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kronix - Page 66

  • 2550

    « Vous allez voir... » dit-il à ses enfants réunis. Convaincu de son bon droit, il alla dire deux mots au tank qui inclinait lentement son canon vers lui.

  • 2549

    Allongé, corps en cire dans la canicule, nuque dans l'herbe, je prends un bain de clarté face à moi. Et voici, sur la paroi bleue immaculée, les coutumières taches noires et grises qui rayent mon ciel depuis l'enfance. Depuis le temps où je fixais le soleil, longtemps, secrètement, à me brûler.
    Elles sont là, fidèles, stigmates de qui j'étais, de cette folie sans doute, domestiquée à présent. Elles seront encore là, dansant sur l'écran du mur que je fixerai, particules nocturnes, fourmis infatigables, jouant sur le dernier sourire qui me consolera de les quitter.

  • 2548

    Laurent Cachard, par une vidéo partagée avec quelques amis, m'a remis en tête l'importance d'un auteur comme Bruce Springsteen. Et notamment, l'importance de cette chanson, dans l'album « The Rising » (et tout l'album, globalement, d'ailleurs).
    En 2002, le chanteur disait aux New-Yorkais : Allez, debout ! un an après les attentats du 11 septembre. Et ce fut pour la cité le signal qu'une nouvelle histoire commençait. C'est marquant pour moi, ce moment, parce que je vois là l'illustration de ce que devrait être un artiste populaire. Sensible à l'air du temps, et capable de créer avec cela une forme qui le magnifie, le résume d'une façon tellement ajustée avec le ressenti du public qu'on peut avoir le sentiment que l'artiste est un visionnaire, alors qu'il rend intelligible ce qui est encore confus dans la société et, d'un coup, la fait avancer et l'élève.
    Malheureusement, il n'y a qu'un boss, et il vit de l'autre côté de l'Atlantique...

  • 2547

    Canicule. Tout s'évapore, même l'envie de travailler.

    La tête encore toute sonnée de l'ultime relecture des mes « Nefs... » avant impression, incapable de reprendre l'écriture d'un récit qui se déroulerait au XVIIIe siècle français. Pour une fois, aujourd'hui, je vais m'accorder des vacances. Une journée, une seule, que ça ne devienne pas une habitude.

     

    (et toutes mes excuses pour l'absence d'hier)

  • 2546

    Pas de Kronix aujourd'hui. Relire scrupuleusement un BAT de 496 pages, canicule ou pas, ça prend du temps. Alors...

  • 2545

    « Transformiste » répondait le loup-garou, quand on lui demandait quelle était cette activité nocturne qui le laissait si fatigué le matin.

  • 2544

    Elle me parle de l'actualité.
    Je lui parle de mes rêves.
    Deux sources égales d'étonnement.

  • 2543

    L'intuition ne vaut pas la culture, mais c’est une étrange sensation de voir la première confortée par la seconde. Ainsi, l'autisme de nos gouvernants qui refusent un changement en profondeur de la société, et tournent le dos à l'insurrection qui vient, a, pour l'amateur, une parenté avec l'inertie du régime d'avant 1789. Et la vérité, c'est que le parallèle est non seulement possible, mais de plus en plus évident au fil des lectures des textes d'époque.
    Plus qu'à attendre.

  • 2542

    En plein sud, en plein jour, transis, vous vous aimerez. Les nouvelles seront bonnes, les vieillards seront beaux, vous oublierez le mal. Vos bouches verseront des joies, vos yeux panseront les blessures des autres. Parce que vous aimerez. La pluie vous sera douce, les jours seront trop courts, les attentes trop longues, vos respirations seront des poèmes clamés. Parce que vous aimerez. Vous serez à la fin des temps, et les premiers du monde. Vous inventerez tout, les caresses, les serments, les bouderies, le ciel inédit. Parce que vous aimerez.

  • 2541

    Combattre les idées reçues est une idée reçue.

    Mais ça vaut la peine d'essayer.

