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Cinéma - Page 3

  • Questions de vie et de mort

    Quel est le QI d’un zombie ? Si un zombie mord un zombie, est-ce que ça fait antidote ? Un zombie peut-il mourir de faim ? Quelle est la vitesse maximum d’un zombie qui court ?

    J’ai le plaisir de connaître des gars pour qui ces questions sont essentielles.

     

  • Le nez dedans

    « Les petits mouchoirs » est une réussite qui doit nous permettre de nous interroger sur nous-mêmes. Car enfin : s'émouvoir de la mort d'un type qui n'existe pas, dont le personnage n'est apparu que dix minutes à l'écran, c'est finalement complètement idiot !

  • Phrases en vacances

    Le journal de Marylin Monroe nous apprend qu'elle était intelligente et sensible, et qu'elle cherchait à se cultiver, tandis qu'Arthur Miller passait des heures à se maquiller et à se coiffer, et aurait aimé être Miss Monde. La vie est mal foutue.

  • Au pied du monument Chabrol

    De Chabrol je me souviens du rire étouffé, la pipe un bref instant écartée des lèvres larges, d’une manière d’évoquer la métaphysique de la musique d’Herman, de mes agacements devant le jeu impossible de Bernadette Lafont ou le parasitage d’images par la musique ringarde de Matthieu Chabrol, de la lumière trop propre, trop brillante de certains films, des cadres trop serrés, des champs/contre-champs décevants. Je me souviens aussi de la puissance de films comme « l’enfer », « les biches », « la cérémonie », « le boucher » ou « que la bête meure ». Des œuvres marquantes, dérangeantes, installées longtemps dans les replis de la mémoire pour y œuvrer à une compréhension de la malveillance du monde. Chabrol disait ne pas vouloir faire de chefs-d’œuvre, mais réaliser une œuvre. Je me dis qu’il a accompli les premiers et que je suis encore loin d’avoir saisi  la seconde, tant il est vrai que je n’ai peut-être vu en tout qu’une vingtaine de ses films, sur les plus de 70 que compte sa filmographie. La visite du monument ne fait que commencer.

  • Le jeu des fous

    Pour l'été, on se détend. En tout cas, je me permets de refiler des fonds de tiroir. Ce qui suit est le texte d'un scénario de court-métrage dont il n'existe qu'une maquette en "animatique", un story-board filmé en quelque sorte. La voix off était de Cyril Rabier (belle voix grave), les musiques de Tony Bruynen, Délibes, Stravinsky et je ne sais plus. Le montage avait été effectué par Olivir Talon d Oz média. Cela se passe à la veille de la première guerre mondiale, dans un milieu bourgeois, à la "Fanny et Alexandre".

     

    I
    Comment l'idée a-t-elle germée ? Je ne sais pas. Et qui l'a eue en premier : Lise -ma sœur- ou moi ?
    Difficile à dire.
    Ce devait être une de ces longues soirées d'ennui. Il devait sûrement pleuvoir derrière les carreaux de ma chambre.
    Il y avait l'échiquier, une partie en cours, une partie un peu trop facile, un peu fastidieuse. L'un de nous a dû enlever son roi, par jeu. L'autre a fait de même et voilà. Nous avions inventé une manière complètement absurde de jouer aux échecs. Sans roi de part et d'autre, quel peut bien être le but de ce jeu ?

    II
    Aucun : la folie, le massacre, l'anarchie, le chaos. L'échiquier devient un champ de bataille jubilatoire où les pièces s'étripent et disparaissent, errant de case en case pour trouver un adversaire et l'éliminer. Un jeu de fous.

    III
    Lise et moi étions émerveillés de notre trouvaille, étonnés surtout de voir combien cette fantaisie nous distrayait. Nous y jouâmes souvent. Par force, les règles changèrent, s'adaptèrent, comme d'elles-mêmes.
    Dans ce jeu absurde, il était naturel par exemple, que le fou soit doté de pouvoirs supérieurs et se déplace autrement que le long de sa sempiternelle diagonale.

