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  • Cible émouvante

    La cible, son motif de cercles qui tournent, qui tournent, avec quoi elle tente d'hypnotiser le tireur, pour le convaincre de l'éviter.

  • Les bienveillants

    Sous la plume de Nicolas Blondeau, et en attendant le 16 octobre, au Tramway avec Laurent Cachard, les Lyonnais s'intéressent à mon dernier roman.

  • Bomber le torse

    Bon, après le coup de blues de l'autre jour à l'issue des Mots Doubs, les désillusions de certains partenaires (et d'autres petites choses, mais passons), ces tout derniers jours ont été une suite de retours rassérénant. Des personnes que je connais ou pas, des mails, des lettres ou des témoignages, des mots venus de libraires, qui assurent que "L'Affaire des Vivants" s'accroche, prend ses marques, existe parmi le grand Tohu-Bohu de la rentrée littéraire et qu'il "sera un vrai livre de fond, sans grosse médiatisation, mais qui survivra,(...) et qui par le bouche à oreille sera un succès de librairie...et de cœur!". En fait, selon mon éditeur, il y a les libraires qui l'ont lu et le défendent, et les autres.

    Je vous livre ce témoignage d'une amie, du genre qui allège les doutes et permet tout de même d'y croire : "Je suis allée commander le dernier livre auprès de ma petite librairie ..., inutile de commander m'a-t-elle dit, ils sont en rayons, ils s'arrachent, ce n'est pas par un que je commande mais par 25 ! (Là, j'ai des doutes). Devant tout le monde, elle a parlé de son coup de cœur, de la belle langue. Une cliente a acheté juste après moi. (...) J'étais un peu abasourdie, et contente, elle ne me connait pas et je ne lui ai pas dit que je te connaissais, ainsi c'est spontané..."

    Bon, bon bon... Il y a donc de la place pour autre chose que les nouvelles délayées et inconsistantes.

  • Vieille connaissance

    Tiens, te voilà ? Salut, ça faisait longtemps. On va faire un bout de route ensemble, on va se causer, se tenir compagnie jusqu'à l'aube. Je ne sais pas si je suis vraiment content de te revoir, mais enfin, je me disais bien que tu ne resterais pas sans me donner de tes nouvelles, tôt ou tard. Installe-toi là, près de moi, ma vieille insomnie.

  • Persiste et signe

    Cet après-midi, je suis au Carnet à Spirale, belle librairie installée dans ses nouveaux locaux, place de la Bouverie, à Charlieu. J'y dédicace de 15 h à 18h mon nouveau roman « L'Affaire des vivants ».
    A 17h30, France Bleu Loire consacre une émission sur ce livre, désigné par Isabelle Rabineau et Lucas Rodriguez comme « précédé par la rumeur des libraires qui aiment ce livre, c'est un phénomène de la rentrée littéraire ». Si la technique suit, on pourra écouter l'émission dans la librairie, en direct.

  • Voir Grandir

    Et dire qu'on a fait ça, ma belle. Ma belle, on l'a fait. Toi plus que moi, d'accord. D'accord je veux bien. Tu as l'avantage du sang. L'avantage de l'eau, l'avantage du lait. Tu as l'avantage. Mais tu veux bien ? Qu'on partage cette victoire ? Je réclame l'égalité des sexes.
    Et dire que nous n'étions que nous. Que nous avions ce partage à venir, cet opéra, ce drame, cette musique de chambre. La part humaine la meilleure de nous deux, ajoutée au chant des Hommes, une voix de plus dans la grande chorale, que personne ne distinguera que nous. Nous saurons toujours cette voix, nous la saurons parmi des milliards. Et dire que nous avons porté au jour cet impeccable chant. Toi plus que moi, d'accord. D'accord je veux bien. Tu as l'avantage du sang. L'avantage de l'eau, l'avantage du lait. Tu as l'avantage. Mais tu veux bien ? Qu'on partage cette victoire ? Je réclame l'égalité des sexes.

