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  • 2728

    "L'Affaire des vivants" va continuer d'exister un peu en 2016, grâce au prix Lettres-Frontière et aux rencontres qu'il va inspirer aux médiathèques partenaires. En attendant, de temps en temps, des lecteurs le découvrent par hasard, et continuent à l'apprécier.

  • Contes horrifiques

    Dans le bus qui l'emmenait en colonie de vacances, les paires de sièges étaient toutes occupées. Toutes par des jumeaux. Il alla donc s'asseoir au fond. A l'arrêt suivant, un enfant monta, qui lui ressemblait parfaitement. Tous les visages se tournèrent vers lui.

  • Contes horrifiques

    Chaque nuit, il écoutait une respiration mêlée à la sienne. Mais il était veuf, et seul depuis trois ans.

  • 2725

    Ces réflexions qui cherchaient un chemin vers le jour avaient momentanément altéré le sourire de Martin, l'avaient métamorphosé en ce rictus que Marianne n'aimait pas observer. Elle glissa la paume de sa main sur son visage : « Martin, mon Martin, dis-moi si tu es en colère. Dis-moi. » Il n'était pas en colère. Était-il en colère ? Il dit : « Je ne suis pas en colère » tout en interrogeant le sens de ce mot, et il fut effrayé – mais vraiment : il connut un instant de panique – de trouver un abîme devant ses réflexions. Ce mot avait perdu sons sens et – ce qui augmenta sa frayeur d'une façon irrationnelle – d'autres à sa suite semblaient se précipiter dans le gouffre ouvert de sa pensée, s'y précipiter avec une espèce de joie dans la perdition. Il répéta Je ne suis pas en colère avec une voix d'enfant, un grincement apeuré détaché de lui, si étrange que Marianne en eut un frisson : « Martin ? dit-elle, inquiète, dis-moi ce qui ne va pas. » Martin planta ses yeux dans les siens, prononça avec naturel : « Ça va, je vais bien. On va manger, non ? » tandis qu'une autre voix, brusque, accidentée, pleine de caillots et de glaires, de cris et de tourbe et de racines déchirées et de ciel tombé, d'odeur de poudre et de stupeur, hurlait en lui : « Si tu savais, Marianne, si tu savais... »

     

    La Grande Sauvage. Extrait. Roman en cours d'écriture.

  • 2724

    Les dictatures ou les régimes autoritaires sont peut-être des mutations inéluctables, des ponts critiques entre deux états de la démocratie ?

  • 2723

    Vers qui se tourner pour arracher cet écœurement ? Vers quel ailleurs diriger mon regard ? Et pleurer comme morte ma terre frileuse que je ne reconnais pas, mon antre, mon ventre, mon brouillard, mon pays.

     

    (billet posté il y a moins de deux mois, mais de plus en plus le reflet de mon état d'esprit)

  • 2722

    Sous l'orage, le bellâtre à la chevelure épaisse et ondoyante rit et flâne, le crâne protégé des intempéries. Le chauve attend une bonne pluie de météorites pour ricaner à son tour. Le chauve a peu d'occasions de rire.

  • 2721

    « … Et je ne le répèterai pas ! » conclut l'Éternel avant de s'évanouir dans un tourbillon de foudres. Et Moïse était bien embêté parce qu'il avait été distrait un moment, il pensait au prix du lait de chèvre ou à la croupe de Séphora, qu'importe, mais il n'avait pas écouté les derniers commandements. En se mordant les lèvres, il porta la main au menton et se concentra. Il avait été question d'un truc sur les chauves-souris ou d'une histoire de pantalon trop court mais il n'était pas sûr. Surtout, avait-il vraiment écouté cette phrase lancée dans un grondement : « Arrête tes conneries » ? Non, décidément, c'était bête mais dans le doute, il décida de poursuivre l'application rigoureuse et impitoyable des lois qui porteraient son nom.

  • 2720

    Sa main touchait l'arbre qui allait le sauver, quand il comprit que 40 % de son poids l'entraînait vers l'abîme. Impossible de se défaire de cette mauvaise graisse, elle fait partie de lui. Ah, s'il en avait fait du muscle !

  • 2719

    Attend tranquillement l'annonce d'un nouveau massacre. Dans les urnes, cette fois. A voté, histoire de faire un pied-de-nez à tous ceux qui trouvent ça inutile tout en découvrant qu'on a mis en place pour eux des systèmes qui ne leur conviennent pas.

    Chacun a ses raisons, après tout, je m'en fiche. Je crois faire ce qui doit être fait.


    En tout cas, hier, à la Médiathèque de Fleury, c'était très agréable. Il y avait du monde. Des têtes nouvelles, des amis. Je crois que j'ai été un peu soporifique. J'ai lu des passages de La Grande Sauvage, qui ont suscité quelque gourmandise. Parfait. Des livres, des rencontres, un public venu remplir la salle, des discussions autour d'un pot, ensuite.

    En fait, je sais pourquoi je vote.

