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kronix - Page 50

  • 2870

    arton991.jpgOn lira Tocqueville à la plage de Xavier Gardette.

    C'est l'été. Un couple investit une maison au bord de l'océan, en Vendée. Lui, Olivier, est écrivain et doit boucler pour la fin de l'année un livre sur Marie Motley, femme d'Alexis de Tocqueville. Il n'a rien dit à Sylvie, sa riche épouse, de son intuition première qui devient certitude au fil du récit : il connaît ces lieux, il est venu enfant sur la plage qu'ils fréquentent aujourd'hui. Il s'est passé là quelque chose qui se refuse à sa conscience. Un souvenir important qui lui échappe. On se régalera, bercé par l'attente et l'insistance des souvenirs à ne pas se laisser saisir, amusé par les atermoiements d'un auteur incertain, lancé dans un chantier qui ne le passionne plus, vaguement attiré par une belle couturière vêtue de peu de tissu, on méditera sur la famille, les voisins, la mémoire, le  couple, on sera encore joliment ému par une révélation finale, à la fois fondatrice et anodine. On cueillera au passage quelques belles assertions, des phrases d'auteurs glanés dans toute l'histoire de la littérature et données sans affectation, des leçons de pensée glissées mine de rien, entre deux grains de sable. C'est subtil, joli, élégant. On quitte le livre comme une rencontre délicieuse, à laquelle on repensera un jour en souriant.
    Tocqueville à la plage, Xavier Gardette. Chez arléa.

  • 2869

    On ne devrait pas se retourner sur son passé. On ne devrait pas, c’est connu. Je devrais le savoir, moi, lecteur sourcilleux de la Bible, qui sait l’exemple mythique de la femme de Lot, tournée vers ses regrets, la vie confortable qu’elle abandonne au feu divin, et qui soudain est changée en statue de sel. Je le savais.

    Quand nous étions enfants, nous passions une grande partie de nos vacances à la campagne, dans une ferme des environs. Un couple de paysans et leur unique garçon, de l’âge intermédiaire entre mon frère et moi, nous y accueillaient. Cela dura des années. Est-ce que je m’y ennuyais ? Sans doute, mais de l’ennui de l’enfance, peuplé de méditations et de rêves. Une époque propice à l’imaginaire, en fait. Je ne goûtais guère les jeux de notre nouvel ami et de mon frère, devenus inséparables, et le père de famille avait autre chose à faire. Restait à me réfugier auprès de la mère de famille, dans la cuisine, avec mes cahiers que je remplissais d’aventures puériles, à grands coups de stylos et de vraisemblance approximative. La dame était gentille avec moi, elle faisait de bons gâteaux. Les vacances passaient ainsi dans une solitude protégée et doucement moquée.

    Nous fûmes un jour trop grands, décidément, pour retourner à la ferme. Il se passa d’autres jeux, des voyages, il se passa une enfance, puis une vie de jeune adulte, il se passa peut-être trente-cinq ans. J’envisageais parfois d’appeler, de revenir sur ces lieux, de reprendre contact. Mais, au fond de moi, je savais bien qu’il ne faut pas, que les traces du passé sont dépouillées de magie, qu’elles sont inertes et muettes, sinon décevantes. Je vis un jour le père de famille, presque identique à celui que j’avais connu dans la montagne. Il était attablé dans une cafétéria, rouge et massif, souriant timidement. Il n’était plus paysan, il travaillait à l’usine, en ville. Je le saluai, nous n’échangeâmes pas plus de deux phrases. Aussi désarmés l’un que l’autre par ce surgissement incongru de temps révolus. Nous ne nous aimions pas beaucoup, l’un et l’autre. J’appris sa mort plus tard.

    J’attendis d’avoir 49 ans, pas moins, pour téléphoner à Madame D. J’en formais le projet depuis des semaines, en parlais à ma douce de temps à autre. Un jour, je me décidai. Sa voix, identique, pas étonnée : « Christian ? Il faudra venir un de ces dimanches…  M. sera là » M. est le fils unique, resté célibataire, vivant avec elle. La date fut convenue. Je raccrochai, regrettant déjà mon geste, comprenant pourquoi je ne l’avais pas accompli depuis tout ce temps : c’est que j’en savais la nocivité.

