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  • La débandade

    Perdu la boîte à épices. Celle où sont rangés les rires et la bonne humeur. Du coup, tout ce que j'écris ne décolle pas, fait à peine sourire. Beau m'efforcer, me congestionner les boyaux de la cervelle, des nèfles ! Rien de marrant ne sort. Une sorte de panne, de détumescence de la rigolade. Une petite voix, grinçante, s'élève : « Parce que tu as déjà été drôle, toi ? »

     

    Suite demain.

  • Crever la dalle

    Par chez moi, on fait la grève de la faim pour réclamer des parkings. Oui m'sieur ! Pas pour défendre  les droits de l'homme, alerter l'opinion publique sur le sort des SDF en hiver ou protester contre la maltraitance en milieu carcéral, pas pour s'indigner des condamnations à mort en Chine ou s'inquiéter de la centralisation des Caisses d'assurance ou du non-financement des dépenses de santé. Non : pour des parkings. Gandhi n'y avait pas pensé, Bobby Sands non plus. Ou peut-être auraient-ils trouvé ça absolument obscène. Va savoir.

  • Courrier (in)désirable

    Sur des charbons ardents, en ce moment. Récemment, tandis que je faisais un peu de ménage dans ma boîte mail, je me hasarde dans la rubrique « courrier indésirable », que je m’apprête à vider comme il se doit. Parmi les suppliques d’enfants malades, les loteries gagnantes et le tout-venant de l’e-trash, mon œil est arrêté par un objet singulier : le nom d’une personne que je ne connais pas... suivi du titre d’un de mes romans inédits ! Un peu abasourdi, j’ouvre le mail et je lis : "Bonjour, Votre manuscrit  "......" nous est parvenu par une voie un peu détournée – recommandé par un confrère éditeur. Une première lecture ayant suscité un intérêt, nous nous apprêtons à en effectuer une seconde. Pouvez-vous me confirmer que vous êtes toujours à la recherche d'un éditeur pour ce texte ?"


    Parmi les éditeurs qui ont refusé mon manuscrit, il y en a donc un qui l’a jugé assez intéressant pour le signaler à un confrère. Je ne sais pas lequel est-ce (enfin, j’ai mon idée, mais), ni si ce livre sera un jour enfin accouché, mais je trouve sa démarche belle et… j’en suis un peu retourné pour tout dire. En tout cas, la maison d’édition qui est aujourd’hui intéressée par ce texte est tout-à-fait dans l’esprit que j’aime. Une belle ligne éditoriale, une vraie valeur littéraire, une attention à l’objet-livre aussi, à la qualité du papier, etc. Si jamais je suis édité chez eux, aussi, c’est une marche significative dans la reconnaissance de mon travail, puisqu’il s’agit de sortir de l’édition confidentielle où des auteurs comme moi sont souvent confinés (ce qui a bien sûr de très bons côtés). Enfin, calmons-nous : rien n’est fait.

    Je vous tiens bien sûr au courant.

  • Reliefs

    Enfant, je tendais mes mains vers les étoiles, geste vain, qui m'apprenait pourtant à mesurer mon vertige.


    La trompette du soleil tournée vers nous claironne un jour heureux.



    Saisir d'un poing sa maigre intelligence, la jeter hors de soi. Petites questions, coutume intarissable. Le cerveau quémande, il veut penser. Tais-toi. Tais-toi enfin, laisse-moi, que veux-tu ? Tais-toi ! C'est la seule vertu à conquérir, le silence des roches.

  • Discipline

    « J'admets que c'est une méthode difficile, et je ne l'applique pas de gaieté de coeur crois-moi, mais enfin, tu vois, tu connais parfaitement ta table de 9, maintenant. Par contre, cesse de réclamer ton oeil droit. Un oeil arraché c'est un oeil de perdu. Il fallait réfléchir avant. »

  • En solitaire

    Moby Dick était solitaire. Repoussée par ses congénères qui se méfiaient des blancs, trop grande pour ses copines, un peu maladroite, elle avait quitté très jeune la société des baleines et errait depuis par les océans. Découvrant les navires de son œil exercé, elle vit que le physique des marins était infiniment varié, et crut trouver chez eux une tolérance inédite. Heureuse, elle nagea à la rencontre du Pequod.