  • 2718

    Et une petite pensée pour les Américains, juste histoire d'être polis, non ?

  • 2717

    Aujourd'hui, à partir de 15 heures, j'ai le plaisir d'être invité par la Bibliothèque de Fleury-la-Montagne, en Saône-et-Loire. J'y évoquerai Les Nefs de Pangée surtout, mais aussi L'Affaire des Vivants, puisqu'il n'était pas encore paru lors de mon dernier passage dans les lieux, il y a deux ans. Je conclurai par une lecture d'extraits de mon prochain roman, à paraître chez Phébus : La Grande Sauvage.

    Entrée libre, petit pot préparé par les bénévoles, bonne ambiance et public en général assez nombreux. Je me prépare à un agréable moment. Je vais faire en sorte que ce soit réciproque.
    Il ne sera fait aucune remarque aux personnes qui sont venues pour seulement écouter, et il se peut même qu'on les remercie d'être venues.C_Chavassieux_Fleury_Les Nefs-2015.jpg

  • 2716

    Bon, envoi d'un dossier de subvention à la Région aujourd'hui. Il ne se passe pas deux mois sans que nous soyons  (« nous » : la compagnie NU), remis au rang des quémandeurs qui doivent solliciter leur prince. C'est un choix, assumons. Je rêve d'un moment de bascule où nous serions détachés des mannes publiques, car nous n'aimons pas dépendre des contribuables, n'allez pas croire. L'ennui est que nous ne pourrions créer sans cela. Faire travailler des professionnels coûte (très) cher, et nous avons renoncé à faire des spectacles de patins à glace avec paillettes ou des reprises de classiques ou de comédies célèbres. Pas que ce soit mal en soi, mais nous cherchons autre chose.
    Pourquoi, et depuis tout temps, existe-t-il cette défiance du public pour des spectacles qui, éventuellement, lui ferait passer un bon moment et, accessoirement encore, lui laisserait des souvenirs ? Contrairement à ce que pensait le plumitif de l'hebdo local, nous ne cherchons pas à être élitistes, nous aimons que nos créations soient partagées par le plus grand nombre. D'ailleurs, nos pièces ne sont pas ce qu'on peut appeler confidentielles, les salles sont pratiquement pleines à chaque représentation, alors que nous ne bénéficions d'aucune autre communication que celle des programmes des structures qui nous accueillent et un travail de réseau, mais le  rapport coût/recettes est tel que nous ne pouvons rien faire sans les subsides publiques. Subsides publiques qui, nous a-t-on fait comprendre hier, fondent drastiquement. Il faut donc que je précise que, si nous ne pourrions pas créer sans elles, nous faisons à l'économie malgré elles. A l'économie, c'est-à-dire que la faiblesse des budgets contraint les comédiens et les auteurs à travailler de façon militante, bien en deçà des véritables émoluments auxquels ils pourraient prétendre. Les seuls à être payés correctement étant les techniciens. Voilà, c'était pour ceux qui considèrent que le théâtre contemporain nage sur un océan d'argent facile et que les « intellos » sont privilégiés.

  • 2715

    Etat d'urgence. Deux mots pour lâcher les chiens, enfoncer les portes entrouvertes. Et les cons en redemandent, vont voter FN parce que l'urgence ne suffit plus, veulent qu'on les bâillonne, les assomme, les encage. Pas eux, non, les autres, tous les autres. Comprennent pas qu'ils seront chacun, tôt ou tard, l'autre de quelqu'un.

  • 2714

    « Je vous trouve tous aussi assommants les uns que les autres avec cette affaire* » dit la duchesse de Guermantes qui, au point de vue mondain, tenait à montrer qu'elle ne se laissait mener par personne. « Elle ne peut pas avoir de conséquence pour moi au point de vue des Juifs pour la bonne raison que je n'en ai pas dans mes relations et compte toujours rester dans cette heureuse ignorance. Mais, d'autre part, je trouve insupportable que, sous prétexte qu'elles sont bien pensantes, qu'elles n'achètent rien aux marchands juifs ou qu'elles ont « Mort aux Juifs » écrit sur leur ombrelle, une quantité de Mme Durand ou Dubois, que nous n'aurions jamais connues, nous sont imposées par Marie-Aynard ou par Victurienne... »

     

    Marcel Proust. Le Côte de Guermantes I (extrait : ben oui, extrait !)

    * Il s'agit de l'affaire Dreyfus, bien sûr.

  • 2713

    Je suis surpris de la bonne volonté de ceux qui, pendant la Terreur, grimpaient sans faire d'histoires sur l'échafaud. Hors Mme du Barry qui renâcla, tous les autres, et vas-y, pousse-toi, tu montreras ma tête, moi d'abord, après vous, Hop, Tchac, suivant, c'est mon tour, dans l'ordre et la discipline, on n'est pas là pour traîner, etc. Je me demande si, vu le nombre quotidien d'exécutions, il ne se créait pas une sorte d'esprit d'équipe parmi les condamnés et que les charretées ne finissaient pas par ressembler à des départs de collège en bus.