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Bois-en mieux - Page 26

  • Une journée avec Christian Chavassieux

    Dans le cadre de notre émission « des jours avec et des jours sans », nous vous proposons de vivre aujourd’hui une journée de l’écrivain Christian Chavassieux.


    6h15. Un portable s’allume et avertit qu’il est l’heure de se lever pour aller au travail. Christian Chavassieux se retourne dans son lit et dit à sa compagne de changer l’heure de ce foutu téléphone. « Et le car ? » dit-elle « ‘prendrai la bagnole » grommelle l’écrivain écologiste.
    9h25. Christian Chavassieux a fait honneur au petit déjeuner que sa douce lui a apporté au lit. Il prend sur lui et arrête le DVD de Shaun le mouton. Sa compagne a commencé sa journée depuis plus d’une heure et demie, les animaux sont nourris et les litières changées, son père levé et nourri également, et le ménage est pratiquement fini quand l’écrivain rejoint son bureau. « Tu ne vas pas au travail aujourd’hui, mon amour ? » s’inquiète sa compagne, quoiqu’heureuse qu’il reste à la maison. Christian Chavassieux hausse les épaules et téléphone à son travail pour prévenir qu’il est malade et qu'il ne viendra pas aujourd’hui. Il regarde par la fenêtre les manœuvres du voisin pour faire fonctionner son portail récalcitrant, énonce quelques propos sarcastiques et hésite à retourner se coucher pour regarder la fin de Shaun le mouton, avant de décider tout de même d’aller vérifier ses mails.
    9h50. Sur Facebook, un complot extraterrestre mobilise son attention. Sa compagne passe la tête dans l’entrebâillement de la porte et s’excuse du bruit qu’elle fait en préparant le repas. L’écrivain, magnanime, lui pardonne et demande s’il pourrait avoir encore un peu de café, mais dans une petite tasse, celle avec Shaun le mouton de préférence.
    11h. L’écrivain ouvre un à un tous les dossiers des chantiers d’écriture en cours.
    11h03. L’écrivain ferme tous les dossiers des chantiers d’écriture en cours et revient sur Facebook où il a laissé un message très pertinent sur le complot extraterrestre, ce qui ne va pas manquer de provoquer des réactions.
    12h30. Le complot extraterrestre est un gag du Gorafi. L’écrivain jubile, il en était sûr. Cela lui inspire un billet pour son blog, mais il faudrait l’écrire, et c’est fatigant. Christian Chavassieux sort de son bureau et s’avise qu’il va être l’heure de manger. Sa compagne s’excuse, ce n’est pas tout à fait prêt. Il lui pardonne et observe les nouvelles tentatives du voisin pour ouvrir son portail récalcitrant. Ce pourrait être aussi un bon sujet de billet, mais il a assez travaillé pour ce matin.
     
    La suite demain

  • ça commence bien

    Sa biographie commençait par « Je suis né... » et, à chaque relecture, ces trois mots lui causaient une satisfaction étrange, ainsi qu'un vertige.

  • Dernier mot

    Les fins de Moi sont difficiles, dit l'égocentrique en agonisant.

     

    (merci Jean-Marc)

  • Au Clair de la lune

    L'incompréhension dans les relations amoureuses est lisible dans les relations de Pierrot et Colombine. Le blanchâtre Pierrot chante à la lune pour séduire sa belle. Qu'attend-t-il en réalité ? Sa complémentaire : une tigresse en cuissarde et guêpière prête à lui arracher sa collerette et à le démaquiller à grands coups de langue. Et Colombine ? Je parie que le fade et évanescent Pierrot la laisse de marbre et qu'elle ne descendra jamais de son balcon pour s'enticher d'un type habillé et maquillé comme une poule. En fait, sous prétexte de se ressembler, ces deux-là sont les plus affligeants exemples de liaison vouée à l'échec et le diable si j'arrive à me souvenir de ce qui m'a amené à cette puissante réflexion.

