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  • La censure du jour...

    Oui, vous l'avez déjà lu, mais je le remets, parce que cette petite chose a eu l'honneur d'être censurée dans le magazine qui la publie. S'offusquer de périphrases aussi innocentes ! Le politiquement correct n'a pas fini de nous emmerder...

    Gymnase : La tenue la plus fonctionnelle pour un sportif  ? Aucune ! auraient affirmé les Grecs, dont les athlètes couraient nus (gumnos : nu) dans les lieux prévus pour cela et dénommés donc, gymnases. Une coutume perdue, et qu’on regrette. Pas tant par goût des musculatures sculpturales que par nostalgie de la modestie que génère toute nudité : allez donc soulever triomphalement une coupe, quand le point focal de votre anatomie exhibe une risible paresse !

     

    Terrible, hein ? Carrément hard ! Je me demande comment j'ai pu pervertir mon esprit à ce point. La fréquentation des dictionnaires, sûrement...

  • Lecture du Voyage

    Le Voyage au bout de la nuit de Céline, sera lu en 24 heures, par plus de 80 volontaires, depuis ce samedi 18 heures, jusqu'à demain dimanche (18 heures, donc), à Saint-Haon le Châtel (Loire).

    Cela fait plusieurs années que Jean Mathieu et son équipe de bénévoles organisent cet événement, bien avant que la lecture à haute voix soit à la mode (Jean, tout gamin, lisait à haute voix au milieu des vaches qu'il gardait. Sa colossale culture littéraire s'est entièrement construite de cette manière : à haute voix).

    L'Astrée, Gargantua, Madame Bovary, le Rouge et le Noir... ont été lus dans ces conditions : en 24 heures, nuit comprise, les lecteurs se relayant pour venir à bout du texte. Et le texte, tout le texte, rien que le texte ! Pas de mise en scène théâtrale ou musicale, pas de mélange des genres. La lecture, seulement, l'intérêt concentré sur cette magie de l'écrit. L'hommage de la voix à la construction d'une pensée.

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    Quant au "Voyage...", pour la premère fois, est apparue une résistance. Certains lecteurs ont refusé de se compromettre à lire le texte d'un monstrueux antisémite notoire. L'interrogation est respectable. Mais je considère qu'il y a une erreur originelle dans cette réticence. C'est que lire "le voyage" ne signifie pas qu'on cautionne son auteur. Au contraire. Comment ça au contraire ?

    Lire "le voyage" c'est s'approprier, nous, qui sommes à l'opposé des haines, révoltés contre l'extrêmisme, nous qui aimons la paix, l'amour, la solidarité, la vie, l'Homme, c'est s'approprier disais-je, un texte qui parle de la condition humaine, lui extirper ce qu'il a à dire de notre société, et renvoyer Céline à ses malédictions, plus isolé que jamais. Parce que son livre ne lui appartient plus, parce que nous, qu'il aurait repoussés de son mépris, nous qu'il aurait vus comme des cloportes, nous lirons ce texte par amour de la littérature, par amour du genre humain.

     

  • Bienvenue dans l'ère de l'info sarkoziste

    Avant la censure, l'autocensure. c'est plus simple...

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-927144@51-926092,0.html

  • Maisons closes de province

    Elles sont closes, nos "maisons".

    Un livre paru chez Thoba's éditions.

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     Le plus vieux métier du monde reste un sujet de société controversé. De la Rome antique à nos jours, les relations entre les "femmes de mauvaise vie" et le monde qui se sert d'elles, ont oscillé entre la tolérance à distance et la vindicte haineuse. Elles sont closes nos maisons, explore l'époque peu suspecte de romantisme de la fin des maisons closes et de leur survivance pendant la guerre.

    Ce livre sympathique d'un éditeur d'art roannais, construit, autour du texte autobiographique d'Alain Garnier "Roanne au temps des lupanars", une petite somme sur la vie des prostituées dans une ville de province -entre réglement de la police des moeurs et échanges de courrier préfectoraux hallucinants.

    Des photos des lieux où  Alain Garnier a vécu, et une série de dessins de Christian Daniel, hommage légèrement décalé aux photos polissonnes de l'époque, illustrent avec justesse ce petit bijou aux accents céliniens.

