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  • Dans la dignité

    Le très actif comité de défense de M. Choucart se fait plus discret depuis que le malade en phase terminale dont il défend le droit à mourir dans la dignité, a exigé, préalablement aux doses létales de morphine, d'aussi fortes doses de Viagra, de façon à ce qu'il puisse s'accoupler (dans l'ordre de la liste qu'il a soumise à son comité), avec : miss Monde 2006, une truie, un diplomate hongrois, une nonne, un syndicaliste et mademoiselle Demond-Picard, sa voisine de palier. La truie a officiellement refusé.

  • OGM : Enfin, des preuves

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/12/11/une-etude-prouve-la-nocivite-pour-l-organisme-de-trois-mais-monsanto_1279552_3244.html

  • Cadeau - Roman avorté VI

    Peu de chose à dire de cette tentative de polar "efficace". L'idée était de démarrer le récit dès la première ligne et d'entraîner le lecteur jusqu'à la fin. Des postulats de ce genre ont toutes les chances de sombrer dans le vide le plus caricatural. Aucun intérêt.

    Première fois que le téléphone sonnait depuis que ma ligne était rétablie. Un ami ? Sans doute pas : je passais mes journées appuyé au comptoir de chez Zette, mâchant une philo à trois balles avec mes rares potes ; qu’auraient-ils oublié de me dire ? Quant à la famille, disparue avec mes parents vers l’âge de dix ans, je ne la voyais pas surgir du néant pour me donner des nouvelles. A se demander d’ailleurs pourquoi je tenais à conserver un téléphone. Je décrochai. C’était la banque. Dumesne, le type qui s’occupait de gérer mes agios. J’ai tout de suite senti que quelque chose ne tournait pas rond. Dès la première phrase.
    - Bonjour monsieur Sordès, comment allez-vous ?
    Pas la phrase elle-même : l’intonation. J’ai dû répondre que oui enfin… oui, avec l’inquiétude du gosse à qui son père demande s’il est VRAIMENT allé réviser chez son copain hier soir.
    - Monsieur Sordès, il faudrait que nous nous voyions, n’est-ce pas ?
    Se voir encore. Se voir. Je devais lui manquer parce que notre dernière entrevue s’était achevée sur un constat atterré de part et d’autre. Bon sang, il y avait vraiment un truc qui clochait : Dumesne enchaînait une série de phrases sur un ton enjoué que je ne lui connaissais pas. Et pourtant, on se connaissait bien, depuis le temps. Il fallait qu’il m’explique.
    - Mais ? Monsieur Sordès, voyons, il faut que vous preniez des décisions par rapport à tout cet argent. Et je suis là pour vous aider.
    - Tout cet argent ?
    Le banquier fit silence sur un bref hoquet de surprise.
    - Mais ? Vos cinq millions d’euros, voyons !

  • Cadeau- Roman avorté V

    J'étais avant tout, au fond, un auteur de SF. Nourri à Herbert, Van Vogt, Asimov et autres Heinlein, K. Dick ou Spinrad, j'ai pas mal pondu de récits Sf/fantastiques. Ici, une tentative de récit de l'apparition d'une entité extra-terrestre. Insensible dans ce premier passage, le suspens va croissant, multipliant les points de vue, les personnages, les lieux. Un roman basé sur une grosse documentation, mine de rien. L'histoire commence dans le désert.

     

