappe le sol, l'électricité qui traverse la terre jusqu'à une infortunée taupe, est canalisée par les moustaches d'un côté de la tête de l'animal, puis évacuée par celles du côté opposé, sans occasionner le moindre dommage au subtil mammifère fouisseur. Encore une belle invention de la nature. Merci Kronix !

  • Souvenir

    Et là, au café avec les copains, qui qu'y voit à la télé, Raymond ? Ce vieux Juju, un pote de l'armée, ah ben ça alors ! Le Juju parle dans le poste, taisez-vous les gars ! Raymond essaye d'écouter ce que sa vieille branche a de si important à dire que la télé est venue le filmer. Le Juju cause de situation macro-économique, de balance des paiements, et d'un coup, un gars du café se rappelle : « Ton Juju, c'est le ministre des finances, Ducon ! » Raymond se marre, commande encore un pastis : « Ah dis-donc, quand j'pense que je lui ai fait une bite au cirage, au mec ! »

     

    (ce billet était en réserve. A priori, je ne devais pas le publier. Mai je n'avais rien pour aujourd'hui, j'ai puisé dans la réserve, alors voilà.) Et puis hein, éh...

  • Vertige de la création

    Eiffel se serait inspiré d'un baromètre en forme de tour Eiffel pour imaginer sa célèbre tour.

  • Le point d'accueil

    Toujours, quand je viens de finir un roman, j'attaque le suivant. Cela n'a rien d'extraordinaire : j'écris souvent un livre par réaction au précédent. Ainsi, le fil de l'écriture ne se rompt pas. Il ne s'agit pas d'une règle, mais d'un fonctionnement qui ne m'a été rendu perceptible que par sa récurrence. Le roman que je viens d'achever est historique, long, extrêmement structuré et ouvragé. Esthétisant, en somme. Celui que je vais commencer aujourd'hui, sera actuel, court, sec, âpre. Je promets de ne pas y intégrer de scènes violentes et contrairement au précédent, je sais de quoi il parle.
    Cependant, une amie artiste m'a proposé avant-hier un petit exercice de style sur un thème qui peut recouper celui que je vais explorer dans ce nouvel opus. Pour elle, il s'agit de faire écho à un travail entamé expressément pour une médiathèque.  Pour moi, c'est l'occasion de travailler cette forme d'écriture que je veux utiliser maintenant. Commandé un an plus tôt, un tel texte aurait été de la veine chatoyante du « Musée des âmes vides » (voilà, je l'ai dit, c'est le titre de mon roman « historique »). La proposition de cette artiste intervenant aujourd'hui, il en résultera une forme courte, au scalpel. Il se trouve que c'est exactement le genre de texte qui convient à son travail. La vie apprend chaque jour que tous les éléments s'imbriquent constamment. Il suffit d'être à l'écoute de ce que j'appellerai son « point d'accueil ». Là où nous accueillons les autres avec facilité, parce que la porte n'est plus verrouillée.

  • S.A.V.

    « Tu vas voir qu'ils vont encore nous faire la gueule », pronostiquait son mari en approchant de l'orphelinat où il rendrait leur huitième enfant adopté. Mais était-ce leur faute, aussi, si on leur refilait toujours des gamins défectueux ?

  • Le bon jour

    Oui, et bien non, je ne suis pas d'accord. C'est l'anniversaire de ta fille, tu ne vas pas gâcher la fête et lui annoncer ton cancer. Tu attendras un peu. Hmm ? Plus que deux semaines à vivre ? Ah non, ne t'avise pas de mourir deux semaines après, c'est la fête des mères. Tu ne penses qu'à toi décidément.

  • Au point

    Je me souviens de la dernière dentelière du Puy, petite et ridée ramassée sur sa chaise, à qui on lançait des cacahuètes et qui les attrapait si habilement avec un petit hochement de reconnaissance. Échangée avec un panda il y a dix ans, elle s'est éteinte la semaine dernière en Chine. Triste destin, diront les esprit chagrins.

