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Art - Page 2

  • Un peu d'autosatisfaction

    Lucifer-Elegie.JPGC'était la jolie surprise de l'an dernier, quand Jackie Platevoet, responsable des éditions Sang d'Encre et poète elle-même, me demanda si j'avais des textes pour elle. C'est toujours une grande émotion d'être voulu, sollicité, apprécié au point qu'on veuille des textes de vous. Au cadeau initial, s'ajouta celui de la participation de Corie Bizouard. L'artiste ne s'est pas contentée de sortir quelques images de ses fonds de tiroir (nous sommes dans une économie de la petite édition, et c'est tout ce que Jackie pouvait oser proposer), mais elle a pris les sujets à bras le corps, a élaboré une belle série de dessins et peintures, expressément dédiés à « Lucifer Elégie » et à « Nos Futurs », pour cette belle édition. Beau papier, format agréable, jolie mise en pages, typographie classieuse, reproductions de bonne qualité.
    Voilà, c'est arrivé, c'est là, et c'est un fleuron supplémentaire dans mon parcours. Je suis très heureux.

    Sauf incident, un petit événement (exposition, musique, lecture) aura lieu à la Médiathèque de Roanne en septembre pour présenter cet opus. Je vous tiens au courant, bien sûr.

  • Bush bée

    Tellement difficile, pénible et compliqué d'être un bon peintre, qu'il avait choisi de devenir président des Etats-Unis, ce qui semblait davantage à sa portée.

  • Bilan

    Il méditait, visage fermé, sur ses échecs. Il avait voulu créer une nouvelle discipline artistique. Coupant des troncs lui-même, les installant sur des chevalets selon leur taille et la nature du bois, il avait tenté de vendre l'idée d'une inclinaison raffinée et sophistiquée de chaque grume, mais personne n'avait souscrit à la beauté gratuite du projet. Après tant d'années d'effort, rien. Il en avait gros sur la patate, le pencheur de rondins.

  • Aux grands hommes, la Nation reconnaissante

    L’abstraction a sonné le glas des bustes en marbre ou en bronze, effectués en hommage aux grandes figures. Dans quelques siècles, plus moyen de savoir à quoi ressemblait Enrico Macias.

  • A paraître

    Jackie Plaetevoet, auteure et éditrice (Sang d'Encre), met la dernière main à un petit livre de sa collection Opuscules. Il s'agit de deux textes réunis en un seul recueil : « Lucifer Elégie » et « Nos futurs ». Deux textes au propos et aux tonalités très éloignés voire antagonistes quoique parents, dont la genèse et la forme semblent si différentes qu'elles paraissent issues de deux auteurs. C’est le cas, d'une certaine façon : le premier a été écrit par le quadragénaire que je fus, le second par le quinqua que je suis. Ce doit être suffisant pour  créer des contours physiques autour des manières d'écrire.
    La poésie actuelle se préoccupe peu des grandes figures mythologiques. La poésie actuelle n'a pas tort. Les grandes figures mythologiques m'ont cependant toujours paru proches et touchantes, tangibles comme les membres de ma famille et mes amis. Je les sollicite souvent pour bénéficier du raccourci que permet leur caractère universel. « Lucifer Élégie » est une suite de confidences de la figure de Prométhée, confondue ici avec celle de Lucifer. Parce que, étymologiquement, Lucifer (lux, ferre) est le porteur de lumière, celui qui n'admet pas la décision injuste de(s) Dieu(x) d'abandonner l'humanité à son innocence. Lucifer et Prométhée sont des philanthropes. Mais une bonne action est toujours punie. Ces confidences sont émises depuis les lieux où le grand révolté est enterré, par volonté divine. Elles font écho bien sûr, aux colères enfouies chez chacun de nous par souci de conventions sociales, mais aussi aux regrets des défunts, quand il est trop tard pour exister. Ce sont des paroles de spectres.
    Ces paroles (à peu de choses près, car j'ai réécrit certains passages) ont été entendues une fois, une seule, lors d'une représentation de la pièce « Le Rire du Limule », où elles constituaient des parenthèses entre deux séquences. Il y était question de toutes les occasions de révolte et de tous les renoncements. Elles étaient restées inédites.

