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Cinéma - Page 2

  • Des ombres sur l'écran

    A la fin de ce film étrange sur les fantômes, le générique listait les noms des acteurs défunts. Par ordre d'apparition.

  • Top Chef

    J'ignorais que Francis Ford Coppola était un fin gourmet capable de venir à bout des recettes les plus sophistiquées. Et maintenant que je le sais, que puis-je faire de cette information ? Si : refuser de l'inviter même s'il insiste (je vais rester un moment près du téléphone, au cas où).

  • Recours aux forêts

    N'en a pas fini avec la tentation de s'abstenir de lire de nouveaux auteurs, s'abstenir d'écouter de la musique actuelle, d'aller voir des artistes contemporains et des films récents et de rester connecté à l'actualité. Parce que, à un certain moment, le cerveau se fatigue de n'être que médiocrement stimulé, ou découvre que toute cette soif de culture contribue, paradoxalement, à l'engourdir. Alors, reprendre les livres et les musiques, reconsidérer les œuvres qui nous ont déjà émerveillés, et celles-là seulement. Quant à l'actualité, son triste bégaiement rabâché par les échotiers assoupis, quelle nécessité ?

    Et puis, soudain, une invention hallucinante, un livre remarquable, une musique inouïe, un tableau bouleversant... C'est désespérant, ce déferlement incessant de merveilles.

  • Parenté

    Qui vois-je, sur une branche de mon arbre généalogique ? Richard Gere ! Mais tu vas descendre de là, oui ?

  • Sont forts, ces ricains.

    Avec ce judoka qui se bat contre des pingouins je croyais qu'on avait touché le fond, et puis j'ai vu « Air Force One », avec Harrison Ford...

  • Avantage à l'amour.

    Ce qui m'émerveille depuis disons une bonne vingtaine d'années (je lance ce chiffre, il a ses raisons, mais trop longues ici à détailler), c'est la bienveillance des gens que j'ai rencontrés. Leur gentillesse à mon égard, leur générosité et leur faculté à pardonner mes petitesses et mes duretés. Tout cet amour m'a rendu meilleur, je l'espère, je le crois. En cela, il y a un peu de moi dans l'Ernest de mon dernier roman. On s'évertue aussi par la grâce de la douceur versée par les autres, sur nos têtes bénies. Élevés par une telle offrande, le moins que l'on puisse faire, c'est d'en redistribuer à son tour. Dans « Tree of Life », Malick montre un dinosaure qui renonce à dévorer sa proie et s'éloigne. Peut-être esquisse-t-il cette idée, que la douceur des caresses est née loin dans des temps immémoriaux, mais que son héritage se transmet depuis et se poursuit, jusqu'à la fin des temps. Comme des milliards d'autres, me voici un passeur de cette compassion héréditaire. Elle équilibre la cruauté du monde. Il ne faut pas négliger la force de notre bienveillance.

  • Le nez dans les archives

    Demain, je me rends avec l'ami François à la Cinémathèque de Paris. Mais Peeeuuurquoidon ? Pour trouver dans les archives les petits détails vrais qui donneront la matière du dernier chapitre de mon prochain roman  qui ne sera jamais édité, et oui. Et peurquoâ je me donne tant de mal ? Pasque j'en sais rien du tout. Sauf que si : j'ai envie de savoir comment Abel Gance a tourné sa fameuse scène du film « J'accuse » (version 1918), quand un soldat se lève et appelle les morts à empêcher les vivants de refaire la guerre. C'est une problématique assez pointue, je l'admets, mais elle va me permettre de boucler en beauté ce foutu roman qui me rive au clavier depuis trois ans.

    Et si vous ne connaissez pas Abel Gance, ses films, et notamment ses deux versions de "J'accuse" et bien, croisez les doigts pour que mon bouquin trouve un éditeur parce que là, je vous dirai tout.

  • Superproduit

    Dans son prochain film, il mettrait tant d'explosions, d'effets spéciaux et de cascades, le rythme serait tellement trépidant, les péripéties tellement sensationnelles, que les personnages en seraient quasiment absents, le contexte inexistant, le scénario inutile. Il conclut la conférence de presse en annonçant que ce serait le premier film expérimental à 300 millions de dollars.

