Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Exposition Yves Paoli à Roanne

    Petite respiration dans la marche promotionnelle du Baiser. Ce soir, dans la Galerie Pikinasso, à Roanne, Yves Paoli présente une quarantaine de toiles. Paoli est un artiste exigent, discret, qui a toujours vécu de sa peinture, l'heureux homme. Un livre lui a été consacré il y a quelques années, et c'est une figure singulière de l'art. Il reste attaché au support de la toile, à l'abstraction, et ses oeuvres sont de la pensée en couleurs.

    Pao (ses amis l'appellent comme ça) m'a demandé de lui écrire un texte, pour cette exposition intitulée "D'un atelier à l'autre". Car il s'agit d'une presque-rétrospective de son travail sur plusieurs années, qui l'ont vu changer de ville et, donc, d'atelier. J'en ai écrit plusieurs. Je ne vous dévoilerai pas celui qu'il a choisi (il faudait venir pour ça, à Roanne), mais ceux dont il n'a pas voulu (ce qui ne veut pas dire que c'est du rebut à jeter, je crois). Voici le premier :

    "Cher visiteur. Entre les deux dimensions de la toile, le savais-tu ? Vivent repliées des mémoires de voyages.

    Comme la Joconde qui regardait la Loire depuis les fenêtres d'Amboise, respirait encore les effluves de l'Arno, ainsi les œuvres d'Yves Paoli exposées ici conservent le souvenir d'autres horizons. Car elles ont traversé des lumières et des jours pour venir jusqu'à toi, et le voyage n'est pas achevé. Toute œuvre est émigrée, tout art est exilé et cherche refuge. D'un atelier à l'autre, d'un regard à un autre regard, d'une ville à une autre ville.

    Ce tableau que tu admires, c'est un passant venu à ta rencontre, déjà tourné vers les lointains, mais qui s'est arrêté là pour te parler. Visiteur, frère migrant, tu es invité à partager cette pause. L'œuvre de Paoli te suggère de laisser tes valises ici, maintenant. De t'appuyer un temps contre l'opacité tendre de ses noirs ou le chatoiement de ses rouges. Tu es arrivé, repose-toi, souris, prends ton temps.

    Écoute les couleurs parler de leur traversée, des paysages qu'elles ont parcourus et dont elles ont capturé la lumière, dont elles ont saisi quelque géométrie. Retiens d'elles la leçon que tu veux. Comme ce jour que tel ami, revenu de pays inouïs, te disait ses émerveillements, et que tu voyageais à ton tour, sans bouger de ta chaise. Ainsi te parlent les tableaux d'Yves Paoli.

    D'un atelier à l'autre, il y a la force gravitaire des toiles, l'univers tournant dont elles sont l'axe. La dernière invention de ces temps de la fin, où le mouvement désespéré des astres et des hommes se précipite et se concentre."

  • La pression monte

    Il faut que je res-pire. En ce moment, toute mon attention est concentrée sur la signature du 13 décembre. L'ai-je dit ici ? "Le Baiser de la Nourrice" paraît début décembre, et la première dédicace (non : signature, pas dédicace. La dédicace est une référence BD, faut que je m'y fasse), la première signature donc, se déroulera le samedi 13 décembre, dans une fameuse librairie roannaise. J'y serai toute l'après-midi.

    Jean-Patrick apporte carrément une centaine de livres ! Avec ma douce, nous comptons et recomptons les personnes que nous connaissons, qui seraient intéressées par l'achat et qui, sûrement, seront disponibles... Virtuellement, tout peut bien se passer, et des amis, nombreux, viendront me soutenir, mais dans la réalité... J'ai le souvenir cuisant d'une lecture publique de mon texte, où aucun n'était venu. Alors...

    Mon angoisse n'est pas tellement pour moi, personnellement, mais je redoute un fiasco pour Jean-Patrick et Michèle, et pour l'éditeur. Ils ont pris un vrai risque, à publier ce texte dingue, et je voudrais vraiment que ce risque soit récompensé.

    Ce matin, au réveil, ma douce et moi avons échangé le récit de nos derniers rêves : il était question du 13 décembre.

    Bon, on se calme, tout va bien se passer. Et puis, le 13, c'est l'anniversaire de ma fille adorée. Un bon signe, forcément.

  • La photo - La photo !