    « Nos Futurs » est une série de variations autour de l'idée de lendemain, de futur, d'avenir, autour de la notion du temps. Un embryon de cette série de textes courts avait été initiée après une première collaboration avec Jérôme Bodon-Clair, compositeur de la musique du « Rire du Limule », justement. Tout se tient. Laissé en jachère, « Nos Futurs » a trouvé sa forme définitive grâce à l'élan donné par Sang d'Encre. Il me semblait que c'était le texte inédit le plus adapté pour accompagner « Lucifer Élégie ». Jackie a approuvé ce choix, par goût littéraire bien sûr, mais aussi parce que des passages font écho à certains aspects de sa vie.

    Aujourd'hui, ces deux textes rassemblés bénéficient du travail de l'artiste Corie Bizouard, qui les a illustrés (n'ayons pas peur de parler d'illustrations, me disait-elle), prolongeant les peurs et les ténèbres, révélant des images à peine esquissées entre les lignes, maniant un certain humour parfois. Des images d'une grande intelligence et d'une grande force graphique, car nées dans la puissance de la spontanéité. Les corps y apparaissent en creux dans la texture de l'encre noire ou en surfaces pleines, contours déchirés par la sécheresse d'une brosse (et essayez de répéter dix fois très vite cette dernière partie de phrase). Plusieurs dessins ont été faits à la peinture rouge, ils apporteront des ruptures bienvenues. Corie a vraiment fait un travail de grande qualité, et c’est toujours intimidant, déstabilisant même, de se voir épauler par tant de talents. Pour cela, je dois beaucoup aux femmes, remarqué-je : Anne-Laure Héritier-Blanc (« Les chants plaintifs » édition La petite Fabrique) ; Yveline Loiseur (« Dans les plis sinueux des vieilles capitales » chez Huguet), et puis Christine Muller, et puis Catherine Chanteloube, Jackie et Corie enfin.

    J'ai tellement conscience de la chance que j'ai, que tout cela me paraît illégitime.

  • Autour de Venise

    Jeudi 28 novembre à 18 heures, le musée de Roanne accueille deux lecteurs de l'association Demain dès l'aube. Jean Mathieu et moi-même liront des extraits de Le Voyage du Condottiere d'André Suarés et d'Albertine disparue, de Marcel Proust. Une heure de lecture qui sera précédée d'une visite guidée de l'exposition « Venise au XIXe siècle » par le conservateur du Musée.
    L'entrée est de 5,50 euros.

  • Dans la limite des places disponibles

    A. : Par exemple, tu vas pas me dire le contraire : Picasso c'est pas beau, quoi.

    B. : Compliqué, le beau. Picasso disait toujours qu'à 14 ans, il savait peindre comme Raphaël, et qu'il a mis toute une vie de travail pour tenter de peindre comme un enfant...

    A. : Et c'est qui, Raphaël ?

    B. : Ah. Et bien, c'est l'un des plus grands peintres de la Renaissance, avec Léonard de Vinci ou Michel Ange.

    A. : Michel Ange, ça me dit quelque chose.

    B. : Bon. Je disais, pour Picasso, en fait, à 14 ans, il peignait vraiment comme Raphaël, c'était incroyable. Il faut voir ses premiers dessins, ses premiers tableaux, c'est éblouissant de maturité et de...

    A. : Et il est mort ?

    B. : Picasso ? Oui. Il est mort.

    A.: Et l'autre, Raphaël ?

    B. : Mais, tu as écouté ? C'est un peintre de la Renaissance. Bien sûr qu'il est mort.

    A. : ...

    B. : Quand on parle de la Renaissance... La Renaissance, c'était il y a plus de cinq cents ans, alors oui, il est mort, Raphaël.

    A.: J'y connais rien, moi. Mais en tout cas, y'a plus de bons peintres.

