Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Astrophysique

    Sur la piste aux étoiles
    la chute du funambule
    produit un trou noir

  • Le 11

    Il y a six mois, je déposai sur le bureau de mes supérieurs les clés de mon travail et partis. Six mois déjà. Je savais, nous savions ma douce et moi, que tout cela passerait très vite. Plus que deux ans et six mois à présent pour consolider mon entrée dans le milieu littéraire, pour produire encore et trouver de quoi survivre. Je savais, nous savions que ça irait vite mais là, c'est le passage de la foudre. Qui laisse abasourdi et interroge sur la réalité de ce qui vient de se produire. Et cela risque de se résumer à ça, au terme des trois ans : Nous étions heureux ? C'était bien ? C'était quand ? C'est fini ?

  • La sanction des artifices

    Dans le roman sur lequel je travaille (encore situé dans l'Histoire), je vais me permettre de faire ce que je m'étais plus ou moins interdit dans "L'Affaire..." : mettre en scène des personnages ayant existé. Ce seront des personnages secondaires, mais tout de même, il faut que je me fasse une opinion sur Marie-Antoinette, son architecte, Louis XVI, etc. Comment faire ? Car je m'étais jusque là censuré en arguant qu'il est impossible et prétentieux de croire qu'on peut le moins du monde accéder à la vérité d'une époque, surtout si elle est lointaine (même proche, même une génération, et encore dans notre propre archéologie : suis-je vraiment sûr de ma façon de penser quand j'avais douze ans ?). En fait, la solution que j'ai adoptée est que tous les personnages du roman -et ce que nous pouvons savoir de leurs pensées et réactions- seront passés par le filtre du regard d'un personnage qui lui, est fictif.
    Je crois que ça se tient.

  • Le piège

    Accablé de prix célébrant son écriture chantournée et laborieuse, loué pour l'apparente moralité de ses propos et l'élévation de ses thèmes, cerné par de vieux érudits satisfaits de voir en lui le dernier représentant d'une veine romanesque vouée à disparaître, l'écrivain sauta sur la table du salon du livre et se mit à hurler : « Je ne suis pas mort ! »

  • Cause et effets

    La France est le pays développé où l'espoir en l'avenir est le plus bas, statistiquement. C'est aussi celui qui, proportionnellement, compte le plus d'athées.

    C'est qu'on a appris ne pas croire aux contes fées, je suppose.

  • Voir Grandir

    On n'évite pas les ombres, quand le soleil est bas, on n'évite pas les ténèbres des gouffres. Y'a pas que des saillies, il y a des abysses, de mauvais précipices. Des fois ça grouille et tu es pris de doute. Est-ce bien là que je vis, à ça qu'on me destine ? Des fois, le soleil est plus fort et l'ombre plus opaque. Alors mon doux péril, ma ressemblance, le froid t'enveloppe, alors la peur applique sur ta nuque la mouillure de ses lèvres. Ce n'est pas que l'on soit mauvais. C'est qu'on est bête. C'est que la clarté sur nos têtes allonge sur la terre de noirs épouvantails. Et pour quelques uns, les silhouettes étendues sont un désir de cadavre. Il faudra faire avec. Les ombres t'accompagnent, elles font des grimaces qui ne te ressemblent pas. C'est pourtant toi, petit, crois-moi, c'est pourtant nous, tout aussi bien. Il faudra faire avec.

  • Le dernier de la classe

    On punit le cancre en le laissant à l'arrière du groupe, de façon à ce qu'il ait peu de chances de trouver une rose des sables, dans la partie désertique où la classe se dirigeait à présent. Il ignorait tant de choses, le cancre ; mais il savait qu'on abordait ici un champ de mines. Il se retint d'y faire la moindre allusion.

