Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

rencontres avec des gens biens - Page 34

  • Le sens des choses

    Dans le petit village où elle vivait, V. et son mari faisaient partie de ceux qui animaient la vie. Ils étaient des piliers de l'animation culturelle (au sens noble) du lieu. Il y a quelques mois, nous avons débarrassé les bénévoles qui s'occupent de la petite bibliothèque de ce village, de quelque deux-cents ouvrages que personne n'empruntait. Ce matin, en feuilletant l'un d'eux - le récit du séjour de Chopin et George Sand dans l'île de Majorque - nous tombons sur la carte de la bibliothèque, encore en place. Le livre n'avait été emprunté qu'une fois, par la seule personne qu'un tel sujet pouvait intéresser. V. Nous sommes à six mois de sa disparition et il arrive que nous pensions moins à elle, même quand nous discutons l'organisation des petits événements avec son mari ou sa fille, et là, sa brusque irruption dans notre bibliothèque, dans le repli tellement silencieux et doux d'un livre, je dois dire que ça nous a un peu cueillis. Je ne sais pas trop quel sens ça peut avoir, mais nous allons garder cette carte, à sa place, dans le livre.

  • l'Envol

    LEnvol.jpgManière de promenade, échange entre personnes qui ont à se dire : désormais une toile de Christine Muller, dédicacée en remerciement du texte que j’ai écrit pour son livre (sortie en septembre chez Thoba’s édition), fait partie de notre univers et s’y trouve bien, je crois. La place a été difficile à trouver, et elle est plus modeste que prévue (le grand mur sur lequel nous avions d’abord imaginé l’installer ne convient pas, finalement), mais parfaitement adaptée. Je voulais juste vous faire partager ce moment de plaisir qui se prolonge, se prolonge…

    Il en est ainsi d’autres, issus de rencontres (toujours), d’échanges ou d’achats (parfois). Autres histoires dont je vous parlerai sur Kronix bientôt.

  • Les belles personnes

    Nous avons vécu des moments formidables, cette semaine. Dans le cadre de l'écriture de la future pièce « Peindre », nous avons rencontré plusieurs peintres dans leur atelier, et écouté, interrogé, recueilli, ce que notre présence attentive leur inspirait. De beaux instants, des heures dans une dimension où les avanies du monde ne sont autorisées à entrer qu'après être passées au filtre de la passion. Des leçons de vie, en général. Cela concerne les choix, les parcours, les engagements de chacun. Cela concerne la place des artistes dans la société. En fait, plus que tout autre, un artiste sait où il est. Voilà ce que je retiens. Et ça fait envie, si je puis me permettre.

    De belles pensées pleines d'émotion à Jean-Marc, Catherine, Marie, Pao et Christine (par ordre d'apparition sur notre cheminement).

  • Véro, la nuit

    Nous sommes rarement vainqueurs. La camarde est un adversaire tellement redoutable. Elle a porté le coup fatal hier soir, et cet uppercut nous a tous assommé, simultanément. De ma place, j'ai souvent peur que ma douleur soit illégitime. Mais elle est vraie, profonde, génante. Permettez-moi de me livrer ici, quelques instants. Nous pensons aux deux êtres qu'elle laisse, la douce, la délicate Véro. Aussi doux et délicat qu'elle fut.

    Nous pensons à eux, nous pensons à elle. Nous savons qu'il n'y a pas de résurrection pascale. Nous savons l'irrémédiable des disparitions. Et les êtres aimés, adorables, silencieux, souriants, tendres, attentifs qui nous quittent, nous savons que nous ne les retouverons jamais. Il y a peu de choses en ce monde qui soit irrémédiable. En voici une. Et cette impossibilité d'un retour, nous cause une révolte...

    Je regarde par la fenêtre la lumière incertaine, et j'enrage stérilement qu'elle ne soit plus là pour la goûter ce matin. Et tous les autres matins du monde.

  • Véro

    Nous savons bien qu'il n'y a pas de justice. Nous savons bien que les bons et les méchants sont frappés également, sans discernement. Personne à qui adresser une prière, personne à qui demander pardon de notre impuissance, personne à qui demander pitié ; qu'il est lourd le fardeau de l'incroyant.

    Sous le même ciel que le vôtre, une femme se bat, sur la même terre que la vôtre, un homme doute, respirant le même air que le vôtre, une jeune fille a peur.

    Et mes mains incapables ne peuvent qu'aligner des mots qui ne soulagent aucune souffrance.