    L'heure est grave. Il s'agit de se présenter, visuellement. jusque là tout allait bien. Je demande à mon pote Christian Verdet, qui doit déjà, depuis les .... années qu'on se connaît, avoir une belle collection de ma bobine à peu près sous toutes les coutures, y compris en Moïse (!), s'il veut bien avoir la gentillesse de saisir ma bouille pour la postérité. Son travail lui impose d'ailleurs de le faire, pour un article qui va être publié en décembre, dans la revue pour laquelle il travaille. Donc... Dans la série réalisée, nous avons choisi, avec ma douce, celle-ci (désolé pour les fans qui ne me connaissaient pas. Léo n'est que Christian, un petit bonhomme chenu. Oui) :2008-10-22-CLER-christian_chavassieux (29).jpg

  • Nuit américaine

    Tandis que, de l'autre côté de l'Atlantique, les américains votent pour tourner la page de la désastreuse période Bush, et sans que cela ait un quelconque rapport, je ne dors pas. Longtemps qu'une insomnie ne m'avait tenue ainsi, clair et vif, au coeur de la nuit.

    J'en profite pour rappeler ce petit extrait du fameux spot de pub d'une demi-heure qu'Obama s'est payé sur les chaînes américaines. Histoire de ne pas trop se faire d'illusions sur un basculement de pouvoir aux states. Cela dit, si la politique intérieure change et se préoccupe davantage des plus démunis, on peut espérer que cet infléchissement vers plus de générosité se verra aussi à l'extérieur.

    Obama, Mc Cain? je tente un comparatif : Mc Cain c'est Madelin, Obama c'est Sarkozy.

    " Président, je reconstruirai notre potentiel militaire de manière à affronter les défis du XXIème siècle. Je renouvellerai la diplomatie ferme, directe, qui empêchera l'Iran de se doter d'une arme nucléaire et qui endiguera les menées agressives de la Russie. Et je réorienterai nos efforts afin de finir le travail engagé contre Al Qaïda et les talibans en Afghanistan. "

  • La 4ème de couverture

    La 4ème de couverture, cet espace essentiel, vite parcouru, pourtant déterminant, parfois, pour déclencher l'envie de lire. Pour "Le Baiser...", c'est Jean-Patrick Péju qui s'y est collé. Voici ce qu'il m'a proposé (et que j'ai vite accepté). Qu'en dites-vous ?

    La Ville - la Ville toujours sombre – est noyée de brouillard et livrée aux barbares et aux chiens. Ses habitants se terrent. Mais qui sont les barbares et qui sont les chiens ? Dans la Ville, dont le tyran est un enfant, une monstrueuse mystification est à l'oeuvre. Azert, petit fonctionnaire obnubilé par l’éclat de ses chaussures, est occupé à des tâches honorables. Son destin bascule après sa rencontre avec le Maître de la Ville et son ascension fulgurante le conduit à exécuter ses nouvelles tâches de tortionnaire avec la même application que ses précédentes fonctions.

    Christian Chavassieux revisite dans "Le baiser de la nourrice" le thème de la naissance du bourreau, à mi-chemin entre la théorie sadienne ("il avait pris le parti de jouir du mal fait aux autres") et l’interrogation de Kafka : "pourquoi n'y aurait-il pas un bourreau qui sommeille en tout honorable fonctionnaire?"

    Avec son écriture dense, parfois oppressante, parfois ponctuée d'humour noir, ce roman décline , dans une implacable logique de tragédie grecque, le rapport ô combien ambigu du plus commun des mortels à la mort et au pouvoir.

  • La question du pseudo -3

    Les lecteurs de Kronix m’ont, pendant des années, vu signer Léo Kargo. Encore un personnage de mon petit univers. Le héros de « A la droite du Diable ». Toujours une histoire de sonorité. Un personnage que j’aime bien. Plus jeune que je ne l’étais à l’époque de la rédaction, mais aussi veule, incertain, pusillanime que moi. Je l’ai gardé longtemps.
    L’an dernier, ce questionnement autour du pseudonyme revint au devant de mes préoccupations à l’occasion de l’édition d’un livre sur la vie dans les bordels, à Roanne, ma ville. L’éditeur que je connaissais bien, me demanda si j’aurais envie d’illustrer le récit presque autobiographique d'un certain Garnier, qui gamin, avait vécu dans le quartier chaud de Roanne. Le livre s'intitule « Elles sont closes, nos maisons… ». J’acceptai, pour le plaisir de reprendre crayons et pinceaux.

