Pourquoi une préface ? Le post-scriptum d'un récent billet de l'ami Cachard m'a imposé à moi-même une réflexion sur ce mode, qui a ma préférence (et puis aussi, ça me donnait un sujet de billet, en ces temps de disette je vous assure, c'est pas du luxe). Pour l'instant, chaque livre, et il en sera ainsi du prochain (sortie en avril, attention, préparez-vous), est préfacé -voire préfacé doublement comme ce fut le cas du « Baiser. » Pourquoi ? qu'est-ce qui me pousse à aller solliciter mes amis mais aussi un auteur que je connais à peine (Jean-Pierre Andrevon) ou pas du tout (Daniel Arsand -personnellement veux-je dire, je connaissais les livres, et pour cause) pour qu'il se donne la peine de dire « quelque chose » à propos de mes petits machins ? D'abord, justement, il faut distinguer ces deux types de demandes. En ce qui concerne les amis : Jean Mathieu avait eu assez d'enthousiasme pour le manuscrit du « Baiser... » pour me donner le courage d'oser le présenter à des éditeurs. D'une certaine manière, il était responsable en partie de la publication du livre. Quant à Jean-Marc Dublé, je lui devais carrément le sujet du Psychopompe. Pour ceux-là donc, les inviter entre les pages du livre était comme les inviter chez moi, les accueillir, leur faire partager un bon moment. Juste une histoire d'amitié, donc. Quant aux autres préfaciers, et notamment Daniel Arsand, il y a d'abord une logique de complicité : je cite plusieurs fois l'auteur du terrible « un certain mois d'avril à Adana », parce qu'il a habité Roanne et y revient, illustrant idéalement mon petit concept du jokari (lire « J'habitais Roanne » pour comprendre) et que ses propos font parfaitement écho au texte. Mais ça c'est : pourquoi cet auteur ? La vraie question est : pourquoi une préface ? Je pense que ça a à voir avec mon peu d'assurance, ma réticence à me considérer comme écrivain, malgré tout. Il me semble que le préfacier (quelqu'un que j'estime, dont j'apprécie le travail, la culture et le rapport à la littérature de façon générale) ajoute une couche à ma cuirasse, me donne de l'assurance, me dit : « Mais oui, allons, tu es bien un écrivain, tu peux présenter ce livre, ça vaut la peine, tu as mon assentiment. » Quelque chose de cet ordre. Un talisman.
rencontres avec des gens biens - Page 31
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Le talisman
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Hier, Golden Triangle à Villeurbanne
Le dispositif est une architecture ouverte, aérienne et blanche, où se lit pourtant le présage d'un enfermement possible. Dès la première seconde, on assiste à la course éperdue d'un homme entre les montants de la structure. Fugitif, souris de laboratoire jetée dans un labyrinthe, simple symbole de la condition humaine ? L'identification est instantanée. La structure à base de carrés entrecroisés, ce sera tout l'espace scénique, ce sera tout l'univers. Aux spectateurs de le comprendre, de s'y inviter, de participer. La circulation du danseur se heurte aux frontières que deux hommes, mécaniquement, froidement, matérialisent par des sangles de couleurs tendues entre les solives blanches. Une angoisse naît. Angoisse du danseur, montée de la musique, anxiété à laquelle concoure plus ou moins volontairement le spectateur qui se décide à pénétrer entre les montants de bois.
Il existe une tentation peut-être cruelle d'anticiper le jeu, d'aller au bout de la logique et de participer au confinement du fou qui se débat dans des espaces de plus en plus petits, pour voir. Les sangles se multiplient, s'additionnent toujours aussi mécaniquement, par gestes chorégraphiés au millimètre. Au fil du temps, le réseau de sangles réduit l'espace d'expression du danseur, le public le plus volontaire s'est aventuré au plus près du danseur. On pourrait craindre l'emprisonnement, la peur. Mais les ruades révoltées ont eues lieu, les secousses et les velléités de dépassement, tout cela s'est effectué sous le regard de tous. Nous n'en sommes déjà plus là. A la fin, quand il ne reste plus au danseur qu'un triangle restreint, c'est l'apaisement qui survient. Pas la résignation ou le découragement, mais la certitude qu'enfin, chacun a trouvé sa place. Et, les bras ouverts, solaire, l'homme en son triangle irradie de sérénité.
