Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Virginales

    Les charolaises, obstinées, broutant immobiles sous le fort soleil. Et pas une de bronzée.

  • Fond de tiroir

    Extrait non retouché d'un très vieux roman (probablement années 85-90) heureusement inédit, mais il y avait quelques petits éclats, comme ça :

    "Me revient un très beau moment de ma vie ; la seule fois où j'ai vu l'amour littéralement  illuminer le visage de quelqu'un. J'étais dans le métro, à Paris ; j'attendais debout dans une voiture bondée. Arrive une station, filant à toute allure vers les flancs de la voiture. La première chose que j'ai vue, ce n'est pas le quai, la foule, les affiches, l'éclairage, non… C'était le sourire d'un garçon de vingt ans. Il était radieux, vraiment, c'est-à-dire qu'il éclairait tout ce qui se trouvait autour de lui, autour de son seul sourire. En une fraction de seconde j'ai pensé : celle qui est aimée de ce type doit être exceptionnelle. De celles pour qui les hommes sont capables de devenir meilleurs. C'était un sourire magnifique qui enflait le cœur, qui me rendit immédiatement heureux. Et puis un autre garçon descendit de la rame et vint embrasser son ami, voluptueusement. J'avais vu un véritable amour, comme les hétéros n'en connaissent peut-être pas. En tous cas, je ne pense pas qu'aucun de mes sourires, adressé à la femme que j'aime, aie pu faire un effet semblable sur le chaland moyen. Etre hétéro, je crois que cela vous coûte une certaine paresse des sentiments. Dans nos sociétés, les homos ont peut-être encore une urgence à vivre leur amour, qui le rend entier."

    D'une certaine manière, en y repensant, il s'agissait d'une tentative d'écriture mêlant les réflexions intimes et la déambulation qui se cristalliserait 20 ans plus tard dans "J'habitais Roanne". On marche toujours sur les pas de ses rares obsessions.

     

  • Inspirer

    Il est très rare que cela m'arrive. Même, je crois que la situation est unique. Je viens de finir un roman sans avoir attaqué le suivant. Non pas que les sujets manquent : j'ai au moins quatre projets qui ont dépassé la seule nébuleuse idée d'un « tiens, et si je faisais ça ? », mais j'attends la réponse d'un éditeur sur le premier volume d'une saga pour décider si j'attaque le deuxième volume ou si je me consacre, par exemple, à un énorme prochain chantier autour d'un thème historique. J'attends un peu car la deuxième option m'obligerait à m'y consacrer entièrement, et pour plusieurs années. Cette attente, c'est un peu la goulée d'air prise avant la plongée en apnée dans les abysses.

  • En pleine chaleur

    Présentation Lucifer Elégie.jpgBondeCde_Lucifer Elégie.jpg

    Tandis que l'auteur s'amollit sous les feux de l'été, l'éditrice continue d'œuvrer, et comment la remercier ?

    Jackie Plaetevoet, auteure et éditrice (Sang d'Encre), vient de faire paraître une série de mes textes dans sa collection Opuscules. Il s'agit de deux textes réunis en un seul recueil : « Lucifer Elégie » et « Nos futurs ». Deux textes au propos et aux tonalités très éloignés voire antagonistes quoique parents, dont la genèse et la forme semblent si différentes qu'elles paraissent issues de deux auteurs. C’est le cas, d'une certaine façon : le premier a été écrit par le quadragénaire que je fus, le second par le quinqua que je suis.

    "Lucifer Elégie".

    Les grandes figures mythologiques m'ont toujours paru proches et touchantes, tangibles comme les membres de ma famille et mes amis. Je les sollicite souvent pour bénéficier du raccourci que permet leur caractère universel. « Lucifer Élégie » est une suite de confidences de la figure de Prométhée, confondue ici avec celle de Lucifer. Parce que, étymologiquement, Lucifer (lux, ferre) est le porteur de lumière, celui qui n'admet pas la décision injuste de(s) Dieu(x) d'abandonner l'humanité à son innocence. Lucifer et Prométhée sont des philanthropes. Mais une bonne action est toujours punie. Ces confidences sont émises depuis les lieux où le grand révolté est enterré, par volonté divine. Elles font écho bien sûr, aux colères enfouies chez chacun de nous par souci de conventions sociales, mais aussi aux regrets des défunts, quand il est trop tard pour exister. Ce sont des paroles de spectres.

    « Nos Futurs » est une série de variations autour de l'idée de lendemain, de futur, d'avenir, autour de la notion du temps. Un embryon de cette série de textes courts avait été initiée après une première collaboration avec Jérôme Bodon-Clair, compositeur de la musique du « Rire du Limule », justement. Tout se tient. Laissé en jachère, « Nos Futurs » a trouvé sa forme définitive grâce à l'élan donné par Sang d'Encre. Il me semblait que c'était le texte inédit le plus adapté pour accompagner « Lucifer Élégie ». Jackie a approuvé ce choix, par goût littéraire bien sûr, mais aussi parce que des passages font écho à certains aspects de sa vie.