    IV – V
    Chaque dimanche, nous entamions de longues parties du jeu des fous.
    Lorsqu'il arrivait que notre oncle pénètre dans la pièce, nous replacions en catastrophe les rois sur l'échiquier, en des endroits tellement aberrants que l'oncle observait la partie, hochait la tête désespérément et nous demandait si nous n'avions pas perdu le sens commun. "Avez-vous tout oublié de ce que je vous ai appris ?" Car c'est lui qui nous avait enseigné le jeu d'échecs avec douceur, persévérance et compétence
    Nous étions de bons élèves, d'égale force, et les parties que nous faisions lui étaient souvent un régal, un spectacle réjouissant.


    VI
    Oncle Jean était un doux farfelu. Passionné d'échecs mais aussi de musique et de peinture, il voyait des damiers partout, travaillait d'ailleurs depuis des années sur un essai où il tentait de démontrer l'influence du jeu d'échec dans l'Histoire de l'Art.

    VII
    Un jour que les rois étaient trop éloignés de notre portée pour que nous puissions réagir à temps, notre oncle surgit dans notre chambre et surprit une de nos absurdes parties sans roi. Etonné tout d'abord, il reçut nos explications avec des expressions d'incrédulité, d'indignation puis de véritable effroi mêlé de colère.
    "Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous faites, jeunes imprudents ! Vous ne vous rendez pas compte… Reprenez le jeu comme il doit être, je vous en intime l'ordre. Abandonnez immédiatement cette obscénité, cette hérésie ! On ne joue pas avec les échecs ; on ne joue pas avec l'ordre du monde !"
    Lise et moi étions terrifiés. La rage d'oncle Jean fut telle qu'elle nous retint de pratiquer le jeu des fous, et même les échecs pendant des semaines.

    VIII a
    Un jour, nous surprîmes une conversation entre notre oncle et nos parents. Oncle Jean semblait complètement désabusé. Dans le cercle de joueurs d'échec qu'il fréquentait chaque lundi, il n'avait pu s'empêcher de raconter sur un mode plaisant la méthode de jeu absurde que ses deux neveux avaient imaginée.

    IX
    Au milieu des rires offusqués, des remarques théâtralement indignées, s'éleva un cri de joie. Un jeune homme exalté se précipita sur lui et le serra dans ses bras. Il prononça une suite de mots incompréhensibles puis, recouvrant ses esprits, il expliqua en Français qu'il voulait absolument rencontrer deux enfants aussi doués, aussi conscients de l'absurdité de l'existence : un jeu sans but, un échiquier sans roi, un jeu des fous, lui semblait une idée géniale à commercialiser dès que possible.


    VIII b
    Mon oncle, abasourdi par l'enthousiasme du jeune étranger, déclara à mes parents ne plus s'étonner de rien désormais.
    On avait vu il y a peu un compositeur russe transformer un orchestre en véritable chaos organique, certains peintres se mettaient à déconstruire le corps humain, il n'y avait plus rien de sacré, le monde semblait gagner par une folie contagieuse.

    VIII c
    Mon oncle conclut d'un air sombre qu'il n'aurait jamais dû nous apprendre les échecs, que nous n'en étions pas dignes, et que la perversion que nous avions faite du roi des jeux faisait de nous des êtres maudits, et que nous aurions "du sang sur les mains" !
    Mon père se mit en colère, le traita de fou et mon oncle quitta la maison, à jamais brouillé avec notre famille.

    X
    Comme promis, le jeune joueur d'échecs vint nous rencontrer. Il s'appelait quelque chose comme Zbigniev Ribzisnsky -à peu près. Un ami l'accompagnait, qui se prénommait Gavrilo. Ils étaient tous les deux de Grahovo, en Serbie.
    Zbigniev nous parut tout-à-fait charmant, nota grand nombre de détails, assista à une démonstration et sembla absolument enthousiasmé par le résultat. Son compagnon, Gavrilo, plus jeune que lui, observait en silence notre partie, mais des éclats de fièvre traversaient son regard noir.
    Lorsqu'ils nous quittèrent, Zbigniev déclara que cette nouvelle façon de jouer allait faire un malheur, ce sur quoi Gavrilo renchérit : "Oui, c'est une excellente idée d'éliminer les rois."