    I
    Le père Mourier entra dans la fraîcheur terreuse de sa maison. C'était une modeste construction née de ses mains, quelques années plus tôt. Selon un rituel inconscient, il caressa au passage les briques rugueuses qui formaient le linteau de la porte. La sensation fugace qu'il éprouvait alors était semblable à celle qu'on ressent, quand nos mains glissent dans une chevelure aimée. Le père ne s'arrêta pas sur cette émotion mille fois ressentie, mille fois recherchée ; elle avait la netteté que seul l'exil prolongé engendre.
    Le père Sébastien Mourier était ermite. Ce vocable désuet, il l'avait choisi pour désigner cette retraite volontaire, à l'époque où les mots n'avaient pour le jeune homme qu'il était, qu'un sens vain.
    Il avait choisi le mot pour en jauger, sur le terrain, la valeur concrète, et lui redonner le sens dont on l'avait investi, autrefois.
    Ermite, solitaire sans âge qui reprendrait un jour le chemin des rencontres, des foisonnements de visages, des mots énoncés avec inconséquence. Solitaire sans âge, reclus ici pour un temps inappréciable. Autant de temps qu'il lui semblerait nécessaire  pour investir la parole d'un sens. Le père cherchait, dans la solitude entretenue, la clarté des mots.
    D'autres avant lui s'étaient réfugiés dans les lointains désertiques du globe pour trouver Dieu. Les anachorètes avaient en général choisi, au début de l'ère chrétienne, la Thébaïde égyptienne, puis la Syrie. L'ermite Mourier, parce qu'il avait rêvé longtemps des contrées qu'il habitait maintenant, leur avait préféré le Nigeria, et les contreforts du mont Djeboun. Ici, tout était d'une âpreté miraculeuse. Le désert y imposait une sorte de propreté.
    Cette méticuleuse attention à la qualité des mots, lui rendait leur usage précieux et rare. Même pour prier.
    Il acheva d'arroser son jardin, petite flaque de terre fertile, entretenue contre les rigueurs du lieu, à l'abri des roches ocrées. Comme chaque matin, mais avec plus d'attention que d'habitude, il pansa ses chèvres, ses moutons, et ses poules, avant de revenir à la cahute.
    Ses bras solides soulevèrent le sac de toile préparé la veille, et il sortit dans la lumière souple de l'aube. En passant par Arlit, il donnerait quelques consignes à la famille Daoulé, ses plus proches voisins et amis, à deux kilomètres de là, pour qu'ils acceptent de s'occuper de l'ermitage, le temps que la communauté des Antonins envoie ses confrères ici, dans deux jours. Il ne pouvait pas attendre.
    Deux jours et demi de marche dans le grand erg de Bilma, jusqu'à Marna, puis deux jours de voiture sur les pistes, avant de se joindre à l'une des caravanes touaregs qui traversent le plateau et, enfin, à partir du dernier point d'eau - Mouassa peut-être- l'exténuante marche à côté ou à dos de chameau, pendant encore trois jours, plein sud, avec les guides qu'il pourrait trouver.
    S'il réfléchissait aux raisons qui le poussaient à entreprendre ce voyage, à sortir de son orgueilleuse réclusion, ses pensées se mêlaient très vite en une agaçante confusion d'impressions. Il y renonçait finalement, convaincu tout simplement de l'urgence de sa mission. Sans qu'il lui soit nécessaire d'extirper de son manteau la photo et la lettre qui le jetaient aujourd'hui sur les flancs escarpés de son refuge, il revoyait nettement l'image de cette élégante muraille courbe, haute et large comme une dune séculaire, et les mots griffonnés au dos de la photo : "Je vous attends sur place", signés par le docteur Decombes-Nadeau. La lettre, plus explicite, donnait des détails sur les latitude, longitude et date de la découverte. L'archéologue priait son ami de diffuser photo et témoignage sur le web, pour que soit répercutée aussi vite que possible la découverte d'une civilisation ancienne. Le père Mourier n'avait pas refusé ce service, mais il en avait retardé l'exécution. Il avait scanné les documents originaux, les avait envoyés depuis sa retraite sur l'e-mail d'un ami, en Europe, avec consigne d'attendre de ses nouvelles. L'ermite partait donc vérifier l'information, avant de se décider à la divulguer.

  • Cadeau - roman avorté IV

    Celui-ci s'intitule "Magma", et il me tient à coeur. Je l'ai travaillé pendant plus d'un an. J'y ai épuisé beaucoup d'énergie, de temps, de foi. Finalement, j'ai renoncé, pour des raisons trop longues à expliquer ici. Mais j'y reviendrai, c'est sûr. Comme je suis revenu sur "L'Husine" pour produire "le Baiser de la Nourrice", en découvrant soudain l'angle qui faisait sens. Le détail amusant, c'est que, puisque je n'arrivais à rien sur "Magma", j'ai demandé à Jean-Marc, mon précieux ami Jean-Marc, de m'offrir un sujet dont il m'avait parlé un jour, et qui sera celui de mon prochain roman publié : "le psychopompe". D'ailleurs, dans "le psychopompe", le personnage central, un écrivain (pas moi : je n'étais pas encore publié quand j'ai commencé "Magma") échoue à écrire un roman qui s'intitule, justement, "Magma". Mise en abymes... Ce qui suit n'est pas le début, que je me réserve, mais un passage du début, qui ne dévoile rien de l'intrigue.