  • 2540

    C'est un premier frémissement, une lame encore paisible contre la carène, avant que le vent n'emporte la dixième flotte vers son destin. Le premier aperçu de la sortie des Nefs de Pangée. Bon, avec déjà une petite erreur dans le texte de présentation : la chasse à l'Odalim ne se produit pas tous les dix ans, mais tous les vingt-cinq ans. Pas très grave, les futurs lecteurs corrigeront.

    En attendant la sortie officielle le 21 août, vous pouvez picorer des extraits sur Kronix (taper "Nefs de Pangée" dans la recherche).

    Prochain grand rendez-vous le 12 septembre, à Paris, pour la rentrée Fantasy des indés de l'imaginaire. Ensuite, le 14 septembre, à Lyon, villa Gillet, pur la rentrée littéraire de l'ARALD, et puis, et puis... Je vous reparlerai de tout ça, bien sûr.

  • 2539

    Alexandre.jpegHier, revu « Alexandre le Bienheureux » d'Yves Robert, avec Philippe Noiret. Voici un film daté, dont les intérieurs sentent le studio de Billancourt, dont certains gags sont mous et l'interprétation pas toujours parfaite, cependant... Je l'ai revu avec beaucoup de  plaisir et d'émotion. Parce que ce film m'a sauvé la vie.
    J'avais 14 ans, peut-être, j'étais pensionnaire dans une institution religieuse, on m'imposait des mathématiques ad nauseam, moi qui ne rêvais que d'art et de littérature, je ne comprenais pas le monde du travail et des adultes que je voyais arriver sur moi, non comme une promesse d'avenir, mais comme un train.
    Et puis, un jour, un type qui passait avec son projecteur, nous montra ce conte innocent. Je ne sais pas si nos curés apprécièrent l'apologie de la paresse et du temps long que prônait le film, en tout cas, ce fut pour moi une révélation. Quelqu'un d'autre, quelque part, pensait comme moi !
    Ce que je devinais du monde, le désir que j'avais de me placer dans une lumière toute bonne et désinvolte, tandis que je voyais les adultes pliés sous des contraintes qui les faisaient renâcler à longueur de journée, se trouvait soudain confirmé par l'autorité dune œuvre cinématographique. C'est ainsi que je comprenais la vie, elle pouvait être douce à qui choisissait de ne pas se vautrer dans l'obscure fatalité du labeur. L'exemple d'Alexandre me donna confiance, me rendit moins amer, moins suspicieux envers la nature humaine. Je n'étais plus seul. On pourrait estimer que son message m'a maintenu dans une sensualité puérile, a retardé ma maturité, c’est le contraire : il m'a fait mûrir, a dégagé la place où je savais pouvoir me redresser.
    Bien sûr, tant d'autres films, plus importants filmiquement, mieux achevés et plus riches, m'ont apporté beaucoup, mais « Alexandre le bienheureux » est le seul qui aie su me dire que je n'étais pas une sous-merde vouée au désespoir pour le reste de mes jours. Voilà. De malheureux, j'étais passé à potentiellement bienheureux. Merci, monsieur Robert.

  • 2538

    Se référer à la figure d'Ulysse pour vanter l'idée du voyage, c'est oublier un peu vite que, d'abord, Ulysse aurait beaucoup donné pour rester chez lui, pépère, et que, en plus, son périple est un modèle d'accumulation de calamités et de mauvais coups, qui ferait fermer boutique à n'importe quelle agence de voyages. 

  • 2537

    Parmi le charnier innombrable,
    un poète, une pianiste, une architecte, un réparateur d'ascenseur, un pêcheur, une conteuse pour enfants, une joueuse de belote.
    Dans la vaste nécropole, les talents enterrés.
    On se désole des morts indistincts,
    quand c'est, pour chacun, une galaxie qui s'éteint.

  • 2536

    Il fait chaud, c’est l'été, le jardin est harassé de lumière.
    Et toi, fermé dans ton bureau, tu racontes un hiver ancien.
    Tu pourrais tout aussi bien parler de la lune.
    Qu'y a-t-il de véritable dans la sensation que tu décris,
    des pieds nus entourés de paille qui cahotent dans les sabots usés, deux siècles avant toi ?
    A quel souvenir celui qui te lit, qui n'a jamais connu que des verticales d'acier et le confort de la clim', va-t-il s'appuyer pour te comprendre ?
    Lecteur et auteur s'accordent pour partager l'idée d'une sensation, et doivent s'en tenir là, s'ils ne veulent pas que s'effondre tout l'édifice.