    XI
    Ces derniers mots resurgirent à ma mémoire un an plus tard, le 28 mai 1914 quand le nationaliste serbe Gavrilo Princip assassina l'archiduc héritier d'Autriche François-Ferdinand, à BosanSeraï, en Bosnie. Par le jeu complexe des alliances, l'Europe plongea dans une guerre meurtrière, folle, interminable.


    XII
    Aujourd'hui, depuis ma tranchée boueuse, pataugeant dans le froid, la merde et le sang, je ne peux m'empêcher de repenser à tout ça.
    Bon Dieu, ce n'est quand même pas Lise et moi, qui avons entraîné le monde dans cette boucherie ?

    Fin

  • Mammuth

    Enfin, un film ! Je veux dire enfin un film réjouissant, intelligent, drôle, émouvant, généreux. Quinze idées par plan, une photo bidouillée, rebidouillée, traitée, maltraitée, sublimée, crasseuse ou solaire selon, des acteurs au poil, à poil, en pull ou pilou mais toujours pile, des dialogues géants, infimes, impec, hilarants, errant, ronds, patapon, un récit construit, reconstruit, déconstruit, altruiste, un Gérard au top, à moto, à mots, à moi, en émoi, emmené, trainé, entrainé, entrainant, trainant, jouissif et juste, enfin du cinoche Bon Dieu, du cinoche  ! Enfin un film stimulant, quoi.

    Mammuth, c'est un colibri d'acier qui fonce dans un pare-brise.

  • Trop dur

    Au salon de thé, deux dames parlaient fort :

    - « Hier soir, il y avait les fraises sauvages, de Bergman. Qu'est ce que c'est dur ! »

    - « Oui, Bergman... »

    - "...Tellement dur de lire ces sous-titres en jaune, j'ai abandonné »

  • Basic Avatar

     

    Il arrive que des films basiques, simplistes, et pour tout dire naïfs, accèdent malgré eux, et malgré le projet purement commercial de ses auteurs, à une valeur proprement mythologique.

    Et peut-être que c’est leur simplicité qui permet d’en faire des mythes. Ce n’est pas un but en soi, on peut rêver des films plus complexes –heureusement-, et tous les films basiques et naïfs ne prennent pas valeur de mythe, mais la force d’une idée simple est de générer des appropriations vite universelles.

    Ce fut le cas de King Kong, par exemple, et c’est le cas d’Avatar, apparemment, si j’en crois deux anecdotes récentes.

    Je lisais l’autre jour le témoignage d’un jeune israélien de gauche qui, plutôt que d’aller se rendre à une manifestation de protestation de la politique de son pays, à l’occasion de l’anniversaire du bombardement de la bande de Gaza, est allé voir Avatar, avec quelques remords, et quelques copains. Tous peinés par les morts palestiniens, mais trop découragés pour braver les insultes de leurs concitoyens dans la rue. Ils regardent donc Avatar, et soudain, dans les scènes de destruction d’un village Na’vi, devant les pleurs, la souffrance, l’impuissance des autochtones face à une armée suréquipée, ils se sont regardés, se sont compris : on leur parlait, ici aussi, de la destruction de Gaza et de la souffrance du peuple palestinien.

    En Chine, le film a été retiré des programmes de toutes les salles de cinéma, sauf celles qui proposent des projections en relief, parce que sa popularité extraordinaire était due en partie à la relation que les chinois font entre le destin des Na’vis et celui des millions d’expulsés dans la course immobilière de la Chine nouvelle. Les internautes chinois ont relayé cette vision du public et Pékin a vu d’un très mauvais œil cette connexion imprévisible avec le sandale des expropriations très très brutales que le système a générées. Ils ont décidé une forme soft de censure. Pour tout le pays, c’est moins de 300 salles qui continueront de diffuser Avatar, quelques semaines encore. C’est stupide, mais les censeurs sont rarement brillants.