    Nous voici, ma douce et moi, installés devant une tasse de café et une part de tarte. Contrairement à l’usage, je n’ai rien apporté. J’aurais pu, mais ce manquement signifiait que l’on ne resterait pas, que je n’étais que de passage, et que, probablement, je ne reviendrais jamais. Je demande ce qu’ils font l’un et l’autre, les fait parler un peu du jour d’aujourd’hui, du temps qu’y est plus comme il était. Les questions et les réponses s’enchaînent, superficielles. Madame D. demande ce que je fais, ce que ma compagne fait, nous le lui disons, elle résume : « chacun fait comme il peut. » et quand je parle du travail actuel de mon frère (un mandat d’élu), que je vois avant tout comme une façon d’œuvrer pour les autres, madame D. avance sa main au dessus de la table, fait un geste sordide en frottant de son pouce l’index et le majeur, et souligne d’un sourire entendu « ça rapporte, ça ». Au bord de la nausée, je subis encore deux ou trois assertions sur les gitans et les étrangers qui sont trop nombreux, et puis nous partons, retrouver le présent qui s’est bien débrouillé sans nous.

    Dans la voiture, ma douce me demande si je suis déçu. Je lui dis que non. Un temps de silence et j’ajoute : « Je savais. »

  • 2868

    Je suis viré, d'accord, mais soyons précis. Viré... Qu'entendez-vous par là ? « Foutu dehors, licencié... » Hmm hmm. Bon, mais encore ? Essayez de me dire les choses franchement, ne me ménagez pas. Je suis nul, incompétent ? Je ne vois toujours pas ce que vous essayez de me dire. "Fumiste" ? Non, désolé, ça ne me parle pas. Essayez d'être moins technique, tant pis, nous sommes entre nous... "Connard, jean-foutre, minable", certes, mais je ne comprends pas ce que vous voulez, au fond. Je vous écoute, je vous écoute, je suis toute ouïe, je vous assure. Ne vous mettez pas en colère, je fais des efforts. Peut-être dois-je avouer un manque de vocabulaire. "Mis à la porte", cette porte-là ? Mais c'est votre, vos, enfin... Non, celle-ci ? Celle de la secrétaire, mais j'en viens, justement, c'est vous qui m'avez demandé de venir. Retourner chez moi ? Bien sûr, si vous insistez. Ne plus revenir ? « Plus jamais » Comme vous y allez, on voit que ce n'est pas vous qui devrez rattraper le retard, après. Je suis viré ? Vous l'avez déjà dit, et surtout vous êtes tout rouge. Oui, ce serait mieux si vous preniez quelques jours. Ne vous inquiétez pas, je m'occupe de tout pendant votre absence. Reposez-vous. Allons, ce n'est pas grave. Ne parlons plus de ces petits énervements improductifs, le président ne serait pas content d'apprendre que vous passez du temps sur ce genre de futilités. Comptez sur moi, je ne dirai rien.

  • 2867

    Je sais, je sais, s'énerva le clown, une fois enlevés les grands pieds et le nez rouge, lavé le maquillage, je sais, oui, je ne suis qu'un acrobate !

  • 2866

    Les murs du bureau lacérés par les chats. Font ça pour rien, par insolence, par indolence, s'étirant avec dédain, allongeant le dos et les pattes, griffes jaillies comme par mégarde, plantées dans la chair tendre du plâtre, dans l'épiderme frêle du papier peint. Surpris qu'on les houspille, sortent à pas nonchalant. Quel intérêt, ces murs ? Des parois sans charme, qu'ils ont bien fait de décorer à leur manière. Et moi, incapable de vengeance. Car le chat ne possède rien, aucun solide abri à érafler ou fendre en représailles. Mais que la bête inflige à mon clavier un filet d'urine précis, souille un fauteuil ou un vêtement oublié, et j'entreprends l'infernale vendetta : je me plante au dessus de son couffin et le compisse à grands jets. Ah, la tête du greffier, ses moustaches révulsées, son regard désemparé ! Ah, la tête de nos invités, pénétrant dans une atmosphère empuantie par l'opiniâtreté de notre duel !