  • Expo

    Aujourd'hui, vernissage de l'exposition Mazoyer/Perrot, au château de Beaulieu, à Riorges.

    Deux artistes qui oeuvrent, en ce moment-même, l'un en BD sur un scénario que je lui ai spécialement concocté, à sa demande ; l'autre sur des contes que je lui ai bien volontiers confiés. Tous les deux y mettent un enthousiasme qui devrait, nom de bois, dépasser les frilosités éditoriales communes.


    Venez nombreux les soutenir.

  • A confesse

    Elle avait dix ans, onze ans, pas plus. Ses parents, redoutant de la voir isolée des autres enfants du village, car elle était une des rares élèves de l'école publique, l'avaient tout de même inscrite au catéchisme. Consciencieuse comme toujours, elle y apprit la vie du petit Jésus et ses merveilleuses aventures. Elle excellait. Le catéchisme conduisait logiquement au cérémonial de quelque communion, solennelle ou autre. Un curé lui fit passer sa première confession. Il fallait donc qu'elle confesse ses péchés. La petite ne comprenait pas : quel mal avait-elle bien pu faire ? Le curé se porta à son secours : tu as bien volé un bonbon, mal répondu à tes parents un jour, fais du mal à un petit camarade, mal appris tes leçons ? Non, non, rien de tout ça. Elle aimait doucement tout le monde, adorait apprendre, il ne lui serait jamais venu à l'idée de voler quelque chose, et sûrement pas d'élever la voix contre ses chers parents. Elle avait beau chercher, la petite était dans la plus grande confusion : elle n'avait jamais péché, à sa connaissance. Pourtant, elle faisait preuve de bonne volonté, se torturait l'esprit pour faire plaisir au bonhomme noir qui lui répétait : « mais si, enfin, cherche, tu as forcément péché ! » Rien à faire. Le curé lui imposa donc d'avouer n'importe quel forfait, pourvu qu'il puisse lui octroyer le pardon de Dieu qui, là-haut, guette les faux-pas des innocents. Elle avoua donc, mortifiée, ulcérée, un acte qu'elle n'avait pas commis. Le curé bénit son mensonge, satisfait d'avoir bien œuvré pour cette âme déjà pervertie par l'enseignement public.

    Cette âme pervertie est celle de ma douce, restée confiante malgré tout dans le genre humain, et toujours aussi incapable de faire du mal.

    Et c'est son anniversaire aujourd'hui.

  • Orage

    Je repêche cet extrait d’un texte écrit pour un jeune photographe prometteur. Ce texte accompagne une exposition en Pologne. Il a donc été traduit, et le commanditaire a promis de me le faire entendre dans cette langue, expérience dont je m’émeus par anticipation. La série de photos est inspirée du thème de l’orage. J’ai choisi cet extrait, parce qu’il n’est pas question –frontalement- de photographie :

    Bien sûr, il y a la puissance des bourrasques et la dureté pénétrante de l'eau, précipitée contre le sol depuis des abîmes qui frôlent les étoiles ; bien sûr il y a l'odeur de la terre abreuvée et les fourches éclatantes balancées d'un nuage à l'autre ; bien sûr il y a la spectaculaire démonstration de force de la nature. Mais l'orage, c'est aussi, c'est surtout, l'attente.

    Le jour qui prend la teinte de l'acier, la chaleur qui tombe sur les champs et pèse sur la poitrine comme une angoisse, l'amoncellement vertigineux des vapeurs blanches, grises puis noircies, l'amollissement des pensées qui se perdent vers des ailleurs, les visages qui s'immobilisent dans la méditation. Avant l'orage, il y a l'inquiétude mais aussi l'exaltation, celles des hommes rejetés aux temps des abris précaires et des dieux impitoyables. Il y a la peur primitive d'être vulnérable. Et cela dépasse l'émotion retournée sur soi : cette suspension des certitudes se propage dans les éléments du décor. Les arbres au feuillage soudain immobile, les animaux arrêtés, disparus, réfugiés, les enfants muets, les gestes fatigués, les fauteuils abandonnés, les volets entrouverts, les murs ombrés d'une patine étrange. La lumière change de visage, les visages jettent une lumière nouvelle, faite d'ombres. Le paysage se modifie, s'imbibe de cette angoisse de fin du monde. Tout fait bloc, s'éternise, les choses, les hommes, les animaux. La pression bâillonne le temps. Enfin, dans une vaste respiration, le ciel rugit.

