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  • L'équitable des matières

    Une injustice flagrante, aux yeux de M. Smith, était que son feignant de voisin, incapable de se payer une piscine, un 4X4, une terrasse couverte et des vacances à Londres, reçoive plus d'amis que lui et arbore un sourire satisfait chaque fois qu'ils se croisaient.

  • "j'habitais Roanne" - Nouvel extrait

    « Pourquoi fais-tu du théâtre ? »
        « Parce que j'ai peur de la mort » me répond François, sur le ton de l'évidence. Nous prenons une pause méritée avant la seconde représentation de Peindre au théâtre de Roanne. François est assis un rang derrière moi, dans la salle vide. Depuis la scène plongée dans l'ombre nous devons ressembler à des balises flottant sur la crête des vagues de fauteuils. Le théâtre est silencieux, la coupole déploie au dessus de nous un ciel d'allégories naïves et dans le registre immédiatement inférieur, des cartouches ornent les noms d'auteurs dramatiques et de musiciens qu'on considérait comme des modèles en 1885, lors de l'inauguration de ce petit bijou architectural. Certains noms sont restés dans les mémoires (Hugo, Dumas, Molière, Corneille, Massenet, Chopin, Rossini...), d'autres (Auber, Sardou, Boïeldieu...) sont presque oubliés du grand public. Je repense à l'ironie d'un passage de Cyrano de Bergerac, quand un bourgeois énonce une liste des premiers académiciens « Boudu, Boissat, et Cureau de la Chambre ; Porchères, Colomby, Bourzeys, Bourdon, Arbaudé » et conclut avec admiration : « Tous ces noms dont pas un ne mourra... ». Des auteurs inconnus aujourd'hui. Souvenez-vous de la phrase qu'un esclave répétait à l'homme qu'on portait en triomphe, dans la Rome impériale : « N'oublie pas que tu vas mourir », souvenez-vous du nostalgique « Et in Arcadia ego » des bergers de Poussin, et encore de l'avertissement des Vanités du XVIIème siècle, ou du « tout est vanité et poursuite de vent » de l'Ecclésiaste. Passant ! les sagesses de toutes les époques ne cessent de te mettre en garde : toute réussite supposée ne change rien à ta postérité, tu disparaîtras et on t'oubliera. Pour un écrivain, l'avertissement se cristallise dans les grandes bibliothèques et leurs monstrueux alignements de reliures. Tout cela est dérisoire. Il faut s'en convaincre. Tout cela n'est rien et pourtant. Pourtant nous nous dévouons à la vanité de cette tâche. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que j'écris ? « Pourquoi fais-tu du théâtre ? » « Parce que j'ai peur de la mort ».

  • Entre deux eaux

    Le petit chrétien ne devrait rien connaître de plus pénible et de plus humiliant qu'un coulis d'eau fraîche à son baptême et une légère aspersion d'eau bénite pour son oraison. Pourtant, malgré cette bénédiction, entre les deux, ce qu'il prend comme douches froides !

  • J'habitais Roanne - extrait

    Dans le chapitre qui concerne le faubourg Clermont.

    "Le mouvement, voilà ce que je retiens de ma vie ici. Le mouvement, la conscience physique du mouvement, car le faubourg s'est construit sur l'axe d'une pente forte qui culmine vers Saint-Clair. Je suis un sédentaire, j'aime l'alanguissement et l'attente, la méditation et la sensation du temps qui s'égrène ; mais un pas dehors dans ce quartier, et tout semblait se mobiliser pour m'extraire de ma fixité, m'amener bénévolement à la noria de la vie. Descendre, monter, le tout à pieds bien souvent, comme les trajets de nos enfants pour l'école. Eux ne connaîtraient pas le déroulement immobile de mon enfance à Mulsant avec ses trottoirs aplatis sous les yeux, mais la dégringolade ou l'escalade, la vitesse de l'aller et l'essoufflement du retour. Tous les deux se tenant la main, ils allaient vite, saluaient les commerçants, sortis sur le seuil pour le recevoir, d'un « bonjour » rituel, lancé comme un coup de clairon. Le dimanche, s'ajoutait à cela l'agitation tourbillonnante du marché le matin, sur l'ancienne « Place du Peuple », devenue place Gabriel Péri en 1945."

  • Observation

    Mais l'arrosoir, qui accumule l'eau et restitue la pluie, n'est-il pas un nuage à la forme excessivement étrange ?

  • Bientôt à Roanne

    "Il me semble que Roanne se résumait initialement à notre chambre, à la vue depuis la fenêtre, et au trajet vers l'école dans quelques rues. Quelques rues, empruntées à pieds toujours et regardées avec la myopie de l'enfance : les trottoirs de ciment ou de terre battue, les rues goudronnées, les pavages fragmentaires, les façades limitées au rez-de-chaussée, des carrefours examinés gauche et droite pour la seule intelligence du danger automobile, soit un champ de vision réduit à peut-être une douzaine de mètres autour de nous et à trois mètres au dessus des visières de nos casquettes de cuir." 

    Extrait de "J'habitais Roanne", 300 pages, 19 euros. Thoba's éditions.