  • Les Nefs de Pangée - Critique

    Un billet qui date de janvier et que je n'avais pas repéré. Sur le site "un dernier livre" et sous la plume d'une Marcelline, apparemment conquise. Merci à elle.

     

    Les bonnes opinions des lecteurs des Nefs ne lui ont cependant pas permis de décrocher les prix pour lesquels mon roman était sélectionné. Pas de prix Bob Morane, pas de Grand Prix de l'Imaginaire, donc. Cela dit, vous ne me lirez pas mégotant la fierté d'avoir été sélectionné pour ces prix prestigieux ; je suis conscient que ce n'est pas rien. Mais vous savez ce que c'est...

  • 2864

    Après l'opération qui l'avait transformé(e) en femme, elle s'était mariée avec son chirurgien. Un malaise s'installa dans le couple quand elle découvrit que son ancien sexe, d'une taille enviable (et reconnaissable par un détail), se trouvait maintenant entre les jambes de son mari.

  • 2863

    12718082_1279446868751981_4810537838148835082_n.jpgL'aventure parisienne de Pasiphaé, cette pièce créée l'an dernier à Roanne, fut l'opportunité pour la Compagnie NU de présenter son travail à un public non acquis, réputé difficile. Les cessions roannaises ou stéphanoises pouvaient être considérées comme des jeux « à domicile » (ou presque) devant un public plutôt bienveillant. Ici, notre approche allait être jugée par des spectateurs sans a priori autre que celui qu'a pu nourrir la fréquentation des salles et programmations parisiennes. Nous ne faisons aucun complexe d'infériorité, nous connaissons la valeur de notre travail ; il s'agissait de le tester devant un public qui le découvre complètement. D'abord, une chose que nous ne pouvions prévoir : c'est que le changement de comédienne pour le rôle-titre allait à ce point bouleverser la mécanique de la pièce. Non pas changer le propos mais déplacer le centre. Observation fascinante de ce que le spectacle vivant autorise de manipulation, d'interprétation, de « jeu » en fait, à partir de l'écriture. Même le public, son nombre, sa composition, son humeur, change la donne. La pièce, selon son emprise, s'oriente vers la comédie ou le drame, différemment chaque soir. Preuve d'une sorte de plasticité de la pièce assez étonnante. Ensuite, nous avions pris le parti de supprimer les nombreuses chansons qui émaillaient la pièce dans sa première version. L'interprétation de ces morceaux par des comédiens qui ne sont pas à l'aise avec le chant, fragilisait l'ensemble. Les supprimer a resserré l'intrigue sur le trio Pasiphaé/Minos/Dédale. Quel personnage a pâti de ces suppressions ? Le peuple, qui n'est présent désormais que par des propos indirects (mais de façon presque obsédante, il en est question très souvent). Certaines scènes chantées auparavant ont été réécrites quand les informations contenues dans les couplets étaient nécessaires à la compréhension de l'intrigue. La Pasiphaé « parisienne » peut donc être considérée comme une re-création, avec ce que cela implique d'inventions, de relecture et de regains mais aussi de fragilité, de calages de dernière minute, de tâtonnements. Et seulement quatre représentations, séparées par une semaine, qui plus est. Fragilité augmentée. Mais c'est le bonheur de travailler avec des professionnels : tout a fonctionné à merveille. Le franc succès de la dernière peut faire rêver de ce que serait devenu la pièce après vingt représentations consécutives. Au final, nous ignorons ce qu'il adviendra de cette pièce, mais elle a eu un impact certain sur les personnes qui l'ont vue, qu'ils l'aient aimée ou pas, elle a marqué les spectateurs. Les retours continuent, les témoignages se poursuivent, que recueillent nos comédiens parisiens. Nous écoutons. Nous recevons, nous réfléchissons. Une scène a déjà été écrite, pour enrichir le début, poser les enjeux plus tôt qu'ils ne l'étaient. C'est une nouvelle création, riche de potentialités, remarquée par certains professionnels. Rien n'est accompli mais la compagnie se met à imaginer plus loin qu'elle ne l'a jamais fait. Et comme dirait ma chère Pasiphaé aujourd'hui : «  Alors, tout est possible ».