    Croizan-sur-Loire n’offre que des hochements de tête et des souvenirs, mais c’est ma ville triste et vieille que je ne quitterai pas. Je n’ai pas le goût de la réussite, je suis sans ambition. J’aime seulement la paix. Venu d’ailleurs, je n’aurais pas trouvé plus adapté à mes souhaits que cet endroit ; né ici, je reconnais dans ma ville l’immobilité que je cherche, la suavité de sa langueur de malade. Je vois cette ville mourir, vidée de son jeune sang. Je la sens ralentir malgré des illusions de soubresauts, jusqu’à l’arrêt cardiaque. Cela me convient. Autour de Croizan, la planète vocifère et guerroie, précipite le pas vers la même déchéance, finalement. Tout cela me fait sourire quand je ne grimace pas d’horreur. Tandis que les humains préparent leur fin, j’écris.

    Au fond, Croizan n'est pas tellement éloignée des tourments qui affligent le reste du monde. Croizan connaît le meurtre et la bêtise, le viol, la gabegie, la honte et le remords. Mais les catastrophes et les élans y parviennent fanés. Les maisons sont petites, les trajets sont courts, les quartiers sont des bourgs repliés ; les coeurs dans cet espace, sont chétifs. On se hait sans colère. Il faut de l'enthousiasme, pour nourrir la colère ; Croizan est une ville sans enthousiasme. Son sentiment le plus exacerbé, c'est la rancoeur.
    Si j'aime cette ville où je suis né ? Même pas. J'ai sur ses rues et ses places le même regard clinique que sur mon pauvre corps. Je vis dedans, il m'est familier, sa santé débile ne m'irrite pas. Ma ville et moi sommes confondus depuis l'origine, et je considère aujourd'hui mes anciennes velléités de départ comme on sourit à telle saillie de notre enfance, quand on se voyait pilote d'essai ou viking. Il y a des costumes trop grands pour les êtres trop sages.

  • Cadeau - Roman avorté III

    Du lourd. Une envie de me détendre, d'écrire un roman "facile", distrayant, sans prétention. Et puis, rien à faire, je me suis vite lassé de ces petites aventures débiles. L'idée : un Kho-lantha où les candidats affrontent les épreuves d'un univers d'Heroic Fantasy, avec dragons, sorcières, chevaliers, etc. sous l'oeil des caméras. Je n'ai même pas relu tellement c'est bête.

    Depuis trois jours, le fleuve charriait des restes de forêt dans un bouillonnement fauve. Ses flots contrariés par les rochers des berges explosaient en vapeurs froides qui trempaient jusqu’à la lumière. Les aventuriers descendirent de chevaux, leur route s’arrêtait là. Encombré de sa lourde hache à double tranchant, l’homme le plus grand s’avança vers le roulement incessant du fleuve. Il tendit l’arme au-dessus, en une passerelle imaginaire : « Ce devait être un gué, ici, paraît-il » Les autres le rejoignirent pour constater.  « Qu’est-ce qu’on fait, Franck ? » Franck observa ses équipiers. Jusqu’à présent, tous avaient suivi ses directives, son charisme naturel. Kamel, avec assez de philosophie et de distance amusée, voire sarcastique ; Marco, très costaud, souple, un corps comme une machine bien huilée, mais un esprit délié, sûr de lui ; Kévin, grande gueule désagréable, toujours geignant, qui avait failli plusieurs fois être éliminé, mais toujours là tout de même ; Sol, le plus âgé du groupe, le plus paumé aussi, le plus faible, mais le plus doux de tous, le plus drôle aussi, malgré ses calembours foireux ; Souad, une grande gueule encore, mais sportive, courageuse, un bon élément, et Lubna enfin, sûrement castée par la production pour constituer le quota poupée de la saison. Un poil plus dangereuse que Souad, parce que troublante, manipulatrice, maintenant par sa seule présence une tension entre les mâles de l’équipe.

  • Cadeau- roman avorté II

    Un thème dans lequel je me suis plongé avec enthousiasme, pour admettre au bout de quelques pages, que cela ferait tout juste une bonne nouvelle. L'histoire d'un écrivain mourant qui s'associe à une firme informatique, créatrice du premier logiciel quantique et donc, du premier ordinateur "créatif". L'écrivain se sachant condamné, passe un accord avec l'entreprise pour que Hugo 01 (le nom de l'ordinateur), auquel il a confié intégré tout son savoir, ses souvenirs et l'ensemble de son oeuvre, poursuive son travail et publie ses projets à titre posthume. C'était une façon d'aborder le mystère de l'écriture, et tant de thèmes tournant autour de ce sujet. Celui-ci, j'y reviendrai. Je n'ai pas peur de le livrer ici, parce que cent auteurs écriraient cent romans différents à partir de ce sujet. Le phrasé est celui du "baiser..."