En une demi-heure, grâce à la complicité entre un musicien (Jérôme Bodon-Clair), un danseur (Philip Mensah) et un plasticien (Mark Klee et son assistant), ce spectacle hors-norme construit une histoire muette, fait vivre à tous, public et « agents », une expérience absolument commune, une symbiose rare. Tous lancés dans le même élan, les humains accueillis ce soir-là au Mikrokosm : spectateurs, danseur, musicien, plasticiens, ont vécu et généré quelque chose de l'ordre du mythe.Golden Triagnle est une coproduction NU laboratoire Compagnie, Mikrokosm (Villeurbanne) et Carré Currial (Chambéry), sur une idée orginale de Jérôme Bodon-Clair.
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Face à face
Du jour au lendemain, une personne qui jusque là s'acharnait à écrire dans la solitude, est publiée, propulsée en tête de liste des ventes, traduite en plusieurs langues. Désormais on la regarde différemment. Elle est pourtant toujours la même.
Je suis assis en face de Carole Martinez. Elle sourit. Je lui dis « Ce doit être étrange pour un être normal d'être vu comme une bête curieuse ? » Elle ne répond rien, déploie ses ailes et disparaît. -
N.
Je ne l'avais vue que deux ou trois fois, beaucoup appréciée parce qu'elle était le symbole d'une exigence dans l'écriture, j'avais lu ses textes impeccables et inspirés. Mais je n'étais pas un proche. Quand un ami à elle (presque un parent tellement ils se connaissaient bien), nous a appris la mort de N. dans un mail laconique, hébété, assommé, j'étais sous le choc. J'ai appelé cet ami, redoutant les précisions qu'il allait me donner, et en effet : N. s'était suicidée. Submergé d'émotion, j'ai fondu en larmes incontrôlables, malheureux de cette démonstration, tandis qu'à l'autre bout du fil, un de ses amis les plus proches serrait les dents et affrontait sa douleur avec dignité.
J'ai mal dormi ensuite, enfin encore plus mal que d'habitude je veux dire. Remuant les souvenirs de N., le peu de souvenirs que j'avais, le visage de N. souriant, N. lisant un texte, etc., mais surtout, mêlé à l'émotion que je ressentais, le sentiment que ma souffrance était illégitime. Que moi, qui l'avais si peu connue, je n'avais pas le droit de sembler plus accablé que ses amis intimes. Je voyais ma peine comme une indécence et m'insultais intérieurement d'une telle obscénité.
J'ai longtemps hésité à me rendre aux funérailles, pour la même raison. Finalement, in extremis, j'ai décidé de m'y rendre, ma douce m'a accompagnée. Elle connaissait bien N. aussi. Nous sommes restés au fond pour ne pas être vus. Je n'ai pas pleuré, cette fois. Comme un qui a compris ce qu'est la vraie douleur. -
Incipit
Début d'une nouvelle, acceptée par les éditions "La muse galante", (non) publiée dans la vagissante revue "Canicule". Pourquoi "non" publiée ? Parce qu'il s'agit d'un numéro zéro. Mais après tout, on peut imaginer que du numéro zéro au numéro 1, il n'y a qu'un pas. Ah oui, précision importante en ce qui me concerne, essentielle même : ce texte est une commande. Le bonheur d'être sollicité (pour un type comme moi, miné par un doute permanent), alors que je ne connais absolument personne, je vous assure...
