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  • Microbe résistant

    Manifestement, pour le dernier numéro de Microbe, Jean-Jacques Nuel a fait son marché sur le net (le format s'y prête : textes concis, humoristiques, malins et poétiques), mais il a aussi fait appel à quelques pointures de la poésie papier. Ont donc été joyeusement mis à contribution pour ce numéro 79 de la revue belge (par ordre d'apparition) :


    Fabrice Farre
    Frédérick Houdaer
    Christian Cottet-Emard
    Stéphane Prat
    Hervé Merlot
    Alain Helissen
    Stéphane Beau
    Bernard Deglet
    Roland Counard
    Christian Degoutte
    Paola Pigani
    Pascal Pratz
    Grégoire Damon
    Jean-Marc Flahaut
    Marlène Tissot

    et votre serviteur, tout ému de se trouver en aussi belle compagnie.


    On peut aussi s'abonner ici.

  • Voyager

    Quand ils ont découvert la sonde, lu le disque qui ornait son flanc, analysé son contenu, les extraterrestres se sont demandés quel lien pouvait exister entre cette suite d'images superbes, de chants et de musique, et la planète dévastée, sèche et morte qu'ils avaient exploré récemment.

  • Pas aidé

    Le prix Nobel de physique s'approcha du conférencier qui l'avait présenté. Je vous remercie pour cet éloge, lui dit-il, mais je ne crois pas qu'on puisse résumer ma vie à « des articles sur un problème de lumière » et à « des discours bizarres sur les plateaux télé ».

  • Vies minuscules

    Une affiche dans ce club du troisième âge vante les temps forts des animations à venir. La semaine prochaine : visite des ronds-points de la ville en bus. Gourmandise éveillée, je cherche des yeux la rubrique « temps faibles ».

  • La croisière s'amuse

    La barque pleine de damnés qui n'avaient pas envie de rire en traversant le Styx, le nocher se permettait toujours une petite blague pour détendre l'atmosphère. Mais il la formulait encore en grec ancien, personne ne l'ayant averti que là-haut, le monde avait changé. Aucun passager ne souriait à ses saillies. Il en éprouvait un sombre dépit et s'enfermait de plus en plus dans le mutisme, voire dans une certaine colère. Il lui arrivait à présent de se réjouir ouvertement du sort des malheureux. Mais comme il employait pour ce faire la même langue oubliée, aucun damné ne semblait en être plus touché que cela. Charon enrageait. Mais enfin, bon, il poussait son rafiot. Boulot, boulot, hein.

  • En veille

    Rêver, oui, pourquoi pas ? Rêver que les rêves se réalisent, ma foi, on peut toujours rêver.

  • De là au big bang

    Je me souviens aussi d’avant, je prends le cours des choses à l’envers, il y a ce moment où je suis l’autre, qui s’étonne à la surface de n’être pas lui-même, et puis je débute ma vie d’adulte inanimé, et puis je suis adolescent, je suis enfant, je suis fœtus, larve, animalcule dérivant dans les limbes, je suis molécule, je suis étoile, une explosion, un gouffre en attente et fécond dans lequel tout est possible, où même les pensées ont des gravités de plomb, je suis un point, une essence, un tout. De là, je peux reprendre d’un trait la fabrique du monde qui mènera à l’instant où la grotte est refermée, et où le temps ajuste sa boucle.

  • Au sommet

    La mode des stylites s'est éteinte depuis long. Après les colonnes où les premiers étaient installés, on trouva élégant d'orner son toit d'un stylite personnel. Et puis, on se rendit compte qu'ils prenaient la foudre, voire qu'ils l'attiraient, on se fatigua de les saluer chaque matin, de leur porter à manger deux olives pas jour, enfin on les délaissa. Abandonnés, ils se momifièrent, s'asséchèrent, devinrent fils, dans une prémonition antique de l'antenne de télé.

  • Dans l'espace, on ne vous entendra pas...

    Il fallait absolument se faire une idée des effets des flatulences dans l'espace, avant d'envoyer trois astronautes, serrés comme des sardines dans un habitat minuscule. Des tests alimentaires seraient nécessaires ainsi qu'un appareil pour recueillir les gaz. Le principe serait simple : une sonde métallique gaînée et ointe s'insinuerait en tournant dans le fondement et y resterait le temps nécessaire. Après qu'on lui eut présenté la sonde, un gros tube de 9 centimètres de diamètre et de 27 cm de longueur, on dit qu'Aldrin s'était porté volontaire pour pratiquer une dizaine de tests par jour.

    (d'après une histoire vraie).

    Cette note a une fonction, elle aussi : elle rappelle que je ne suis pas la créature raffinée que certains croient.

  • Incipit

    Depuis la maison, nous traversons les prés bosselés et ponctués de chardons pour nous rendre au bord de la Loire. Ce sont les gasses, les zones inondables, étendues préservées de toute construction, laissées aux charolaises et aux cigognes. Le chemin n’est pas tracé, nous marchons dans les sentes ménagées par les vaches paisibles regroupées sous les arbres, à l'abri du soleil. Une dizaine de minutes de promenade avant de rejoindre le fleuve. Nous sommes habillés léger, l'été nous revêt d'un feu d'âtre dès que nous sommes à découvert. Nous posons les serviettes sous un saule si nous voulons nous baigner, ou sous de vieux acacias plus éloignés de la rive si nous voulons lire ou faire une sieste. Nous paressons dans leur ombre, assis ou allongés, visages éclairés par la réfraction des pages. Parfois, livres reposés, nous restons dans la contemplation de l'amont ou de l'aval du fleuve. Sous cet angle, aucune présence humaine. On peut se croire dans un paysage champêtre du XVIIIe siècle. Nous considérons le panorama silencieusement et puis, après un temps de recueillement sans objet, nous échangeons quelques mots. Ma douce sait que j'ai commencé un nouveau roman. Le dernier est juste sorti de l'imprimante il y a trois jours, et le paquet qui a déjà reçu mes premières corrections veille sur la table de la salle à manger. Ce sera son travail la semaine qui vient, de le lire, de me dire ce qu'elle en pense. En attendant, j'ai couché les premières phrases du prochain. Ces quelques phrases sont celles que vous venez de lire.

     

    Pour la suite, si jamais on veut encore m'éditer, rendez-vous, je ne sais pas : dans deux ou trois ans ?

  • Tels les faunes

    Les elfes et lutins ne doivent pas effrayer le randonneur. Leur présence dans nos forêts n'a rien de surnaturel. A l'origine, ce sont des bûcherons abrutis, dépourvus de tout sens de l'orientation et irrémédiablement perdus dans les bois. Des siècles d'évolution ont produit ces êtres petits, furtifs et au caractère vindicatif.

    De même, contrairement à ce qu'essayent de faire croire certains écologistes, la disparition de ces créatures n'est pas due à la réduction de leur habitat, mais bel et bien à l'irruption de chemins proprement tracés à travers la forêt, munis de panneaux indicatifs, grâce auxquels elles ont enfin pu trouver la sortie.

    Désormais, les lutins errent dans nos villes et tentent de s'y adapter. Ils n'ont cependant pas amélioré leur sens de l'orientation et errent pitoyablement dans les rues, cartes en main. On distingue le lutin du touriste allemand par une remarquable différence de taille.

  • Sport méconnu

    L'haltérophilatéliste soulève des timbres par paquet de mille.