    Le décor est maintenu par les deux étais qu'ils forment, ensemble, complices dans l'aventure du livre.

  • 2535

    L'Affaire des Vivants, vue et lue par Marielle, médiathécaire de Gilly-sur-Isère. Grand merci à elle et à l'équipe. Et à l'année prochaine.

    "Par quoi commencer pour exprimer mon ressenti à la lecture ? Peut-être par le mot qui me vient spontanément à l’esprit sitôt la dernière page tournée : « MONUMENTAL».

    Est-ce le personnage de Charlemagne, colosse insondable, qui me souffle ce mot ? Le gigantisme de l’époque, dans laquelle s’inscrit cette saga familiale, cette fin XIX°, si bien restituée, avec son développement tentaculaire et sa capacité à broyer les hommes ? les 352 pages qui invitent à de multiples questionnements : sur le destin, le poids de la famille, le poids d’une époque, le faux semblant des relations humaines, le sens du bonheur, celui de l’argent, du travail, de la liberté, l’absurdité de la guerre, l’importance des mots… ? Ou la puissance de l’écriture, quand elle nous plonge avec effroi, humour ou douceur dans des scènes que l’on retiendra ?

    Je ne sais ce qui a motivé ce monument, cet « ouvrage d’architecture remarquable d’un point de vue esthétique ou historique » (définition du Larousse) : un hommage à Flaubert, Hugo, Balzac ? Une expérience stylistique (très réussie) avec l’envie de s’immerger dans la langue du XIX° et ses mots oubliés ?

    Mais qu’importe et que l’on ne s’y trompe pas : Ce livre est plus qu’un hommage ou un vrai faux roman du XIX° : Pas du Hugo, du Balzac ou du Flaubert, mais leur égal : du Chavassieux pur jus. Avec toute la malice et le brio singulier de celui qui sait emmener le lecteur et les personnages là où il veut… Avec les mots, qu’il aime tant, et les noms savamment choisis comme autant de boussoles.

    Le roman, très contemporain, nous convie au concert (tantôt Wagner, Gorecki, chanson populaire, petite musique de chambre voire expérimentale façon Cage), au cinéma avec des scènes à couper le souffle, la puissance de l’écriture en lieu et place de la caméra. Et bien plus sûrement au théâtre avec sa galerie de personnages, et ses phrases en fin de chapitre comme un tombé de rideau. Sans compter le procédé brechtien pour nous rendre complice de ce qui se joue dans les pages ! Pas moyen de nous défausser : nous sommes pris au piège de nos émotions et notre esprit « bourrasque » face aux ruptures des destins ou , à contrario, face aux consternantes linéarités des vies qui se déroulent sous nos yeux : colère, empathie, admiration, détestation face aux personnages que l’écrivain modèle à sa guise… ou presque. Comme Abel Gance aux soldats figurants de « j’accuse », l’écrivain leur impose de bien terribles épreuves ; on lui en veut un peu, mais on lui pardonne bien vite car il nous invite à l’indulgence pour les plus détestables…

    Et se forme au fil du récit un idéal hybride : nous rêvons secrètement à l’étoffe de Charlemagne, l’élégance de Jean Baptiste, « l’âme complète » et libertaire de Louis, la pétillance de Jeanne, la force de résilience d’Alma, celle de rédemption d’Ernest, la sagesse de Victor et la simplicité solaire du père Martanche…

    Enfin, nous quitterons le livre à regret…

    …Comme une mise en abyme, nous terminerons cette rencontre, assis à la table d’un écrivain. Nous fermerons la porte comme nous avons tourné la dernière page, en nous sentant plus beaux, plus riches et… plus vivants !"