     

    On a fini par s'habituer, Hugo-01 a mis tout le monde K.O., toute la production littéraire du monde entier, balayée par la puissance de calcul d'un super ordinateur, ajoutée à la qualité d'écriture et l'ambition des sujets de Lamberto Erco, prix Nobel de littérature. Chaque année, des milliers de pages, une production foisonnante, sur tous les sujets et dans tous les genres, de la comédie à l'essai, du roman à la nouvelle et du scénario de films au livret d'opéra, d'un auteur jamais fatigué, jamais en panne d'inspiration, écrivant à jet continu des monuments de la littérature, traduisant simultanément ses propres ouvrages dans toutes les langues, tous les auteurs ont essayé de lutter et puis l'un après l'autre ils ont déclaré forfait, on pouvait bien regimber sous cet étouffement, tout bien considéré, il suffisait de lire la production de Hugo-01 pour être convaincu que personne ne faisait mieux et ça donnait la rage partout, les auteurs les plus jeunes, explosifs, vindicatifs, y allaient de diatribes en vers libres en configurations nouvelles en formes inédites, tout de suite, dans les minutes qui suivaient leur édition ou leur mise en ligne, Hugo faisait mieux, plus ample, plus riche, plus beau et pour s'amuser (en plus, Hugo a de l'humour) l'ordinateur devançait toutes les formes littéraires, provoquait des avancées incroyables dans les genres, en inventait de nouveaux et même se payait le luxe d'écrire des essais critiques sur sa propre production, des critiques d'une hauteur de vue stupéfiantes, de quoi abattre aussi les universitaires, sans parler de son premier essai philosophique qui a fait l'effet d'une bombe, vous vous en souvenez, quand Hugo a rassemblé et synthétisé les considérants athées chers à Erco et a proposé le cardinalisme, une sorte de physique de la pensée qui a réussi à faire taire momentanément Miguel Onfray, bref personne n'arrivait à suivre, c'était une compétition absurde, on a fini par laisser faire, par abandonner, ce n'est pas noble, c'est affligeant, mais à part quelques auteurs dont les fans assuraient qu'Hugo ne les vaudrait jamais ce que le logiciel a immédiatement contredit en produisant de faux polars, de faux livres de SF, de faux livres érotiques de faux recueils de poésie desdits auteurs, absolument bluffants  les autres ont simplement arrêté d'écrire. Certains se sont suicidés, artistiquement s'entend, en allant cultiver du safran ou des salades, quant à papa, il a juste laissé tomber, pour devenir lecteur de Hugo-01, comme il l'était de Erco, son modèle. Il écrit bien encore un peu, mais plus aucun éditeur ne veut de ce qu'il appelle « mes petites logorrhées », maintenant qu'Hugo-01 est là.

     

     

     

     

  • Cadeau

    On fait les cadeaux qu'on peut. Pendant quelques jours, je vais vous livrer ici des débuts de romans abandonnés. Abandonnés parfois presque à terme ou bien avancés, mais dont je n'étais pas satisfait, ou dont l'idée n'était pas assez riche, pas assez ambitieuse ou mal abordées. Il y a certaines choses que je reprendrais peut-être un jour. Voici pour commencer les première phrases de "L'Husine". Retardé, repris malgré tout, puis avorté définitivement à un nombre de pages équivalent au "baiser de la nourrice", et justement... "Le baiser..." est un retour sur l'univers de "L'Husine" deux ou trois ans plus tard, vu sous un autre angle. Et enfin, "ça" a fonctionné.

     

    L'Husine. Le froid du petit matin, les loupiotes accrochées au béton. Au milieu de la foule de têtes rases qui avancent, le petit Mido, inquiet mais fier, l'épaule meurtrie par un sac de nourriture trop chargé. La main de son père sur l'autre épaule. La silhouette de son père que Mido vit longtemps massive et altière ; qu'avec le temps il admettrait voûtée et fatiguée.