  • Au Mots Doubs, le temps dure - 2

    Le lendemain, je reprends mon poste de travail. Je salue gentiment le staff de vendeuses qui ne me propose toujours pas de café mais ce n'est pas grave. Bougel apparaît, me demande ce que je suis devenu, hier, il m'a cherché partout entre les plateaux de toasts, a vérifié sous les tables, pas de Chavassieux. Je lui explique sinon mon agacement, en tout cas, ma préférence pour les pizzerias exilées. Bougel s'étonne que je sois peut-être moins mondain que lui, ce qui serait remarquable.

    Une femme s'arrête devant ma table, demande si j'ai « des romans d'amour » ; je ne m'attarde pas à lui dire que, peut-être, tous les romans sont des romans d'amour et la dirige vers mon voisin de gauche, dont le livre peut entrer dans cette catégorie. Le garçon se fend d'un début de pitch mais la dame l'interrompt après cinq secondes : « ça ne me plaira pas » et tourne les talons brusquement. Nous éclatons de rire. Un moment complice.

    Au téléphone, comme la veille, ma douce se désole pour moi. Je considère surtout ce précieux week-end, autant de temps d'écriture, jeté aux orties.

    Et puis, comme je m'obstine à griffonner sur mon calepin, s'approche une jeune femme. Elle m'annonce d'emblée qu'elle a crevé son budget aujourd'hui et qu'elle ne pourra pas acheter mon livre, mais que me voir écrire à la main l'a touchée. Je la rassure sur le fait qu'aujourd'hui pas plus qu'hier, il ne m'est paru urgent de vendre mes livres. Nous entamons un échange qui va ensoleiller ma journée. Les réponses que je fais à ses questions, ce que je lui dis de l'écriture, de mes choix de vie, les mots que je mets derrière le titre de mon livre, tout cela la bouleverse, et elle fond en larmes. Je crois que je ne suis pas loin d'être aussi bouleversé qu'elle. Elle décide finalement d'aggraver son dépassement de budget et achète deux livres, que je lui dédie avec une sincère émotion. L'un est pour un oncle et sur l'autre, j'ose déclarer que sa venue a expliqué la mienne, et que j'ai bien fait de venir. C’est un peu mélo mais le contexte, la beauté de ce partage, peuvent pardonner cet élan. La jeune femme repart, mes voisins sont silencieux, ils ont assisté à l'échange et sont remués eux aussi.

    Je note dans mon calepin que je pense à ceux que j'aime, à cet instant.

    Après le repas, je traîne pieds nus dans la pelouse du parc, le long du Doubs aux eaux transparentes. J'aime ce contact, je m'y livre dès que je peux, où que je sois. Je m'allonge dans l'herbe. Des nuages d'orage accumulent leur masse sur la moitié du ciel. La rencontre de tout à l'heure m'a rasséréné. Sur le stand, mon rentable voisin est parti. Je fais un sondage dans son ouvrage. Ma brève lecture est une confirmation. L'orage crève, la pluie gronde sur le toit de toile, le chapiteau fait chambre d'écho. L'effet hypnotique que produit sur une personne assise, la noria des visiteurs, est décuplée par le grondement qui enveloppe les lieux. Je flotte dans un éther blanc, coloré de silhouettes qui défilent.

    Corinne Desies-Dalloz, la charmante libraire de la Nouvelle libraire de Poligny a fait le chemin (pour la deuxième fois, apprends-je) pour me rencontrer. Elle veut me recevoir en novembre (nous avons choisi le 12 de ce mois, ce sera la saint Christian et pourquoi pas), et nous discutons un peu. Ce qu'elle me dit de sa librairie et sa façon de la conduire m'évoque irrésistiblement celle de ma douce. Corinne sera reçue dans quelques heures par France Bleu pour parler de « L'Affaire des Vivants » avec mon éditeur, Lionel Besnier, revenu expressément dans ce but. Lorsqu'ils seront au micro tous les deux, je serai dans le train. J'aime bien l'idée qu'un livre soit « défendu » autrement que par son auteur, qui n'est pas forcément le plus légitime pour ce faire.