"Si je ferme les yeux, je retourne sans effort près de ce fleuve. Voici ses eaux, tranquilles sous la lune. Et parmi les gazelles venues s'abreuver, trois fois plus haut que leurs échines, te voici, Enkidu. Enkidu, je te devine dans la nuit, massif comme un roc, vif pourtant, ramassé dans un geste au milieu des roseaux, la chevelure hirsute tombée sur ton visage, ta bouche qui lampe à grand bruit l'eau du Tigre. Le jour, les bergers effrayés fuient ta silhouette immense, ton regard fauve, tes muscles couverts de pelage. Le soir, ils redoutent tes cris sauvages, ta folie, ton mystère. Tu chasses leur gibier, tu mènes ta harde, impunie, au milieu de leurs champs. Et contre toi, les chiens sont impuissants.
Alors, les bergers désespérés sont allés à Uruk chercher secours auprès du puissant Gilgamesh. Ils ont enlevé la poussière de leurs pieds, se sont inclinés devant le fils de Ninsuna et ils ont raconté tes rugissements, ta force, la steppe qui gémit sous tes pas. Gilgamesh a écouté. Il a reconnu dans leur récit des mots qui pourraient le décrire, lui, le roi aux deux-tiers divin. Il a noté l'envergure de leurs bras pour mesurer ta carrure, la hauteur de leur houlette pour dire la taille de tes jambes, l'image des braises pour définir ton regard. En tout cela, étrangement, il se retrouvait. Gilgamesh a réfléchi. Il a appelé sa courtisane, Shamat, et il l'a présentée aux bergers. « Voyez Shamat, la Joyeuse. Elle est attachée à mes pas, nulle femme ne lui est comparée. Elle prend la route avec vous, dès ce soir. Son escorte montera la tente sur les berges du Tigre. Là, elle attendra le monstre que vous craignez. » Les bergers considérèrent la courtisane, sa chair précieuse et son port de reine, avec étonnement et mépris : que ferait-elle que nos chiens n'ont pas fait ? Que pourrait-elle que nos fléaux n'ont pas pu ? Le géant la mettra en pièces, il la dévorera ! Elle tourna son visage vers son roi. Ils échangèrent un sourire. Gilgamesh dit : « Ayez confiance, allez ! » "
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Ce soir, Totor encore
D'après un article de Fabienne Croze:
"Victor Hugo, si on y réfléchit : c'est tout près ! « Les Misérables » paraissait il y a juste 150 ans. En hommage à Victor Hugo, la médiathèque de Roanne propose deux rendez-vous : Le premier, avec l'association « Demain dès l’aube », organisatrice, chaque année, des lectures de St-Haon-le-Châtel, près de Chenay. Six de ses membres (Christian Chavassieux, Bernard Furnon, Dominique Furnon, Charlotte Furnon, Yolande Lauxerois, Jean Mathieu). tous passionnés de lecture publique, rendront hommage -à une ou plusieurs voix- à Victor Hugo avec des textes forts, puisés dans les œuvres majeures : Les Contemplations, Quatre vingt treize, Choses vues, l’Année terrible… : « Ils cherchent des lueurs dans la nuit ». Cette association est ouverte aux amoureux de la littérature, du plaisir de lire à haute voix, d’écouter en extérieur, plaisir individuel et collectif. Les littératures, comme trésors inépuisables de connaissance et d’amour, à sauver, à partager, à dépenser !
Vendredi 3 février à 18h30 – Entrée libre
Le mardi suivant, le 7 -à 19h (Entrée libre également), la médiathèque propose, en collaboration avec le Cercle Condorcet, une Conférence : « Victor Hugo et la question sociale » donnée par Agnès Spiquel, professeur de littérature française des XIXe et XXe siècles, à l'université de Valenciennes. Elle a écrit plusieurs livres sur Victor Hugo : La déesse cachée, Isis dans l’œuvre de Victor Hugo (H. Champion, 1997), Du passant au passeur : quand Victor Hugo devenait grand-père (Eurédit, 2002), Victor Hugo et le romanesque (Lettres Modernes Minard, 2005)."Fabienne Croze
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Courrier (in)désirable
Sur des charbons ardents, en ce moment. Récemment, tandis que je faisais un peu de ménage dans ma boîte mail, je me hasarde dans la rubrique « courrier indésirable », que je m’apprête à vider comme il se doit. Parmi les suppliques d’enfants malades, les loteries gagnantes et le tout-venant de l’e-trash, mon œil est arrêté par un objet singulier : le nom d’une personne que je ne connais pas... suivi du titre d’un de mes romans inédits ! Un peu abasourdi, j’ouvre le mail et je lis : "Bonjour, Votre manuscrit "......" nous est parvenu par une voie un peu détournée – recommandé par un confrère éditeur. Une première lecture ayant suscité un intérêt, nous nous apprêtons à en effectuer une seconde. Pouvez-vous me confirmer que vous êtes toujours à la recherche d'un éditeur pour ce texte ?"