  • L'homme qui sauva King Kong

    Dans « j'ai grandi à Hollywood », magnifique livre de souvenirs d'un enfant dans l'usine à rêves de l'Amérique des années 20-30 et plus (ed. Ramsay), le futur grand réalisateur Robert Parrish raconte avec humour comment il a sauvé King Kong. En effet, à la RKO, rachetée par Seilznick à ce moment-là, le jeune employé est chargé de contrôler les négatifs (la cellulose a tendance à se rétrécir avec le temps. Au bout de quelques années, les perforations ne correspondent plus au système et on doit jeter les bobines) de tous les films stockés. Pour certains, abimés mais jugés assez importants, Parrish a la possibilité de commander un nouveau négatif. Il faut l'imaginer seul dans un vaste hangar, déroulant sur la moviola des kilomètres de pellicule et jugeant en son âme et conscience ce qu'il va sauver ou non (le budget est évidemment limité). Parrish sauve ainsi, un jour, le négatif de King Kong, 1933. Sans lui, je n'aurais pas pris de plein fouet ce basculement de l'autre côté du miroir magique du cinoche, quand, soudain, un grand chef noir appelle une créature géante venue de la jungle et de la nuit, quand les cris de Fay Wray s'élèvent dans la nuit, quand les petits bonshommes venus du XXème siècle s'apprêtent à entrer de plain-pied dans la préhistoire. Sans la décision initiale de Parrish, je n'aurais pas connu le travail de Willis O'brien, je ne me serais pas intéressé à la préhistoire, à l'histoire, à l'art, à l'histoire de l'art, je n'aurais pas réalisé de films, pas écrit de scénarii, pas écrit de romans, pas écrit du tout peut-être. Sans lui, je serais un autre. Sans lui, des millions de spectateurs seraient autres. C'est vertigineux quand on y pense.

  • Sûrs de nous

    De toute façon, notre choix est fait. On va arrêter de s'angoisser en regardant la télé, en écoutant la radio et en suivant les analyses de chacun. Nous n'irons pas voir Cloclo, et puis c'est tout.

  • Le retour de la vengeance de Cloclo

    Je vois approcher avec inquiétude la sortie du biopic sur Cloclo. Vais-je devoir devant tous, tandis que la France entière se recueillera dans la dévotion, qu'une nouvelle génération aura accès à ce phénomène musical, avouer mon aversion pour ce chanteur, sa musique, ses mouvements de danse, sa voix, ses costumes, ses paroles, sa vie, sa coupe de cheveux ? Vais-je pouvoir, aurais-je le droit de seulement murmurer à quel point sa carrière me fut insupportable, à quel degré d'agacement physique ses bêlements m'amenaient ? Au point, je le jure, d'avoir ressenti dès l'enfance et encore aujourd'hui, une sorte de picotement le long des vertèbres dès les premières mesures de « Alexandrie » ou du "Téléphone pleure". Quant à « Si j'avais un marteau », en l'écrivant, déjà, je sens une sorte de haine m'envahir. C'est inexplicable, viscéral, ce chanteur en plastique avec ses paillettes m'a toujours donné des envies de meurtre. Comment faire ? Comment vivre la cloclomania qui va tout submerger dans les jours qui viennent ? On va me jeter des cailloux, on va me trouver anormal, on va me suggérer l'exil par charité. Dire que ce type et ses épigones ont pourri mes années d'innocence. Enfin, voyons les choses de façon positive : Claude François m'a endurci et préparé aux dures lois de l'existence. Sans lui, enfant protégé, j'aurais pensé que le monde, dehors, ne recelait aucun danger, n'était que bonté et authenticité. Petit, ambitieux, colérique, factice, bling-bling... finalement, il m'aura préparé au pire, qui allait survenir des années plus tard.

  • Sur une musique de John Williams

    J'ai quelque regret à le dire, mais il faut se faire une raison : Hollywood ne produira jamais de biopic sur moi.

    Imagine : la vie du type qui prend le car chaque jour pour compter des vieilles gravures, mange chez sa maman à midi et rentre le soir s'installer devant son écran pour écrire des romans que personne ne lit.

    Faudrait un sacré talent pour rendre ça supportable plus de cinq minutes.

    Mais soudain, il rentre et... Oh, un chat miaule ! Un autre non loin réclame pitance. Quelle action, quel suspens !

    Non, décidément, Hollywood est trop loin.

  • Générique

    « Prédictions », « agents secrets », « burn after reading », quel est le point commun à tous ces films ?

    Chacun d'eux commence par une vue de la terre depuis l'espace et un zoom avant sur la zone où se passe l'action. C'est ce que j'appelle le syndrome « Google earth ». j'ai listé ceux-là mais cherchez bien : depuis quelques années, c'est devenu une véritable convention visuelle.