    Sur le stand, Jeanne Labrune ne tient pas en place, je la vois sortir sans arrêt de son poste, marcher rapidement dans les allées puis revenir derrière ses livres.

    Une maman approche, tenant sa fillette devant elle. « Elle voudrait vous poser une question ». La petite qui doit avoir dix ans, prononce timidement une phrase que je ne saisis pas dans le brouhaha. Sa mère traduit : « Elle veut écrire un roman et elle aimerait avoir des conseils ». Pourquoi est-elle venue s'adresser à moi ? Je dois être le seul auteur désœuvré, je suppose. « Est-ce que vous travaillez tous les jours ? » je lui dis que oui, justement, pour écrire un roman, c'est la formule que j'ai choisie. « Mais même si tu n'écris pas, mets-toi au travail quotidiennement, ne serait-ce que pour relire ce que tu as écrit la veille, avec un esprit critique. Interroge chaque ligne, chaque mot que tu as écrit. » Après quelques conseils du même tonneau « fais lire ton travail, sois humble, accepte les critiques, enrichis ton vocabulaire, enlève les doigts de ton nez », ponctués d'encouragements, j'énonce un principe fort répandu : « Et surtout, lis, lis beaucoup. » Ce qui me vaut les remerciements de l'auteur-éditeur-agent littéraire à côté de moi, qui voit constamment s'adresser à lui de jeunes écrivains qui écarquillent les yeux quand il ose leur demander ce qu'ils lisent, ce qu'ils aiment lire, quel livre ils ont lu récemment. « Lire, pourquoi faire ? »

    Oui.

  • Bonus

    Pour ceux qui sont allés jusqu'au dernier chapitre de "L'Affaire des Vivants", cette séquence incroyable du film "J'Accuse" d'Abel Gance (version 1918). La scène du champ de bataille.

  • Aux Mots Doubs, le temps dure - 1

    Je suis à Besançon, au festival des Mots Doubs, devenue une institution en 13 ans d'existence. Comme toutes les fêtes du livre, c’est pour les auteurs l'occasion de montrer leur mufle aux passants qui n'en voient pas souvent et leur tâtent la croupe, les flattent, leur disent des gentillesses, s'étonnent de la taille de l'un, de l'âge de l'autre, qu'un tel soit encore vivant. L'occasion pour les visiteurs surtout, de voir en vrai les gens qu'ils ont vu à la télé. On y trouve aussi des écrivains et des lecteurs.

    Je rends d'abord visite à mon pote Bougel, tout gracieux et souriant (si si), tellement un salon avec des vraies gens et des écrivains qui ne se prennent pas pour des génies incompris, le change des cercles poétiques qu'il pratique depuis trop longtemps.

    Je prends ma place sur mon stand. Je suis entre, à ma gauche, un jeune auteur qui a commis un best-seller traduit en trente langues après avoir fait un stage pour apprendre à écrire un roman de 120 pages écrites en caractères 20 et, à ma droite, un malicieux et paisible auteur, éditeur et agent littéraire (la première fois que j'en rencontre un), tous gens de bonne compagnie par ailleurs.

    Je vois assez vite que j'aurai du temps devant moi et entame le synopsis d'une BD sur les pirates, demandé par un copain.

    A ma gauche, le futur Marc Lévy livre à ses lectrices une combinaison de platitudes qu'elles reçoivent en gloussant et en achetant. A ma droite, le malicieux auteur-éditeur-agent littéraire me glisse sa carte.

    Les piles de mes bouquins, devant moi, font sur la foule le même effet que la proue des brise-glace sur la banquise : elles semblent la partager régulièrement en deux, un flot se dirigeant à babord vers le type qui a produit un livre « qui fait du bien » et un flot vers tribord et les productions décentes de mon voisin.