  • Que d'émotions

    Daniel Damart est un jeune homme de 51 ans. Pour qui l'ignorait, Laurent et ses complices se chargent de le faire savoir, cadeau d'anniversaire à l'appui. Et voici le quatuor lancé dans un interprétation métaphysique de Poussin Piou. Œuvre symbolique du XXIe siècle naissant, anti-romantique et post-humaniste, martelant son phrasé régressif dans les oreilles des oisifs en sueur sur les pistes de danse de la perdition. Laurent prononce l'antienne avec une neutralité grand style et les musiciens tentent d'élever leur art à la hauteur de la virtuosité de cette pièce magistrale, écrite pour la postérité. Nos enfants ont bien de la chance, qui hériteront d'un tel manifeste. Après les applaudissements de circonstance, il est temps de revenir à des choses moins graves, moins solennelles, plus distrayantes bien sûr, mais on n'est pas en vie pour se prendre inconsidérément la tête, et le spectacle littérature et musique reprend.
    Tandis que Laurent distille des extraits de Ciao Bella (une nouvelle de son dernier recueil, dont la fin provoque, selon le lecteur, attendrissement ou colère), et de Tébessa 1956 (moment particulièrement émouvant), dans la ville, un couple anonyme sort du restaurant, les enfants sont repus et fatigués, tout le monde est heureux de retrouver la voiture. « C'est la vie, c'est écrit » chante Eric Hostettler. Après le passage bouleversant de Tébessa, premier roman de Laurent, les musiciens concluent la représentation par L'Embuscade. Je crois que nous sommes tous profondément remués. Personnellement, les premières minutes qui suivent, dans le brouhaha et les déplacements des invités, je ne peux émettre et répéter qu'un stupide « Que d'émotions », seule expression qui me vienne, capable d'exprimer ce que je ressens. Heureusement, d'autres ont plus de vocabulaire que moi, Daniel, les amis et parents venus de Lyon soutenir l'auteur, Fabienne Bergery (auteure qui il y a peu, lut ses textes courts et inédits sur la scène du cabaret poétique), que je découvre « en vrai » et qui a la gentillesse de me demander mes projets. La pauvre. Après vingt minutes d'énumération, je propose qu'on boive un verre parce que ça suffit comme ça. Je félicite les musiciens (c'est le truc le plus nécessaire et le plus débile, féliciter ceux qui nous ont donné tellement de bonheur, on ne sait jamais quoi dire, en général, ils sont entre eux, discutent boulot, on arrive comme des intrus : « Que d'émotions, merci. » voilà c’est fait, je suis définitivement un gros bouseux qui passe). J'avise Clara, la violoncelliste, la félicite pour la maîtrise avec laquelle elle joue de son « gros violon », mon humour tombe complètement à plat, il vaut mieux que je prenne un deuxième verre, et un morceau de tarte aux pralines apportée par l'adorable sœur de Laurent. Je ne fais pas connaissance avec la compagne de Laurent, dont je ne capte qu'un sourire (il avait qu'à nous présenter correctement, aussi), j'échange quelques mots émus avec madame Cachard, maman de l'auteur, je découvre le travail d'une artiste argentine et l'artiste elle-même, je me fais dédicacer un exemplaire de Valse, Claudel, par Laurent Cachard bien sûr et simultanément par David Foenkinos (mais oui ! C’est incompréhensible mais j'ai bel et bien un ouvrage dédicacé du parrain de la fête du livre, quelques mots inscrits directement sous la signature de Cachard : « je m'ai bien régaler », agrémenté d'une petite fleur.) Il est temps de prendre la route du retour. Je remercie Laurent, je remercie Daniel, je remercie tout le monde, que d'émotions, mais oui mais oui, on lui dira, je sors. La nuit est douce. Tout imbibé de musique et de mots, je dépasse les limites de Saint-Etienne, m'engage sur la voie expresse qui me conduira jusqu'aux bras de ma douce. Devant moi, à quelques kilomètres, je ne le sais pas encore, mais un couple anonyme avec ses enfants vient de croiser un vieillard qui a pris l'autoroute à contre-sens.
    Après une heure et demie bloqué dans la voiture, quand je croiserai enfin les lieux de l'accident, au milieu des gyrophares et des carcasses défoncées, j'aurai en tête le refrain entonné par Hostettler, « c’est la vie, c’est écrit ». Je ne sais pas, si je n'avais pas assommé Fabienne de mes projets pendant vingt minutes, ma douce ne m'aurait peut-être jamais retrouvé.
    Que d'émotions.

  • Soirée cadeaux au Réalgar (suite du billet d'hier)

