C'est avec beaucoup de réticence, et après plusieurs années d'impeccable silence, que le secrétaire particulier du fameux écrivain, philosophe, philologue, essayiste Benjamin Stabureau, révéla les derniers mots du grand penseur sur son lit de mort : « Pas glop, pas glop ».
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Un soir au club
La scrupuleuse madame D. était bien ennuyée. Elle parcourait le club échangiste depuis une heure pour rendre à son propriétaire l'objet qu'elle avait trouvé dans son mari.
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Au carré
Une vision ouverte du monde ? Mais voyez nos écrans, désespérément rectangulaires.
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La reconquête
Il est bien bon, notre président. Le voici qui se cultive, on nous le claironne à tout va, grâce à sa Carla. Devait être un peu honteux d'être toujours à la remorque question culture, de s'entendre dire à tout bout de champ (enfin, d'entendre les autres penser très fort tout le temps : "Oui, mais Mitterrand, sa culture..."). Du coup, dîne avec des philosophes et des écrivains, se met à lire Camus. Se tape des dizaines de films par mois, et du sérieux : du Dreyer, du Welles, tout ça. Se présidentialise, quoi. On est content pour lui. 170% d'augmentation sur son salaire pour passer ses soirées devant son home cinéma tandis que le pays sombre, ça ne manque pas de panache. Aurait pu y penser avant ; aurait pu se cultiver d'abord, histoire de saisir une certaine douleur du monde, d'apprendre la compassion par exemple. La culture aurait pu le sauver, et peut-être, aurait évité notre damnation. Pour 2012, laissons-lui du temps pour parfaire sa nouvelle culture. Va lui en falloir.
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Chute de cheveux
Sous l'orage, le bellâtre à la chevelure épaisse et ondoyante rit et flâne, le crâne protégé des intempéries. Le chauve attend une bonne pluie de météorites pour ricaner à son tour. Le chauve a peu d'occasions de rire.
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Système de défense
Il est petit, frêle, bête, méchant. mais personne ne cherche querelle au cornac.
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A la source
Je poursuis l'écriture de mon livre sur Roanne, essai original qui mêle autobiographie, données historiques et géographiques, anecdotes méconnues, documents inédits, littérature, portraits de passionnés, etc. Pour la première fois dans la littérature locale, mon livre abordera l'histoire des immigrations à Roanne. J'ai besoin pour cela de témoignages, mais surtout de documentation chiffrée, de sources bibliographiques. Voilà, je lance un appel aux bonnes volontés, partout, et pourquoi pas sur Kronix ?
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les discrets
Au pied de l'escabeau où elle était grimpée, l'homme était selon elle, en très bonne position pour regarder sous ses jupes. Et même, elle avait remarqué le léger déplacement de son collègue pour mieux voir. Amusée, elle ne protesta pas. Mais elle se trompait : l'homme s'était un peu décalé de façon à ne pas risquer de voir. C'est ce mouvement qu'elle avait perçu et mal interprété. Dans la journée et dans les jours qui suivirent, ils ne pouvaient s'empêcher d'échanger un sourire complice quand ils se croisaient. Lui, persuadé qu'elle lui savait gré de son tact ; elle, délicieusement troublée par l'idée qu'elle avait pu, sans s'humilier, montrer son entrejambe à un homme qui désormais, vivrait dans le feu de la tentation.
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Les Pommarins
Moi non plus, j'aurais pas eu envie de passer ma vie à débiter des bouts de caoutchouc. Dans les années 70, le petit Bougel alors qu'il avait -combien ?- 17, 18 ans, s'est coltiné au boulot de l'usine. Assez pour apprendre la vie, pour savoir que, dans des coins du pays, dans des recoins de nos têtes, subsiste la lancinante nuit ouvrière. Et même si quelques boules de neige percent parfois la grisaille des jours incessamment pareils, on revient s'enchaîner au ventre des machines, respirer le noir de la gomme à pneu et de l'huile minérale.
Bleusaille, aux Pommarins, en Isère, tu commences dans l'atelier des femmes, tu plies tu déplies tu replies ; au passage tu saisis le joli sourire d'une petite arabe, le sourire s'éteint. Passent les cheftaines, t'es là pour bosser mon con. Après, tu rejoins les hommes, la consécration, les Machines, avec une majuscule virile. Les 3X8. Le vrai boulot dangereux qui sue, où tu peux à l'aise laisser une main. Les numéros des machines deviennent leur nom intime : 127, 90, 60... on les bichonne, on les sabote gentiment aussi, quand la journée tire à sa fin et qu'on s'octroie une petite réparation pépère.
