Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Toute Venise plongée dans un liquide...

    Et cette nuit, soudain, une révélation : si Venise inévitablement s'enfonce, c'est à cause de l'obésité croissante des touristes.

  • Kubrick, image fixe

    (News d'après Arthebdo)

    "Stanley Kubrick a commencé sa carrière comme photographe. Muni d’un appareil offert par son père, il débute à l’adolescence puis se fait engager au magazine Look au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il n’a que 17 ans. Il y fait ses premières armes de scénariste, construisant ses reportages comme des récits complets, qu’il s’agisse de la vie des étudiants de l’université Columbia, de la journée d’un jeune cireur de chaussures de Brooklyn, ou encore de la traque des petites frappes et de leur transport en Paddy Wagon, le « panier à salade » de l’époque. Plus de deux cents images sont présentées, parmi les 20 000 que conservent le Museum of the City à New York et la Bibliothèque du Congrès à Washington, un patrimoine encore très peu étudié."


    • Kubrick fotografo à l’Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti jusqu’au 14 novembre 2010.

     

    Pour en savoir plus (et surtout admirer quelques clichés du jeune génie) :  Cliquer ICI.

     

  • Renée la limace

    Petit, j’avais eu des verrues sur les mains. Pas très nombreuses je crois. Disgracieuses sûrement. Un été à la campagne, on m’invita à les frotter avec le mucus secrété par les grosses limaces orange qui sortent à la faveur de la fin de journée. Je tentai le procédé de bonne grâce, n’ayant aucun dégoût pour les remèdes de bonne fâme ni pour les gastéropodes, même vivants. Le remède fonctionna à merveille. Dans un laps que je ne saurais apprécier aujourd’hui, mais certainement extraordinairement bref (la veille pour le lendemain ?), les verrues disparurent toutes et, surtout, ne réapparurent jamais. Cette année cependant, une verrue (mais discrète, peu colorée, translucide, point trop granuleuse, presque jolie) a poussé sur mon index gauche. L’autre jour, pendant la promenade, me revint le souvenir des limaces, parce que nous en évitions des dizaines dans l’herbe du chemin. J’en saisis une, prénommée Sophie, et frottai ma verrue avec son ventre avant de la relâcher, recroquevillée, mécontente, un peu asséchée mais indemne. J’ai répété le même geste plusieurs jours de suite, avec Edmonde, Renée, Jessica et d’autres donatrices anonymes et muettes. Le traitement n’a rien donné, sinon peut-être une légère coloration de l’excroissance. Je suis perplexe : les limaces de mon enfance étaient-elles plus efficaces, plus « chargées » en principes médicamenteux ? le dysfonctionnement physiologique qui est à l’origine des verrues s’est-il –chez moi en tout cas- mithridatisé contre l’action de la bave de limace à cause de mes onctions juvéniles ? étais-je autrefois sujet à l’effet placébo et ne le suis-je plus aujourd’hui ? Je serais tenté par la dernière explication, mais elle ouvre en moi des abîmes de réflexion : Je veux absolument croire que ça peut marcher, mais mon corps adulte refuse de m’écouter. Je me dis aussi qu’il préfère supporter une verrue qui, après tout, est une de ses fantaisies et dont il est peut-être fier. Ou bien, par quelque intelligence maléfique, Sophie a compris ce que je voulais d’elle et a retenu l’épanchement de ses glandes bienfaitrices. Mais aussi Edmonde, Renée, Jessica ? Ce serait un complot ? Vite, retrouver les bienveillantes limaces d’antan, et les prier à genoux de ne pas en vouloir à l’enfant que j’étais du mauvais traitement qu’il leur a fait subir alors. En tout cas, je suis encore surpris d’avoir réussi à écrire un billet aussi long à partir d’une anecdote aussi légère.

  • Une idée comme ça

    Et si l’anglais était plus menacé que le français ? A la lecture d’un excellent article des cahiers de Sciences et Vie, on réalise que les formes mondialisées de l’anglais : franglish, spanglish, globish (l’anglais d’aéroport, comme dit Eric Sadin), sont autant de mutilations et d’appauvrissements infligés à la langue d’origine et que, peut-être, sa forme la plus sophistiquée est davantage menacée par un tel traitement que le français, réduit à sa fonction hexagonale, enrichit par des apports immigrés, mais peu susceptible d’être « dégradé » par un usage sommaire. Enfin, c’est une idée que je lance, comme ça.

  • Un peu de prétention, et pourquoi pas ?