    Entourés des peintures et estampes de Mourotte, nous sommes une trentaine de personnes, pieds de chaise enfoncés dans le beau gravier blanc qui tapisse le sol de la galerie. Les toiles exposées sont de puissantes compositions qui mêlent corps drapés et draps musculeux, villes organiques, concrétions, cristallisations, confrontent et articulent des intérieurs et des extérieurs, des réseaux et des fibres qui hésitent entre nature animale et végétale, entre scarifications et écorces, rides des rivières et plis de peaux. Face à nous, instruments et micros sont disposés sur une scène improvisée. Laurent a pris place le premier. Il présente le programme et, donc, nous fait le premier cadeau de la soirée.
    L'un des projets d'écriture de Cachard, défi énorme, est le récit de la vie d'une jeune fille au cœur de la révolution russe. Elle se nomme Aurélia Kreit, et le fait qu'elle n'a jamais existé n'importe pas. Laurent décrit les circonstances de sa création puis lève une feuille imprimée devant lui. Mon cœur bondit : depuis le temps que j'attends ce moment. Difficile d'exprimer ce que je ressens, alors. Comme si ce cadeau était d'abord tourné vers moi. L'écriture de son vaste roman russe est donc lancée et nous, spectateurs du Réalgar ce 19 octobre 2013, sommes les premiers témoins que, cette-fois, il y est et que, désormais, même si ça doit lui prendre « 25 vies », il prend l'engagement moral de venir à bout de son histoire. Une page lue impeccablement, un phrasé proustien qui décrit le départ de la famille Kreit, enveloppe sensations et description dans le même flux, des détails qu'on ne retient pas à l'écoute, mais qui augurent d'une richesse et d'une dynamique à la hauteur de l'enjeu. Si tout le roman est de cette eau-là, Aurélia Kreit sera une expérience littéraire marquante. Première émotion d'une soirée qui en comptera tant (et j'écris comme une brouette aujourd'hui, décidément).
    Quelque part, dans la rue, un couple anonyme et ses enfants, chargés de livres, passent. Ils sont en quête d'un endroit où manger. Ils n'ont pas encore repris la route. A l'intérieur, Laurent invite son vieux complice Eric Hostettler à le rejoindre. Eric empoigne sa guitare et chante un extrait de son premier album solo, une chanson écrite par Laurent, Faire l'hélicoptère. Laurent Cachard est une sorte d'aimant qui attire d'abord la fidélité de ses amis proches puis, dans un mouvement naturel, comme gravitaire, celle des enfants de ses amis. « Face à l'école du profit, celle de l'amitié et de la famille ». Les projets font un lien fort, une marche commune. Pauline, fille d'Eric, a rejoint le casting de la comédie musicale lycéenne Trop pas ! et interprète comme une pro, L'Ecole buissonnière. Ainsi, Gérard Védèche, musicien, arrangeur, est venu avec sa nièce Clara, violoncelliste. Un plus évident dans le registre des thèmes abordés par l'auteur, mis en musique par Eric. Les accents de l'instrument pénètrent le cœur, soulignent l'émotion des lectures que Laurent enchaîne. La formation complète prolonge l'univers de La Partie de Cache-Cache par la superbe chanson Au dessus des eaux et des plaines. Puis Quantifier l'amour fait suite à la lecture d'un extrait du dernier recueil de Cachard La troisième jouissance du Gros Robert et ainsi pour Le Poignet d'Alain Larrouquis ; chaque livre se voit attacher une couleur musicale, dressant un inventaire conjoint des domaines explorés par l'écrivain. L'écoute de ce spectacle très au point (malgré l'impréparation dont s'accuse l'auteur, élégamment) confirme une double cohérence : celle de l'univers littéraire de Laurent Cachard et celle de l'univers musical du compositeur Hostettler.
    C'est le moment que choisit Laurent pour suspendre le fil de la représentation et faire un nouveau cadeau.

    La suite demain.

