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  • Top Chef

    J'ignorais que Francis Ford Coppola était un fin gourmet capable de venir à bout des recettes les plus sophistiquées. Et maintenant que je le sais, que puis-je faire de cette information ? Si : refuser de l'inviter même s'il insiste (je vais rester un moment près du téléphone, au cas où).

  • Génocide

    Vous vous souvenez de la mode des pin's ? Quelle désolation ! Tous ces petits boucliers arrachés aux cadavres des armées lilliputiennes et arborés avec ostentation aux revers de nos vestes. Tout un peuple massacré, éteint désormais. Ah, on peut être fier, tiens !

  • En exemple

    Pour se donner du courage devant une épreuve apparemment insurmontable, il suffit de regarder les montagnes, d'admirer ce que peut produire la volonté et la solidarité. Ce qu'ont réussi à faire toutes ces petites taupes, ensemble, pour stopper l'avancée des laboureurs, ne pouvons-nous pas le faire, à notre échelle ?

  • Prédiction

    L'eau du robinet ne sera plus potable, celle qu'on pourra acheter sera rationnée, il faudra sortir avec un masque, les enfants ne pourront pas jouer dehors sans protection contre le soleil et nous ne pourrons plus manger les légumes et les fruits du jardin. Et on nous dira que c'est ça, la normalité. Et vous savez, effectivement, après quelques années, nous trouverons que c'est une vie normale.

  • Démiurge

    D'abord, tu remets les planètes dans l'ordre : Mercure là-bas au fond, Vénus tout près, la lune comme bon lui semble, Jupiter accouplée au soleil, et ainsi de suite. Et puis, tu vois plus grand : les galaxies, les confins, les trous noirs comblés et tendres, les nuits éternelles, épaisses et moussues comme des boues thermales. Là, plus rien ne t'arrête, tu organises le temps, tu modifies le passé, tu crées de nouvelles lois physiques, tu engendres des espèces, des pensées et des désirs neufs. Enfin, tu réalises que tu as fait tout cela avec ton vieux cerveau. Et que tout est finalement à peu près pareil.

  • En friche

    Nouveau roman en chemin (je ne dis pas « en route », qui pourrait laisser croire à une raisonnable célérité). Une vingtaine de pages pour l'instant. Pas la gloire, mais un incipit encourageant. Pour une fois, je voudrais faire un texte court, ramasser l'écriture sur quelques mois, finir à la fin de l'été. Mais je vois déjà se multiplier les potentialités du récit, des thèmes abordés, des personnages, ça y est, ça fourmille, ça enfle, ça pousse, ça se répand ! Malédiction des friches où abondent les herbes folles. Surtout qu'après, le boulot pour enlever les ronces les plus grosses...

  • Laisse tomber

    Notre voisin s'est fait cambrioler 3 fois en un mois. Excédé, il décide de monter un portail digne de ce nom, automatique et tout, un rempart. On le comprend. Sauf que, malgré les efforts des techniciens dont la présence quotidienne alimente nos ricanements, rien à faire : l'engin mal conçu refuse de fonctionner. Il reste obstinément ouvert ou se referme sans espoir de laisser passer son propriétaire. En attendant que le problème soit résolu, l'infortuné voisin place sa voiture en travers de l'allée, devant le portail récalcitrant, pour barrer la route aux malfaiteurs. La nuit dernière, il s'est fait piquer sa bagnole.

  • Week end *

    - Je voudrais parler à Monsieur Staline.
    - Monsieur Staline est occupé. Le petit Père dépeuple en ce moment.

     

    * Pour dire que je vais pas me forcer un samedi.

  • Recours aux forêts

    N'en a pas fini avec la tentation de s'abstenir de lire de nouveaux auteurs, s'abstenir d'écouter de la musique actuelle, d'aller voir des artistes contemporains et des films récents et de rester connecté à l'actualité. Parce que, à un certain moment, le cerveau se fatigue de n'être que médiocrement stimulé, ou découvre que toute cette soif de culture contribue, paradoxalement, à l'engourdir. Alors, reprendre les livres et les musiques, reconsidérer les œuvres qui nous ont déjà émerveillés, et celles-là seulement. Quant à l'actualité, son triste bégaiement rabâché par les échotiers assoupis, quelle nécessité ?

    Et puis, soudain, une invention hallucinante, un livre remarquable, une musique inouïe, un tableau bouleversant... C'est désespérant, ce déferlement incessant de merveilles.

  • In hoc signo

    Les cieux s'ouvrent au dessus de l'empereur Constantin. Une vaste croix de lumière éventre les nuées tandis qu'une voix immense proclame : « Par ce signe tu vaincras ». Constantin fronce les sourcils : « Et d'où qu'on se tutoie, nous ? »

  • L'essor

    Le papillon sans ses ailes, une espèce de vilain ver à la trompe monstrueuse. Pareil, le poète qui s'agite mais ne décolle pas.