Une plongée dans le monde ouvrier de l'époque ? Pas seulement : une traversée chez les lotophages abrutis de travail, dépourvus de lendemain. Et ce ne sont pas les grognes syndicales et les parties de foot qui vont changer les choses. Le vote ? Ça pourrait, mais combien de Français inscrits ? Le petit Bougel, oui, mais pas encore éveillé à la politique, il n'a pas voté. On l'engueule, il réalise, ça commence comme ça. En attendant le grand soir, les horaires vous rattrapent, la pointeuse vous ricane au nez. Gueule si tu veux, tu sais bien que tu vas y retourner, au taf. Le jeune homme va partir, il doit partir parce que ce train-train, cet aveuglement, ce racisme paternel, cet épuisement du corps et de l'intellect, il sait que ça va le bouffer ; il part. Il fait ce que les immigrés venus d'Italie, d'Algérie, de Turquie, du Portugal et d'Espagne ou de la vallée d'à côté ne peuvent pas faire, ne savent pas faire : il laisse tomber. (« Oh, qu'est-ce que tu fais, là ? » « Je m'en vais ». Pas plus compliqué). Veut vivre, point.
L'écriture de Bougel sonne, cogne, son argot passe à tabac ou donne des bourrades amicales dans les côtes. Les phrases sont des îlots secs aux parois abruptes. Et ça râpe, ça craque, ça regimbe, ça rigole, ça vit. « Les Pommarins » se lisent d'un coup, comme on siffle un canon, comme on pousse une gueulante, comme on lève le poing. Sans illusion, mais tout de même.
Les Pommarins. Hervé Bougel. Éditions Les carnets du dessert de lune, 2008. 10 €. -
Dolce Vita. L'Italie à Saint-Haon-le-Châtel
SAMEDI 4 JUIN
15 heures 30. Au Jardin de Solange
NAISSANCE DE VENUS de BOTTICCELLI (Les dessous d’un chef d’œuvre)
Daniel Arasse lu par Annie Bertrand
16 heures. Parvis de l’Eglise
Le Rossignol de BOCCACE
lu par Pascale Beau et Jean Mathieu
Traduction simultanée
19 heures. Manoir de la Fleur de Lys
Testament de Jean de LISSIACO
Lu par Nicolas Vaccaro et Jean Mathieu
22h30
FELLINI – ROMA
Un chef d’œuvre d’intelligence et de plaisir projeté dans les jardins de la Fleur de Lys à Saint-Haon-le Châtel !
DIMANCHE 5 JUIN
15 heures 30. Cour de l’Hôtel Pelletier
COSI FAN TUTTE de Lorenzo da Ponte
Lu par Odile et Bernard Casagranda
16 heures 30. Ruines des anciennes écoles
Les jumeaux de Naples
Spectacle Commedia dell’arte ; Compagnie Théâtre des Asphodèles
17 heures 30. Ancien cimetière
L’Enfer de DANTE (chants I à VI)
Lu par Christian Chavassieux, Jean Mathieu. -
Le Pénétrant
Si on a renoncé à baptiser les sous-marins avec les grands patronymes de l'Histoire (De-Gaulle, Jean-Bart, Clemenceau...) pour les affubler de noms terribles (Le Redoutable, Le Tonnant, le Foudroyant, le Vengeur, l'Indomptable...), c'est sans doute pour compenser leur aspect qui évoque, irrémédiablement, un suppositoire.
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Nos ennemies les bêtes
Le Calouca rouge, dit aussi Moqueur de Patagonie ou Oiseau crispant, a disparu en 1984 et personne ne s'en est ému, pas même les ornithologues qui, pour l'étudier, devaient subir sans regimber les attaques perfides de l'animal à longueur de journée et de nuit. Car le Calouca était infatigable.
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Hou ?
C'était un spectre plein de dédain. Il refusait d'apparaître à qui que ce soit, confortant la légende qui voulait qu'il n'existe pas.
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Regain
Quand grand-père formula pour la dernière fois son désir urgent de faire l'amour à sa femme, la famille réunie à table écarquilla les yeux. Père nous ordonna de finir la soupe, Mère s'empressa de faire du bruit en changeant les assiettes, et oncle Albert demanda à grand-mère si elle avait bien pris son laxatif, cela dans le seul but d'effacer le sourire béat apparu sur le visage de l'aïeule.