    Aujourd'hui, ces deux textes rassemblés bénéficient du travail de l'artiste Corie Bizouard, qui les a illustrés (n'ayons pas peur de parler d'illustrations, me disait-elle), prolongeant les peurs et les ténèbres, révélant des images à peine esquissées entre les lignes, maniant un certain humour parfois. Des images d'une grande intelligence et d'une grande force graphique, car nées dans la puissance de la spontanéité. Les corps y apparaissent en creux dans la texture de l'encre noire ou en surfaces pleines, contours déchirés par la sécheresse d'une brosse (et essayez de répéter dix fois très vite cette dernière partie de phrase). Plusieurs dessins ont été faits à la peinture rouge, ils apportent des ruptures bienvenues. Corie a vraiment fait un travail de grande qualité, et c’est toujours intimidant, déstabilisant même, de se voir épauler par tant de talents.

    En vignette, la présentation et le bon de commande de la maison d'édition Sang d'encre.

    Le produit de la vente des livres par bon de commande revient intégralement à cette petite maison d'édition de la région lyonnaise.

    Merci de votre soutien et de faire suivre aux personnes susceptibles d'être intéressées par ce message.

    Bonne journée à tous.

  • Non-billet

    J'ai bien pensé à écrire quelque chose, mais le fleuve, le soleil, l'ombre sous le saule, le silence bercé par le murmure du vent, la chaleur, un bon livre, ma douce allongée à côté de moi... Personne à l'horizon. Il aurait fallu être un sacré goujat pour partir et faire cet affront à mère Nature qui avait si bien fait les choses. Je sais compter sur votre compréhension.

  • Profil

    La silhouette de la grande pyramide fut inspirée par celle du drap de Chéops, un matin où il se réveilla particulièrement en forme.

  • La loi des séries

    Décidément, c'est à une véritable série noire à laquelle on assiste. Cette semaine, dans la Loire, une quatrième personne a trouvé la mort après s'être enfoncé des bouchons de champagne dans les oreilles et des crevettes dans les narines. Le docteur Molcru, expert en cette matière, relativise la catastrophe en rappelant que ce nombre de victimes a été atteint en deux siècles.

  • Raté

    Le Jury du prix Lettres frontière a voté pour ses dix livres préférés parmi les vingt présélectionnés. Mausolées n'a finalement pas été retenu, pas plus que le Rainbow Warrior d'Ayerdal. En cause, le genre ? Je note tout de même, pour la première fois il me semble, un choix qui ne consacre que de grands éditeurs (pour Rhône-Alpes en tout cas). Un des aspects les plus louables de cette sélection a donc été sacrifié. La volonté d'attirer un public plus nombreux ? J'espère que non. Cela dit, aucun de ces titres ne désoblige le jury. Tout est excellent.

    Rhône-Alpes 

    Suisse Romande

  • La menace

    Sa phobie des plaques d'égout expliquait sa conduite imprévisible. Il faisait de brusques écarts sur la route pour les éviter et entraient souvent en collision avec l'infortuné automobiliste, arrivé face à lui. La fréquence de ses accidents étaient pour lui la preuve de la dangerosité de ses cercles de fontes. Il était difficile de le contredire sur ce point précis.

  • D'une pierre, deux coups

    Derrière les barreaux des cages miteuses des cirques et des zoos, remplaçons les animaux qui n'ont rien fait de mal par des criminels costumés en singes, tigres, lions et otaries. La surpopulation carcérale s'en trouverait diminuée ainsi que les mauvais traitements infligés à nos amies les bêtes. Et tout cela en apportant une saine distraction pour les enfants. Que l'on me contacte, à Paris, j'ai des solutions !

  • 1%

    Pour le nouveau groupe scolaire, l'artiste avait proposé une sculpture composée de ferrailles contondantes et rouillées, hérissées de pointes de ciseaux, lames de scie tranchantes, couteaux, bords affûtés. Le projet avait été rejeté à l'unanimité des enseignants moins une voix, celle d'un vieux professeur de Français, désabusé par ailleurs, et qui réclamait la présence de cette œuvre au milieu de la cour, avec une lueur exaltée dans le regard.

  • Se dé-fouler

    La foule se pense comme pensant à l'unisson, et puis elle se disperse et les individus reprennent forme et caractère. Comme ils étaient bien, fondus dans le groupe, cohérents, en place ! et les voici rendus à leur solitude, leur amertume, leur vraie dimension dont ils n'ont que faire. Leur revient comme un rêve le désir de se réduire, de se tapir au milieu des autres, s'agglomérer aux flancs et aux pensées des autres. Disparaître à force d'être nombreux.

  • Non fiction

    Je vois ce type, sur la place, descendre de sa voiture et extirper avec peine un énorme bouquet de fleurs de la banquette arrière. Son portable sonne, il décroche. Il écoute et l'expression de son visage se fige, le bras qui tient le bouquet se détend, et les fleurs, seconde après seconde, piquent plus verticalement vers le sol. Il ne dit rien. Raccroche. Jette son bouquet par terre et remonte dans la voiture. Je viens d'assister à un petit drame merdique.

  • ALIROULU 2-E4

    Dernière livraison du P'tit Lab, de l'ami Yohann Subrin, un Aliroulu qui évoque un livre dur, méchant, à part: Sida Mental, de Lionel Tran, chez Ego comme X.

     

    Ce n'est pas le billet du jour, c'est un bonus. Les billets sont postés paresseusement vers la fin de journée, à peu près.

  • Souvenir de Moscou

    C’est pendant la visite du mausolée de Lénine que la fille tenta de lui voler un baiser. Il la détestait, le lui dit sans ambages, ajoutant même qu'il préférerait rouler un patin à la momie de Lénine plutôt que de l'embrasser, elle. Mis au défi de le prouver, il s'était exécuté. Après coup, franchement, il avait regretté ses paroles.