    L'Husine et son goût de fer et de graisse, perceptible dès l’ouverture. Et les portes franchies, cette lumière inhumaine, pesant sur la nuque avec son haleine de bruit, qui écrase et vous dit d'obéir. L'Husine aux dimensions incroyables, qui avale le trop jeune Mido, l'éloigne de son père et le propulse devant une machine formidable. L'homme qui l'accompagne lui apprend que c'est une "pondeuse" –une sorte d'emboutisseuse. Il hurle "pondeuse" la main en porte-voix, pour percer le vacarme de la masse d'acier qui s'abat d'une hauteur de maison. Mido reçoit la première secousse comme un camion vous percute. Les vibrations propagées depuis le sol le tétanisent. Il comprend qu'il lui faudra côtoyer cette bête, composer avec elle, l'apprivoiser. Malgré ses quinze ans, il a pitié des hommes qui travaillent ici, qui circulent négligemment autour de cette mécanique vorace.

  • Refuser le débat

    Comme j'ai tenté de l'illustrer avec le conte du chauffeur de bus récemment : le débat lancé sur l'identité nationale est d'une dangerosité extrême. C'est un piège, et l'occasion pour le FN de se refaire une santé, aux antipodes des résultats attendus par ses organisateurs qui espéraient, les imbéciles, récupérer ces voix pour les régionales. Je ne cesse de le dire, de prêcher dans le désert depuis des années : le fou qui nous gouverne entraîne ce pays vers la guerre civile et l'implosion. Pour l'heure, il est urgent en tout cas, de refuser ce débat nauséeux. Il existe une pétition (il existe toujours une pétition quelque part). Si, comme moi, vous n'êtes pas encore fatigué de vous battre contre les moulins, vous pouvez toujours ajouter votre signature aux 18 000 recensées :

    http://www.mediapart.fr/journal/france/021209/lappel-de-mediapart-nous-ne-debattrons-pas

    La Ligue des Droits de l'Homme refuse également de participer à cette monstruosité. J'ai reçu leur appel il y a peu.

  • Ecrivain ? Pff !

     

    Pourquoi mon roman n'avance pas ? Parce que je suis un gros flemmard, voilà. Facilement distrait de ce qui devrait être mon unique but dans la vie. Et dire que je me prétends écrivain ! Des mots que j'ai proférés (par écrit, avec gravité) me reviennent « L'écrivain... Celui qui n’a, pour exprimer le monde qui l’entoure, que le moyen de l’écriture, mais n’ayant que ce moyen, s’y engloutit, s’en vêt et s’y réchauffe, l’affine, le tourmente et l’élève... » Foutaises ! Je suis en colère contre moi. Me voici par exemple, cet après-midi sans entrave, dans la maison silencieuse que les chats n'osent troubler, devant mon ordinateur, avec notes, livres, tout... Et je zappe soudain l'écriture, trouve plus intéressant d'aller fouiner les derniers articles de Mediapart ou du Monde, m'évade un peu en direction des effets spéciaux de 2012, m'égare carrément sur youtube ou dailymotion. Quand je réalise que je suis en train de soupirer devant une vidéo expliquant que les présidents des États-Unis sont des extra-terrestres franc-maçons dont l'aspect reptilien est masqué sous une habile apparence humaine, une grande lassitude s'abat soudain sur mes épaules et je me dis que, tout de même, je devrais me reprendre. N'empêche que trois heures sont passées. La journée s'achève, et mon roman n'a avancé que de deux lignes, même pas bonnes. Écrivain ? Pff !

  • Vanités

    Il existe nombre de ces moments où un homme, réalisant son rêve, a été confronté à son indigence et à sa vanité.

    Ainsi tel pharaon, jaugeant sa pyramide achevée, s'est dit que, finalement, elle n'était pas si grande que ça et surtout un peu lourde du cul, malgré les dénégations véhémentes de son architecte, vociférant de rage et de douleur, depuis le bassin aux crocodiles où la déception du prince l'avait précipité.

    Ainsi tel touriste du cosmos, ayant dépensé plusieurs millions de dollars pour obtenir le privilège de se retrouver suspendu dans l'espace au dessus de la planète bleue, a soudain ressenti une énorme et soudaine envie de faire caca, tandis que, avisé de sa requête, le centre de contrôle lui interdit absolument cette libéralité dans un scaphandre qui n'était pas prévu pour ça et lui intima l'ordre de patienter les deux heures et demie nécessaires à son retour en toute sécurité dans la navette.