     

    Photo Yann Guillotin.

  • 2862

    La dernière de Pasiphaé : public nombreux et réactif, comédiens au sommet, technique bienveillante, ce fut un moment merveilleux. Enfin rentré, décor rangé, douche prise, suis épuisé. Je vous raconterai plus tard. Demain ? Oui, demain (là, il faut que j'écrive un dialogue supplémentaire, on peut toujours faire mieux). Bonne soirée.

  • 2861

    Pasiphaé_Yann-Guillotin.jpgCe soir, au Point du jour, c'est la dernière de Pasiphaé. Une fin mais aussi ce qu'on peut considérer comme un seuil vers autre chose. C'était le but. Répondre à l'invitation de la directrice de cet établissement était un pari coûteux pour nous (il était évident que les entrées ne compenseraient pas l'investissement trajets, hébergement, salaire des artistes, etc.) mais une expérience nécessaire. Il s'agissait de faire connaître notre travail à des professionnels qui ne seraient jamais venus à Roanne ni même à Saint-Étienne ou Lyon. Je poste ce billet au matin de l'avant-dernière séance, quelques minutes avant de partir rejoindre l'équipe à Paris, je ne sais donc pas comment s'est passé la dernière représentation, mais j'ai assisté aux précédentes et je sais que notre pièce est solide à présent, je sais qu'elle dérange et déroute, je sais qu'elle vit et capte son public. La Compagnie est très fière du résultat. Ce qui adviendra après cela ? Nous verrons. Dores et déjà, nous avons tenu le pari de montrer au public la meilleure Pasiphaé possible. On peut lire dans ce billet ma reconnaissance à Fanny Laudicina, François Frapier, François Podetti et Marc Bonnetin qui ont mis temps, énergie et talent au service de cette aventure parisienne. Elle ne fait que commencer, j'en suis convaincu.

     

    Photos Yann Guillotin.

  • 2860

    J'avais pris un café à la gare pour ne pas m'endormir dans le train. Et en effet : 2, 40 €, ce scandale m'a tenu éveillé un bon moment.

  • 2859

    Momie_MnHn.jpgMusée de l'Homme (Museum national d'Histoire naturelle, Paris, tout récemment rénové). Visite de l'exposition permanente. Je m'arrête devant une vitrine où il est question des rapports de l'Homme avec la mort. Sa préoccupation de la destination du corps, de la préservation des chairs pour défier le temps. J'avise une momie précolombienne particulièrement expressive. Je m'empresse de la croquer sur mon calepin et lit ensuite le cartel pour apprendre que c'est elle qui aurait inspiré à Munch son fameux « Cri. » Des signes manifestes par delà les siècles, des figures qui ne laissent aucun témoin en paix. Étrangeté du rapport esthétique entre ce qui fut une personne et la personne qui regarde, relation confuse entre le corps vivant, oublié, métamorphosé (car il serait insupportable de visiter un cadavre), et la sculpture asséchée qu'il est devenu. Où sommes-nous, là-dedans, que voyons-nous vraiment ? La réduction esthétique d'un être humain ? Les portraits peints ont-ils la même fonction ? Pourquoi sommes-nous indemnes de honte et de tristesse en braquant nos regards sur ce vestige d'humanité, qui n'a pas moins pensé, aimé que nous, pas moins vécu que nous ? A quel instant précis le cadavre devient-il aussi peu incarné que sa propre représentation ?