  • Début de soirée

    D'abord, il s'est agi de franchir un rempart de foule agglomérée. Dans les remugles de la promiscuité, le visiteur égaré pouvait soudain saisir la raison de cet encombrement. Une vieille tête connue. Michel Drucker, je crois, dédicaçait un livre, son livre dit-on sans rire, un objet de papier avec des signes imprimés dessus, tout à fait convenable je suppose pour toute personne qui ne lit pas mais veut serrer la paluche d'une icône de la télé, ou seulement la voir. Mon objectif étant de retrouver Laurent Cachard, je hurlai au dessus du public compacté : « Je ne veux pas voir Michel Drucker, laissez-moi passer. Je ne veux pas voir Michel Drucker, je veux voir Laurent Cachard, laissez-moi passer. » etc. Petit à petit, l'étau se desserra et je pus enfin approcher Laurent. Il était à la foire aux bestiaux du livre de Saint-Etienne, sur le stand de la librairie Quartier Latin, à la même table que Leny Escudero.
    On se salue. Je suis ravi de le retrouver. La foule est moins dense ici mais tout de même, nos fronts luisent, nos barbes (Laurent laisse pousser, ce qui ne lui va pas mal) transpirent. Il dédicace sa Partie de Cache-cache à une de ses anciennes élèves, pas fâchée du souvenir de son prof de français, voire plutôt reconnaissante, venue avec sa maman (j'affirme qu'il existe un lectorat féminin de Cachard, je commence à accumuler des preuves.) Une dame venue voir Leny Escudero demande où il est, nous désignons le vieillard souriant, à quelques places de là mais elle ne comprend pas, elle répète après un moment d'hésitation « Il est là, Leny Escudero ? » Il faudra que je le désigne comme « celui qui ressemble à une vieille dame, là-bas » pour que le regard de la visiteuse s'éclaire et qu'elle émette une sorte d'exclamation désolée, exprimant ainsi un mélange de plaisir (voir enfin son idole) et de déception (Mon Dieu, tu ne nous épargnes donc rien). Laurent a beau expliquer à la dame que lui est plus jeune et qu'il fera de l'usage plus longtemps, ce que je confirme, la visiteuse ne quitte pas son objectif et nous abandonne. Je renonce à tenter d'approcher Delphine Betholon ou Thomas Sandoz, découvre à côté de Laurent l'écrivain Valère Staraselski, auteur d'une biographie d'Aragon. Le placer à côté d'un nizanien était de l'inconscience, mais les deux hommes sont courtois et intelligents et tout de passe très bien.
    Dans la foule, une famille anonyme passe. Les enfants sont fatigués, ils réclament de l'espace, à boire, enfin qu'on arrête de piétiner comme ça au milieu d'une foule absurde.
    J'ai quitté Laurent pour repérer la galerie Le Réalgar où dans quelques heures, ses amis et lui se donneront en spectacle. En reprenant et en déplaçant ma voiture pour la rapprocher, je revois des lieux de ma vie étudiante. C’est émouvant. Aucune nostalgie, pas de paradis perdu, d'âge d'or, rien de tout ça, mais le constat que les lieux sont là et nous, qui les regardons, également. Des survivants. Un effet de boucle aussi (était-il nécessaire que tu pérégrines ainsi pendant des années pour revenir ici, à cette place ? Qu'as-tu fait de tout ce temps ?) et un autre constat : les lieux ont peu changé. Et nous ? Finalement, en présence de son passé, on mesure le chemin parcouru et on réalise qu'on est le même, à peu de choses près. Fatigué, renouvelé, mais foncièrement identique. Bref.
    Le Réalgar (nom étrange emprunté au vocabulaire de l'alchimie) est une galerie d'art dirigée par Daniel Damart qui l'a fondée en 2007, après un parcours professionnel sans rapport avec le monde artistique. L'homme s'est seulement senti un jour, las de travailler comme une brute pour des projets certes enthousiasmant, mais vides de sens. Ses goûts le portaient vers la peinture et la littérature. Il a tout arrêté pour se consacrer à sa galerie stéphanoise et depuis peu, Daniel Damart édite des nouvelles illustrées par les artistes qu'il défend. La première nouvelle publiée est le « Valse, Claudel » de Laurent Cachard, illustrée par un des nombreux complices de l'auteur, Jean-Louis Pujol. Ce dernier est exposé dans une salle attenante, tandis que Laurent, ce soir-là, s'exposait, assis derrière un micro, entouré de ses amis musiciens, devant une assemblée aussi exigeante que bienveillante.
    Là, il commença par offrir un cadeau exceptionnel à l'assistance...

    La suite demain.

  • Portes ouvertes au Théâtre de Roanne

    Aujourd'hui à partir de 16h30, plein de compagnies participent aux portes ouvertes du Théâtre municipal. La Compagnie NU sera présente avec la venue exceptionnelle de François Podetti, Aurore Pourteyron et Philippe Noël, qui interpréteront des extraits de notre prochaine création, PASIPHAE en avant-première. Les protagonistes de NU se trouvent au fumoir (demandez à l'accueil, ensuite, c'est bien indiqué). La séance commence à 17h15.

    Pasiphaé est un texte de ma pomme, mis en scène par François Podetti sur une musique de Jérôme Bodon-Clair et des images de Marc Bonnetin.

  • La rentrée à La Livatte

    affiche-expo-sept.jpgNU - LABORATOIRE COMPAGNIE

    OUVRE LES PORTES DU LABO DE LA LIVATTE à partir de ce We et jusqu'au 13 octobre. Du vendredi au dimanche de 15h à 20 h.