Parmi les éditeurs qui ont refusé mon manuscrit, il y en a donc un qui l’a jugé assez intéressant pour le signaler à un confrère. Je ne sais pas lequel est-ce (enfin, j’ai mon idée, mais), ni si ce livre sera un jour enfin accouché, mais je trouve sa démarche belle et… j’en suis un peu retourné pour tout dire. En tout cas, la maison d’édition qui est aujourd’hui intéressée par ce texte est tout-à-fait dans l’esprit que j’aime. Une belle ligne éditoriale, une vraie valeur littéraire, une attention à l’objet-livre aussi, à la qualité du papier, etc. Si jamais je suis édité chez eux, aussi, c’est une marche significative dans la reconnaissance de mon travail, puisqu’il s’agit de sortir de l’édition confidentielle où des auteurs comme moi sont souvent confinés (ce qui a bien sûr de très bons côtés). Enfin, calmons-nous : rien n’est fait.Je vous tiens bien sûr au courant.
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Pasiphaé - Minotaure
La compagnie NU a une façon bien particulière de lancer son public sur la voie de ses prochains travaux. Il y aura la pièce en 2013 mais en attendant, Nu vous propose de savourer des textes de précurseurs autour du thème qui nous intéresse cette année : Pasiphaé et le Minotaure.
Ce soir, nous ferons une lecture de textes de Calaferte, Borgès, Suarès, Dürenmatt et Montherlant qui ont écrit sur ces personnages.
Le spectacle aura lieu au théâtre municipal de Roanne (entrée par l'administration) à 20h30.Lectures François Podetti et Christian Chavassieux.
Mise en scène : François Podetti, composition sonore : Jérôme Bodon-Clair, travail vidéo et photo : Marc Bonnetin.
Entrée : 6 euros, tarif réduit : 3 euros.Nous aimons qu'il y ait du monde, bien sûr, mais il s'agit surtout de prouver à la direction du théâtre qu'il existe un public pour ce genre d'expérience exigeante.
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L'émission qui vous voeux du bien
Je n'ai pas pu résister à vous retranscrire ci-dessous les voeux de l'équipe de l'émission "Là-bas si j'y suis" de Daniel Mermet (France Inter chaque jour à 15 heures). Décidément trop délicieux pour les garder aux quelques abonnés de leur news letter, comme on dit.
"Merci chers Auditeurs Modestes et Géniaux, grâce à vous, Là-bas se porte bien, et même très bien, selon la dernière enquête Médiamétrie, l’émission vient de battre un record d’audience historique, avec 145 000 auditeurs nouveaux en un an, vous êtes au total 558 000 à embarquer chaque jour pour Là-bas à 15 heures, merci à vous tous !
Toujours amicale, la direction de France Inter n’a pas manqué de féliciter chaleureusement toute l’équipe pour les prouesses de la réalisation, la qualité des reportages, pour l’esprit critique et l’indépendance de notre ligne éditoriale « Depuis vingt ans, vous dénoncez l’emprise de la dictature financière, aujourd’hui l’histoire vous donne tragiquement raison, vous êtes l’honneur de cette maison ». Les applaudissements n’en finissaient pas, toute l’équipe était émue, les confrères surtout, avaient tenu à venir nous saluer, bravo, merci, c’est Bourdieu qui avait raison, vive Noam Chomsky ! Vive Frédéric Lordon ! Vive les ouvrières de Moulinex ! A bas le Parti de la Presse et de l’Argent ! Têtes baissées, certains même à genoux, venaient dire à quel point ils s’étaient gravement fourvoyés. Nous les avons rassurés, pas de chasse aux sorcières, pas d’épuration, pas de camp de rééducation.