     

  • Hérald président !

    La dernière fournée des vérités d'Hérald est arrivée. Un bol d'air vicié, enfin ! Extraits :

     

    DXXII - Si on considère que tous les atomes qui nous constituent sont nés de manière similaire au coeur d'une étoile, cela signifie stricto sensu que nous sommes tous consubstantiellement frères et soeurs... ce serait presque beau, si ça ne faisait pas de nous au même titre les frères et soeurs des cailloux, des poireaux, des boîtes de thon, et de tout ce qui est constitué d'atomes... là, ça fait quand même une grosse famille...

    DXXIII - Et voilà, tu t'endors en lisant Reeves, tu te lèves plein d'espoir, de poésie, et résultat, après avoir passé vingt minutes en leur compagnie dans les transports en commun, la seule poésie que t'inspirent tes frères et soeurs universels, c'est une envie galactique, sidérale, de leur coller des baffes cosmiques.

    DXXIV - Et même... Quand on en voit certains, on se sent carrément plus frère avec le poireau ou la boîte de thon.

    DXXV - Je dis le poireau ou la boîte de thon, mais j'aurais pu dire les gravillons. Mon but implicite n'était pas de dénigrer les gravillons, qui me sont en ce moment infiniment plus sympathiques que grosso merdo 55% des votants ayant participé aux dernières élections.

    DXXVI - Oui, bon, d'accord, c'est pas très honnête : quel qu'ait pu être le résultat, j'aurais forcément terminé fâché avec du monde.

     

    Et comme d'habitude, il y en a des dizaines de la même veine jubilatoire et désespérée.

  • Les 7 révélations de l'ermite

    C'est bien parce que Baluchon me l'a demandé. (Ce qu'il faut que je l'aime cette petite...)

    Alooors, 7 révélations sur moi... On y va. je ne vois pas qui ça intéressera, mais bon :

    1/ J'essaie de devenir végétarien. Je ne mange plus de viande sauf les mercredis et les dimanches pour des raisons trop longues à expliquer ici, et sauf les jours que j'invite des carnivores ou que je suis invité par des carnivoires (pour ne pas "me la jouer").

    2/ Je ne regarde plus la télé depuis ce jour, il y a deux ou trois ans, que je n'ai pas réparé le câble d'antenne. Mais je continue de payer la redevance audiovisuelle. Pourquoi ? Parce qu'elle sert à financer les radios du service public, que j'écoute : France Musique, France Inter et France Culture. Et puis Arte, que je ne vois donc plus, mais que je continue d'apprécier.

    3/ J'essaie de noter TOUS les livres que j'ai lus. Pas facile, surtout quand on entreprend cette liste vers la quarantaine. J'en suis à près de 600. Un peu décevant en effet, j'espérais plus, mais si l'on considère que j'ai commencé à lire vraiment des livres vers 10 ans, cela fait plus d'un livre par mois en moyenne. De plus, précisons que dans le nombre, il y a tout de même de gros morceaux : Presque tout Hugo, la recherche..., la Bible et le Coran. Alors, je me permets de qualifier le résultat d'honorable. Sans comparaison avec certains de mes amis, mais honorable tout de même. (Et je ne compte pas la lecture des journaux, magazines, manuscrits de mes amis et le fait que j'adore relire et relire certains ouvrages).

    4/ J'essaie de noter TOUT ce que j'ai écrit. Entreprise tout aussi tardive et hasardeuse que la précédente. Je suis à peu près sûr du résultat depuis 1995 environ. cela donne : 6 romans, 3 longues nouvelles (des novelettes, selon la définition de Stephen King), 28 nouvelles, 6 contes pour enfants, 3 pièces de théâtre (dont deux musicales qui ont été jouées), sûrement plus de 1000 textes divers : articles, chroniques, discours, éditoriaux, billets, textes de commande, hommages, recueils, critiques, mémoires, sketches, etc., des dizaines de poèmes, 14 scenarii de longs et courts métrages -la plupart en collaboration-, 11 scenarii d'albums de BD (52 planches chaque) et 15 "one shot" de 2 à 10 planches chaque, peut-être une centaine de planches de BD à l'époque où je croyais savoir en faire, 2 scenarii de jeux vidéos... Et 3 romans inachevés.