    Je tergiversai longtemps sur la signature, décidai que Christian Daniel conviendrait (Daniel est le nom de jeune fille de ma mère), et puis diverses réactions, celle notamment d'un ami qui trouva ce pseudo un peu "moyen", me firent m'interroger. Pourtant, j'étais presque décidé à signer toujours de ce nom, les livres qui, éventuellement, un jour, seraient édités. Je ne pensais pas avoir à me décider aussi rapidement.

    Aujourdh'ui, j'ai abandonné ce masque du pseudonyme. Un peu par vanité, sûrement, mais aussi parce que dans mon petit bout de patrie, ici, on me connaît un peu, et que signer d'un pseudo serait un handicap pour mon éditeur. Je me sens redevable envers lui, je veux lui donner raison, faire en sorte que "Le Baiser" ne se vende pas trop mal. Et, à Roanne, cela passe par l'affirmation de mon nom.

  • Interlude

    La société, telle que je peux l’analyser, paraît avoir basculé dans la brutalité. Je perçois pourtant des signes d’amollissement, trouvés au hasard du quotidien. Amollissement et brutalité ne sont pas incompatibles, me dis-je. Par exemple, je me brosse les dents avec une brosse dure. De plus en plus souvent, il devient difficile dans un supermarché de trouver ce genre de produit. Les rayons proposent en nombre des brosses « souples » ou « médium », à la limite trouve-t-on des éléments durs dans des ensembles médiums, mais plus de brosses foncièrement, totalement, fièrement « dures ».

    J’eus l’autre jour, devant mon incapacité à trouver un truc dur à me mettre sous la dent, une réaction primaire qu’on pourrait résumer par « Société de mous du genoux, débandade, détumescence, amollissement général, peuples atones, abrutis et confinés dans le vague et le moyen ! », puis je me suis avisé que, sous beaucoup d’aspect, la société est atrocement dure. La mollesse des brosses, la douceur rose de tous les produits destinés au corps en général, me paraît, en fin de compte, une tentative d’adoucir un quotidien autrement violent.

  • La question du pseudo -2

    Je revins à l’emploi d’un pseudonyme quand, après un envoi de dossier à un éditeur de littérature fantastique, celui-ci me commanda un court récit. L’éditeur en question n’avait pas bonne réputation, et on m’avait déjà alerté sur sa conception aléatoire du droit d’auteur. N’importe : je voulais surtout me confronter au principe de la commande, avec des contraintes telles que nombre de signes, délai d’écriture (3 mois, je crois), utilisation de personnages déjà créés par un autre, etc. Je m’acquittai du travail dans les délais, et j’étais en plus, satisfait de ce que j’avais écrit. En le reprenant un peu, il pourrait faire un roman médiéval-fantastique tout à fait convenable. L’éditeur en question publia, eut quelques soucis, ne me paya jamais. Ce sont des choses qui arrivent dans ce milieu. J’avais signé Alban Nox.

    Pourquoi un pseudonyme ? Un autre éditeur, sérieux celui-là, et qui avait maille à partir avec le mien, me conseilla d’être discret sur ma participation, tant la réputation de mon commanditaire était désastreuse. J’étais à cette époque, tout près d’être édité par « Au Diable Vauvert » ou « Bragelone », je ne sais plus. Je m’en tins à cet avertissement et choisit, donc, de me cacher derrière un pseudo. Ce qui ne servit à rien, puisque mon premier «vrai » roman, A la droite du Diable fut refusé, en fin de compte. Pour l’anecdote, Alban Nox était le personnage d’une longue nouvelle intitulée « Vie d’Alban Nox » et dont le premier chapitre était « Le Baiser de la Nourrice », mais sans rapport avec le roman que j’ai écrit beaucoup plus tard. J’ai réutilisé ce titre, parce que sa sonorité me plaisait, et puis c’est tout de même assez justifié, pour certaines raisons que je développerai ici un jour. Et aussi, à l’époque je dormais très peu : Alban, de Alba, blanc ; Nox, pour nuit… Alban Nox : Nuit blanche, approximativement.