  • Un jour, tu verras

    Reprise d'un billet écrit en 2008. Franchement, je n'étais pas sûr qu'on y arriverait :


    Un jour, il sera seul, sa belle femme l'aura quitté, aucun éditeur ne trouvera intéressant de publier ses mémoires et ses amis seront morts ou auront fui, on ne l'évoquera plus nulle part, et nous, à l'occasion d'un souvenir, verrons sa figure resurgir, et nous nous demanderons bien quel accident s'est produit, quel abrutissement des foules a bien pu le créer, comment une majorité de personnes ont pu le mettre au pouvoir. Des électeurs dont on ne trouvera d'ailleurs plus trace. Son règne sera le sujet d'études de sociologues, de psychologues, de spécialistes de l'opinion publique et de ses dévoiements. Et des copains me diront : "tu te souviens, quand tu disais qu'il serait un danger pour la démocratie ?", et je rirai de mes peurs, étonné de nous avoir cru si faibles alors, tandis qu'en fait, nous le tenions en respect. Grâce à notre vigilance.

  • A peu près

    Et Venise cette-fois, submergée totalement. Saint-Marc coule corps et âme. Mais l'amateur de fromages n'est pas affligé : il préfère les saints vénitiens bien coulant.

     

    (Hum...)

  • Bon, parlons d'autre chose

    Couverture_Jhabitais-Roanne_Basdef.jpg « J'habitais Roanne », mon prochain livre, sort la semaine prochaine. Vous ne le trouverez qu'à Roanne, c'est logique : il est écrit pour cette ville, pour ses habitants. La première critique parue dans La Muse n'est pas enthousiasmante, même si elle est plutôt positive. Que voulez-vous, on aimerait chaque fois emporter l'adhésion la plus complète. Et puis, on pense à l'éditeur, aux risques qu'il prend, au travail effectué par toute une équipe, aux treize mois passés sur l'écriture, aux sacrifices demandés à l'entourage pour obtenir ce résultat.  Je mets ICI le lien de l'article de Franck Guigue pour la Muse (lire pages 24-25). Même si, comme dit un copain « ça donne pas envie de le lire », je soutiens la liberté critique.

  • Corie chez les Belges

    Pour les amis Belges de passage sur cette page : vous avez jusqu'au 20 mai pour découvrir une artiste exceptionnelle : Corie Bizouard. Peintre, graveuse, exigeante et subtile, elle expose à la galerie [Image]².  59, rue de la Madeleine, à Bruxelles, ville de toutes les surprises. Si vous n'êtes pas loin, allez voir, parce que Corie possède et délivre un univers riche, bien à elle. je vous donne ce conseil, c'est juste pour votre bien.

  • Ejection précoce

    Ce n'est pas fait, rien n'est fait ! Avec les marges d'erreur et sept millions d'indécis (qui sont des gens qui voudraient bien voter à droite mais ont un peu honte de l'avouer), il y a une possibilité qu'on se retrouve avec un Président sortant triomphant du haut de ses 50,3 %. Vous ne viendrez pas dire que je ne vous avais pas prévenus. Allons plus loin : OK, Sarkozy gagne. Il terrorise son camp, fusille à tout va. La droite, de toute façon, explose, l'extrême-droite se rengorge, la gauche, à mon avis, se renforce dans l'adversité (passée si près, elle ne peut pas accabler Hollande). Forte de près de la moitié des électeurs, elle peut faire du barouf autour de deux ou trois dossiers sulfureux (Karachi, Kadhafi). Les législatives arrivent. Sarkozy n'est toujours pas en position de force, malgré son élection. La gauche soudée l'emporte, et... cohabitation. Hollande, premier ministre de Sarkozy. Hein ? Franchement, je préfèrerais qu'on en finisse plus vite.

  • effet domino

    On a vidé les hôpitaux psychiatriques et rempli les prisons en ajoutant les malades les plus dangereux et dont il fallait bien faire quelque chose. Les prisons surpeuplées génèrent des névroses ingérables en milieu carcéral. On sera donc obligé de rouvrir les hôpitaux psychiatriques pour y mettre d'anciens détenus devenus déments, qui s'ajouteront aux malades dangereux enfin réintégrés. Je ne sais pas qui a cru gagner quoi que ce soit dans l'opération, mais il mérite de faire un séjour dans l'une ou l'autre institution.

  • Superproduit

    Dans son prochain film, il mettrait tant d'explosions, d'effets spéciaux et de cascades, le rythme serait tellement trépidant, les péripéties tellement sensationnelles, que les personnages en seraient quasiment absents, le contexte inexistant, le scénario inutile. Il conclut la conférence de presse en annonçant que ce serait le premier film expérimental à 300 millions de dollars.

  • Les bons contes font les bons amis

    Sur les sept nains, seuls six avaient reçu de Blanche-neige un surnom. Pas étonnant que le septième, qu'elle avait complètement dédaigné, se fut appelé, finalement, Grincheux.

  • Sondé

    Les statistiques de Kronix sont nettement en baisse en avril. Ai-je été plus mauvais que d'habitude ? Certains ont-ils été désagréablement surpris de mes prises de position sur l'actualité ? Dans le premier cas, il faut que je me ressaisisse, dans le deuxième cas...

  • Petits arrangements

    Et là, Leonardo eut un doute. Respecter la vérité au point de montrer la dentition lacunaire et gâtée de son modèle ? Non. Il demanda poliment à Mona de continuer de sourire tout en gardant les lèvres bien fermées.