    L'après-midi passe plus lentement que les badauds. Parfois, un visiteur bloqué dans la foule soulève un de mes bouquins pour se donner une contenance, puis reprend le fil de sa promenade. Inconsciemment ou pas, le staff de vendeuses ne propose un café qu'aux écrivains qui vendent. Pour me remonter le moral, je lis les lettres d'Alice Ferney et de Christian Degoutte, qui sont agrafées dans le calepin sur lequel, après le synopsis de mon histoire de pirates, j'écris quelques vers de « Voir Grandir », production future en collaboration avec Jérôme Bodon-Clair.

    En fin d'après-midi, mon éditeur vient me voir. Il habite dans la région, a eu la gentillesse de sacrifier son temps familial pour venir voir son auteur, non plus grincheux, mais assez déprimé. L'occasion de mieux se connaître, de parler de son parcours. Je me vois confirmer l'impression première que j'ai la chance d'être tombé sur un type bien.

    Sur le stand retrouvé, une dame qui fait partie d'un comité de lecture m'annonce que je fais partie de la sélection du Goncourt des Lycéens. Devant ma surprise, elle s'excuse en bredouillant qu'elle a dû me confondre avec quelqu'un d'autre. Je reviens à mon calepin où je griffonne des lames de couteaux et des viscères qui pendouillent.

    Le soir tombe enfin sur mes piles, absolument intègres. Je découvre mon hôtel, à 5 minutes à pied. Dans l'ascenseur, la voix féminine qui signale les étages est tellement torride qu'on cherche une serrure, un bout de moquette épaisse, un mouchoir, n'importe quoi pour vite se soulager.

    Tout le monde est invité à manger le soir au « restaurant des auteurs ». Docile, je m'y rends. C'est un pince-fesses avec Crémant et petits fours. Autour de moi, j'entends évoquer des succès de signatures impressionnants. Je saisis une coupe et me rencogne près d'un plateau apparemment négligé par la foule, grégarisée au centre du dispositif. Peut-être que quelqu'un a éternué sur le plateau, avant que j'arrive ? M'en fous, je meuble ma mauvaise humeur en raflant la moitié des toasts. Il y a de la viande, tant pis, rien n'a de sens, pas plus le fait de se casser le cul à peaufiner la moindre virgule d'un roman de 300 pages, que de tenir à rester végétarien. Le repas n'est toujours pas servi, je décide de partir.

    La marche est agréable dans la douceur des rues. J'avise une pizzeria qui n'a jamais entendu parler de l'Italie. Je m'installe dans une pénombre à peine désorganisée par des taches de lumière bleue, verte et rose. Tandis que le cuisinier s'active derrière une vitre, en retrait de la salle déserte, je regarde fixement le mur décoré façon Tahiti, en face de moi. Une chanson pop, diffusée par un ordinateur, devient dans le contexte, un magnifique cantique élégiaque discourant de la fin du monde et de la vanité des entreprises humaines. Le cuisinier apporte la pizza. Surprise : elle est merveilleusement bonne, et accompagnée d'une sauce-maison préparée avec amour. En voilà un qui doit se demander comment, malgré tout le soin qu'il met à travailler ses énormes pizzas, les gens peuvent leur préférer des surgelés insipides.

  • N'y voir goutte

    Cette pluie gênante, qui empêche de voir s'il fait beau.

  • L'une et l'autre

    A la fête du livre de Saint-Etienne, en octobre, je serai sur le stand de la librairie l'une et l'autre. Marie Marcon parle de son coup de cœur : "L'Affaire des vivants". C'était sur France 3 Rhône-Alpes, hier.