    L'orage retourne le ventre du ciel, exhale l'âme de la terre, disperse les humains négligeables fondus dans la tourmente. Au-dessus des maisons, dans les maisons, l'œil, les regards, les arbres, la pluie, l'averse, le chœur mêlé des foudres et des femmes infimes, sur la plaine lourde de blé, le vent, les bourrasques terreuses, une griffe électrique écorche l'horizon, derrière la herse verticale de la pluie, rues et passants incertains se chevauchent. Le cœur explose, l'air se soulage, la vie crépite et hurle partout. Nous sommes au centre du temps, tout reprend sens, et l'homme est à l'écoute du pouls de la terre.

    Nous avons tous connu l'orage. Mais combien d'orages ? Pourtant, dès l'enfance, la pulsion est la même, l'attente angoissée est la même, la pleine aspiration des poumons délivrés est la même. Ainsi, jusqu'à la fin des temps, il y aura cette alliance brutale de l'homme avec le ciel, cet instant de l'orage où ils se rencontrent, ce creuset où fusionnent le sublime et l'intime.

  • La beauté du regard

    De temps à autre, je passe sur le blog de Jean-Pierre Pyat, histoire de côtoyer un temps la beauté des choses. Si vous avez deux minutes, et envie de sourire à la vie, je vous conseille d'y aller faire un tour :

    http://finirenbeaute.over-blog.com/

  • Message

    La sortie du "Baiser..." génère des bienfaits absolument inattendus. Comme ce message, déposé sans doute dans la journée, d'une dame extrêmement gentille. Cela commence par : "Christian Chavassieux, je suis très fière de vous...". La voix d'une femme qui avoue quelle "vieillit", et poursuit en me disant que, dans sa bouquinerie, rue de Cadore, elle m'avait exposé. C'était il y a presque 30 ans maintenant ! Quel vertige ! Elle a appelé pour me féliciter pour le livre et pour la pièce, se souvient de moi. Je me souviens parfaitement d'elle, de sa librairie (mais à l'époque, j'étudiais à Saint-Etienne, et je hantais plutôt les librairies stéphanoises), je me souviens aussi de mon exposition vraiment foireuse (si j'ai le courage, unn jour, je vous raconterai). Je suis très heureuse qu'elle ait appelé, très malheureux de n'avoir pas été là pour lui répondre. D'autant plus qu'elle n'a laissé aucune coordonnée où la joindre.

    Visiteurs roannais (et vieux roannais), si vous vous souvenez de la Bouquinerie, 14 rue de Cadore, fameux lieu culturel que nous n'avons pas assez soutenu à l'époque, merci de votre aide.

  • Burt, Godot et le limule

    Le plus beau dans les projets, ce sont les rencontres qu'ils génèrent. "Le rire du limule", la pièce que j'ai écrite pour être jouée en avril, est en ce moment travaillée par son metteur en scène, François Podetti (alias "Burt", dans Hero Corp, la série de Simon Astier sur Comédie). François sait faire autre chose que lancer du shampoing (voir la série pour comprendre), il est issu du théâtre, est un lecteur fin et un metteur en scène inventif. Depuis l'an dernier, et surtout cette année, il dissèque le texte pour en extraire la substantifique moëlle, et l'intelligence de sa lecture est un émerveillement. Il parvient à déceler des subtilités imprévues, découvre des orientations que j'avais à peine suggérées, ou qui étaient carrément inconscientes. Une recherche dans le verbe, qui illustre combien est vraie cette idée que le livre est autant le travail du lecteur que de l'auteur. Et ces idées de mise en scène ! Si les acteurs sont à la hauteur, je vous assure que ça va être une merveille.

    Là dessus, se pose le problème de la musique. Car j'ai imaginé, tardivement, ajouter deux chansons dans le spectacle. Il nous faut un musicien. J'imagine alors la rencontre de François avec Jérôme Bodon-Clair, alias Godot, auteur, musicien, compositeur et récente découverte, grâce à l'entremise notamment de Joven, (dessinateur dont je vous parlerai un de ces jours, car nous avons aussi quelque chose sur le feu). Comme je le supposais, la rencontre est immédiatement fructueuse : Jérôme et François sont sur la même longueur d'ondes, Jérôme comprend instantanément le propos, son ambition, l'ambiance que nous souhaitons. L'expérience ne fait que commencer mais déjà une nouvelle réunion a eue lieu, avec un ami photographe, Marc Bonnetin, qui va s'occuper du décor "numérique" de la pièce. Et dire que tous ces talents naissent dans le cadre étroit de notre petite ville... j'en suis constamment épaté, depuis toujours.