    Le contenu de ce billet pourra paraître extrêmement prétentieux, mais je viens de comprendre un principe assez étrange. A la relecture d’un manuscrit relativement ancien que je m’apprête à envoyer chez un éditeur, le considérant avec ce mélange d’innocence et de vigilance qui conduit le travail critique d’un texte qu’on a –non pas oublié- mais rangé plus ou moins dans la catégorie des livres publiables à revoir, je me suis aperçu que certaines idées, certaines réflexions esquissées par les personnages, sont (je rougis, la prétention arrive, attention), plutôt bien vues, assez originales et pour tout dire, dépassant la hauteur de pensée qui est généralement la mienne. Ce que je veux dire c’est qu’il m’apparaît que les livres sont plus intelligents que leurs auteurs. C’est un mystère, ça, tout de même. Comment, dans un cerveau à peu près normé tel que le mien, peuvent s’échapper des formes qui me dépassent, qui m’enseignent des idées, neuves pour moi-même ? S’il y a une réponse, je serais tenté de la trouver tout simplement dans le temps de maturation extraordinaire qu’est celui d’un texte littéraire. A force de se pencher sur chaque virgule, de réfléchir à l’attitude du moindre personnage, d’entrer dans sa vie et dans ses émotions, à force de revenir et revenir sur une idée, jour et nuit (blanche), des heures et des heures sur une phrase parfois, sur une bribe, un embryon d’idée qui vient de nous traverser, il me semble que nous finissons par produire une pensée plus élaborée que celle qui, d’habitude, nous sert à communiquer avec les autres. C’est peut-être pour cela aussi, qu’un auteur n’a pas toujours les clés pour expliquer son œuvre. Parce qu’elle est issue d’un autre, meilleur que lui-même.

  • Comme d'autres, à l'aventure

    Il y a en ce moment deux de mes textes chez deux éditeurs de poésie.
    L’un d’eux, prépublié sur un blog spécifiquement dédié avant d’être effacé, a connu deux années de reprises continues, qui l’ont fait mincir et l’ont métamorphosé. De l’état de nouvelle de 25 pages, intitulée « l’ermite » à la sécheresse d’un poème de dix pages aérées et ténues, découpées différemment et réécrites, intitulé « De Terre », ce texte n’a trouvé sa conclusion (s’il est accepté ainsi) que lors d’une décision récente et radicale : changer la fin. Voilà tout ce qui m’a poussé à reprendre, à modifier le procédé littéraire, à choisir la brièveté, à travailler ce texte pendant si longtemps : l’insatisfaction dans laquelle j’étais et qui ne tenait en fin de compte qu’à la résistance de mon personnage à la fin que je lui destinais. Quand la dernière phrase a été modifiée, inversant carrément le propos, quand j’ai résolu de ne pas laisser mon héros dans l’état de colère et de frustration que je voulais initialement pour lui, c’est-à-dire quand je lui ai offert la paix, toute la perspective du poème a trouvé sa cohérence, et il m’a paru que le texte prenait enfin sa force. Deux ans de travail qui n’ont pas été inutiles pourtant. Cherchant un accomplissement par des chemins détournés, j’ai travaillé la forme d’un texte pour, finalement, découvrir quel sens cette forme pouvait bien receler. Il n’y a pas de règle, on le voit.
    L’autre texte a trouvé sa forme immédiatement, pendant l’écriture. Il s’agissait d’une improvisation faite à l’écoute de la troisième symphonie de Gorecki, dite « symphonie des chants plaintifs ». Le court texte généré ainsi, dans les larmes véritablement, s’appelle pour cette raison « Les chants plaintifs ». Avant de l’envoyer, je l’ai assez peu retouché. Deux textes poétiques dont les modes d’exécution sont directement opposés, et qui produisent d’ailleurs des effets sensiblement différents. Le premier, j’espère, entraîne une médiation, une volontaire absence de soi, il invite à se regarder et à s’interroger. Le second, j’en suis sûr (car je l’ai lu en public), tonne et supplie, gémit et prie, il atteint les entrailles et le cœur.

    La semaine prochaine c’est la dernière version d’un roman déjà patiné par plusieurs années d’assoupissement au fond d’un tiroir, qui va tenter sa chance auprès d’un éditeur. Toute ma vie s’appuie ainsi sur deux repères essentiels : écrire et attendre qu’on publie ce que j’écris. Croyez-le ou non, pour difficiles qu'ils soient, ces deux statuts sont mieux que supportables.