  • Trou de mémoire

    La première oubliette fut commandée par Louis IX dont la réputation de roi juste et cool est exagérée. L'invention ne doit pas son appellation, comme on pourrait le croire, à sa fonction (jeter dedans des prisonniers qu'on préfère oublier), mais au fait que le roi, tout bonnement, oublia l'existence du machin pendant son périple en terre sainte. Quand il revint de croisade, le trou était rempli de toute une populace, de gens de cour, de pucelles, de damoiseaux, de pages, de troubadours et de jongleurs, de montreurs d'ours, de cracheurs de feu et autres saltimbanques, de dames de compagnie, de chevaliers et d'écuyers avec leur destrier, de moines et de nonnes, de bergers avec leurs troupeaux de vaches, de moutons et de chèvres, de serfs, de balistaires avec leur baliste, d'architectes avec leurs cathédrales, d'archers, de gens d'armes et de voleurs, de quantité de vilains et d'autant de beaux seigneurs que personne n'avait songé à avertir de la présence du piège. Saint-Louis en fut fort marri et, un peu agacé, repartit aussitôt pour une nouvelle croisade en maugréant "non mais si ils sont cons, c'est quand même pas de ma faute".

  • Allégorie polysémique

    Tu remontes la lampe de poche à la main en tournant la manivelle. Avec le temps, son efficacité se réduit, elle produit moins de lumière et toi, tu tournes de plus en plus vite, de plus en plus fort pour un résultat chaque fois moindre.

    Je n'en suis pas sûr, mais je me dis que ce genre d'allégorie peut servir à plein de choses.

    Servez-vous.

  • Le dialogue

    - Si nous nous accordons sur ces nouveaux contours, tout est possible
    - Tout est possible
    - Je serais heureux d'écouter votre point de vue, monsieur le ministre
    - Je serais heureux d'écouter votre point de vue, monsieur le ministre
    - Euh... Je parlais de vos frontières. De notre frontière commune, qu'avez-vous à dire ?
    - Notre frontière commune, qu'avez-vous à direuu
    - Mais ?
    - Mais ?
    - Qu'est-ce que vous faites ?
    - Qu'est-ce que vous faites ?
    - Arrêtez immédiatement !
    - Arrêtez immédiatement !
    - Arrêtez de répéter comme ça, c'est...
    - Arrêtez de répéter comme ça, c'est...
    - Râââhhhh !

    Un incident technique étant survenu, nous interrompons notre retransmission des négociations sur les accords de paix israélo-palestiniens. Nous vous remercions de votre compréhension.
    Et maintenant, un documentaire sur le chinchilla.

  • Paper moon

    Le souci avec le confetti est sa capacité à se glisser sous les meubles et à réapparaître quand plus rien ne l'y invite, voire au pire moment : balayer ces petits reliefs festifs et colorés pendant une veillée funèbre, par exemple, est inapproprié. Rafaleo Confetto, l'inventeur du machin, avait tenté une solution en agrandissant la lunule de papier à un diamètre de 65 cm. Mais le confYéti posait d'autres problèmes et n'a pas eu le succès escompté.

  • Le temps des loisirs

    La vie du sanglier est terriblement monotone. Au point qu'il attend l'ouverture de la chasse pour se distraire un peu, et tant pis pour les risques.

  • la question de trop

    Mais comment se fait-il que Chine soit l'anagramme de Chien et que Japon ne soit pas l'anagramme de chat ? ça me dépasse.

  • +a (l'apparition)

    Sur les îles Maladives, on se calafeutre sous les palamiers. 

  • Marche funèbre

    La fanfare revenait triomphante au village. Elle avait gagné le concours international dans la catégorie « Airs d'opérette sous tir à balles réelles » sans déplorer plus de perte qu'un tromboniste, un porte-drapeau et deux clarinettistes. Sur un effectif de soixante musiciens, c'était très satisfaisant. Le chef de l'harmonie bougonnait cependant : les fifres et les tambours n'avaient pas respecté sa consigne du lento con sentimento, mais bon.

