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kronix - Page 67

  • 2530

    Il est seul à présent, médite autour des bêtes lentes. L'une d'elles s'est éloignée, un peu trop, il l'appelle, elle détourne son mufle, poursuit indifférente sur une pente qui s'incline vers le hameau. Martin la connaît, il faut qu'il aille lui parler, il n'y a pas de chien pour rabattre, enfin ceux qu'on lui a confiés sont joueurs et inefficaces, il préfère rassembler lui-même. Il descend sans hâte à sa rencontre, sans hâte et sans mot, presque sans bruit, à son habitude. La vache s'est arrêtée vers une haie d'aubépines. Soudain, elle fait un écart, détale la queue en l'air, effrayée. Dans ce mouvement, elle libère la vue et Martin découvre une femme vêtue d'une délicate robe de linon blanc, coiffée d'un chapeau de paille rond et large. Et le visage, dans l'ombre du chapeau qui se relève, l'ovale qui est alors porté dans la lumière, est celui de la reine.

     

    Extrait. La Grande Sauvage. Écriture en cours.

  • 2529

    « Et cette prise illégale d'intérêts ? » L'élu toussa, et détourna l'attention du journaliste vers les caméras de surveillance, ou encore ces agents municipaux, qui peuvent tirer à balles réelles sur une délinquance, moins réelle certes, mais tellement plus intéressante.

  • 2528

    La bonne volonté murmure au milieu du vacarme des tragédies.
    Pour la distinguer, écouter ne suffit pas.
    Il faut anticiper son existence.

    Bref, c'est aussi un acte de foi.

  • 2527

    Elle piqua un phare. Faut dire qu'elle était du genre costaud.

  • 2526

    Bureau_LGS.JPG"La Grande Sauvage" : c'est reparti !

     

    Au premier plan : des livres, revues et récits sur la Vendée, les colonnes infernales, etc. ; tout près, un récit de la journée du 1er janvier 1789 ; à côté, un livre sur les bibliothèques des colporteurs au XVIIIe ; ensuite, une série de documents, dictionnaires, livres d'historiens (Mona Ozouf -merci les Leroux- Furet, Michelet, Taine, Bertaud, etc., etc.), plus loin, on reconnaît les dos de deux Pléïades (c'est Rétif de la Bretonne : tout ce qu'il me faut sur la langue de l'époque) ; ensuite, quelques romans, dont "Quatre-vingt-treize" du père Hugo, "Les Onze" de Michon, le (pas encore sorti) "Fleuve Guillotine" de Antoine de Meaux, etc. ; pas loin : les numéros de la revue "Papilles" qui parlent de la gastronomie sous la Révolution ; les reliures anciennes sont celles des huit volumes du Tableau de Paris, de Mercier (éditions d'époque, prêtées par mon éditeur) ; et enfin, à côté de l'ordinateur, parce que c'est le sujet des premiers chapitres : revues, beaux livres et documents sur le hameau de Marie-Antoinette. Tout cela ne tient pas compte, bien entendu, des documents trouvés sur Gallica (le site de la BNF) et où j'ai pu trouver encore et encore des milliers de choses précieuses. Rassurez-vous, la moitié des livres ont déjà été sondés et annotés, la plupart des revues ont été décortiquées et ce que je devais en retirer, repris sur l'ordinateur. N'empêche, c'est effrayant et heureusement que ma douce me soutient.

  • 2525

    Craquants, tendres, colorés, savoureux,

    ainsi les macarons offerts par Bernadette

    et à Neulise, l'accueil de la Médiathèque.

    C'était chouette.

  • 2524

    Puisque je suis aujourd'hui dans une médiathèque, parlons livres, avec ces quelques ouvrages qui ont fait récemment mon bonheur :

    La femme du Héros, de Jean-Pierre Poccioni, aux éditions Pierre-Guillaume de Roux. Récit élégant et original décrivant le parcours d'une jeune femme, Solange, gentille mais effacée (tellement, que sa mère est capable de l'oublier, enfant, dans une scène d'ouverture qui donne le ton de la suite : distancié, savoureux, clinique). Solange qui se marie avec Gérard. Un agité, hâbleur, amateur de belles voitures, plutôt du genre agaçant et superficiel mais qui, un jour, se conduit en héros. Chez Poccioni, les êtres sont émoussés par le temps, sans pour autant s'en trouver détruits, mais à terme, les héros sont fatigués. C'est la terne Solange qui traverse les aléas de la vie avec le plus de force, aidée par sa constance, le peu d'illusions qu'elle se fait sur elle-même. Un personnage attachant. Solange est tenue par une volonté qui ne doit rien à personne, elle s'est construite presque sans racine, et ce n'est pas la moindre surprise de ce roman élégant, raffiné, cruel ou tendre, toujours juste.