    Avec :

    MOIRES par Nadège Duffy - art plastique et projections -
    une plongée dans l'intimité des tisseuses de vie

    LES PASSANTES par Marc Bonnetin - photographie participative -
    une expérience visuelle et sonore immergée


    Entrée : PRIX LIBRE

    LE LABO, C'EST A ROANNE
    17 BVD CAMILLE BENOIT

    TEL : 06 15 98 87 43 Marc BONNETIN

  • La rentrée du Labo, c'est samedi

    LE LABO de la Livatte, à ROANNE, OUVRE SES PORTES CE SAMEDI 31 AOÛT ET VOUS PROPOSE :

    UNE SOIRÉE EXCEPTIONNELLE DE 19H30 A 1H30

    DÉCOUVERTE DES SONS BINAURAUX ET PULSATIONS ISOCHRONES :

    SÉLECTION PAR MARC BONNETIN

    SET D'IMPROVISATION AVEC MATHIAS FORGE (TROMBONE),   JEROME BODON-CLAIR (GUITARE ET MACHINES),  FABRICE COTTON (MIX)


    ET POUR BIEN FINIR LA SOIRÉE :

    MIX LIVE :

    THE DARK SIDE OF THE BERLINER MOON

    PAR DJ SAKHOM



    ENTREE : PRIX LIBRE


    L'ENTREE AU LABO SE FERA PAR L'ENTREE PRINCIPALE AU 2E FEU DE LA RUE ALBERT THOMAS, PAR LA COUR INTERIEURE ET LA PETITE PORTE SOUS LE PREAU .


    SOYEZ LES BIENVENUS!!!

  • LA Bibliothèque d'Alexandre


    podcast

    L'an dernier, Corie Bizouard m'avait commandé un texte pour l'insérer dans le parcours de son exposition autour de l'écriture. Un défi important pour moi. L'artiste est extrêmement exigeante et, passées les premières minutes d'excitation, l'angoisse est venue. Les contraintes étaient les suivantes : une fiction qui évoquerait -sans l'aborder directement- le thème de la bibilothèque d'Alexandrie, qui serait vocalisée, sur le mode de la confidence, et durerait environ 5 minutes. Je mets ici l'enregistrement effectué chez moi, dans l'atmosphère feutrée de mon bureau. Une tentative plus "pro", réalisée par l'ami Fabrice, de Calamités quotidiennes, a échoué : j'y étais très mauvais. L'exposition de Corie Bizouard à la Médiathèque de Roanne est en place aujourd'hui. J'en parlerai dès demain, j'espère.

    Je vis ces jours-ci des moments inoubliables, mais qui me laissent peu de temps pour autre chose.

  • CORPS

    NU LABORATOIRE COMPAGNIE
    VOUS ACCUEILLE AU LABO DE LA LIVATTE

    ancienne école de la Livatte (2e étage)
    17 rue Camille Benoît 42300 Roanne

    DU 17 MAI AU 2 JUIN

    POUR UNE INSTALLATION
    ARTS PLASTIQUES, VIDEO,SON ET ECRITURE

    CORPS

    LE VERNISSAGE AURA LIEU LE VENDREDI 17 MAI
    A PARTIR DE 19H EN PRESENCE DES ARTISTES

    Yves Pérey, Marc Bonnetin, Fabrice Cotton, Odile Gantier, Christian Chavassieux

    OUVERTURE JEUDI ET VENDREDI DE 16H A 20H30
    LUNDI 20 MAI, SAMEDI ET DIMANCHE DE 15H A 19H30

    NOCTURNE POUR LA NUIT DES MUSEES LE 18 MAI JUSQU'A MINUIT

  • Recours aux forêts

    N'en a pas fini avec la tentation de s'abstenir de lire de nouveaux auteurs, s'abstenir d'écouter de la musique actuelle, d'aller voir des artistes contemporains et des films récents et de rester connecté à l'actualité. Parce que, à un certain moment, le cerveau se fatigue de n'être que médiocrement stimulé, ou découvre que toute cette soif de culture contribue, paradoxalement, à l'engourdir. Alors, reprendre les livres et les musiques, reconsidérer les œuvres qui nous ont déjà émerveillés, et celles-là seulement. Quant à l'actualité, son triste bégaiement rabâché par les échotiers assoupis, quelle nécessité ?

    Et puis, soudain, une invention hallucinante, un livre remarquable, une musique inouïe, un tableau bouleversant... C'est désespérant, ce déferlement incessant de merveilles.