  • Tranquillou

    Moi, vendredi dernier : « La mise en musique des textes fonctionnait à merveille, ça donne envie de faire tout un album, non ? »
    Jérôme : « Allez, c’est parti, envoie les textes ! » (une formule plus élaborée mais vous avez le sens du propos, là)
    Oliv', la semaine dernière : « J'ai un projet de court animé avec toi et François costumés en guerriers barbares, ça te dit ? »
    Moi : « Ah ben ouais, super ! » (je m'exprime de façon assez triviale, parfois...)
    Cédric, tout à l'heure : « Je reprends les projets BD. Je me remets sur Cortés, il faut qu'on revoit le design des persos des Nefs de Pangée, il me faudrait un scénar sur une histoire de pirates, il faut qu'on se voit pour le projet jeunesse (top secret), et je vais reprendre le dossier Enthéide... »
    Moi : « Oui, ben tranquillou bilou, je vais bosser ce Week end, je suis en dédicaces mais je devrais pas être débordé » (mon langage devient de plus en plus trivial)
    François, la semaine dernière : « Pour Minotaure, il faudrait que ce soit une sorte de rêve suspendu, quelque chose d'abstrait... de musical et d'abstrait ; »
    Moi : « Oh, c'est une très bonne idée, ça, François ! Je m'y mets tout de suite. » Le même, le même jour : « J'ai un projet de série télé sur (sujet top secret), ça te dirait de bosser dessus ? »
    Moi : « Passionnant, ça ! je m'y mets. »
    Moi, avant-hier : « Daniel, laisse tomber pour le roman que je t'ai passé. Il faut que je le reprenne. A la réflexion, quelque chose ne va pas. Par contre, si tu peux me faire un retour de lecture... »
    Daniel : « D'accord, je vais le relire. Je te dis ça. »
    Frédéric, il y a un mois : « Les Nefs de Pangée, pas compliqué : J'adore. Je te rappelle pour en parler plus précisément. »
    Moi : « ... »
    Philippe, lundi : « Ne prends pas trois ans à écrire ton prochain roman, ne te laisse pas oublier par ton éditeur. Un conseil entre nous. »
    Moi (in petto)  « D'accord, il a raison, allez hop, je m'y mets. »
    Vincent, hier : « Je peux t'indiquer quelques éditeurs si tu veux, pour ce roman, là... »
    Moi : « Oui, je l'ai entièrement réécrit, je ne sais pas, merci, je vais peut-être le proposer, mais il faut quand même que je jette un nouveau coup d'œil... »


    mais vous savez, il m'arrive de refuser du travail, aussi.

  • Extrait

    On l'a cueilli sur le bord du chemin, pas loin des roues du carrosse, ou était-ce une calèche découverte, un de ces attelages légers qui prenaient de l'Angleterre le goût de la vitesse, ou encore une lourde berline, tonitruante, à trois paires de chevaux, énorme, de ces attelages que rien n'arrêtait, qui fonçaient dans les rues précédés de fantassins endurants ou de chiens immenses, jetés en avant-garde pour affoler la populace qui devrait s'écarter vite si elle voulait échapper à la mort aveugle lancée au galop derrière eux. C'était aux franges d'un petit bourg anonyme. Il y avait cet empressement de gueux accourus comme ils font à l'entour de toute pompe sait-on jamais, des fois qu'une bénédiction et quelques écus tomberaient des bourses, des fois que la manne fuserait parmi le crottin, semé avec une pareille désinvolture du cul des chevaux ou de la paume des dames – avec un soulagement moindre dans ce dernier cas – ou agglutinés là seulement pour voir, tant c'est beau, tant c'est un spectacle tout cet apparat, les cavaliers chamarrés, les postillons en livrées impeccables, la brillance des harnachements, le tonnerre des chevaux bien bouchonnés et des essieux bien graissés, des fers solides qui font gicler la caillasse.

     

    Extrait d'un roman (sans titre pour l'instant) en cours d'écriture.