  • Et on arrête là


    Il y a une énorme erreur dans  ce que je dis là. Je n'ai vérifié qu'après. Si cette phrase passe, c'est que j'ai eu la flemme de recommencer cette vidéo (de l'impro, toujours de l'impro, refaire ça n'est pas pareil).

  • Le corps qui sait

    Ce n’est pas compliqué. Pour connaître si je suis au bon moment au bon endroit dans la bonne fonction, il suffit que j’observe mon corps. Si j’étouffe, qu’un carcan de plomb me réduit le souffle jour et nuit, c’est simple : je ne suis pas à ma place. Seulement voilà, certaines contraintes me dictent la patience. Et mon corps, toujours asphyxié pourtant, attend sa libération.

     

  • Un demi-siècle !

    Nous l'avons tous pensé, j'imagine. Quand nous avions quinze ans, nous avons tous été saisis d'incrédulité à l'idée de parvenir à quarante. Aller au-delà n'était même pas concevable. Et me voici dépassant le demi-siècle (je me répète « un demi-siècle ! ») alors qu'il me semble avoir juste refermé mes trousses d'écolier. Cet âge n'est pas forcément le plus confortable pour tous, mais en ce qui me concerne, c'est le moment de ma vie où je me trouve absolument en paix avec moi-même (tandis que, c'est vrai, des combats avec le temps et certains individus mobilisent mon inquiétude et ma rage). Il est possible que j'aie trouvé simplement ce que j'ai à faire en ce monde.

  • Lectures de Camus à Roanne

    Demain, vendredi 3 septembre, à partir de 19 heures, à la Médiathèque de Roanne, quelques membres de l’association « Demain dès l’aube » s’adonneront à la joie de lire en public quelques extraits d’œuvres d’Albert Camus. Mes amis Charlotte, Dominique et Bernard Furnon, avec Jean Mathieu exprimeront les doutes des personnages de « Les Justes » ou les souvenirs liés au livre « le premier homme ». Pour ma part, je prononcerai le chapitre final et non-élégiaque de « l’étranger ».

     

    Prochain rendez-vous : le samedi 16 octobre pour une lecture personnelle d’extraits du Psychopompe.

     

  • En terre inconnue

    On pleure beaucoup dans « rendez-vous en terre inconnue », dans le déchirement des départs bien sûr, mais aussi dans certains climax fort réussis il faut bien le dire, et qui emportent l’adhésion des spectateurs, entraînés dans le même élan de sincérité de stars médiatiques dont la vie, par essence, en est singulièrement dépourvue (de sincérité, suivez mes phrases, je vais pas tout vous expliquer deux fois).
    Les crises de larmes sont en général soulignées d’un phrasé mélancolique interprété au piano, vestige de l’artifice sonore cinématographique, lui-même héritier de l’opéra et d’une tradition encore plus ancienne où la langueur aime l’écho harmonique de l’instrument, compagnon des larmes. La musique de l’émission étant donnée ici comme un des symptômes de l’artifice dont la réalisation est riche (l’équipe vidéo n’est jamais présentée, comme si nous assistions à l’irruption du seul invité et de Frédéric Lopez dans les contrées les plus lointaines, dont les images nous parviendraient magiquement, sans le viatique de la technique), mais dont nous sommes tellement coutumiers qu’aucun ne nous semble plus illégitime.
    Dans un épisode récent, l’invitée (Mariane James) se retrouvait juchée sur trois bouts de bois en plein milieu d’un océan interminable, dans la fantaisie d’un paysage époustouflant. Elle fut submergée d’une émotion que, moi-même assez fleur bleue, je n’eus aucun mal à partager. « Que c’est beau » répétait la star, et nous savions que c’était vrai. Nous avons tous, devant notre poste, tenté de faire abstraction des vilaines pensées (oui, mais là, dans ce mouvement circulaire, la caméra et le perchman sont dans un bateau à moteur, vu la vitesse, et puis ce plan à présent : il faut un hélicoptère…) pour nous accorder avec son bouleversement intime et écouter au fond de nous, le remuement éprouvé devant-les-spectacles-de-la-nature-qui-nous-rappellent-notre-juste-place-dans-l'univers-zimboum. N'empêche, me disais-je entre deux serrements de gorge, l'efficacité de ce pathétique-là n'est pas loin de celle de la littérature, dont les artifices ne sont pas moins grands, les violons pas moins visibles parfois, l'effet sur le lecteur pas moins suspect de sincérité que celui de ces images de télévision sur le téléspectateur.