    Un troisième exemple vient tout récemment ajouter de l’eau à mon moulin : Pierre Desjardin voit dans le film une apologie de la guerre.

    C’est le problème des récits à ce point basiques : chacun y projette les symboles et les métaphores les plus contradictoires, mais conformes à sa vision du monde. Un peu comme les grands livres religieux, quoi.

     

     

  • Gasp

    "Bon. On la refait."

    (Mots du réalisateur Sergeï Bondartchouk, à la fin du plan-séquence le plus coûteux de l'histoire du cinéma, reconstitutant la bataille de Borodino pour le film soviétique "Guerre et paix" avec le plus grand nombre de figurants jamais intégrés en une seule scène : 120 000, et quelques dizaines de milliers de chevaux et de canons, des maisons en flammes, une caméra sur grue montée sur travelling fabriquée pour l'occasion, un paysage entier reconstruit à la dynamite et au bull dozer pendant deux ans pour s'harmoniser avec les documents historiques (plaine, collines, champs, rivière, etc.), et après un an de répétitions et de préparation, parce qu'un figurant anonyme jouant un soldat blessé, s'était mis à tituber de façon grotesque, mains croisées sur le coeur, devant la caméra, marchant longuement et bien en vue au premier plan, surjouant le drame de sa mort pourtant anodine dans ce vaste panorama, et avait fait mine de succomber à ses blessures en remuant exagérément les bras dans un moulinet de majorette, avant de s'effondrer en retenant son chapeau pour ne pas l'abîmer)

  • Avatarte

    Vu les premières images d'Avatar, la fameuse révélation cinématographique de Cameron. Déçu. Créatures et monde déjà vus dans la BD et dans l'animation depuis des dizaines d'années, chez Corben, Mézières ou Vatine (que je n'aime pas, d'ailleurs, Vatine). C'est sur écran, en 3D ? Et alors ? je suppose que c'est seulement bien fait. Moi, j'attends que ce soit original. Ce sera pour une autre fois.

  • L'autre dimension de la 3D

    Je suis sûrement un peu parano, mais je trouve très suspect cet engouement pour le cinéma 3D, ces derniers temps. Tous les films d’animation ou presque sortent (voir re-sortent) en relief, le reste de la production s’engouffre dans le même élan, bons et mauvais films compris (autrefois, le relief était l’apanage des licences en perte de vitesse : « Jaws », « Emmanuelle », « Halloween », etc.). La technique de base n’est pas nouvelle (l’image stéréoscopique date des débuts de la photo, il y a plus d’un siècle), mais ce qui change, c’est l’obligation pour les salles, si j’ai bien compris, d’être équipées en numérique. Ce qui, dans un premier temps, va favoriser les multiplexes. Dans un premier temps…
    Si le phénomène se propage et s’accélère, il ne sera plus possible aux exploitants de ne pas suivre le mouvement. Or, le remplacement des projecteurs classiques (déjà des outils très coûteux) par leurs équivalents numériques coûte une vraie fortune, oblige à un endettement supplémentaire, malgré les aides du CNC en matière d’investissement. (une petite part sur le billet d'entrée que vous payez au cinoche va dans une cagnotte dédiée à la modernisation des salles) Ensuite, il découle du passage au numérique une autre modification dans le circuit de distribution du cinoche : plus de pellicule, mais des fichiers, que l’exploitant pourra obtenir via internet par abonnement ou contrat avec une « major ». Quand il aura payé son projecteur et son abonnement (ses abonnements, en fait : un par compagnie), il lui faudra certainement acheter le logiciel adéquat (et pourquoi pas les logiciels : un pour chaque « major ») ainsi que les mises à jour constantes que ces merveilles technologiques nécessiteront (vous voyez déjà le tableau ?). Quand tout cela sera bien en place, les producteurs indépendants n’auront pas d’autres choix que de se mettre, eux aussi, au tout numérique (avec les économies de coût que ces techniques induisent d’abord dans le processus de production des films – et de diffusion aussi. Enfin, dans un premier temps, toujours) et par qui seront-ils obligés de passer, pour diffuser leurs films ? Vous croyez que les patrons des multiplexes, qui auront investi des fortunes pour faire passer les block busters dans leurs salles, vont encore acheter des systèmes d’exploitation pour les indépendants ?
    A ce moment-là, les dernières salles « chimiques » auront disparues, faute de pouvoir assumer de tels investissements, et comme les salles « numériques » ne voudront pas faire passer de films indépendants, c’est la mort du cinéma d’auteur (ou bien, un renouveau via le net ?).
    Je ne suis pas parano, donc (enfin, je me soigne), mais je me demande tout de même s’il ne faut pas voir dans la multiplication des films en relief une offensive radicale des grandes maisons, notamment américaines, pour détruire ce qui subsiste des productions nationales ou confidentielles. Le débat est ouvert.