  • Les dits du Labo

    Cadeau : le texte déclamé en pédalant, vendredi soir, au Labo de la Livatte. Texte inspiré par les photos de marc Bonnetin, visages et dos, nuques et faces. Tout cela mis en son et en musique par Jérôme Bodon-Clair.

     

    Pile ; Assez d'énergie pour tenir la Face en miroir.
    Reste dans l'ombre, expose son revers au soleil
    Face ; Assez de clarté pour en donner à Pile
    Pile ; Tout le corps est Pile, tout supporte Face, tout est déterminé par Face
    Face ; Reçoit le monde, conduit le jour jusqu'aux plantes des pieds
    Pile ; Qui est discret, par force
    Face ; Qui s'exhibe, par nature
    Pile ; Le Soi qui se dérobe
    Face ; Que l'on veut enrober,
    Face ; Que tant de tranchants veulent faire rejoindre Pile.

    Pile. Face.

    Pile. Ce qui s'appelle Pile. L'un des pôles de la personne. Pile au nord, Pile des perdants qui plient sous l'épée. Dos pâle, col sans hâle. Sur le revers, pile-poil épilées, ancre d'échine des vertèbres empilées de la tête aux épaules qu'on hausse. Toute la nuque est énucléée, rasée, hérissée, dressée, stressée, méprisée, la risée du matin, fait la gueule dès qu'on l'engueule, tournée, boude, courbe, dégage, de dos, fin du dos, sommet du dos mais sans ailes hélas, se faufile et file.
    Laissons là Pile d'ascètes. Mettons un terme à Pile et passons en Face.
    Car en face, de l'autre côté, sur l'autre rive, passé le seuil des oreilles et des tifs, sur l'avers à voir, à boire, la face, à poil et pelure, à découvert, moitié velue et moitié nue, moitié voulue et moitié niée, la face sans peur s'épanche et rit, sape les sagesses trop sûres et se régale de sa farce, peaufine ses phrases féroces, fait de franches fatrasies, fait face fière, s'affirme, affiche sa frimousse féline, fait la fête, farandole, festoie, se fiche de soi et se fend la fiole, fait des figures affriolantes de faunes frémissants, fait volte-face et finalement fascine. C'est fou mais ça, ça fout les foies à des fêlés de la foi. Forcément, car c'est trop de face, trop de femme, trop de chair femelle et d'humaine fêlure, trop de présence, trop de vie, face obscène, face offerte que des fondus foudroient et fouettent, que ces frères fervents se figurent convoitée par d'autres, convoitée comme un con ouaté, comme une fesse, une foufoune, alors sous de telles foudres les forces défaillent, la face affolée effarée s'efface et se voile et se cache se scelle et s'éclipse, se fait face de lune. Ou bien, c'est aussi effrayant : soumise à la fièvre des fenestrons et des foules, à la folie des fascismes fashion, la face enfin se farde et se floute, s'effeuille en photos sulfureuses, se vautre dans les frasques que financent des trafiquants, s'enfonce sous le factice des faux-cils et les fastes foutrement falsifiés.
    Il faut sauver la face ! Il faut sauver la Face !
    Sauvons la face fauve des sagesses éphémères. Songeons pour ce faire aux faces défaites des défunts, aux reliefs flasques des aïeux, affligés d'infortune, tous gisant sous le fardeau froid des cénotaphes, sans fanfreluches, sans frayeurs, sans fantaisies, inflexibles et blafards. Faisons aux fades et aux peaux hâves des fêtes de fadas, foutons le feu aux fatwas des faussaires. Il faut faire flancher la fébrile farce des fidèles forcenés autant que la frénésie des people frivoles et des riches tête d'affiche. Vlan, dans leur face à tous, gifle les furieux et claque les futiles ! Fonce fissa et fends les faux-semblants des salafistes ; fous les fards félons au fond funèbre des flacons, défends les fondations des formes sans fantasmes, fais saillir les faces enfin sans effets, fais front. Exhibe ton faciès et luis des feux des astres. Resplendis ! Splendides visions de visages, de vies vraies, de rire de fous-rires et de sourires. Dévoilés, les lèvres veloutées, la ride véloce à venir ou venue et le vague des veines qu'on voit sous le vernis du derme. Et puis merde, et qui daigne damner l'épiderme, donne des mots aux émois maniaques de Mars, les machos soumettent les masques et les muqueuses aux sangles et aux cilices, sinon les vouent au sang et au supplice, les moustaches font des taches aux frimousses, font souche aux Femen, font touche-touche aux hymens, attachent les charmes, s'alarment des désirs des dames, déclenchent les larmes des drames, s'agacent, crament carrément la grâce des gazelles, clament à leur guise les gammes des crimes que les calames déguisent, aiguisent leur glaive à la gorge glabre de prétendues aguicheuses.
    Mais les regards toujours vers eux tournés triomphent, les images de faces surgies de sous le tissu ou lavées de leur grimage, faces insurgées éplorées ou sèches levées devant les sabres, les visages clairs débarrassés de maquillage, les yeux ouverts, les têtes dénudées, les joues sans fard, les cils sans khôl, les fossettes, les pommettes, les mentons, les fronts, les nez et les creux, les tempes venues au jour, les temps venus, les dents montrées, les faces dévoilées et crues, sans apprêt sans artifices, à peine nées vous disent : foutez-nous la paix.