    Se taire ou pas, d'Isabelle Flaten, au Réalgar édition. Le dernier ouvrage de l'auteure de Noces incertaines explore cette lisière ténue qui se situe entre le moment où les mots vont surgir et celui où on les autorise à se dévoiler et qu'il ne sera plus possible de revenir en arrière. Pour examiner ce phénomène sous toutes ses coutures, en analyser toutes les subtilités et les nuances, Isabelle Flaten a choisi la succession de nouvelles, courtes, variables, sans titres, ponctuées d'axiomes (tels que « si elle écrit, c'est qu'elle ne sait pas parler, tout simplement », dans quoi chaque écrivain se reconnaît) et c'est un régal d'intelligence. C'est drôle, épuré, intrigant, nerveux, il y a parfois des chutes, mais souvent le récit se concentre sur une tranche de vie, l'instant décisif où la parole est livrée ou non. Sujet passionnant, qui exige un sacré talent et une grande connaissance de l'humanité. Isabelle Flaten possède les deux. Le plaisir de voir toute cette galerie de portraits, ces couples de toutes natures ou ces égoïsmes à l'œuvre, se débattre avec ce problème universel, est multiplié par une grande qualité d'écriture, qu'on avait déjà repérée dans le livre précédent. Mais ici, le format n'est plus celui du roman, et il semble que l'auteure soit plus à l'aise dans cette mosaïque et les variations qu'elle autorise. Une expérience de lecture qui évoque l'écoute d'un concerto, riche de nuances. Je ne m'épanche pas davantage, puisque Laurent Cachard a signé sur ce livre, une chronique complète et essentielle, sur son blog, comme je suis bien incapable de le faire.

    [Ajout du 27 avril 2016 : Je découvre que Isabelle Flaten, dans une interview récente, évoque son livre. C'est ICI]


    Je vous écris dans le noir, de Jean-Luc Seigle, chez Flammarion. Le livre a du succès et beaucoup de choses ont été dites auxquelles je n'aurais pas la prétention d'ajouter la moindre analyse, mais je confirme que, pour moi, cette réhabilitation féroce et inspirée de la figure honnie de Pauline Dubuisson, tondue à la libération, plus tard meurtrière de son fiancé, est un roman fort, passionnant, qui laisse un goût amer, la dernière page tournée.


    Dix décembre, de Georges Saunders, éditions de l'Olivier, traduit par Olivier Deparis. La littérature en général exige des thèmes forts, puissants, profonds, la nouvelle réussie requiert une grande maîtrise technique, l'humour est un explosif délicat d'utilisation, le portrait de société demande beaucoup d'humanité en même temps que beaucoup de lucidité, le récit palpitant est affaire de travail, l'anticipation nécessite de la mesure dans la fantaisie, et le style n’est pas donné à tout le monde. Saunders, le bougre, est la somme de tout ça, portée au carré. En dix nouvelles de qualité égale, stupéfiantes, drôles ou angoissantes, ce maestro encore peu connu en France, et superbement traduit ici, donne au lecteur l'envie de recommencer dès la première ligne et, à l'écrivain qui se croit parvenu à un certain niveau, une leçon d'écriture. Dans les deux cas, vaut la peine de s'y confronter. M'a valu entre autres, quelques rires mal retenus dans le train.


    Karoo, de Steve Tesich, éditions Monsieur Toussaint L'ouverture (magnifique édition), traduit par Anne  Wicke (magnifique traduction). Karoo est le dernier roman de cet auteur, scénariste reconnu à Hollywood, et son statut de livre posthume fait résonner étrangement et douloureusement le dernier chapitre. Vous ne me croirez pas sur parole si je prononce le mot « chef-d'œuvre », c'est normal, je vous invite donc à vérifier par vous-mêmes, assuré que vous ne me contredirez pas. Saul Karoo est un quinquagénaire désabusé, lucide y compris sur sa propre nature et sa peur absolue de manifester de la tendresse (il se trompe peut-être sur sa prétendue résistance à l'alcool, mais c'est une autre histoire). Son travail, très bien rémunéré, est de « réparer » des scénarios bancals, de proposer des remontages de films que des producteurs sans scrupules lui donnent en pâture. Un jour, pourtant, un film parfait lui est confié. Impossible d'améliorer ce qui lui semble un bijou sans défaut. Le cas de conscience est de courte durée, mais une scène du premier montage va lui inspirer de quoi se racheter à ses propres yeux. C'est un récit terrible, drôle, cynique, bouleversant, c'est virtuose, c'est un monument. La quatrième de couverture vante une parenté avec Philip Roth ou Bret Easton Ellis, et on ne peut que la confirmer, en ajoutant cependant que Tesich a, bien sûr, sa propre voix. Et comment !

    On peut lire aussi avec bénéfice : L'involontaire, de Blandine de Caunes, et Villa du Crépuscule, de Jesse Browner, Échapper, de Lionel Duroy. On doit pouvoir continuer de vivre sans avoir lu le pourtant célèbre Jour des Corneilles de Jean-François Beauchemin, ou le pourtant remarqué et encensé Un après-midi d'automne, de Mirjam Kristensen.

  • 2523

    Neulise, Chavassieux, L'Affaire des Vivants, Mausolées, Phébus, Mnémos

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Je serai donc à la Médiathèque de Neulise, demain, à partir de 10 heures, pour rencontrer des scolaires (Cm 1 et Cm 2 !)