  • 2858

    « On l'aimait beaucoup. Gentil avec tout le monde, jamais un mot plus haut que l'autre. Avec lui, rien n'était jamais grave. » sanglotait le président du club. « Quand il allait sauter, quelqu'un s'est souvenu : On a oublié le parachute ! Et lui, il a haussé les épaules en disant : Non, mais te bile pas pour ça. Et puis il a sauté. Vraiment le gars pas chiant. »

  • 2857

    Couv-Naven.jpgNaven, de Maryse Vuillermet, est une merveille. L'auteure de l'excellent Pars, travaille ! avait produit ce premier livre début 2015. Le naven est un récit à valeur initiatique de certaines sociétés de Nouvelle-Guinée, par lequel les femmes transmettent à la génération suivante une mythologie familiale, un récit des origines. Maryse Vuillermet entreprend l'élaboration d'une semblable genèse et l'ouvre ainsi à tous. Elle enquête à la source des témoignages familiaux, reconstitue de façon documentée, mais jamais de façon pesante, la vie de ces femmes, pas moins fortes et rebelles que les militantes dont elles furent les ancêtres, mais contraintes par les conditions économiques et sociales de leur temps. Leur temps, c'est le début du XXe siècle, quand on exilait les jeunes filles de la campagne à la ville, pour servir de bonnes dans la bourgeoisie lyonnaise. Le récit croise, (comme dans Pars, travaille ! mais il m'a semblé, je l'avoue, avec beaucoup plus de force), la modernité des choix féministes de la vie de l'auteure avec le passé restitué de ses grand-mère et grand-tante. C'est riche, instructif, stupéfiant, c'est parfois bouleversant, toujours passionnant. Si vous vous interrogez sur la manière dont une femme reçoit l'héritage inconscient de ses aïeules, si la permanence d'un combat féministe vous importe, je ne peux que vous encourager à découvrir ce document magistral - et je pèse mes mots. Naven est hélas paru chez L'Harmattan, ce qui le destine d'emblée à la confidentialité la plus dommageable. La couverture, que je trouve exagérément laide, n'invite pas non plus à franchir le pas. Je peux assurer que le contenu est d'une tout autre qualité. Je suis persuadé que d'autres éditeurs, plus armés pour faire connaître ce travail, pourraient l'arracher à cette fatalité. Il faut le souhaiter pour le bien de tous.

     

    On pourra lire avec profit un autre livre de transmission, masculin celui-ci: Ma vie, côté père, de Michel Contat, chez Christian Bourgois. Le hasard de mes lectures me fait faire ce rapprochement, mais les deux textes sont écrits selon des procédés très éloignés. Disons que je profite de ce billet pour évoquer cet autre beau récit. Le portrait d'un père absent et inoubliable, dessiné davantage par les blancs que par les traces laissées sur le papier. Livre émouvant et teinté d'humour d'un auteur qui peut enfin, à soixante-dix ans passés, remuer le passé familial et tenter une réconciliation attendrie avec son géniteur. Sentiment final d'injustice cruelle : ce grand immature de père, plus intéressant pour un écrivain que la consciencieuse et fidèle, et sacrifiée, et présente, figure de la mère.

  • 2856

    Avez-vous remarqué que la taille des adultes, longueur des bras et des doigts, est calculée de façon à ce que les petits enfants qui commencent à marcher puissent s'accrocher pile-poil aux mains de leur grand-mère d'un côté, de leur grand-père de l'autre ?

  • 2855

    Ce soir, à partir de 18h30, c'est à la bibliothèque de Mégevette que je suis accueilli dans le cadre des rencontres organisées par Lettres-Frontière. On parlera surtout de l'Affaire des vivants, mais, si j'ai le bonheur de retrouver une certaine éditrice qui a prévu de passer me voir, il pourrait être question des Chants Plaintifs. L'entrée est libre, bien sûr. Je me réjouis d'avance.

  • 2854

    Il tirait de son sentiment d'inutilité une sorte d'orgueil. Il ne voulait rien, ne décidait rien, ne produisait rien. Lorsqu'on lui fit valoir que son inertie provoquait malgré tout des effets, il en fut atterré. Dès lors, il fit comme les autres : il s'agita beaucoup, remua ciel et terre, œuvra, s'engagea, s'impliqua, et eut la satisfaction de constater enfin, après un rapide bilan, toute l’innocuité de son existence.