  • Notre labo

    Inaug_Labo-Livatte.jpgCe soir, à partir de 18h30, à Roanne, 17 rue Camille benoît, au deuxième étage de l'ancienne école primaire de la Livatte, les compagnies Dynamo, Micro et Nu inaugurent ensemble un lieu de création, ouvert par la mairie, et qu'elles partagent. Appelons-le Le Labo de la Livatte. On lui trouvera un nom plus tard, mais enfin, Labo, ça définit bien ce que l'on a envie d'y faire. Tenter, chercher, croiser, mélanger, touiller, détonner. A cette occasion, sur une musique de Jérôme Bodon-Clair, devant un montage photographique de Marc Bonnetin, j'aurais l'angoisse de débiter en pédalant et en public, un texte écrit pour l'occasion : « Pile/Face ». Aussi, Dynamo et Micro, nos partenaires et amis, s'adonneront à de courtes prestations. Il s'agit de permettre de faire entrevoir quel type de travail nous faisons et les pistes que nous explorons.
    On espère vous voir nombreux.

     

    (le visuel est signé Marc Bonnetin.)

  • L'art textile tisse sa toile

    Un autre magazine, exclusivement sur le net, celui-là, et encore : pour les possesseurs de tablette et autres écrans miniatures coûteux qui demandent la spoliation du sous-sol africain. L'info me vient de Catherine Chanteloube, artiste textile magnifique dont vous pouvez découvrir le travail ici. Et elle n'a pas besoin de tablette, elle. Son message :

    "Si vous avez à portée de main un androïd ou une tablette, vous pourrez découvrir un dossier consacré au textile dans l'art, créé par ArtsHebdoMédia (www.artshebdomedias.com) mais uniquement disponible sur AppleStore et Google Play (téléchargement gratuit). On appelle ça un e-mag !
    AppStore : http://itunes.apple.com/fr/app/arts-hebdo-medias/id530201169
    Google Play : https://play.google.com/store/apps/details?id=com.artshebdomedias.mag"

     

    Je pense que c'est bien, puisque Catherine le dit et qu'elle a toute ma confiance. je n'ai pas pu vérifier : comme vous l'aurez compris, je n'ai pas de tablette.

  • De Roanne à Lyon

    CabaretPoetique.jpgDemain dimanche, nouvelle actualité, nouveau défi, nouvelle paire de chaussettes. Je serai sur la scène du périscope, à Lyon, à partir de 17 heures, en compagnie de Mariette Navarro, Marlène Tissot (une consoeur chroniqueuse de Vents contraires, d'ailleurs), et Lionel Tran (ouiiii, le Lionel Tran de « une année sans printemps » et « le journal d'un looser » avec Ambre) à l'invitation de Frédérick Houdaer et en partenariat avec l'Université Populaire de Lyon, dans le cadre du Cabaret Poétique. Le Cabaret poétique, c'est une fois par mois, des auteurs, des poètes, accueillis pour lire des extraits de leur travail. Laurent Cachard et Hervé Bougel (et plein d'autres que je ne connais pas, mais je cite les potes, je suis chez moi), ont déjà confié leurs mots au public de ce lieu pas comme les autres, et je suis extrêmement fier de leur succéder. J'ai choisi de lire "Les chants plaintifs", histoire de plomber l'ambiance. Chaque lecture dure 7 minutes. A la huitième, le poète est plongé dans une bassine de colle à rustine. Ça donne une diction assez nerveuse. Je suis heureux comme quand je suis amoureux.