  • Qualifié

    Télérama disait du film « comment un tournage aussi épique appuyé par un casting  irréprochable, ont-ils pu aboutir à cette œuvre enflée et grotesque ? ce pourrait être mystérieux, si on oubliait que la mise en scène a été confiée à l’un des réalisateurs les plus confits et les plus fades d’Hollywood… » Quant aux inrockuptibles, ils dénonçaient : « Un monumental pudding, un nanard vertigineux, un ratage grandiose ! » Il fallait donc une bonne dose de cynisme pour oser afficher au dos de la jaquette du DVD : « Epique », « Mystérieux » « Irréprochable » (Télérama) « Monumental », « Vertigineux », « Gandiose ! » (Les inrock).

  • Une bouteille à la mer.

    On nous montre sur l'écran une fiction très éloignée des faits réels qui l'ont inspirée. En réalité, le petit palestinien de Gaza qui cueillit la bouteille sur la plage, adressa à la petite israélienne un message qui disait en substance : « si vous pouviez arrêter de nous balancer vos déchets, en plus du reste. »

  • Rencontres

    Si les frères Lumière ne s'étaient pas mariés avec les soeurs Satourne, le cinéma n'aurait jamais vu le jour.

  • Ma scène préférée

    Sur le site allociné, une rubrique plaisante s'intitule « ma scène préférée ». Des gens de cinéma y décrivent lors d'une interview, la scène qu'ils préfèrent dans toute l'histoire du cinéma. Je me suis souvent interrogé à ce sujet, sans trouver de réponse. Impossible : tant de scènes marquantes, tant de plans inoubliables, de films magistraux, comment sélectionner une seule scène ? Ou seulement faire un premier tri ? J'admire la faculté des interviewés à répondre, apparemment de façon improvisée, à une question aussi complexe. Une récente nuit d'insomnie m'a donné l'occasion de mûrir le sujet. Impossible de ne retenir qu'une scène, mais plusieurs se détachent.
    Dans « Andreï Roublev », la scène où, après des mois de travail, une nouvelle cloche est inaugurée avec toute la pompe et la foi du moyen-âge russe. Sauf que, le très jeune garçon (un enfant presque), qui a conduit les travaux n'est absolument pas sûr du résultat. Et le madrier est balancé contre le flanc de la cloche énorme. Il approche, millimètre par millimètre, il va la frapper...
    « Les dix commandements ». La scène Hénaurme de l'érection d'une obélisque (tiens ? Encore des travaux ! Un fétichisme du chantier se dessinerait-il chez moi ?)
    « Spartacus », Kirk Douglas découvre le corps d'une femme, l'esclave Varinia, dans son cachot. Magnifique moment sur la musique devenue célèbre d'Alex North. Dans le même film, la scène de leurs retrouvailles m'arrache des larmes (si je suis tout seul).
    « Les possédés ». Deux jeunes réalisateurs imaginent comment ils vont pouvoir réaliser un film point trop honteux avec très peu de budget et un scénario débile. Ils cherchent... et trouvent : ce qui fait peur, c'est le noir. Autour d'une simple lampe de bureau, les scènes-clés du film rêvé se mettent en place.
    « A history of violence ». Le visage de Mortensen, qui vient de tuer. Plan fixe, pas un mot. L'horreur pure.
    De Spielberg, les fameuses vingt premières minutes du soldat Ryan. Au cinéma, la première fois, je crevais de trouille.
    Du même, dans « minority report », le monologue de la précog qui raconte aux deux jeunes parents, le futur « possible » (mais qui n'est pas advenu), de leur enfant mort.
    Dans « Le Guépard », le dialogue entre le comte Salina et un envoyé du tout nouveau gouvernement italien. Un dialogue, confiné dans un bureau. Un échange d'une grande intelligence, empreint de respect, et qui verse dans le poétique.
    « Fellini Roma ». Des archéologues pénètrent dans une crypte que les travaux du métro ont découvert. Là, des fresques somptueuses s'offrent à leur émerveillement. Et puis, en quelques secondes, l'air pollué de la capitale, efface tout sous leurs yeux effarés et impuissants.
    « Good morning Babylonia ». Les frères Taviani mettent en scène deux frères italiens, maçons, artistes restaurateurs d'églises romanes, obligés de migrer en Amérique. A Hollywood, ils sont pris à partie par un petit directeur de plateau quelconque, qui leur envoie son mépris aux visages. « De qui es-tu le fils ? » lui répond l'un des frères. « Nous sommes les fils de Leonardo, Raphaello, Michelangelo. Et toi, de qui es-tu le fils ? » C'est lyrique, tragique, monumental. Bouleversant.
    « Home », premier film d'une réalisatrice belge. La mère a conduit toute la famille à partager sa folie et à emmitoufler la maison dans un cocon matelassé. La famille s'enfonce dans le silence, la nuit, l'étouffement. On s'achemine vers une mort anesthésiée. Et puis, un jour, la mère défonce un mur, et libère son monde de ce ventre délétère. C'est un moment d'une absolue poésie et d'une grande force visuelle.
    « Le conte des contes » Youri Norstein. Les scènes qui racontent la paix. Un minotaure joue à la corde à sauter avec une petite fille, un pêcheur rentre, un poète passe. Dans le même film, la terrible scène du bal pendant la guerre. Les époux décédés s'échappent d'un coup des bras de leur cavalière.
    Frédéric Bach « L'homme qui plantait des arbres ». Encore un film d'animation. Les mots de Giono, la voix de Noiret, les pastels qui ont demandé cinq ans de travail et qui racontent cette histoire magnifique. A un moment, un ami du narrateur dit simplement que le paysan Elzéar (l'homme qui plante les arbres) a « trouvé un sacré moyen d'être heureux ». A chaque vision, sur ces mots, ma gorge se noue.
    « Le vieil homme et la mer », film d'animation de Petrov. La scène du bras de fer dans la taverne. Une prouesse technique autant qu'un moment admirable d'émotion.
    « La règle du jeu » de Renoir. Tant de scènes... Mais l'enchaînement magistral de la course-poursuite dans le château entre le garde-chasse et le braconnier promu domestique, alors que tout bascule dans le chaos.
    « les rapaces » l'uniforme immaculé de Von Stroheim, balancé sans ménagement dans une ignoble bouche d'égout.
    Les longs plans vides de la lente poursuite de « vertigo » dans les rues de San-Francisco.
    Le dernier plan de « A serious man » des frères Cohen.


