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Nouvelles/textes courts - Page 9

  • 3665

    Ô mon âme, protège-moi de la sale énergie du cynisme.

  • 3664

    Ici, au Cem-Anahuac Tlali Yoloco, menacé par le ueyquin ayquic, je pose mon tepuli sur le Cuauhxicalli souillé par le sang des xochimiqui, et je commence : « Oc ye nechca... »


    Disons que je commence à me familiariser avec le nahuatl… Il faudra que je vous parle un jour de Cortés, de Moctezuma, de la Malinche, et de la collection Explora, chez Glénat… Oui.

  • 3663

    Je le croise, après toutes ses années. Lui demande des nouvelles, de lui et de sa mère, que je connais un peu. Troublé d'abord, il se tourne vers sa femme. « Elle a meilleure mémoire que moi » s'excuse-t-il. Sa femme, gênée, lui rappelle que sa mère est morte l'an dernier. « Ah oui, c'est vrai ». Et il enchaîne en me demandant des nouvelles de ma mère. J'interroge aussitôt ma femme qui a, elle aussi, une excellente mémoire.

  • 3661

    Je n'avais pas assez bu à leur coupe, je n'étais pas rassasié. Mes enfants, adultes, très adultes, trop adultes, un peu vieux, me manquent. Ou me manque surtout leur enfance, et sa puissante liqueur.

  • 3660

    Je lui écris « Chère auteure », elle me répond « Cher confrère ». C'est subtil, mais je lui fais le crédit d'être extrêmement subtile. Je note donc la nuance.

  • 3659

    Elle étouffe dans son corps sage.

  • 3658

    Les vaches ont les sabots verts ; elles n'ont pas vu le panneau qui les prévenait pourtant : « Attention, pâture fraîche ».

  • 3657

    La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe mais éclabousse le petit moineau, à côté, qui n'avait rien demandé et qui va rentrer tout mâchuré au nid et se faire gronder par sa maman. Ah, la vie, c’est une belle saloperie, tiens !

  • 3656

    La mouche repéra le cadavre, étendu dans la savane. Encore un chasseur allergique à la piqûre du rhinocéros, se réjouit-elle.

  • 3655

    Il n'y a bien que ses refus réitérés qui distinguent le naturiste égaré dans une partouze.

  • 3654

    On n'est pas surpris que l'assassiné, sur scène, se relève pour saluer son public. C’est ce qu'a fait l'acteur Jésus, en fait. Mais lui, pardon, quel succès !

  • 3653

    Dans « Les Nefs de Pangée », l'Odalim est le symbole de toutes ces créatures immenses et belles que nous avons mis tant d'énergie à supprimer. Avec l'éradication des Maîtres des Eaux, disparaissent les mythes qui leur sont liés. Et les protagonistes du roman constatent avec un brin d'angoisse que, le forfait accompli, ils ne s'en trouvent pas si mal.
    Vous allez voir qu'on va très bien se passer de la nature.

  • 3652

    C'est la condition humaine, semble-t-il : commettre l'irréparable, et puis réparer. On comprend que ça n'aura qu'un temps...

  • 3651

    Avant l'invention du o, le lin régnait sur la savane. Après, le lion se mit à rougir.

  • 3650

    C'est une décharge du futur. Les miséreux y puisent les trésors qu'ils pourront revendre. Or, cuivre, aluminium, fer… Sur le flanc du monticule, bousculé par les mains empressées, un sourire peint sur un fragment de planche est repoussé vivement. Il encombre.

  • 3649

    J'écoute à travers les cloisons une conversation entre ma douce et une amie. Et puis, l'amie se met à chanter. Juste au moment où je tente de retrouver la mélodie d'une autre chanson. La voix de l'amie parasite la mienne, intérieure, et je m'enfonce plus loin dans la maison pour ne plus l'entendre. Je suis dans une pièce minuscule, encore en chantier. La voix importune, quoique affaiblie, me poursuit. Je décide de sortir. Un paysage hybride mêlant éléments de ville et de campagne s'ouvre devant moi. C'est le crépuscule. Il y a des nappes ambrées derrière les collines. Depuis ma gauche, des chapelets de boules ignées sont éjectés par des canons invisibles et silencieux, tracent une courbe dans le ciel chargé de nuées sombres, et percutent des fermes, des pylônes électriques. A chaque impact du bombardement, se déploie un incendie. Les foyers se multiplient, se rejoignent, finissent par occuper tout la plaine, et les flammes gagnent la ville. Je dois rejoindre la maison, et ma douce que j'ai abandonnée pour cette histoire de chanson. J'aborde l'asphalte. Un phénomène étrange se produit : la surface de goudron est recouverte d'une pellicule d'eau qui frémit et ondoie comme sous l'effet d'une averse, mais il n'y a aucune pluie. Seulement la ville qui à son tour s'embrase. La ville est déserte mais une clameur terrifiée monte des rues. Je me réveille.

  • 3648

    Nous élaborons les plus belles constructions de pensée pour trouver un sens à ce fatras que sont les drames, et le fatras résiste à toute logique. Le malheur surgit et l'on croit d'abord voir, sous l'effet de la révolte qu'il inspire, une compréhension se dessiner. Et puis, c'est l'abattement devant ce qui, définitivement, n'a pas même la clarté d'une farce. 

  • 3646

    C'était encore une de ces fins du monde lassantes, avec météorite, volcans, tsunamis… Les terriens blasés la dédaignèrent et la fin du monde toute penaude passa sans oser déranger, presque s'excusant de son manque d'originalité.
    Bon. Voilà. Penser à acheter du pain et des croquettes pour les chats, se dirent les très nombreux survivants.

  • 3645

    Il y a une place pour nous, ma douce. Dans nos regards portés l'un sur l'autre. Je m'en suis assuré, hier soir, quand tu m'as cherché parmi la foule venue te soutenir, quand tu m'as trouvé, enfin, et que tout ton corps s'est redressé, que ta main s'est affirmée sur le micro et que ta voix a pris de l'assurance. Je suis fier de toi, et le peu de force que je sais te donner, me console de toutes mes faiblesses.

  • 3644

    Faute à moitié pardonnée trouve chez le fautif la moitié de pardon qui lui manque.