  • La démocratie au travail

    Contre la démagogie anti-parlementariste des Chouard, Soral et autres Le Pen ou Dieudonné, pour se rassurer sur le fait que les élections sont utiles et le travail des députés passionnant et sérieux, je ne vois qu'une solution et elle n'est pas compliquée : suivre de bout en bout le travail des commissions de l'assemblée sur LCP. Mais, bien sûr, ça demande du temps, un effort intellectuel, ça demande au téléspectateur d'être sérieux et concentré. En fait, ça demande au citoyen ce qu'il exige de ses élus. Mais il est toujours plus facile et plus rapide de critiquer.

  • Voir grandir

    On te rassasiera. On va t'en foutre, tu verras, jusqu'à la glotte. Tu vas en bouffer. Tu vas en crever. On va te goinfrer de tout ce qu'on fait, parce qu'on ne sait que faire. On ne sait que faire, depuis qu'on a décidé qu'on savait faire. On ne sait plus défaire, on ne sait plus refaire, on fait. On fait. On fait partout, beaucoup, on fait on fait, on fèque, on défèque, il faut tout le monde pour absorber tout ça, et tous ensemble, malgré tous nos efforts, on n'en peut plus, on est gavés, on est repus, on crie grâce, n'en jetez plus, ça va comme ça. Mais on ne sait pas faire, on s'affaire, on s'enferre, on s'enterre, on continue de faire.

  • Pod cast

    Juste pour le plaisir, parce que, rien à faire, je ne m'en lasse pas. Le génie de Jérôme Bodon-Clair à l'œuvre (et vous imaginez bien les envies de projets qu'une telle performance peut faire naître). C'est en cours, d'ailleurs.
    podcast

  • Se sortir les doigts

    J'explique donc que pour moi , un roman est une longue stratification, que les personnages prennent relief et profondeur dans le temps de l'écriture, que mon prochain roman, à peine commencé, va me demander deux, trois, quatre ans. Mon interlocuteur, fin observateur de la vie littéraire depuis plus de trente ans me dit « méfie-toi que ton éditeur ne t'oublie pas, pendant ce temps-là ». La réflexion me frappe. Oui, finalement, maintenant que j'ai tout mon temps disponible et si je travaille à fond, il est bien possible que je le torche en un an, un an et demi, ce bouquin...

  • Les grosses mains dans les poches, avec des bretelles

    Je suis aujourd'hui à Lyon, au milieu d'un aréopage d'écrivains de premier ordre, où je vais parfaire mon image d'auteur rustique. Pensez à moi.

  • Reconnaissance

    Il y a les lecteurs, fidèles ou ponctuels, attirés dès le premier roman, il y a longtemps, ou découvrant un dernier opus avec l'envie immédiate de connaître les précédents, les lisant l'un après l'autre et m'écrivant, me témoignant leur joie. Et puis il y a ceux qui ne m'ont jamais lus, ne me liront sans doute jamais, mais me félicitent pour les articles parus dans la presse nationale. Une de ces deux catégories m'est essentielle.

  • Voir grandir

    Tandis que tu m'enveloppes de bien, je sens monter l'engourdissement des haines. Je n'y peux rien. Je mesure ta force, toute de parfum et de calme, mais on accumule pour toi des orages vénéneux. Je vois grandir les choses qui nous emporteront. Des haines aux griffes tendues par la fenêtre. Mais je refuse de te penser comme une proie, tant que je suis là. Alors je te berce, rien n'est advenu. Tu as le temps. Reste endormi je te prie, sans autre souci qu'une faim qui mûrit.

    Tu serais dormant toujours, et moi sans inquiétude. Tu serais ma créature épargnée. Le monde aurait fait une pause. Le monde aurait fait une trêve. Je n'ai que le bouclier de ma tendresse. Aucune arme que ma prière. Laissez dormir mon enfant aux mains rondes et vides. Il n'a pas rejoint le camp des ogres. il n'a pas d'ambition, ses nuits ne sont pas hantées par la dévoration des autres. Il dort.