    5/ J'essaie de faucher l'herbe de mon jardin depuis des jours, mais avec ce temps... A ce propos, je dis bien faucher, pas tondre. En short et débardeur, j'empoigne de mes mains gantées la faux ancestrale, et vliiiin, l'herbe s'incline devant moi. C'est beau et silencieux. Pareil pour le bois : pas de tronçonneuse. La cognée. Han ! Schtack ! Et les bûches s'affalent de part et d'autre du billot, dans un ralenti gracieux. Je ne vois pas comment on peut préférer la scie mécanique à ce geste de samouraï.

    6/ J'essaie de ne jamais m'énerver (je n'y parviens pas, surtout quand j'ai passé une demi-heure à taper ce texte et que je dois recommencer, parce que haut&fort ne m'a pas averti de la déconnexion).

    7/ J'essaie de ne jamais répondre à ce genre de test, mais bon, tout dépend qui vous y invite. Et puis, si "ce genre de test" fonctionne aussi bien, c'est que tout le monde adore parler de lui. Surtout un blogueur, par définition.

    Voallààà... c'est fait. Il faut que j'invite 7 autres blogueurs à présent. Je ne sais pas si j'oserai.

    Disons :

    Pascal

    Esteban

    Tinou

    Hector

    L'autre

    Céline

    LiLou

     

     

     

  • Bestiaire

    A la craie, sur un tableau noir, devant un restaurant :

    "Désormais, l'escargot sauvage a des cuisses de grenouilles"

     

    (il faut dire que le restaurant s'appelle, justement "l'escargot sauvage")

  • Proverbes perso

     

    Bon d'accord, ceux qui fréquentent Kronix depuis longtemps connaissent déjà, mais soyez indulgents, y'en a qui bossent...

     Abondance de nuits n’est pas bien

     

    Au royaume des cyclopes, les borgnes sont pas fiers

     

    Après la pluie, les escargots

     

    Chat brûlé vif ne craint plus rien

     

    Les bons comptes en banque font les bons amis

     

    Comme on fait son lit, il faut le défaire pour se coucher

  • On mérite de devenir celui que nous voulons être

    (extrait d'une lettre à un copain)

     "On a de ces passages, hein ? Vide total. Ah le malheur d’être conscient ! Lucidité trompeuse. On se voit plus sombre et médiocre qu’en vérité, mais on est certain que c’est la vérité. Autour, les autres partageraient une illusion dont on serait seul à percer l’artifice, persuadé qu’on est d’en être l’artisan, le seul artisan.

     

    T’ai-je déjà (oui, je t’ai déjà…) parlé de ma théorie de l’identité fabriquée, élaborée, et qui devient plus qu’une tentative d’apparence, mais l’identité que nous méritons ?

    De temps en temps, la créature vile et fade que nous avons laissée sur le bord de la route essaie de remonter à bord. Sauf qu’il n’y a plus de place pour elle. Elle rue, se braque, regimbe et tonne, n’empêche… Il est trop tard. Notre création a pris sa place. Il me semble que nous sommes souvent partagés entre cette mue abandonnée qui réclame son retour et la créature d’excellence qui est le schéma vers lequel nous tendons. Ca engendre de furieuses périodes de doutes, ce combat. Sauf que, merde, on mérite de devenir la personnalité que nous avons forgée, toute artificielle qu’elle soit.

     

    Bon, théorie, théorie… Je n’ai pas mon Brevet d’Etudes BHéLiennes, donc ça vole lourd, mais hmm, je me demande tout de même s’il n’y a pas du vrai dans mon petit bidouillage philosphico-provincial."

  • Reviens

     

    Au cours d'une émission, j'écoute Tronchet, auteur de BD, sur France Culture. Un collègue lui prête un crayon en précisant : « Il s’appelle reviens ». Or, chez lui, Tronchet a justement un taille-crayon, nommé aussi reviens. Il décide de les présenter l’un à l’autre. Emouvantes retrouvailles. Sont-ils frères ? Quelle destinée les a séparés et que vont-ils devenir, maintenant que le sort les a rapprochés ? Là, Tronchet se souvient que Jésus aussi s’appelait reviens. Serait-il le glorieux ancêtre d’une lignée aboutissant à cette étrange fratrie ? J’ai bien aimé ce délire.