  • Les bons clients 3/3

    Finalement, tandis que le car a pris une heure de retard, tout le monde ou presque s'est pris au jeu. Il conclut. « Bien, j'ai un premier classement. C'est bien ce que je pensais. Certains d'entre vous sont plus ou moins clients de la compagnie. Alors : Les bons clients... » L'auditoire est suspendu à sa déclaration. « Un : Le client idéal est celui qui pèse moins de soixante-dix kilos, parle la langue locale mais se tait, est poli et ne sent pas, paye les tickets à l'unité plutôt que par abonnement mais prend le bus tous les jours, sur plusieurs lignes depuis plus de trente ans, offre des fromages au chauffeur et des fleurs à sa femme de temps en temps, connaît par cœur l'histoire de la compagnie, est toujours à l'arrêt un quart d'heure au moins avant l'arrivée du bus et n'emporte rien de plus que les clés dans sa poche ou, à la rigueur, un sac à mains, se frotte les pieds avant de monter, n'écoute pas de musique au casque et apprécie la radio proposée par le chauffeur dans les haut-parleurs, n'importune pas le chauffeur avec ses histoires personnelles et monte ou descend et trouve sa place en moins de quarante secondes ; Deux : ceux qui sont payent régulièrement les trajets depuis le plus grand nombre d'années, par ordre décroissant, avec un handicap pour ceux qui ne prennent le bus qu'une fois par semaine, mais un relèvement de quotient pour ceux qui prennent le bus sur plusieurs lignes de la compagnie au moins deux fois par semaine. Trois... »  Il énuméra ainsi plus d'une cinquantaine de catégories, nous avions plus de deux heures de retard, et le gamin, dehors, avait disparu dans la nuit. Le chauffeur classa de l'avant vers l'arrière du bus, les clients des meilleurs aux pires. J'étais, avec d'autres qui avaient refusé de se prononcer, au fond, dans la catégorie des mauvais clients ; et les bons clients, brevetés à présent, nous expulsèrent. Notre petit groupe, frigorifié, se retrouva dans l'hiver et observa le bus repartir. A notre grande surprise, il s'arrêta cent mètres plus loin, et abandonna deux ou trois personnes, un couple d'adolescent et une femme un peu forte, qui étaient juste dans les rangs devant nous, quelques minutes plus tôt. Et il repartir, enfin délivré de ses mauvais éléments.

  • Les bons clients 2/3

    « A votre avis, qu'est-ce qu'un Client ? » assène le chauffeur. Je regarde le gamin dehors, son gros cartable posé à côté de lui. Je me lève pour protester : « Il faut faire rentrer le petit, vous réglerez ça demain avec lui, mais vous n'allez pas le laisser la nuit dehors, tout seul comme ça ! » Le chauffeur me regarde avec un mauvais sourire. Il s'adresse à la cantonade : « A votre avis, lui (il me désigne) c'est un client ? Un bon client ? » Je suis abasourdi, ne trouve rien à répliquer. Le chauffeur sort un carnet et note (il connaît mon nom, les cartes sont nominatives). Je hausse les épaules et ricane, tout ça est débile. « Nous sommes tous clients, nous avons tous payé », et puis je regarde ostensiblement dehors. Je voudrais sortir, mais j'ai fichtrement envie de savoir où ce délire va nous mener. « Vous, vous filez un mauvais coton », conclut-il. « Ensuite... » Il revient à sa place, à l'avant du véhicule. « Alors, c'est quoi, selon vous, un bon client de la compagnie ? » Une vieille dame lève le doigt : « C'est quelqu'un qui est calme, qui ne fait pas de bruit... » « C'est quelqu'un qui paye, et puis voilà ! » s'exclame une jeune fille, derrière. « Le chauffeur note sur son carnet les noms des intervenants. A la jeune fille, il rétorque : « Je ne crois pas que ça suffise ! » Un autre doigt se lève, un vieux monsieur « C'est quelqu'un qui laisse sa place aux personnes âgées, aux femmes enceintes, aux anciens combattants » Le chauffeur note, les réactions fusent « C'est quelqu'un qui dit bonjour au chauffeur », « c'est quelqu'un qui prend le bus tous les jours », « C'est quelqu'un qui pèse moins de 80 kilos, pour des raisons de rentabilité », « C'est quelqu'un qui fait le parcours de la première à la dernière station, comme moi ! », « C'est quelqu'un qui paye ses impôts sur la commune qu'il traverse », « C'est quelqu'un qui connaît l'histoire de la compagnie », ils sont intarissables, à présent, peu d'entre eux n'ont pas une idée sur ce que c'est qu'un client, bon ou mauvais. Il suffisait de demander. Le chauffeur note, un bout de langue pointée entre les lèvres, la totalité des réactions, on voit qu'il les classe, les annote, les recoupe, fait tout ça très sérieusement.