    Autrement, hier, mon interview s'est très bien passée. Il faut dire que le journaliste avait lu le livre, ce qui est un bon préalable. Dommage que son article paraisse dans une revue assez confidentielle, destinée aux agriculteurs. Mais après tout, je suis curieux de savoir comment "le Baiser" pourrait être reçu dans le monde rural. Alors que c'est un livre essentiellement urbain. Encore une expérience.

  • Une petite dernière pour Pao

    C'est que son travail m'inspire... (j'aimais bien celui-là, mis il a dû juger ça trop intello.)

    "Dans le carré –forme en laquelle les penseurs du moyen-âge voyaient le symbole de la matière et du concret– Yves Paoli ne cherche pas le cercle, cercle que les mêmes penseurs considéraient comme le symbole de la pensée. Il y a beau temps que le peintre a saisi la vanité du problème de la quadrature du cercle : le carré ne se transforme jamais en cercle, le concret ne restitue jamais la vérité d’une pensée.

    Yves Paoli a donc dépassé ce constat. Renonçant à transmuter l’idée en matière, il a fini par découvrir comment intégrer de la pensée dans du concret. Les carrés, qui sont la forme de toile qu’il privilégie depuis plusieurs années, sont découpés par plages successives, leur étendue subit plusieurs aménagements, qui la morcellent. Les surfaces ainsi travaillées isolent des matières et des couleurs, reconstruisent l’espace et, finalement, épaulent le regard, l’accueillent et le conduisent. Mais amicalement, avec délicatesse, avec la même élégance sereine qui fait se côtoyer un gris bleu et un gris ocre. Il s’agit pour le peintre de ne rien faire trompetter, de moduler sans mettre en avant un élément trop voyant, trop marquant. L’harmonie et l’équilibre sont recherchés. Et si les découpages jointifs entrainent l’œil du visiteur à se focaliser sur une surface particulière, une forme ou une couleur, cette progression à l’intérieur de l’œuvre s’est faite sans heurt, avec la complicité malicieuse de l’auteur qui est parvenu, sans tapages, à ses fins."

  • Exposition Yves Paoli à Roanne

    L'inauguration a lieu ce soir. Je vous confie cet autre texte.

    "D'un atelier à un autre atelier, d'un lieu d'exposition à un autre lieu d'exposition, d'un atelier à un lieu d'exposition, aussi court que soit le trajet, aussi attentifs que soient le peintre ou le galériste, le tableau est un errant inquiet, une chose perdue, un témoin qu'on trimbale d'une salle d'audience à un bureau, mais qui ne peut rien révéler avant l'heure du procès. Le tableau en transit est dépourvu de sens. Il attend. Il ne parlera qu'en présence de son visiteur.

    Dans cette attente, le tableau revenu à sa modeste condition d'objet, rayonne pourtant dans l'ombre où il est remisé. Tout son pouvoir est là, vibrant et pourtant contenu. Le visiteur est celui qui saura, par le charme de son regard, le réveiller. Et ouvrir ses merveilles."

  • Exposition Yves Paoli à Roanne

    Petite respiration dans la marche promotionnelle du Baiser. Ce soir, dans la Galerie Pikinasso, à Roanne, Yves Paoli présente une quarantaine de toiles. Paoli est un artiste exigent, discret, qui a toujours vécu de sa peinture, l'heureux homme. Un livre lui a été consacré il y a quelques années, et c'est une figure singulière de l'art. Il reste attaché au support de la toile, à l'abstraction, et ses oeuvres sont de la pensée en couleurs.

    Pao (ses amis l'appellent comme ça) m'a demandé de lui écrire un texte, pour cette exposition intitulée "D'un atelier à l'autre". Car il s'agit d'une presque-rétrospective de son travail sur plusieurs années, qui l'ont vu changer de ville et, donc, d'atelier. J'en ai écrit plusieurs. Je ne vous dévoilerai pas celui qu'il a choisi (il faudait venir pour ça, à Roanne), mais ceux dont il n'a pas voulu (ce qui ne veut pas dire que c'est du rebut à jeter, je crois). Voici le premier :

    "Cher visiteur. Entre les deux dimensions de la toile, le savais-tu ? Vivent repliées des mémoires de voyages.

