Au cirque, une innovation contestée : des éléphants au trapèze et des petits singes pour les retenir, en cas de chute.
kronix - Page 115
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Faut voir...
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ça se mange froid
Les autres disaient « tu vas voir ta gueule à la sortie », lui se contentait d'un prudent : « Tu vas voir ta gueule à la rentrée », il s'agissait de la rentrée scolaire prochaine. On avait le temps de voir venir, c'était bien.
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Vis ma vie
La valise qui n'a jamais servi
Le calendrier qui n'est marqué d'aucun projet
La panière du chat vide
Les livres empoussiérés
Le téléphone muet
L'assiette et le verre seuls
La porte où s'infiltre le froid
La boîte aux lettres qui déborde de publicités
Et alors ?
C'est toujours mieux que :
Les nuits à l'hôtel
L'agenda bourré de rendez-vous essentiels
Le chien de garde enchaîné sur le seuil
L'absence de livres
Le portable et le fixe qui sonnent sans arrêt
Les bouffes obligées et les apéros mondains
La double porte blindée et matelassée
La boîte aux lettres qui déborde de factures
Et de toute façon, ça sonne moins bien. -
Fatras
Ce n'est pas qu'on ne croit plus à l'amour, mais c’est qu'on y a collé tellement de choses et surtout tellement n'importe quoi, qu'on finit par ne plus savoir de quoi l'on parle. C'est comme une bibliothèque monstrueuse où se côtoient le pire et le meilleur sous prétexte qu'il s'agit de livres. Va trouver de la littérature dans ce fatras, toi.
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Libéré
J'admets que j'ai encouragé cet ami exhibitionniste à lutter contre le mal qui le rongeait. « Je vais bien mieux, me dit-il l'autre jour, j'ai triomphé de la timidité maladive qui me retenait d'assouvir mes penchants ».
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Du vent
Il tirait de son sentiment d'inutilité une sorte d'orgueil. Il ne voulait rien, ne décidait rien, ne produisait rien. Lorsqu'on lui fit valoir que son inertie provoquait malgré tout des effets, il en fut atterré. Dès lors, il fit comme les autres : il s'agita beaucoup, remua ciel et terre, œuvra, s'engagea, s'impliqua, et eut la satisfaction de constater enfin, après un rapide bilan, toute l’innocuité de son existence.
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Chacun sa merde
Parfois, j'assiste aux ravages de la saloperie de certains sur des personnes que j'aime bien, en tout cas, des personnes qui ne méritent pas qu'on leur fasse du mal. Là, j'aimerais bien planter la tête de ces enflures sur une pique ou leur envoyer plus sobrement mon pied dans l'entrecuisse ou encore leur coincer un coude dans un étau et serrer, enfin des choses bêtes qui soulagent. Et puis, je réalise que j'ai déjà les miens, de salopards, que je ne vais pas en plus m'occuper de ceux des autres. Je suis gentil et serviable, mais pas jusque là.
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Croisement
Un tigre vient vers moi, sur le trottoir que j'emprunte. Soudain, il traverse, continue sa promenade de l'autre côté. Il fait bien, je n'étais pas d'humeur.
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L'idée avant les mots
Écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile ; écrire quelque chose d'utile...
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Colored
Barbe bleue avait les cheveux verts et les poils pubiens roses. Ses premières coucheries avaient provoqué des fou-rires humiliants. D'où une durable acrimonie envers les femmes.
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Pareils
- Arrête de répéter que ce type me ressemble, tu vois bien que c’est un con.
- Et bien, qu'est-ce que j'ai dit ?
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Les racines du problème
Faisons un rapide historique : l'homme, désolidarisé de l'arbre qui engendra les primates, se mit sur ses deux pieds et inventa le sifflet de majorette. A cette aune-là, mon incapacité à trouver ma place parmi les membres de cette espèce me semble plus compréhensible.
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La boulette
Le chef nous convoqua tous. Il voulait savoir qui avait envoyé notre dernier martyr se faire exploser dans le magasin où justement, on achetait nos détonateurs.
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Comme ça, un môrdi
A mon tour de prédire la fin du monde. Aucune raison de laisser ce privilège aux astrologues et gourous de tout poils. Je postule donc une fin du monde le mardi. Parce que c'est un jour détestable, qui n'a pas grand sens et dont on pourrait facilement se passer. Ce serait, sinon la fin du monde, la fin du monde des mardis. Après cette catastrophe, il n'y aurait plus de ce genre d'épisode hebdomadaire ridicule et qui nous fait un peu honte, avouons-le. Mardi ! Franchement, à quoi ça ressemble ? Les semaines feraient toujours une semaine, qu'on se rassure : il suffit de doubler le dimanche. Qui est-ce que ça gênerait ?
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Ego-centré
Je remarque qu'on n’est plus guère antimilitariste de nos jours, c'est un engagement un peu démodé. Et puis, je réalise que l'armée est maintenant de métier, et que le spectre de se trouver enrôlé dans un conflit et d'y mourir, ne menace plus que les pauvres qui n'ont aucune autre perspective professionnelle. Du coup, il devient moins urgent d'être contre la guerre. On se tourne vers la protection des loups. Sauf les bergers et les moutons, bien entendu.
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Pas tout de suite
Un petit café. Avec un morceau de chocolat. Non, deux. Non, un. Voyons. Le monde, Courrier international, Le Monde diplomatique, Facebook, Les blogs, Laurent Cachard, Calamités quotidiennes, Eric Chevillard et Vents contraires, Humoétique. Tiens, un petit chocolat. Juste un carreau. Mes mails. Rien. Bon. Par la fenêtre, un chantier de l'autre côté de la route. Énorme excavation. Intéressante noria des camions. Bon. « L'art français de la guerre » est à portée de main, je lis quelques pages. C'est un superbe travail. Très bon roman (pour l'instant : je n'en suis qu'au premier tiers). Enfin un Goncourt qui tient la route. Je poursuis un peu « Le serment de Rome ». Désagréable impression de relire la prose du « Baiser de la Nourrice ». Même travail de la langue. Bien sûr, il est peu probable que Ferrari l'ait lu, mais je ne peux me débarrasser de cette idée, ligne après ligne. Vais abandonner, sûrement, ça parasite. Un coup de fil à un copain. Un tour sur Facebook. Envoyer un ou deux mails. Un petit café. Brosser le chat. Dehors, une bétonneuse manœuvre. Quoi de neuf sur Allociné ?
(soupir)
Toutes ces stratégies pour retarder le moment de l'écriture... -
Rompu
Je vois ce type, sur la place, descendre de sa voiture et extirper avec peine un énorme bouquet de fleurs de la banquette arrière. Son portable sonne, il décroche. Il écoute et l'expression de son visage s'est figée, le bras qui tient le bouquet est inanimé, et les fleurs, seconde après seconde, piquent plus verticalement vers le sol. Il ne dit rien. Raccroche. Jette son bouquet par terre et remonte dans la voiture. Je viens d'assister à un petit drame merdique.
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Sont forts, ces ricains.
Avec ce judoka qui se bat contre des pingouins je croyais qu'on avait touché le fond, et puis j'ai vu « Air Force One », avec Harrison Ford...
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De la poule ou de l'oeuf...
Je suis tout de même surpris d'apprendre que, pour poser la flèche au sommet de la première grue fabriquée au monde, il a fallu une grue plus grande.
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Là-haut
Je flotte au dessus des rues. Les gens s'affairent, les voitures circulent, je les regarde d'en haut, silencieux, et personne ne me remarque. Je suis bien. Je suis en bus.