  • 2534

    Cette faculté humiliante que j'ai, de trouver qu'un tel a raison, puis un autre qui est exactement de l'avis contraire, avant de me ranger à l'opinion d'un troisième qui nuance l'idée du premier, avant de découvrir un avis pertinent qui contredit les précédents, etc. Je ne sais ce qu'il faut en déduire : Suis-je si bête ? Suis-je incertain ? Toutes les opinions se valent-elles, quand elles sont comprises dans une fourchette acceptable pour moi ? Ou encore, n'y a-t-il simplement pas de vérité ? Peut-être, enfin, que le monde ne réclame aucune pensée, qu'il génère une conviction par le fait qu'il existe, et que cette conviction est telle : toute idée donne du sens ; or, rien n'a de sens.

  • 2533

    J'ai entendu ton souffle près de moi. Je n'ai pas saisi les mots. C'était doux, bien sûr. Je me suis réveillé et tu n'étais pas à côté de moi. Il y a eu cette fraction de seconde. Une fugace parcelle de temps où j'ai cru t'avoir perdue. Et, de toutes les heures avant et après, et de tous les moments depuis très longtemps, cette brève panique occupe mes pensées désormais.

  • 2532

    J'ai calculé qu'il fallait sept heures de marche à un cheval au pas, pour faire le tour du Parc du château de Versailles, en 1789. Le genre de détails qu'on est susceptible d'étudier, quand on écrit « La Grande Sauvage ». On est aussi susceptible de ne pas utiliser cette information pourtant capitale. Il est même très probable qu'au bout du compte, on se soit juste fait plaisir à se pencher sur la question. Et maintenant, combien fallait-il de types armés d'arrosoirs pour que les milliers d'hectares de pelouse du parc restent impeccablement verts pendant l'été ?

  • 2531

    affiche-cc.jpgChaque année, je viens, à l'invitation de l'équipe de Marielle, présenter ma "carte blanche". Chaque année, je viens avec un nouveau livre, une brioche aux pralines, un ou des invités, et un ou des kilos en plus.

    Cette année, ce seront trois invités et trois kilos.

    Ce soir, nous évoquerons les ouvrages de la dernière sélection Lettres-Frontière (et incidemment, "L'Affaire des Vivants", qui a le bonheur et le privilège d'en faire partie).

    Demain, c'est l'instant carte blanche avec, cette année, des potes auteur(e)s de BD. Tous issus de cette belle expérience que fut l'association Ikon&Imago, il y a.. hum... Euh... 15 ans !? Bref.

    Léah Touitou, dessinatrice, vidéaste, bédéaste, globe-trotteuse, engagée sans se déclarer telle mais parce que c'est comme ça...

    leah touitou- dessin.jpeg

    Quelqu'un qui va vous donner une pêche formidable. C'est peut-être le point commun de mes trois i

    nvités, parce que Sarujin et Petelus n'engendrent pas spécialement la mélancolie, non plus.

    Petelus, c'est un univers tellement singulier que... je ne saurais pas en parler. Le mieux est que vous veniez vous en faire une idée. J'espère bien, par mes questions, donner un aperçu de l'univers de ce cosplayer, vidéaste, mélomane, lecteur de Nietzsche et fin analyste des absurdités de la société (il en déniche qui m'étaient restées invisibles, c'est dire s'il est fort).

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    Quand à Sarujin, le stéphanois de la bande, il a fait lui aussi ses premières armes dans l'association roannaise, et se consacre désormais à son art. Comme les amis sus-cités, il s'exprime rarement sur son métier, et ce sera l'occasion d'évoquer son travail, de l'illustration pour des jeux, des couvertures de livres, chez Fleurus ou Bordas, la colorisation... J'insère ici un dessin que ce talentueux garçon avait réalisa pour me soutenir, lors de la censure de "J'habitais Roanne" par le Pays Roannais (hebdomadaire local). Une attention qui me touche toujours.

    affiche christian.jpgCe sera donc, samedi matin à 11 heures, une rencontre passionnante, la découverte d'un métier aux multiples surprises (comment modifie-t-on une bulle de manga pour la remplacer par une onomatopée allemande interminable, sans détériorer l'ambiance du dessin original, par exemple).

     

    Venez nombreux, ça en vaut vraiment la peine.