  • Ô temps

    Je n'avais pas dû répondre assez vite à l'instituteur. Une question évidente appelant une réponse immédiate. Mon mutisme tellement affligeant après cela que l'instituteur éclata en me posant une question du même niveau de facilité : « Tu connais au moins ta date de naissance ? » Je ne la savais pas. Hilarité générale. Le maître, abasourdi face à un tel cancre. Moi, mortifié à jamais. J'ai toujours ce problème avec les dates aujourd'hui. Il m'est très difficile d'en retenir une et surtout, de concevoir quelle distance me sépare de telle ou telle échéance. Un handicap sérieux quand je travaillais dans la communication, métier qui réclame un bon sens du timing. Une vraie difficulté dans la vie de tous les jours. Mais aussi un don précieux, qui crée un environnement flottant, un continuum sans aspérité. Les jours sont comme des débris sur le fleuve, qui viennent à ma rencontre, passent et me contournent.

  • Va, nu-pieds

    Militons un peu, voulez-vous ? Et pour une chose à peu près inutile, en tout cas bien vaine au regard des urgences de ce monde : la possibilité de marcher pieds nus dans les musées.
    Il nous arrive à tous d’avoir mal aux pieds après deux heures de marche et de piétinement dans les salles les plus réputées. Personnellement, je ne résiste pas à la délicieuse sensation de quitter mes chaussures pour ensuite visiter à mon aise, enfin réceptif à toutes les merveilles, ma paire de pompes dans le dos, tenue à la main. Mal m’en prend ! Aussitôt, une armée de gardiens, ou des conservateurs appelés à la rescousse, viennent m’intimer l’ordre de me rechausser. Avant d'obtempérer, je demande, au fond, quel est le problème. Personne n’ose dire « ça ne se fait pas », alors on évoque la sécurité : je pourrais, c’est vrai, lancer une chaussure sur une toile. Mais n’importe lequel des visiteurs peut le faire, et puis les sacs à main des dames alentour me paraissent tout aussi dangereux. Non, ça ne tient pas. Seule une espèce de bienséance oblige à se martyriser les pieds au musée. On ne peut même pas parler de sacralisation du lieu, car un geste insigne des lieux sacrés et de s’y déchausser. Une seule chose fait obstacle à cette pratique : le manque d'habitude, la marginalité. Je propose donc une campagne nationale de promenade nu-pieds dans les musées. On commence samedi prochain.

  • Naguère

    Elles avaient d’étonnantes manières, des spirales déroulées dans le geste du vent, des robes qui buvaient le soleil. L’herbe scintillait, l’air attendri bénissait la peau de toutes les femmes. Elles avaient une beauté qu’on n’aurait su décrire. Nous songions aux caresses, nous rêvions aux ivresses adultes, aux drames de nos futures joutes. Nous étions impuissants, assis étourdis au spectacle des rondes majuscules.

  • Pas touche

    Juste derrière la paroi de verre du magasin, un écran s’adresse au passant impuissant : « Ecran tactile : appuyez ici pour tout savoir sur nos offres ! »

  • L'intrus

    Passage à vide pour Superman. En quête de réponses sur lui-même, il entre dans une secte. Chants, prières, jolies filles, position du lotus et encens, ça commence pas mal. Mais voir ces ploucs tenter de léviter en sautillant, incapables de s’élever de plus de cinq centimètres du sol et le voilà encore plus déprimé qu’avant.

  • Comme d'habituuuude

    Chaque jour depuis des années, je passe devant ce restaurant, et chaque jour je vois par la vitre cet homme attablé à la même heure, à la même place. Je le plains de cette monotonie désespérante. De sa chaise, lui doit me voir passer aussi régulièrement, me plaindre pareillement. Deux types prisonniers des habitudes. On pourrait peut-être manger ensemble, un jour ? Mais la perspective de l’échange de nos platitudes est un puissant repoussoir.