  • A propos des "derniers jours d'un condamné" de Hugo

     Il y a quelque temps, suite à une lecture de ce livre, un ami m'écrivis pour me demander de réagir sur cette notion passée inaperçue chez Hugo, de la douleur des victimes. Hugo plaint et fait plaindre le sort du condamné, mais quid de la personne qu'il a occis, quid de ses proches ?

    "A propos de cette victimisation d’un meurtrier. Hugo, malin, a évidemment détourné la question dans le but surtout de tendre à l’universel. D’ailleurs, il s’explique : « Ce livre est adressé à quiconque juge. Et pour que le plaidoyer soit aussi vaste que la cause, il a dû, et c'est pour cela que Le Dernier Jour d'un Condamné est ainsi fait, élaguer de toutes parts dans son sujet le contingent, l'accident, le particulier, le spécial, le relatif, le modifiable, l'épisode, l'anecdote, l'événement, le nom propre, et se borner (si c'est là se borner) à plaider la cause d'un condamné quelconque, exécuté un jour quelconque, pour un crime quelconque »

    Ainsi, il s’épargne d’évoquer le sort de la ou des victimes, et de rendre antipathique son personnage principal. C’est facile. Pourtant, comme toi, j’y ai pensé. C’est bien triste, se dit-on, mais il n’en serait pas là, si…

    Là, je me demande si l’anecdote de l’autre prisonnier, celui dont l’histoire rappelle celle de Jean Valjean, galérien récidiviste, n’est pas là pour donner un point de vue là-dessus. Les meurtriers (à moins qu’ils ne soient fous, ce qui est une autre affaire, tu seras d’accord), ne sont pas meurtriers par nature ou par goût, mais par la succession des circonstances, aggravés parfois (mais parfois) d’une absence d’exemple moral (mais qu’y peuvent-ils ?). Un vol mineur, une condamnation, de mauvaises fréquentations, un vol plus grave, la brutalité comme seule langage, la nécessité comme morale de l’existence, et voici notre meurtrier prêt à passer à l’acte. Le libre arbitre a de ces limitations dictées par l’exercice de la survie.

    Alors, que doit-on punir, et comment ?

    Chez Robert Badinter (d’après un texte de 1971 sur l’affaire Buffet et Bontems), s’il est acceptable que la famille d’une victime réclame vengeance, au nom de la souffrance des siens (et comment raisonner un père dont la fillette a été massacrée de la manière la plus sordide ?), la condamnation à mort, dans notre société, est décision de justice, elle est donc la réponse de la loi au crime. Nous sommes alors dans un registre différent de celui qui voudrait trouver une équivalence entre le crime et la punition, et dont la loi du talion fut le modèle. L’équivalence est impossible. La mise à mort, même de la plus cruelle manière, ne soulage personne, n’apporte aucune réponse. Hugo renchérit sur le propos de Badinter (par antériorité si je peux dire) en déniant le pouvoir d’exemplarité de la peine de mort (Badinter rappelle que parmi ceux qui hurlaient « à mort » au procès de je ne sais quel assassin, se trouvait Patrick Henri), et le prétexte de la sécurité de la société « Vous objectez qu'on peut s'échapper d'une prison ? faites mieux votre ronde », résume Victor.

    Ce qui subsiste enfin, si l’on a écarté le spectre des souffrances des victimes, si l’on dénie tous les bons arguments qui réclament un bon sang rouge, c’est la barbarie. La société accepterait de vouloir la mort de quelqu’un ? Elle endosserait le rôle du tueur, elle accepterait de perpétrer l’horreur qu’elle condamne ? Pour quel résultat : prolonger ou avérer un état de sauvagerie tellement répandu que ses avatars officialisés n’effraient plus ? On voit bien quel royaume de paix et de sérénité la peine de mort engendre dans les pays qui la pratiquent : Chine, Etats-Unis, Irak, Yémen…

    Je dis cela, sachant que tu es convaincu qu’il fallait abolir la peine de mort, mais préoccupé de ne pas oublier l’horreur des souffrances des victimes.