    A suivre

  • Les bons clients 1/3

    L'autre jour, le chauffeur de bus a arrêté son véhicule en rase-campagne, à la grande surprise de tous les passagers, un peu amollis par la douce tiédeur de la promiscuité, le vague à l'âme qui vous enveloppe quand les vaches sont immobiles dans le soir, derrière les grandes vitres embuées. Il s'est tourné vers nous, immobiles dans notre silence interloqué.
    Bon, a-t-il commencé, qui est client de la Compagnie de Transports ? Il y a d'abord eu un moment de stupeur. Aucun doigt ne s'est levé, tous les gens assis là avaient payé leur ticket, tous avaient droit à ce titre de « Client » de la Compagnie. Mais le chauffeur a repris, avec une espèce de rage contenue : « Qui ? Lequel d'entre vous est client ici ? » A la question absurde mais comminatoire, les premiers à répondre furent les enfants, les scolaires impressionnés et quelques vieilles dames, qui se demandaient ce que le chauffeur voulait. « C'est tout ? » a-t-il conclu sur un ton menaçant. Personnellement, je ne souhaitais pas répondre à une question aussi stupide : ce chauffeur est celui à qui j'achète chaque mois mon abonnement, il le sait, me salue quand je monte, me dit bonne journée quand je descends. Cela fait des mois que je renouvelle ainsi ma carte. Inutile de rappeler que je suis bien « Client » de la Compagnie. Néanmoins, voici l'employé qui entreprend de vérifier chaque ticket, chaque carte. Forcément, il trouve un petit gamin qui a oublié de renouveler son abonnement. « Dehors », dit le chauffeur sans sourciller, dans le silence atterré du bus. Impressionné, le petit, lourdement chargé, s'exécute et sort dans le noir. Les portes se referment. Le chauffeur se tourne à nouveau vers nous : « Alors ? Qui est client ? » Cette-fois, la question est absurde : il a vérifié nos papiers, il sait que nous avons tous payé, nous sommes bel et bien « clients ». Que signifie ce cirque ?

     

    A suivre

  • Cerné par la doc

    Juste pour le plaisir, et puis parce que ça me fait une note pour pas cher, je copie ci-dessous la liste des documents que j'ai lus, dépouillés, dont j'ai extrait le matériau qui m'intéresse, pour mon roman en cours. Ne sont pas cités ici les petits détails, anecdotes, pris sur le net, les croquis saisis sur mon calepin, et les documents trouvés dans les greniers des particuliers, qu'on ne peut baptiser de bibliographique, et néanmoins fichtrement importants. J'ajoute que cette liste évolue souvent, au hasard des recherches, et quand une précision s'impose dans un domaine quelconque. Une nouvelle quête commence alors. En tout cas, c'est le dernier roman historique que je fais. (les lettres entre parenthèses, sont des notations personnelles, pour m'y retrouver).