  • De confiance

    Vu l'autre jour en DVD (du coup, l'appellation "Cinéma" pour cette rubrique est assez spécieuse, mais tant pis), "Deux jours à tuer" de Jean Becker et avec Albert Dupontel. Film sans grand intérêt, mais qui m'amène à parler de confiance.

    Dupontel, très vite déplacé de ses stands up qui agaçaient les bien-pensants critiques de Télérama, toujours prompts à déceler racisme, antisémitisme dans les propos les plus second degré, et après quelques court-métrages, avait entamé une carrière d'auteur de films "en marge" avec "Bernie". Film fort, irritant, décalé, brutal. Un autre film, "Le créateur" 'avec Terry Jones dans le rôle de Dieu, était un de ces hymnes jubilatoires et décalés dont le cinoche nananère a bien besoin de temps en temps. Dans les rôles qu'il choisit, pour un cinéma plus conventionnel, Dupontel fait souvent preuve d'un goût sûr. Bref, j'aime bien Dupontel. Avec lui, je marche à la confiance. Donc, n'ayant pu voir "Deux jours à tuer" en salle pour raison de boycottage du multiplexe où il est passé, j'achète le DVD du film. De confiance, sans m'interroger sur le nom du réalisateur, dont je n'ai rien vu jusque là*. Le propos (un type qui craque, envoie promener famille et amis et se barre de chez lui), cautionné par la présence de l'acteur, me suffisent.

    "Deux jours en été", après un début assez jouissif et destructeur, se transforme en mélo insupportable et caricatural comme un dernier paragraphe de nouvelle policière, quand l'auteur tient absolument à caser la "révélation" censée mettre le lecteur sur le cul. Film autodétruit, curieux métissage de cynisme et de mièvrerie, le film de Becker n'est ni satyrique ni émouvant, du coup. Il échoue sur ces deux tableaux.

    Enfin -attention : je dévoile ici un ressort essentiel de l'intrigue- quand on apprend que Dupontel s'est fâché avec tout le monde (ses clients : il travaille dans la pub (très original), sa belle-mère est une garce qui terrorise son mari, ses amis sont des petit-bourgeois satisfaits et avides) pour partir, mourir auprès de son père, sans qu'on le regrette, quelque chose cloche a posteriori : le problème est qu'il a bien dit leurs vérités à chacun, dans une scène explosive (mais désamorcée du coup, puisque donnée ensuite comme une manoeuvre). Il a dit la vérité, mais c'était triché, insincère, calculé, ce qui signifie qu'il est du même monde, aussi cynique et amoureux de l'argent que les autres. Tout ça pour ensuite, quand la rupture est consommée, avouer la vérité à son père, et lui demander d'aller dire à sa femme, dès sa mort, qu'il l'aimait comme un fou. C'est nul. Niveau Alexandre Jardin et consorts.