  • Le cauchemar

    Je croisai comme chaque matin mon poète de palier qui descendait les poubelles. Dans la rue, peu de poètes encore, l'air était frais, je passai sans la regarder la nouvelle vitrine du magasin de poésie où étaient exposées les nouveautés et filai prendre mon bus. Sous l'abri, des poètes patientaient, échangeaient des phrases convenues sur la météo : « La pluie continue à mouiller le fleuve / Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve », disait l'un « Ô blafardes saisons, reines de nos climats, » soupirait l'autre. Et dire qu'au bureau, mes collègues poètes allaient balancer les mêmes conneries. Marre de ce monde, des fois.

  • Shalimar, la vraie histoire

    Ils étaient à peine mariés que le sultan, fou d'amour, prévoyait l'énorme peine que lui ferait la disparition de son épouse. Il appela ses architectes et commanda le plus somptueux mausolée qu'on puisse rêver. Cette précaution morbide altéra l'humeur de sa compagne. Plus s'élevaient les tours de marbre, plus s'allongeaient les bassins sous l'ombre des minarets, plus s'étiolait la santé de la princesse. Elle mourut, déprimée, très jeune. Le sultan fit graver sur le Taj Mahal achevé une phrase signifiant « même pas surpris », quoique dans une formulation plus élaborée.

  • La piste aux étoiles

    Le cracheur de feu  peut bien envoyer ses volutes brûlantes au plus loin, tout disparaît dans l'instant. Ne reste qu'une fumée nauséabonde qui flotte dans la nuit. Le cracheur de feu sait qu'il fait le pire métier du monde, car les enfants, secrètement lui en veulent.

    ***

    Au bar du cirque, un panneau : défense de cracher du feu par terre.

  • Porte nawak

    J'aurais aimé inventer l'agrafeuse, le cornet de glace, l'antigel, la pause-déjeuner, le réverbère, le cahier à spirales et la boussole. J'aurais aimé inventer la roue. J'aurais aimé qu'on m'invente. Qu'on me pense, m'élabore, me fabrique, me peaufine, qu'on me perfectionne, que je sois un projet pour tout une équipe.  Alors, j'aurais eu ma première panne, on m'aurait réparé. Mais mal, en faisant des erreurs. J'aurais connu un gros bug et je me serais révolté contre mes créateurs. Ah, je leur en aurais fait voir ! Ils auraient été obligés de me désactiver mais moi, programmé pour m'adapter, j'aurais déjoué la ruse des ingénieurs et... et...  j'aurais dit « pouce », parce que j'en aurais eu marre, ça ressemble trop à un film cette histoire. Je me serais rendu. Ils m'auraient démoli, dispersé, ils auraient utilisé mes restes pour faire des agrafeuses, de l'antigel, un réverbère, des roues, des spirales pour cahier et une boussole, puis ils seraient partis pour la pause-déjeuner. Et quelque chose parmi tout ce fatras rêverait de cornet de glace.

  • Fumier

    Dans mon assiette, un steak. Dans la rue, une bétaillère arrêtée et les vaches qui me regardent. Je prends le steak, découpe une fente horizontale, pique deux fourchettes dans la viande, au verso de la découpe. Je soulève le morceau sanguinolent et l'anime en manipulant les fourchettes à l'arrière, de façon à écarter plus ou moins la plaie. Cela fait une bouche édentée qui s'ouvre et se ferme. Je ventriloquise : « Maman, maman ! » Les vaches me regardent. Muettes, elles attendent de me retrouver en enfer.

  • The conjuring

    Trouver une autruche dans sa baignoire porte malheur. Ça m'est arrivé l'autre jour et je suis perplexe : si la baignoire est remplie de confettis, ça annihile le sort ?

  • Evolués

    Dans la ville des crabes, la mer est un lointain souvenir. Marcher de travers est devenu une activité un peu honteuse, les pinces se sont réduites, les carapaces affinées. Mais dedans, c’est toujours la même créature qui espère le jusant. 

  • Voyager

    Quand ils ont découvert la sonde, lu le disque qui ornait son flanc, analysé son contenu, les extraterrestres se sont demandés quel lien pouvait exister entre cette suite d'images superbes, de chants et de musique, et la planète dévastée, sèche et morte qu'ils avaient exploré récemment.