    A partir de 17 heures, l'équipe de la Médiathèque et moi-même, aurons le plaisir de vous accueillir pour évoquer à bâtons rompus "L'Affaire des Vivants" et autres bricoles; Venez nombreux (enfin, venez, quoi).

  • 2522

    Le type en solex me fonce dessus, je l'évite de justesse, il percute la foule, qui se précipite pour l'aider à se relever. Et oui : Un solex vous manque et toute aide est peuplée.

  • 2521

    - Juif ? Homosexuel ?
    - Non.
    - Franc-maçon ?
    - Non plus.
    - Et on t'a édité quand même ?
    - Et bien oui, tu vois...
    - Bon. (pas convaincu, réfléchissant. Trouvant soudain la solution :) Alors t'as couché.

     

     

    (et je vous demande par avance toute votre indulgence pour le Kronix de demain).

  • 2520

    "Sur le port, des sonneurs entonnèrent la plainte qui fut reprise autour de l'Arsenal, sur la rade, les digues, dans les quartiers, depuis les tours. Tout Basal, puis les villages aux rives de Myrâ, et bientôt toutes les nations apprendraient que la neuvième chasse avait échoué et que, pour un cycle entier, pour les vingt-cinq années à venir, le malheur allait s'abattre sur les enfants de Pangée."

     

    Les Nefs de Pangée. Extrait. A paraître en septembre chez Phébus.

  • 2519

    Mon ami banquier me raconte cette anecdote magnifique, d'un client riche à millions qui, constatant une nouvelle fois que, sans rien faire, ses placements lui ont rapporté 110 000 euros, impôts déduits, et les loyers de ses différents appartements, plus d'argent qu'il n'en dépensera jamais, se met à pleurer, et, pris d'une soudaine crise de conscience, lui demande si, par hasard, il ne connaîtrait pas des gens qui auraient besoin d'un peu de son argent.

    Non, je déconne.

  • 2518

    Le chasseur se retourne : un pingouin !
    Faut vraiment qu'il arrête de picoler.

    Mais du costume de pingouin, surgit un lion !
    Faut vraiment qu'il arrête ce métier.

  • 2517

    Un petit rappel, les amis :

    Je serai ce soir, à 19 heures, à la librairie La Maison Jaune, de Neuville sur Saône, pour une rencontre autour de « L'Affaire des Vivants »
    et demain à 11 heures, à la librairie Baume, à Montélimar, pour le même roman, défendu par des libraires "emballés"(sic). La rencontre sera suivie d'une dédicace l'après-midi.

    J'aurai des bretelles, mais pas d'écharpe (trop chaud).

     

  • 2516

    Il arrive que la blessure saigne à nouveau. Je retrouve quelques dessins de Cabu, je lis les énigmes littéraires d'Honoré, je tombe sur une vidéo de Charb, aux obsèques de Cavanna, je tombe sur une BD de Wolinski ou une diatribe anti-mondialisation de Marris, un mot de Tignous qui se demandait où est-ce que la République avait merdé pour que des gamins s'embrigadent comme ça ? Autant d'innocents, de types qui auraient, justement, défendu ceux qui leur ont tiré dessus. Qui ne les avaient jamais lus, n'avaient pas grandi avec eux, ignoraient tout de leur combat. On s'en remettra, vous croyez ? C’est possible, tous les deuils s'émoussent avec le temps. Mais quand ça surgit comme ça, sans prévenir, oui, ça fait mal. Toujours.

  • 2515

    colporteur2.jpgJe crois que j'avais dit un jour, que je mettrais une planche d'une de mes BD.

    Pas trouvé grand-chose à dire aujourd'hui ; je prends donc ce prétexte pour tenir promesse.

  • 2514

    Les lecteurs de Bible, savent que le fruit défendu n'était pas (pas forcément) une pomme. D'après certaines sources, cela ressemblait plutôt à une petite graine grisâtre et molle, assez semblable à une crotte de nez, et que Eve aurait mangée par mégarde.

  • 2513

    « Monsieur le juge, mon client est vraiment désolé d'avoir commis tous ces meurtres. Il promet de ne plus s'énerver, il fera des efforts. Il est vraiment, vraiment ennuyé... »
    « C’est ce qu'on va voir, faites entrer l'excusé. »

  • 2512

    « Les Moulhrags... Non.
    Les oulmars... Ah, zut !
    Les oularmes ? Non, pas les Oularmes..
    Les Oulhamr, voilà ! Sans « s » à la fin, ça fait plus... Enfin, c'est mieux.
    Ils fuyaient. Bon.
    Ils fuyaient.
    C'est la nuit forcément.
    Et comment qu'elle est, la nuit ?
    Pas joasse, lugubre, à faire peur...
    Effrayante ? Non.
    Horrible ? Non...
    Épouvantable ? Oui, peut-être. Va pour épouvantable.
    Pff, c'est dur, le métier d'écrivain... »

    (évidemment, quand on ne connaît pas, ça perd un peu de son sel)

  • 2511

    L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt,
    mais ceux qui se couchent de bonne heure, longtemps,
    ne produisent pas tous un livre mémorable.
    Suivez mon regard.