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  • Relatif

    Bien sûr, il est invité chaque fois à La Grande Librairie, mais quelque chose d'amer le tenaille malgré le succès du moindre de ses livres et ses ventes record partout dans le monde. Sa mère n'a jamais lu un seul de ses bouquins.

  • Sacré pote

    Le pape Benoît XVI est passé l'autre jour à la maison. Toujours discret, un peu déconneur, avec son T shirt « To B 16 ». Enfin, sympa quoi. Ça va pas mal. On a discuté autour d'un verre de rouge avec un bon sauciflard des aminches. Tranquilles. Il ne dit rien sur son successeur, droit de réserve tout ça, mais bon, il sait qu'ici, on ne l'emmerdera pas avec ça. Et puis surtout on s'en fout. Au fond, ça le rassure, il peut se lâcher, Tiens reprends du rougin, Benoît. Il se marre. Il se plaît, ne repart qu'à la nuit tombée sur sa mobylette. Ma femme a des doutes, elle me dit que ce n'est pas le pape. C'est ennuyeux, parce que j'avais prévu une virée chez Paulo, je voulais l'épater. Même s'il est plus en fonction, ça le fait, un pape canonisé de son vivant (des magouilles il m'a dit, tu peux pas savoir). Bon, je vais lui faire une brandade pour demain.

  • ALIROULU saison 2

    Pour commencer la nouvelle saison de Aliroulu, un hors-série (il y en aura d'autres), spécial Proust. Avec François Podetti qui raconte, lit, explore un des nombreux moments de grâce de "A l'ombre des jeunes filles en fleurs". Réalisation Yohann Subrin.

  • Musique

    En travers de la marche, une boîte de conserve vide et, immédiatement, survient comme un réflexe, l'envie de l'écraser. Est-ce un atavisme complexe où l'on trouve la nécessité de gagner de l'espace vital, le goût de la destruction, le besoin de ressentir l'impact de ses actes sur les choses, de se sentir ainsi vivre ? Ou n'est-ce pas plutôt un amour du bruit qu'émet la tôle comprimée ? On aurait pu fabriquer des boîtes en plastique mou qui se déformeraient en soupirant à peine. On a préféré un matériau qui crie sa défaite, qui manifeste sous la semelle, qui expire en protestant. Où est-ce que je veux en venir ? A ça : est-ce que les sourds ressentent cette jubilation du broyage d'aluminium ? Est-ce que les sourds écrasent des boîtes de conserves, hein ? Je n'arrête pas d'y penser.

  • La question

    A son examen, l'apprenti bourreau était tombé sur « Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible ? » et ça s'était mal passé. L'épreuve durait trois heures et à la fin, non seulement il n'avait obtenu aucune réponse, mais le type qu'il torturait avait à peine compris la question.

  • Des lectures

    Intéressants, évidemment, les retours de lecteurs. Je vous lie les dernières critiques de Mausolées :

    Sur "Qu'importe le flacon"...

    et sur "Zazimuth"

    Une très complète (et d'un tout autre niveau) sur "Naufragés volontaires"

    Merci pour l'effort. C'est agréable de provoquer assez d'élan pour motiver un billet.

  • Extrait

    Je ne savais pas quoi écrire, alors je colle ici un extrait d'un roman en cours. Il s'intitulera "Pieds nus sur les ronces", et je ne sais pas s'il sera publié un jour (déjà, le finir). En attendant :