    Comme la Joconde qui regardait la Loire depuis les fenêtres d'Amboise, respirait encore les effluves de l'Arno, ainsi les œuvres d'Yves Paoli exposées ici conservent le souvenir d'autres horizons. Car elles ont traversé des lumières et des jours pour venir jusqu'à toi, et le voyage n'est pas achevé. Toute œuvre est émigrée, tout art est exilé et cherche refuge. D'un atelier à l'autre, d'un regard à un autre regard, d'une ville à une autre ville.

    Ce tableau que tu admires, c'est un passant venu à ta rencontre, déjà tourné vers les lointains, mais qui s'est arrêté là pour te parler. Visiteur, frère migrant, tu es invité à partager cette pause. L'œuvre de Paoli te suggère de laisser tes valises ici, maintenant. De t'appuyer un temps contre l'opacité tendre de ses noirs ou le chatoiement de ses rouges. Tu es arrivé, repose-toi, souris, prends ton temps.

    Écoute les couleurs parler de leur traversée, des paysages qu'elles ont parcourus et dont elles ont capturé la lumière, dont elles ont saisi quelque géométrie. Retiens d'elles la leçon que tu veux. Comme ce jour que tel ami, revenu de pays inouïs, te disait ses émerveillements, et que tu voyageais à ton tour, sans bouger de ta chaise. Ainsi te parlent les tableaux d'Yves Paoli.

    D'un atelier à l'autre, il y a la force gravitaire des toiles, l'univers tournant dont elles sont l'axe. La dernière invention de ces temps de la fin, où le mouvement désespéré des astres et des hommes se précipite et se concentre."

  • Le nuage de chair

     

    Juste pour claironner la naissance de ce blog, vagissant sous la plume d'un véritable auteur, lui.

    Bon vent à ce nuage de chair.

     

  • Noël avant Noël

     L'image (mochement scannée) ci-dessous ne vous dira rien, bien sûr. Mon pitoyable logiciel de scannérisation (quand vais-je pouvoir réinstaller photoshop ?) met à bat tout espoir de vous faire partager mon plaisir. Yves est un peintre reconnu. Des années et des années à se consacrer à son art ont produit un être bienveillant et sûr de la valeur de son travail, ainsi qu'un parcours artistique admirable mais sans coups de clairons médiatiques ou autres artifices du milieu de l'art contemporain. Il lui suffit d'être aimé (et acheté) par un large cercle de connaisseurs qui apprécient une oeuvre juste.

     

     

     

    medium_YPaoli.JPG

    Il y a peu, au soir du vernissage d'une exposition qui présentait sa production récente, je me suis permis de faire la seule chose que je crois savoir à peu près faire honnêtement : écrire. Ecrire sur son travail. Ca commençait de cette façon :

     

     

    "Cher Yves,

    tu as eu la gentillesse d’accueillir en souriant ma prétention à résumer ton travail exposé par la formule de « la pensée en couleur ». Or, les minutes passent et je ne peux que confirmer cette impression. Parce que je vois de l’intelligence qui s’interroge, de la pensée qui grave son chemin, sur chaque toile présentée. Les rouges, les ors, les mauves et les noirs colorés développent leur surface et se côtoient, et ta pensée déroule des arguments plastiques, une rhétorique de la lumière, qui leur permet de jouer ensemble, sans blessure, avec jubilation."

     

    Ensuite, j'évoquais plus spécifiquement certains thèmes de son oeuvre, mais ça, ça reste entre lui et moi. Cette petite lettre suivait un certain nombre de discussions amicales en tête à tête, dans son atelier. Et l'autre jour, alors que j'allais le voir une fois encore, Yves clôt notre conversation tous azimuts en posant sur la table une enveloppe. C'était pour moi. Un des travaux préparatoires aux cartons d'invitation de l'exposition que j'avais commentée. Tout frémissant et confus, j'étais. Et heureux.

    Pour en savoir plus, parmi les publications consacrées à ce peintre, je ne saurais trop vous conseiller la lecture de cet ouvrage, réalisé par Thoba's éditions, sous l'impulsion de deux amis dont je parlerais forcément un jour ici.

  • Des nouvelles de l'Autre

     

    medium_expo_Kosovo.jpg

    Christian est au Liban en ce moment, où son programme de rencontres avec des personnalités politiques est quelque peu malmené par les tensions actuelles. En attendant, comme si le destin voulait nous obliger à garder le contact avec lui, par delà terre et mer, la revue "Chasseur d'images" N° 290 publie un dossier complet sur son reportage précédent au Kosovo, "l'inconnue européenne". Grandes double pages couleurs, interview de l'auteur, contexte... 12 pages, carrément ! Comment dire ? On est fiers de lui, nous, ses potes.