Les résistants de la 25eme heure faisaient assaut de zèle. Alexandre Adler hurlait qu’on fusille Alain Minc sur le champ ! Pour Jean-Marc Sylvestre, déchaîné, c’est tous ceux du Fouquet’s qu’il fallait guillotiner sans jugement. Tout modeste, Martin Bouygues nous offrait les clés de TF1 « en vue de la re-nationalisation », disait-il, ajoutant, la main sur le cœur : « Non pasaran ! ».
Tandis que, le poing levé, David Pujadas et Jean-Michel Apathie entonnaient l’Internationale, personne n’avait remarqué, par une porte dérobée, le directeur de France Inter s’éloignant sur une simple mobylette avec sa guitare sur le dos, après avoir laissé à son assistante un message pour dire qu’il reprenait son honnête chemin de chansonnier et qu’il était inutile de tenter de le faire revenir.
Un vœu qui fut rigoureusement respecté." -
La petite commande
"les chants plaintifs" sont en ligne sur le site de la petite fabrique (aller dans la catégorie "livres d'artiste" puis "Livre pluriel")
les photos donnent une idée de la qualité de l'objet.
Il existe aussi en version édition courante, abordable (rubrique "édition courante"). La commande peut se faire en contactant directement la maison d'édition : contact@la-petite-fabrique.com ou de la main à la main, si vous habitez dans les villes où oeuvrent ces librairies :Le Square
Square du Dr Martin, 38000 Grenoble
Tschann
125 Boulevard Montparnasse, 75006 Paris
L’Odeur du Temps
35 rue Pavillon, 13001 Marseille
Et autrement, j'ai eu un écho enthousiasmant de l'écrivain réputé et fameux (et surtout excellent) qui signera la préface de "J'habitais Roanne", mais nous en parlerons en temps utile. -
Carrément Trop pas !
Laurent Cachard aime la chanson depuis toujours. Et il aime aussi la comédie musicale. Goût que je partage, d'ailleurs. C'est toute une équipe qui a rejoint l'auteur du Poignet d'Alain Larrouquis pour mener à bien un projet hors-normes : la création ex nihilo, avec ses propres moyens de producteur, d'une vraie comédie musicale. La comédie musicale est, pour l'auteur de langue française « le » genre casse-gueule par excellence. Laurent Cachard s'en sort en articulant intelligemment les chansons entre elles, tout simplement. Sur le blog consacré à la genèse de l'expérience, on peut en écouter quelques unes, dont la musique est signée de son éternel complice en la matière : Eric Hostettler (les compères ont déjà produit un album : L'éclaircie).
Dans ce nouvel opus, ma chanson préférée est « l'inversion des choix ». Cependant, je dois admettre que « Trop pas », chanson d'ouverture qui donne le titre à la pièce, se retient facilement, s'incruste longuement et a accompagné une de mes insomnies, récemment.
En tout cas, vous qui, contrairement à moi, serez mobiles ce soir à partir de 20 heures, vous seriez bien inspirés de vous rendre à la Casa Musicale, pour le premier show case de ce musical auquel je souhaite évidemment succès et postérité. Tél : 04 78 83 40 82. -
C'est pour quand ?