    Pétrifiée de colère, Syrrha l'était encore, inexplicablement, quand elle raconta l'épisode de l'hôtel à Joël. Il la regardait sans comprendre. Syrrha ne comprenait pas non plus ce qu'elle était en train de faire, de quoi il s'agissait, de se soulager, de créer un effet dramatique, qu'on s'intéresse à son cas, impossible de savoir. Avec la colère revenue tout entière, intacte, dans le récit, il y avait un désespoir manifeste. Pourquoi était-elle comme ça ? Elle poursuivit son récit devant un Joël Klevner embarrassé de telles confidences, mais conciliant, amical, conscient qu'il avait un rôle à jouer, qu'on lui accordait une confiance imprévue et qu'il devait en être digne. Le souffle court, Syrrha décrivit la chambre, elle debout à côté du lit, son incroyable angoisse, surgie soudain, son horrible angoisse qui l'avait arrachée au sommeil et au lit. Syrrha debout, nue, se disant qu'elle allait partir, le laisser là, prendre ses affaires en tâchant de ne pas le réveiller, ne pas lui faire de mal, non, cela elle ne le voulait pas, mais le laisser seul, ici, à Paris, avec ses interrogations, le laisser seul et fuir, ne plus lui donner de nouvelles, ne plus jamais le revoir. Joël tenta de demander ce qui s'était passé, qu'avait fait Simon de tellement grave ? Mais sa phrase resta en suspens sur ses lèvres. Il n'y avait aucune explication, ce devait être anecdotique, sans conséquence, Syrrha l'admettait d'emblée, l'avait dit, le répétait, tentait encore de se souvenir mais impossible, en fait il n'y avait rien, rien de notable, rien, même à l'époque elle le savait, comment pouvait-elle savoir et en même temps entrer dans ce délire ? elle était soudain persuadée, à cause de ce geste (admettons que ce fut un geste) insignifiant que Simon ne l'aimait pas, qu'il allait peut-être lui faire du mal, il était sur le lit, inerte comme l'eau d'un miroir, reflet de la haine soudaine qu'elle ressentait, une palpable colère, renvoyée par ce visage tranquille d'un jeune homme qui dort. Et debout, nue, elle visitait les possibles, s'excitait à la perspective de son départ, se voyait dans la rue, bousculant les prostituées, laissant derrière elle des cris et des insultes, courant vers la gare, disparaissant, quittant Paris et Simon et le pays, évanouie dans l'abstraction d'un paysage repeint en noir. Et debout, nue, bras ballants, mains désœuvrées, yeux écarquillés dans la nuit, tout grondait à ses oreilles, le sang bourdonnait et les halètements dehors, la respiration des voitures et les bouffées de musique échappées des bars, toute la sordidité humaine montait vers la chambre, occupait l'espace et l'air, modifiait la lumière et les ombres sur le visage détesté de son amour. Elle devait partir, il fallait qu'elle foute le camp, Ô désolé mon pauvre amour, comme tu me hais, si tu ne me haïssais pas comme ça, je resterais mais là, mais là c’est trop me demander, rester auprès d'un garçon qui me veut du mal, tu comprends ? Parce que tu ne m'aimes plus, toi, n'est-ce pas ? Tu veux que je parte, tu me rejettes ? Tu ne veux plus de moi ? Mais comme je t'aime, moi, si tu savais, pourquoi tu ne veux plus de moi ? Ça s'enchaînait, infatigablement, ça l'obsédait, ça l'épuisait, elle en tremblait sur ses jambes, une heure à rester comme ça debout, à poil, ça faisait mal, ça faisait froid, elle devait foutre le camp, en silence, pas lui faire de peine. Et puis, Simon a émis un petit grognement, il a bougé, s'est vaguement réveillé, a perçu dans les lueurs contradictoires qui perçaient la fenêtre, la silhouette de Syrrha, debout nue raide de colère qui le regardait avec ses yeux écarquillés, il a immédiatement perçu qu'elle était comme ça depuis longtemps, a froncé les sourcils, a dit d'une voix ensommeillée et gentille « Qu'est-ce que tu fais, tu ne dors pas ? », cela elle s'en souvenait, cela lui est revenu parfaitement, le corps qui bouge, s'étire frissonne, le visage si beau de Simon qui s'ouvre, s'éclaire, son regard brouillé de nuit qui s'étonne : « Qu'est-ce que tu fais... » et dans l'instant, toute la tension qui disparaît, Syrrha qui sort de son hypnose, se détend, sent un poids formidable s'évanouir. C’est fini. Simon est là, il l'aime, tout va bien. Elle sourit, elle rejoint le lit, s'allonge, se blottit contre lui, s'allonge mais s'évanouit presque, s'effondre, épuisée, et s'endort aussitôt.

  • Le Malin

    Enfin tout de même : pourquoi Dieu avait-il créé Adam et Eve avec des sexes différents, aux temps innocents du Paradis, s'il ne voulait pas qu'ils s'en servent ? Qui est le premier tentateur, hein ?

  • Le survivant

    « Ce que j'ai fait, aucune taupe ne l'aurait fait », affirma Guillaumet après sa dramatique épopée dans la cordillère des Andes. Et pour cause. Et puis il s'est rendu compte que ça ne voulait rien dire, il a prétexté les effets de l'altitude, il s'est repris et on a gardé la dernière version. Dommage.

  • Miserere

    La religion gagne du terrain paraît-il. Pourtant, elle était déjà bien installée partout. Les athées n'ont pas changé d'opinion. Alors ? C'est la hargne religieuse qui se répand et s'affirme. Juste au moment où il est urgent d'être lucide.

  • Au cirque

    Le lion a le sens du ridicule, ne croyez pas qu'il monte et descende de son tabouret à paillettes sans ressentir l'humiliation d'un roi contraint de jouer les bouffons. Mais d'observer la tenue ridicule que son dompteur est obligé de revêtir pour gagner son salaire, le rassérène un peu.

  • Le pourquoi

    C'est à l'obstination avec laquelle une idée s'impose que je dois la mise en chantier d'un manuscrit. C'est cette obsession que je veux faire taire par les moyens de l'écrit, car je n'en possède pas d'autre.

  • La fine équipe du 25

    Une salle de réunion visible depuis la rue. Quelques jours avant Noël. Je passe et m'arrête sur le spectacle d'une équipe attablée autour de son chef. Les salariés réunis sont coiffés de bonnets de lutin à grelots, et le patron est repérable grâce aux bois de rennes en feutrine qui ornent le sien. Je suis subjugué par la connerie du procédé. Ce côté fun obligatoire de l'entreprise moderne, qui n'empêche pas, apparemment, une sévère mise au point du chef. Derrière la vitre je ne peux rien entendre, mais je vois bien que le renne s'agite et s'agace, tandis que les lutins hochent tristement du bonnet. Grotesque.

     

     

  • De profundis

    Ils répandirent ses cendres au dessus de l'océan. Elles se figèrent à la surface d'une flaque de pétrole, pour l'éternité.

  • Toutes les mêmes

    Il y a de fortes probabilités que 2014 soit égale à 2013.

    Je vous souhaite alors, a minima, qu'elle ne soit pas pire.