    (A)- Histoire de la vie privée. 4- De la Révolution à la Grande Guerre. Duby et Ariès (points + édition avec illustrations).
    (A2)-Les intellectuels en Europe au XIXè, Christophe Charle (Points)
    (B)-Histoire de la politesse de 1789 à nos jours, Frédéric Rouvillois (Champs histoire)
    (C)-Les disparus du Littré, Héloïse Neffes (Fayard)
    (D)-Histoire de la France rurale. 3- De 1789 à 1914 (Seuil)
    (E)-La société française au XIXè. Dupaquier, Kassler. Pluriel (statistiques).
    (F)-L'art au XIXème siècle (Hazan)
    (G)-A la recherche du temps perdu, Proust.
    (H)- La mode au masculin, John Peacock
    (I)- Le costume français. (Flammarion)
    (J)- Encylopédie illustrée du costume et de la mode (Gründ)
    (K)- Trésor de la langue française. Dictionnaire de la langue française du 19è et du 20 è. CNRS Gallimard.
    (L)- La France du XIXè siècle. Pierre Albertini. (Les fondamentaux Histoire ; Hachette)
    (M)- L'éducation des filles au XIXè siècle. Françoise Mayeur.
    (N)- La naissance du monde moderne. C.A. Baily (Monde diplomatique).
    (O)- Séduction de la chaussure. (Bibliothèque des arts) voir notes sur calepin moleskine.
    (P)- Le vêtement. Piero Ventura.  voir notes sur calepin moleskine.
    (Q)- Les costumes régionaux d'autrefois. (Archives et culture). La Loire, p. 94.  voir notes sur calepin moleskine.
    (R)- Modes et vêtements. Gallimard découvertes.  voir notes sur calepin moleskine.
    (S). Un livre sur les parfums (pas noté la référence. Bravo).  voir notes sur calepin moleskine, page 150.
    (T)- La mode illustrée, le journal de la famille. Année 1867, trouvée à la bibli Déchelette (voir calepin moleskine, pages 167, 170, 171).
    (U)- Le corps et l'âme, la vie religieuse au XIXème siècle. Odile Arnold. Seuil. L'univers historique.
    (V)- Le savoir-faire et le savoir-vivre, guide pratique à l'usage des jeunes filles. Clarisse Juranville. Une mine. Tout y est !
    (V2)- Le premier livre des petites filles, par Clarisse Juranville. Librairie Larousse.
    (W)- Le dix-neuvième siècle. (1901). Librairie Hachette et compagnie.
    (X)- Le pèlerin, 1879 (troisième année). Exemplaires de l'année, reliés.
    (Y)- Femmes à la campagne au 19ème siècle, exemples foréziens. Marie-Pierre Souchon.2003. Village de Forez.
    (Z)- L'ouvrier. 1864 ; 1870 ; 1871.
    (A3)- Veillées villageoises, entretiens sur l'agriculture moderne. 1869. par Neveu-Derootrie. Treizième édition. Librairie de L. Hachette et compagnie.
    (B2)- Cosmos. Revue des sciences, 1889.
    (C2)- Hortense et Jean-Marie, ouvriers tisseurs, par Danièle Miguet. (les cahiers de fabrique, écomusée du roannais. Octobre 1986).
    (C2)- Travail et travailleurs à Roanne au 19ème siècle, par Jean-François Martinon. (les cahiers de fabrique, écomusée du roannais. Décembre 1987).
    (D2)- Gens de tissage, hors série édité à l'occasion de l'exposition « Drôle de trame », sous la direction de Philippe Massardier. (les cahiers de fabrique, écomusée du roannais. Novembre 1987).
    (E2)- François Arago, son génie et son influence, par A. Audiganne. Deuxième édition « mise au courant des progrès industriels » (sic). CAPELLE, libraire-éditeur, 1870.
    (F2)- Mes prisons, Silvio Pellico, suivi de Discours sur les devoirs des hommes, traduction Antoine de Latour. Édition illustrée par Tony Johannot, de 100 beaux dessins (sic). Lebrun, libaire-éditeur. 1870.
    (F3)- Lettres du révérend père Lacordaire à des jeunes gens. Deuxième édition. Charles Douniol, 1863.
    (G2)- Mariages et noces campagnardes dans les pays ayant formé le département de la Loire. Paul Fortier-Beaulieu. Libraire orientale et américaine. 1937.
    (H2) - Revue du Lyonnais » série 3 - n°14 ( 1872 ) » pp.233 à 246. Une visite à l'exposition universelle de Lyon Mlle Adèle Souchier. Bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon.
    (I2)- La vie quotidienne en France en 1830. Robert Burnand. Librairie Hachette. 1943.
    (J2)- Mgr Dupanloup, un grand évêque. Emile Faguet. Hachette, 1914.
    (K2)- Etude critique sur les projets et dessins d'architecture (envoyés à l'expo universelle de Lyon, 1872). C. Jamot; Travail lu à la séance de février 1873 de la société académique d'architecture de Lyon. Impr. Louis Perrin – Lyon, 1873.
    (K3)- Dictionnaire historique de Lyon. Béghin, benoît, Corneloup, Thévenon. Ed. Stéphane Baches. Mai 2009.
    (L2)- Exposition universelle. Lyon. 1872. Esprits d'un siècle : Lyon 1800 - 1914.

    (M2)- Histoire de la conscription. Annie Crépin. Folio Histoire, 2009.

    (N2)- Guide Diamant de Lyon. Plan de Jouanne. 1872.

    (N3)- Nouveau guide de l'étranger à Lyon. Josserand. 1872

    Et j'oubliais : Le journal de Roanne (sur microfilms), années 1870, 1871 et 1872 (en attendant la suite)