Les aléas de l'édition donnent une image opposée de celle que nos lecteurs se font. Des auteurs de mon niveau (je veux dire : confidentiels), s'entendent souvent demander : « Alors, le prochain est pour quand ? » Mais c'est que cela ne dépend pas de nous, mon brave monsieur, ma bonne dame ! Nous ne faisons que produire des textes, les plus travaillés, les mieux construits, les plus pertinents possibles. Mais au-delà de cette limite, tout nous échappe. Il faut qu'un éditeur veuille bien publier les manifestations de notre égocentrisme, et prenne le risque financier qui va avec (même si, pour les auteurs auxquels je pense, et que je rejoints par la pensée, le risque n'est pas grand). Et là, aujourd'hui, rien n'est gagné. La preuve : En septembre, après treize mois de travail, je rendais le manuscrit de « J'habitais Roanne », à l'éditeur à qui je le destinais et qui le voualis. L'éditeur en question dut se désengager, pour cause de contentieux avec un autre éditeur chez qui il est aussi directeur de collection, tout cela est assez complexe. En tout cas je me retrouvais avec ma bizarre étude autobiographico-littérairo-géographico-érudite de ma ville sur les bras. J'en étais à me dire que, finalement, c'était peut-être aussi bien ainsi. Après tout, personne n'attend ou ne désire un travail de cette nature. Et puis, c'est un livre qui renferme un peu de ma honte, aussi. Cette dimension si nécessaire à la qualité de l'écriture. Alors, conserver les souvenirs, les failles, les faiblesses et les élans dans un tiroir, après tout... Et puis, j'ai osé le proposer tout de même à un éditeur qui fait depuis des années un beau travail au niveau local, et dont la réputation dépasse le petit royaume où nous sommes confinés. J'étais convaincu que ce texte était trop hors-norme, trop singulier pour trouver si vite un nouvel éditeur. Ce qui semblait l'évidence pour ma douce s'est réalisé la semaine dernière.
Je peux annoncer aujourd'hui que ce livre sortira en mai-juin 2012. Je vais en profiter pour enrichir le propos, nourrir l'un des chapitres qui me pose problème depuis le début. Tel que je vous adresse cette nouvelle, là, vous me verriez heureux mais aussi stupéfait. Enfin, c'est ainsi. Maintenant, beaucoup parmi ceux qui savent me confient que c'est mieux ainsi. Je réalise que c'est vrai. « J'habitais Roanne » aura une vraie chance auprès du public, avec ce nouvel éditeur (j'en dirai plus l'an prochain). Il y a quelques jours, j'ai rencontré celui à qui ce livre était initialement destiné. Il ne m'a pas demandé si j'avais pu trouver une solution. Aucun regret, donc. -
Retraite
Entendu Serge Rezvani déclarer que, vu la politique vomitive qui salissait la vie, il préférait se retirer dans sa campagne (avec Marie-José) et se tenir à l'écart de tout ça. Attitude d'écrivain ou de lâche ? Ou de sage...
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Microbe N°68+1
Microbe existe sans subside institutionnel depuis plus de dix ans grâce à ses créateurs : Eric Dejaeger et Paul Guiot. Vaillant amibe sur papier que le corps assimile sans autre effet secondaire qu'un surcroît de vitalité et d'enthousiasme. Le dernier numéro de la minuscule revue belge a été concoctée par Marc Bonetto. Le garçon a exercé sa curiosité sur la planète web pour glaner les textes courts et percutants qui font la réputation de la revue. Il m'a fait le bonheur de choisir plusieurs phrases venues de Kronix, et je suis en bonne compagnie, lisez plutôt le sommaire de cet « opus névrotique » :
« Pas de filouxeras, d'escroquants nazillards, de traficoteurs d'âmes, d'orfèvres en matières fécales, d'oncles désincarnés d'Amérique au sommaire de ca numéro 68 (+1), mais vous découvrirez les textes de Pierre Anselmet, Armand le Poête, Fernand Chocapic, Eric Dejaeger, Patrick Frégonara, Cathy Garcia, Carmelo Marchetta, Virignie Holaind, Hervé Merlot, Véra Mund, Emmanuel Régniez, Maria Semarre, Marlène Tissot & Thomas Vinau, Jac-Zap(?). » Ainsi que des photos de Corine Leridon.Tout ça dans ce format 10X15, avouez...
L'abonnement pour 10 microbes est de 10 euros ; pour 15 : 17 euros.