  • 2853

    Pasiphaé nous accompagne depuis un certain nombre d'années maintenant. Depuis qu'elle fut envisagée en 2012, écrite en 2013 et jusqu'à sa création en 2015 à Roanne (tandis que nous étions touts abasourdis par les attentats contre Charlie), elle est en nous, Nudistes (ainsi se nomment eux-mêmes les artisans de la Compagnie NU), et ce phénomène quasi obsessionnel est amplifié par la perspective des représentations au théâtre du Point du Jour, à Paris. J'écris ce billet la veille du jour où Marc et moi transporterons les décors à Paris et, selon la formule commune, la pression monte.
    PASIPHAE FLYER A6 2016 RECTO.jpgDeux changements majeurs vont faire de cette Pasiphaé parisienne une expérience singulière. Les chansons ont été supprimées, purement et simplement. L'ambition d'un pièce musicale se heurte, il faut bien l'admettre, aux capacités « lyriques » de nos comédiens. Les passages chantés n'étaient pas insupportables, mais incontestablement, ils atténuaient l'intérêt, créaient un creux dans la qualité d'interprétation du reste de la pièce. Nous avons résolu, sans beaucoup hésiter, de les remplacer par une réécriture des textes, et nous avons purement et simplement supprimé certaines scènes, notamment une visite des « Gueux » dans le palais régidentiel. Par de tels choix, l'axe de la pièce se recentre sur l'essentiel de l'intrigue, sur les relations entre personnages, le regard et la compréhension sont moins dispersés. Le sacrifice produit un gain.
    Autre transformation, due aux contraintes de calendrier : Notre chère et adorée Aurore Pourteyron, pour qui ce texte avait été écrit, n'est pas disponible. Pasiphaé photo 3.jpgC'est Fanny Laudicina qui reprend le rôle-titre. Cette nouvelle interprétation crée une métamorphose (après tout, nous sommes chez Ovide, aussi) imprévisible et non négligeable dont j'ai hâte de découvrir le résultat (je n'ai assisté à aucune répétition, mais François Podetti, le metteur en scène, m'a tenu au courant) : Fanny déplace le personnage vers un autre horizon, Pasiphaé devient plus volontaire et davantage motrice du drame et les autres comédiens (François Podetti pour Minos et François Frapier pour Dédale), repositionnent leur jeu en fonction de cette approche. Fanny_Laudicina.jpegC'est presque, au bout du compte, une nouvelle lecture qui se concrétise alors. L'art théâtral est décidément l'espace d'une littérature qui vit, palpite et évolue sans cesse. C'est un processus étonnant et passionnant pour l'auteur à qui telle chose arrive. Un bonheur de plus dans cette aventure. La suite bénéficiera de cet apport. Pour Minotaure, Aurore (qui reprendra son rôle), devra peut-être tenir compte de l'évolution du  personnage tel que travaillé par Fanny. Le cas inverse aurait aussi été vrai. Nous n'en sommes pas là : Minotaure est le chantier pour NU sur 2017, si tout se passe comme prévu. Pour l'heure, le rendez-vous parisien est notre principal souci, avec son corollaire, l'angoisse que la pièce ne rencontre pas son public, comme on dit pudiquement. J'ai confiance cependant en une chose, et nous échangions au téléphone l'autre jour avec François sur ce mode : on présentera la meilleure pièce possible. Ceux qui auront eu la gentillesse et la curiosité de venir nous soutenir peuvent être assurés que nous aurons tous fait au mieux pour qu'ils repartent satisfaits. Pour le reste, n'est-ce pas, nous ne pouvons que prier le dieu de l'affluence (dont nul ne connaît le nom) et espérer. Pasiphaé photo 1.jpg

    Pasiphaé photo 4.jpg
    Ce soir, ce soir, ce soir… jusqu'au 15 avril. Pour moi, ça ressemble à une succession de sorties de romans, la même pression, multipliée, ranimée chaque fois. Épuisant et palpitant.
    Chavassieux, arrête de geindre, profite ! [OK, ok, je profite...]

  • 2852

    Les pyramides, quand on y songe, quel échec ! Toutes ces tentatives pour faire tenir ces constructions sur la pointe et qui sont toutes, inévitablement, retombées comme des culbutos.

  • 2851

    Hydrophobe et allergique au bois, Titou le castor rêve de changer le monde.