  • Comparés

    -Quoi de plus différent qu'une otarie et une tringle à rideau ?
    -Un boson de Higgs et une carte postale du Vietnam ?
    -Très bien. Je suis fier de vous, disciple.
    -Merci, Maître, mais vous m'avez tellement appris pendant ces dix-sept ans de cours de comparaison.
    -Tout de même, vous êtes brillant.
    -Je vous en prie.
    -Brillant comme un sifflet de majorette.
    -Vous êtes trop bon, Maître. Vous êtes, vous êtes... bon comme un bulbe.
    -N'en faites pas trop.
    -Pardon Maître, je suis enthousiaste, vous savez bien. Comme la bretelle du Père Loudur.



    (Si ce dialogue vous a fait rire rachetez-vous un alcootest, le vôtre n'est pas aux normes).

  • Un ange passe

    La base d'une colonne soudain s'anime, un ange déploie ses ailes et glisse son corps bleu depuis le pavage marmoréen jusqu'aux marches de l'autel. Le prêtre se dit « ça y est, un miracle dans mon église ! » et puis le soleil disparaît derrière le vitrail et l'ange s'évanouit. Mais le prêtre reste sur son banc. Il veut vérifier, cette nuit, si avec la lune...

  • Règne animal

    Ah, voler comme les oiseaux ! (mais pas nicher dans les arbres, avec les bourrasques qui secouent  la maison)
    Ah, bondir comme une gazelle (mais sans l'angoisse de la cruauté des fauves)
    Ah, avoir la vue de l'épervier (mais pas planer pendant 3 heures avant de trouver de quoi manger)
    Finalement, il n'y a bien que les chats qui soient entièrement enviables.

  • A bon entendeur

    On essayait de lui dire qu'il ne fallait plus utiliser les cotons-tiges, responsables de bouchons qui l'assourdissaient, mais il ne voulait rien entendre.

  • Ouf

    Son premier lecteur n'était pas convaincu, mais Shakespeare en avait sa claque. Il changea de premier lecteur et s'en fut fini des calembours à la noix. La blogosphère, soulagée, applaudit.

  • Ithaque, Ô Ithaque

    Regardez une carte. Qu'Ulysse ait mis neuf ans pour revenir chez lui, même avec les moyens de l'époque, je dis que Pénélope avait un peu la place de faire la gueule quand il est rentré. Et ce ne sont pas des histoires à dormir debout de magiciennes et de cyclopes qui ont dû la rendre plus compréhensive. Si Homère ne raconte pas l'après, c'est qu'il n'est pas très glorieux pour le héros d'Ilion, obligé de faire profil bas pour le restant de ses jours. Parfois, tandis qu'il triait les haricots, Ulysse soupirait à ses souvenirs. Quand même, quelle foutue bringue il s'était payé avec les potes !

  • Hou 2

    Son premier lecteur, encore une fois, n'était pas convaincu, et Shakespeare tentait toujours de comprendre.
    « Qu'est-ce qui ne va pas dans ma pièce ? »
    « Je ne sais pas, je trouve qu'il manque quelque chose. »
    « Mais quoi, enfin ? »
    « Difficile à dire. Je crois qu'il faudrait préciser la provenance de ton héros. »
    « Mon héros ? Othello ? D'où il vient ? Mais je n'en sais rien »
    « Si, il vient d'Alisk. »
    « D'Alix ? »
    « Alisk. Othello d'Alisk. »

  • Houuu !

    Son premier lecteur, cette fois, n'était pas convaincu, et Shakespeare tentait de comprendre.
    - « Qu'est-ce qui ne va pas dans ma pièce ? »
    - « Je ne sais pas, je trouve qu'il manque quelque chose. »
    - « Mais quoi, enfin ? »
    - « Difficile à dire. Je crois qu'il faudrait une touche originale, introduire un élément neuf. Une invention. »
    - « Une invention ? »
    - « Oui, je ne sais pas. Quelque chose qui n'a pas encore été inventé : le pneu par exemple. »
    - « Le... pneu ? »
    - « Oui. Pour moi, on ne fait pas d'Hamlet sans caser des pneus. »

  • Des nombres et des lettrés

    Le monde politique tremble : l'imposant parti des écrivains amateurs a décidé de boycotter les élections. Heureusement, le très nombreux parti des non-lecteurs a appelé à réagir par un vote citoyen. Mais la grande famille des écrivains qui ne lisent pas menace de créer sa propre formation et là, plus personne ne rigole.

  • Concours carambar

    Dracula était crevé. Je suis resté trop longtemps au pieu, s'excusa-t-il.