Renseignements : http://courttoujours.hautetfort.com -
Où en sont les librairies ?
Un article intéressant, à lire sur le site de Télérama.
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Ce matin
Ma douce va expédier vite fait ses soins à toute la maisonnée, je vais déposer un manuscrit chez un (peut-être) nouvel éditeur, et puis nous partons retrouver ce matin -seulement ce matin, attention, ça passe vite- Laurent Cachard à la librairie Elizeo à Tarare pour une séance de dédicaces de son dernier roman "Le Poignet d'Alain Larrouquis". Qu'on se le dise !
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Trop d'amis
Quel paradoxe, tout de même ! La multiplication des amis sur Facebook, tandis que l'expérience de la vie nous apprend à en restreindre le nombre à quelques uns, à peine de quoi nommer les doigts de la main. Les vrais. On sait bien que le terme sur le réseau social est galvaudé, mais il reste cet espoir peut-être que, finalement, un véritable ami pourrait s'ajouter, issu de cette masse indifférenciée de connaissances qu'on se plaît à étoffer, jour après jour. Sur Facebook, les « amis » ont une fonction qui reste accessoire chez les amis véritables que la vie nous a donnés : On veut qu'ils parlent de nous, au moins qu'ils aient connaissance de nos petites vies, de nos bobos et de nos joies. Les véritables amis, par contre, n'ont pas de fonction particulière. D'ailleurs, en général, on les écoute.
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Prochaine sortie
Je viens de retourner à la maison d'édition La petite Fabrique, les colophons signés des « chants plaintifs », ce livre d'artiste illustré des gravures de Anne-Laure Héritier-Blanc. Jeune peintre et graveuse délicieuse et sympathique en plus d'être talentueuse et exigeante. Anne-laure a aussi prévu, Ô joie, une édition courante de ce texte qui me tient à cœur (l'édition d'art limitée est à 450 euros). Dès que les livres seront visibles en ligne sur le site de la maison d'édition, je donnerai quelques clés à ce sujet. Je redirai alors ma fierté d'avoir bénéficié de tant d'attention de la part d'une éditrice-artiste aussi subtile et scrupuleuse.
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Hommage à Jean-Pierre Huguet
La prochaine rencontre Lettres-frontière se déroulera à Annemasse le samedi 5 novembre. Je n'y serai pas -je n'y serais pas allé même si je ne m'étais pas engagé à soutenir Laurent Cachard qui dédicace à Tarare ce jour-là- mais je voulais saluer l'hommage rendu dans cette manifestation à l'éditeur Jean-Pierre Huguet, qui se trouve être mon éditeur. Cette mise à l'honneur intègrera aussi celle de Jean-Patrick Péju qui, grâce à sa collection « Les Soeurs océanes » a permis à JP Huguet d'être présent deux fois dans la sélection (avec « Cyclope » de Catherine Dessales et avec mon « Baiser de la Nourrice »). Son autre collection « Noirceurs océanes » n'aura probablement pas cette chance, compte tenu du mépris dans lequel on tient habituellement le genre policier. Même si, je le clame, « Le Psychopompe » n'est pas un polar, mais un livre sur la puissance rédemptrice de la fiction. Mais ça...
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Ils tournèrent leur carabine
Je voulais te dire enfin, toi que j'ai chahuté, que je n'avais pas compris ton courage. Ton projet. Nous étions des gamins ineptes, obtus, aveugles, nous étions abrutis par un ordre poussiéreux qui confinait l'étincelle jaillie sous notre enfance. Et toi, prof de musique, intrus dans cette institution religieuse, tandis que le cours de catéchisme tout près résonnait d'alléluias, tu nous apprenais Jean Ferrat. Et on beuglait « Potemkiiineuu » de l'autre côté de la cloison. Je voulais te dire qu'il a fallu du temps, que le polisson, le cancre, le revêche, était devenu autre et qu'enfin, enfin, il avait compris. Je voulais te dire que tu nous fus utile.