  • Rions un peu

    La lucidité n'aide pas tellement à être drôle. On est vite rattrapé par le cynisme et par l'ironie (« qui réduit tout » comme dit Arsand). Alors, on se souvient que l'humour est la politesse du désespoir, que la dérision permet de se placer au bon niveau, on se rappelle surtout que la vie est une farce, énorme, douloureuse, tragique, mais une farce. Et la drôlerie revient au galop, heureuse, serviable, rassurante. Tout cela finira dans une gigantesque explosion de rire, une fournaise comique, un embrasement d'hilarité. La damnation à ceux qui n'auront pas su rire de cette vaste blague.

  • Révolution

    Précipitons une goutte d'eau dans un vase plein. Le vase déborde. Mais assez peu en vérité, de la valeur de la goutte, ou un peu plus selon la grosseur de la goutte et la hauteur de laquelle elle est tombée. En fait, après le moment critique du débordement, on peut considérer que le vase est toujours à peu près plein. Non, non, pour bien faire, je vous le dis : renversons le vase carrément. Le principe vaut aussi pour la coupe qui, cette fois-ci, est pleine.

  • Succès relatif

    Quand il lâcha un pet, on crut à une impolitesse alors qu'il avait réussi à retenir un éternuement. Ce qui expliquait aussi, malgré les regards de reproche, son sourire satisfait.

  • Pasiphaé - Minotaure

    La compagnie NU a une façon bien particulière de lancer son public sur la voie de ses prochains travaux. Il y aura la pièce en 2013 mais en attendant, Nu vous propose de savourer des textes de précurseurs autour du thème qui nous intéresse cette année : Pasiphaé et le Minotaure.

    Ce soir, nous ferons une lecture de textes de Calaferte, Borgès, Suarès, Dürenmatt et Montherlant qui ont écrit sur ces personnages.

    Le spectacle aura lieu au théâtre municipal de Roanne (entrée par l'administration) à 20h30.

     

    Lectures François Podetti et Christian Chavassieux.

    Mise en scène : François Podetti, composition sonore : Jérôme Bodon-Clair, travail vidéo et photo : Marc Bonnetin.

    Entrée : 6 euros, tarif réduit : 3 euros.

    Nous aimons qu'il y ait du monde, bien sûr, mais il s'agit surtout de prouver à la direction du théâtre qu'il existe un public pour ce genre d'expérience exigeante.