    Dupontel, tu m'as déçu. Becker, je ne te connais pas*, et tant mieux.

     

    * Mais si, bien sûr, c'est le réalisateur de "l'été meurtrier", mince, pas de bol, pas tombé sur le bon scénario. Dur, ce métier.

  • Indy 4

    Indy 4, c'est pas la peine.

    Je ne vois pas ce que je pourrais vous dire de mieux pour vous faire comprendre l'idée.

  • Dante01

    Guider par Spice, j'ai découvert le site et la bande-annonce de DANTE01, dont la sortie est prévue pour janvier.

    Un film de Marc CAro, l'ancien acolyte de Jean-Pierre Jeunet, celui qui inoculait tout le venin visuel des "Bunker de la dernière rafale", "Delicatessen" et autres "Cité des enfants perdus", na, à ma connaissance, jamais réalisé de long métrage seul. Les images promettent beaucoup. Espérons seulement que Caro ait mis en images un bon scénario.

    Le site est un bijou.

  • Déjà Noël ?

    C'est tellement bon que je ne résiste pas au plaisir de vous faire plaisir :

    Grâce à nos amis (mille fois bénis soient-ils) de nanarland, ce mauvais film de Sf sympathique : "Tennagers from outer space". Visionnage légal (ceux qui me connaissent savent que j'y tiens). Vous pouvez vous régaler en toute bonne conscience.

    Merci qui ?

    Vous devez vous dire que, ces temps-ci, Kronix vous la joue un peu léger au niveau écriture. C'est que je suis en vacances et -paradoxalement- j'en profite pour écrire autre chose que des billets. Alors, oui, en ce moment, plutôt des liens que des textes. Je me rattrape demain, avec des révélations -véritablement inédites, quoique peu nombreuses-sur "cloverfield". Quand même, hein ?

  • Révélations sur Cloverfield

    Je vous le dis en passant : le 10 décembre, j'aurai des infos exclusives sur "Cloverfield".

    Voilà voilà voilà....

  • I am legend

    Sur le thème, il y aura le film bien cadré, bien hollywoodien avec Wesley Snipes, mais il y a aussi ce projet incroyable.

  • Les promesses de l'ombre


    36113554712338d93d0e9a9d5117f02f.jpgLa collaboration Cronenberg/Mortensen semble promise à un certain avenir, vu les deux dernières réalisations du cinéaste canadien. Moins dérangeant que l’opus précédent (History of violence, dont j’avais largement parlé dans une version précédente de Kronix) et la plupart des films de Cronenberg, « Les promesses de l’ombre » laisse pourtant, après la vision de ce qu’on croit être seulement un bon thriller mâtiné de film noir, une sensation indicible, un écœurement discret*. L’impression n’est probablement pas due qu’aux scènes violentes et sanglantes, coutumières chez le réalisateur de « la Mouche » ou « Crash », mais à une sorte de mystère qui résiste à la première vision.

    L’histoire est celle d’Anna, une sage-femme (Naomie Watts ), qui accouche une très jeune droguée et prostituée, mourant en couches. De la gamine de 14 ans ne restent donc qu’une petite fille en couveuse et un journal intime, écrit en russe. La traduction, que la sage-femme confie à un émigré russe, dont la carte de restaurant marquait les pages du journal, va la plonger dans le monde de la mafia russe londonienne (incarnée par Semyon, vieux parrain odieux et cruel aux abords doux et sages, et son fils Kirill -Vincent Cassel, extraordinaire en petit magouilleur alcoolique et sans envergure). Apparaît alors la figure du chauffeur et frère d’armes de Kirill, Nikolaï (Viggo Mortensen). Et c’est en lui que tout le mystère du film réside. Qui est-il, que veut-il vraiment, quel est son véritable rôle ? Le dernier plan ne livre qu’une clé ultime, encore impuissante à desceller les secrets infernaux cachés sous le masque du nouveau parrain.