  • La nostalgie n'est plus ce qu'elle était

    Entre les rayons, soudain, il remarque que tous les paquets de lessive sont rectangulaires. Quoi ? Plus de barils de lessive ? Plus cette amusante forme cylindrique avec sa poignée plastique ? Mais pourquoi, pourquoi ? Il s'adresse aux clients indifférents : « Mais vous réalisez que jamais vos enfants ne connaîtront cette forme particulière, cette invite, cette évocation de la colonne dorique, du tronc de mélèze, du tonneau des Danaïdes ? Vous vous rendez compte que quelque chose a été perdu, là, que nous ne retrouverons jamais ? » Il hurle, s'agenouille, bras en croix : « Pourquoi ? » Un vigile vient lui demander de se calmer, mais il déchire ses vêtements, se roule par terre, se couvre de cendres (car, opportunément, il en restait un petit tas, sous un rayonnage) « Ô désastre, Ô Apocalypse ! » Le vigile appelle à l'aide, des renforts viennent et emmènent l'exalté. Une caissière témoigne à une cliente, on voit de plus en plus de cas comme celui-ci, la nostalgie des choses disparues, la marche irrémédiable du temps, l'évidence que rien ne sera plus comme avant. La cliente hoche la tête, elle comprend. Elle-même, quand elle a appris qu'il n'y aurait plus jamais « Au Théâtre ce soir » et « La Piste aux étoiles », a connu une crise semblable, alors... Dehors, le client ne se calme pas, il ameute la population, inconsciente de son drame. On l'abat et tout rentre dans l'ordre. La caissière émet un soupir.

  • Je l'ai sur le bout de la langue, pourtant

    Huit mois entiers. C'est le record de durée d'une grève de la faim. Qui s'achève hélas de façon un peu pathétique quand l'impétrant, interrogé, admet ne plus se souvenir de quoi il retourne. Et meurt.

  • Parlons vrai

    Et bien oui, défendons le nucléaire !

    Défendons-le absolument, à tout le monde, tout le temps, et dès maintenant.

  • Aurélia et le cerisier

    Un rendez-vous réussi, c'est rassurant, cela donne à croire qu'on peut parfois contrôler la vie, lui faire les cadeaux promis, tels qu'imaginés longtemps avant. C'était sous le cerisier, c'était tout à l'heure, et c'était comme prévu, un verre de blanc frais à la main, avec le soleil pour compagnon. Il s'agissait de préparer la rencontre du 16 octobre, au Tramway à Lyon. Une idée de Laurent Cachard, m'invitant dans sa librairie préférée. Une bonne idée, donc.
    Forcément, tandis que Laurent, venu expressément chez nous pour cette raison (et grand merci à lui), évoquait les questions qu'il poserait et que j'esquissais les réponses qu'elles m'inspiraient, nous échangions des réflexions parallèles et complices, et réalisions cette évidence : les mêmes contraintes romanesques et historiques placent les auteurs face aux mêmes interrogations. C'est que Laurent, dans le même temps, pense à son travail actuel sur Aurélia, qu'il achève en ce moment-même. Ce que lui dis de mon « Affaire », du processus qui a présidé à son écriture, fait écho aux problèmes qui fondent son actualité scripturale.
    Des livres certainement très différents, deux univers, et un impeccable renvoi d'expériences. La rencontre d'aujourd'hui était très belle, elle augure d'une belle soirée, le 16.

  • Pas de quoi rire

    Ne sous-estimons pas le drame des voyeurs atteints de cécité.

  • Voir Grandir

    Je ne t'en dis pas plus, tu ne me croirais pas, je ne t'en dis pas plus. Grand ouvert garde-toi, tout prêt à te confondre, à t'étonner de tout. Une planète entière t'offre de quoi aimer, c'est beaucoup, cette offrande, Grand ouvert garde-toi, tout prêt à te confondre. Des cieux frangés de palpitations vertes, un givre de banquise couché sous les étoiles, une sonate, les jeux d'eau dans la villa d'Este, une pavane dédiée à une infante, des cors qui appellent Siegfried et des trains de nuit inaltérables, une tempête, un champ de blé, une rivière sous le vent, des déserts cuivrés, des cathédrales et des forêts, des géants sous les flots, ils ont pensé à tout, les âges d'avant toi, ils ont tout fait pour t'épater, en prévision du jour. Je ne te dis pas tout mais je peux te dire encore. Des palettes enivrées de colère ou des marbres laiteux, des danses africaines, des chants réinventés, des chorales, des cascades, des bleuets, des précipices et des sommets, des soleils endormis sur la grève, et les trésors à venir, ils ont pensé à tout, les âges d'avant toi. Je ne t'en dis pas plus, tu ne me croirais pas, je ne t'en dis pas plus.