    Bon j'arrête là. Il y en a tant, je capitule.

  • Effet spécial

    Vous aurez remarqué que James Bond ne prend pas le temps d'aller aux toilettes, dans les films ? Ce qui explique une certaine précipitation dans ses enquêtes et son air concentré.

  • Mais que Marianne était jolie...

    Vu le Robin des Bois de Ridley Scott. Somptueux, scénario riche, bon rythme, de gros coups de barre, mais bien. Bien. Je note un final remarquable. Politiquement remarquable.
    Les nobles anglais (Robin y compris, dont le père fut un précurseur libertaire, selon le film) réclament à leur roi une charte à caractère libéral : liberté d’expression certes, mais surtout pas ou peu de taxes, droit à la propriété, liberté d’entreprendre, autonomie économique des provinces, etc. En gros, les principes d’une économie de marché, avec entrepreunariat anglo-saxon grand teint. C’est sur la promesse de rédaction d’une telle charte que les nobles s’allient à Jean pour bouter le françois hors d’Angleterre. Patatras : à la fin du film, Jean renie sa parole et déclare hors-la-loi Robin et ceux qui le soutiendraient. La dernière scène et sa voix off relèvent du twist le plus machiavélique : Robin, Marianne et ses amis, entourés de toute une adolescence joyeuse et oisive, chassent et cueillent au cœur de la forêt, loin de la civilisation, créant une communauté altermondialiste, gagnée par les notions de partage et de société égalitaire. Je ne suis pas sûr que ce soit voulu, mais j’ai été épaté par une telle morale.

  • La reconquête

    Il est bien bon, notre président. Le voici qui se cultive, on nous le claironne à tout va, grâce à sa Carla. Devait être un peu honteux d'être toujours à la remorque question culture, de s'entendre dire à tout bout de champ (enfin, d'entendre les autres penser très fort tout le temps : "Oui, mais Mitterrand, sa culture..."). Du coup, dîne avec des philosophes et des écrivains, se met à lire Camus. Se tape des dizaines de films par mois, et du sérieux : du Dreyer, du Welles, tout ça. Se présidentialise, quoi. On est content pour lui. 170% d'augmentation sur son salaire pour passer ses soirées devant son home cinéma tandis que le pays sombre, ça ne manque pas de panache. Aurait pu y penser avant ; aurait pu se cultiver d'abord, histoire de saisir une certaine douleur du monde, d'apprendre la compassion par exemple. La culture aurait pu le sauver, et peut-être, aurait évité notre damnation. Pour 2012, laissons-lui du temps pour parfaire sa nouvelle culture. Va lui en falloir.