    Les amateurs pourront, lors de la sortie DVD, multiplier les arrêts sur images durant la longue scène de combat dans un hammam, scène d’anthologie où Viggo n’est couvert que de ses tatouages (tatouages d’ailleurs, stigmate historié de la vie –réelle ou factice- du chauffeur, un thème dans le thème qui mériterait une analyse à part entière).

     

    * Ce serait une erreur de voir dans l'évolution de la filmographie du réalisateur vers des projets plus consensuels et commerciaux, un renoncement à ses hantises et à son univers. Cronenberg reste lui-même, quoi qu'on en dise.

  • Apocalypto

    7b7beb509ac31ecfbe08f00b9de4b291.jpgde Mel Gibson

    Bon, d'accord, je le vois avec beaucoup de retard, mais une réticence épidermique à partager les obsessions hémorragiques du réalisateur de "la passion du Christ", avait remis l'exercice aux calendes mayas.

    Au bout du compte, le film n'est pas si mal. Magnifiquement photographié, il faut le reconnaître : rien de plus difficile que de filmer sous les frondaisons d'une forêt dense ; interprété par des acteurs du cru en langue maya, et bénéficiant d'un vrai budget. Toujours très gore (aucune raison pour que les indiens du XVè échappe à la fascination morbide de Gibson pour la souffrance), mais spectaculaire, vraiment. Le film a surtout le mérite de montrer pour la première fois à l'écran (c'est la véritable audace de cette production hors-norme), une reconstitution crédible de la civilisation maya. Mon problème est qu'il me semble bien (il me semble, hein, mais qui suis-je pour critiquer le travail de dizaines de scénaristes hollywoodiens sur-rémunérés?), que la civilisation maya avait disparu avant l'arrivée des colons. Et que les sacrifices humains étaient surtout l'apanage des Aztèques. Mais n'en demandons pas trop au type qui fait s'effondrer le temple de Salomon le jour de la mort du Christ.

    Le film prend très vite une tournure de "dernier des mohicans", sauce précolombienne. C'est vif, visuellement réussi. Il y a un petit propos écologiste qu'on hésite à critiquer. C'est bien, Mel, tu as bien travaillé. Et maintenant, je retourne à la lecture de "Fuegia", de Eduardo Belgrano Rawson, roman argentin qui raconte la disparition des tribus d'indiens de Patagonie. Ils n'intéresseront jamais Hollywood : pas de sacrifices, de coeurs arrachés, de pyramides défiant la forêt vierge... Juste de pauvres hères chassés de leurs terres et morts en loques, quelque part en terre de feu.

  • Paranoïd Park

    de Gus Van Sant

    8a06e06a1910230146d98423006c1863.jpgOn a beaucoup glosé sur la capacité du réalisateur d'Elephant à explorer la psychologie de l'adolescence. Mais dans Elephant, la forme sophistiquée du récit établissait comme un exercice parallèle, presque manifeste, de l'argument dramatique qui lui servait de support.

    Il m'a semblé que Paranoïd Park était la version affinée et aboutie -mais aussi finalement plus sincère- d'Elephant. La maîtrise formidable, l'élégance de la forme, sont à l'exact unisson du sujet et de l'interprétation. L'isolement cotonneux de l'adolescence est traduit par quantité de moyens formels (profondeur de champ, ralentis, bande-son, trucages...) qui sollicitent plus que les souvenirs : les sensations de ce temps de nos vies. Comment est-il perçu par les adolescents eux-mêmes ? J'ai entendu des rires gênés dans la salle, venus des rangs où s'étaient installés justement les clones des acteurs à l'écran, et quand les lumières de la salle se sont rallumées, quelques échanges décontenancés sur la morale douteuse de la fin (formatés comme ils sont, il leur fallait une résolution coutumière : l'arrestation du meurtrier. Car il s'agit accessoirement d'un polar). C'est une erreur de croire que Paranoïd Park est adressé à ce public.