  • Ma scène préférée

    Sur le site allociné, une rubrique plaisante s'intitule « ma scène préférée ». Des gens de cinéma y décrivent lors d'une interview, la scène qu'ils préfèrent dans toute l'histoire du cinéma. Je me suis souvent interrogé à ce sujet, sans trouver de réponse. Impossible : tant de scènes marquantes, tant de plans inoubliables, de films magistraux, comment sélectionner une seule scène ? Ou seulement faire un premier tri ? J'admire la faculté des interviewés à répondre, apparemment de façon improvisée, à une question aussi complexe. Une récente nuit d'insomnie m'a donné l'occasion de mûrir le sujet. Impossible de ne retenir qu'une scène, mais plusieurs se détachent.
    Dans « Andreï Roublev », la scène où, après des mois de travail, une nouvelle cloche est inaugurée avec toute la pompe et la foi du moyen-âge russe. Sauf que, le très jeune garçon (un enfant presque), qui a conduit les travaux n'est absolument pas sûr du résultat. Et le madrier est balancé contre le flanc de la cloche énorme. Il approche, millimètre par millimètre, il va la frapper...
    « Les dix commandements ». La scène Hénaurme de l'érection d'une obélisque (tiens ? Encore des travaux ! Un fétichisme du chantier se dessinerait-il chez moi ?)
    « Spartacus », Kirk Douglas découvre le corps d'une femme, l'esclave Varinia, dans son cachot. Magnifique moment sur la musique devenue célèbre d'Alex North. Dans le même film, la scène de leurs retrouvailles m'arrache des larmes (si je suis tout seul).
    « Les possédés ». Deux jeunes réalisateurs imaginent comment ils vont pouvoir réaliser un film point trop honteux avec très peu de budget et un scénario débile. Ils cherchent... et trouvent : ce qui fait peur, c'est le noir. Autour d'une simple lampe de bureau, les scènes-clés du film rêvé se mettent en place.
    « A history of violence ». Le visage de Mortensen, qui vient de tuer. Plan fixe, pas un mot. L'horreur pure.
    De Spielberg, les fameuses vingt premières minutes du soldat Ryan. Au cinéma, la première fois, je crevais de trouille.
    Du même, dans « minority report », le monologue de la précog qui raconte aux deux jeunes parents, le futur « possible » (mais qui n'est pas advenu), de leur enfant mort.
    Dans « Le Guépard », le dialogue entre le comte Salina et un envoyé du tout nouveau gouvernement italien. Un dialogue, confiné dans un bureau. Un échange d'une grande intelligence, empreint de respect, et qui verse dans le poétique.
    « Fellini Roma ». Des archéologues pénètrent dans une crypte que les travaux du métro ont découvert. Là, des fresques somptueuses s'offrent à leur émerveillement. Et puis, en quelques secondes, l'air pollué de la capitale, efface tout sous leurs yeux effarés et impuissants.
    « Good morning Babylonia ». Les frères Taviani mettent en scène deux frères italiens, maçons, artistes restaurateurs d'églises romanes, obligés de migrer en Amérique. A Hollywood, ils sont pris à partie par un petit directeur de plateau quelconque, qui leur envoie son mépris aux visages. « De qui es-tu le fils ? » lui répond l'un des frères. « Nous sommes les fils de Leonardo, Raphaello, Michelangelo. Et toi, de qui es-tu le fils ? » C'est lyrique, tragique, monumental. Bouleversant.
    « Home », premier film d'une réalisatrice belge. La mère a conduit toute la famille à partager sa folie et à emmitoufler la maison dans un cocon matelassé. La famille s'enfonce dans le silence, la nuit, l'étouffement. On s'achemine vers une mort anesthésiée. Et puis, un jour, la mère défonce un mur, et libère son monde de ce ventre délétère. C'est un moment d'une absolue poésie et d'une grande force visuelle.
    « Le conte des contes » Youri Norstein. Les scènes qui racontent la paix. Un minotaure joue à la corde à sauter avec une petite fille, un pêcheur rentre, un poète passe. Dans le même film, la terrible scène du bal pendant la guerre. Les époux décédés s'échappent d'un coup des bras de leur cavalière.
    Frédéric Bach « L'homme qui plantait des arbres ». Encore un film d'animation. Les mots de Giono, la voix de Noiret, les pastels qui ont demandé cinq ans de travail et qui racontent cette histoire magnifique. A un moment, un ami du narrateur dit simplement que le paysan Elzéar (l'homme qui plante les arbres) a « trouvé un sacré moyen d'être heureux ». A chaque vision, sur ces mots, ma gorge se noue.
    « Le vieil homme et la mer », film d'animation de Petrov. La scène du bras de fer dans la taverne. Une prouesse technique autant qu'un moment admirable d'émotion.
    « La règle du jeu » de Renoir. Tant de scènes... Mais l'enchaînement magistral de la course-poursuite dans le château entre le garde-chasse et le braconnier promu domestique, alors que tout bascule dans le chaos.
    « les rapaces » l'uniforme immaculé de Von Stroheim, balancé sans ménagement dans une ignoble bouche d'égout.
    Les longs plans vides de la lente poursuite de « vertigo » dans les rues de San-Francisco.
    Le dernier plan de « A serious man » des frères Cohen.


    Bon j'arrête là. Il y en a tant, je capitule.

  • Le secret

    Au dessus de ton air sérieux, la marque des anges, sais-tu, sais-tu ce que c'est ? - Non – la petite dépression qui enfonce ta lèvre supérieure – Non, je te dis – Dans le ventre de ta mère, tu savais le secret du monde. A ta naissance, un ange t'a demandé de le taire, et pour signer le pacte, a posé son doigt sur ta bouche – C'est joli – Ce n'est pas de moi – Je sais. Embrasse-moi.

  • Chaud

    - Si je te fais ça, c'est érotique ?
    - Refais, j'ai rien senti.
    - Comme ça...
    - Mmmmhh... Moui, je suppose que ce doit être érotique.

  • Pas tous faits pareil...

    Ses soldats ont fusillé une trentaine de personnes aujourd'hui et il ne compte plus le nombre d'opposants qui hurlent sous la torture en ce moment-même. Cependant, le dictateur dort paisiblement. Alors que pour moi, une simple prise de bec au téléphone et c’est l’insomnie.