    Cette abolition pose des problèmes nouveaux. Je pense souvent au cas Guy Georges. Il y a quelque temps, à l’époque où j’avais une télévision, un document racontait l’histoire de ce meurtrier en série, et montrait le point de vue des parents des victimes. Des jeunes femmes, parfois à peine plus âgées que ma fille. Aujourd’hui, Guy Georges est en prison, oui, mais il est marié, peut avoir, pourquoi pas, des enfants. Tandis que les parents de ses victimes, parfois trop âgés, n’auront plus de descendance. Cette projection d’un bourreau dans son propre avenir, par progéniture interposée, alors que les familles qu’il a endeuillées n’ont plus d’avenir, est terrible, et nous met violemment face à nos capacités de pardon. Oui, on voudrait une vengeance, on voudrait qu’il payât. Mais surtout, qu’il ne s’en sorte pas mieux que ses victimes. Hugo n’avait pas prévu ce cas de figure. Quel récit aurait-il tiré de cette autre injustice ?"

  • Vaticination

    Lu dans un livre de 1973, qui fait le point sur les développements de l'histoire du monde depuis 1946, cette phrase péremptoire, écrite en capitales pour marquer l'assurance de l'auteur :

    LA CHINE N'EST PAS ET NE SERA JAMAIS UNE SUPERPUISSANCE.

     On parie ?

  • Je voudrais...

    Dans une librairie, cela commence souvent par "Je voudrais...", mais cela peut finir moins bien.

     

    "Je voudrais Faust de Goette" (bien prononcer Go-ète. C'est mignon.)

    "Je voudrais Les confections" (demande formulée par un étudiant en 1ère L, incapable de se souvenir de l'auteur de ces fameuses "confections".) Il s'agissait des Confessions, de Rousseau.

    "Je voudrais le Clan des Otaries" (fameux roman en plusieurs volumes qui évoque le Japon médiéval).

  • La bonté dans la beauté

    Il y a de la bonté dans la beauté, étymologiquement.

    Beau est issu du latin bellus, qui est un diminutif de bonus (bon). La réminiscence est sensible dans l'expression bellum est traduite par il est bien de. Bellus qualifiait surtout les femmes et les enfants, avec la valeur de joli, mignon, charmant, ne s'appliquant aux adultes que par ironie (dictionnaire Robert historique de la langue française). En raison de son caractère affectif, bellus l'a emporté sur pulcher et decorus, qui qualifie la beauté parée.

    Il y aurait donc dans la beauté une forme de bénéfice à s'y trouver confronté. Et pour cela sans doute, une recherche pour s'y trouver confronté, et obtenir ainsi un bénéfice.

    Se faire du bien. La beauté nous fait du bien, non ?

  • La beauté et le cri du cochon

     

    Dans toute beauté, il y a du tragique (extrait de notes de préparation d'un apéro-philo)

    Anecdote des paysans au salon de l’agriculture assistant à un concours de cris de cochon. Reportage radio sur France Inter en 2007.

    Un type s’est entraîné toute l’année pour imiter au mieux les cris du cochon. Les paysans apprécient, applaudissent, critiquent en connaisseurs. Vient l’heure du cri du cochon mourant, l’épreuve la plus difficile et la plus spectaculaire. S’élèvent des cris terribles, déchirants, qui saturent les micros. Un des paysans s’adresse à son tout jeune fils, qu’on imagine pâlissant : « Eh oui, c’est dur, mais c’est ça, c’est la vie. » La prestation est jugée exceptionnelle à l’unanimité. Une expression vient, reprise plusieurs fois tandis que l’interprète vocifère dans les haut-parleurs : « C’est beau. ». C’est dit avec sérieux, avec l’assurance de personnes qui savent la difficulté, qui apprécient le défi et la qualité de l’interprétation. Qu’est-ce qui était beau dans ce spectacle ? Je crois qu’il s’agissait de la dimension tragique de la mort du cochon, et dont l’imitateur avait su rendre les nuances avec réalisme, qui élevait l’exercice au niveau de la beauté.

    Il m’est venu à l’esprit que dans toute beauté, il y avait une part de tragique. Un sentiment de fatalité devant la fragilité de la vie. C’est peut-être ce qui distingue la sensation esthétique du « joli »  de l’expérience plus profonde de la beauté.