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kronix - Page 108

  • çui qui dit qui est

    Dans La Vache, la deuxième sourate du Coran, il est clairement expliqué que les mécréants le sont par la volonté expresse de Dieu (« Quant aux incrédules (...) Dieu a mis un sceau sur leurs cœurs et sur leurs oreilles ; un voile est sur leurs yeux »). Si on se demande bien dans quel but, on peut en tout cas se réjouir que l'athée ne soit en rien responsable de sa philosophie et puisse même exiger du croyant le respect le plus haut, ayant bénéficié, contrairement à lui, de l'attention particulière de son créateur.

  • Rencontre avec Michèle Goldstein-Narvaez

    C'est ce soir à partir de 19h30 à la Brasserie Saint Philibert - place Saint Philibert - à Charlieu que j'aurai le plaisir de participer à une  rencontre avec Michèle Goldstein-Narvaez, auteure de "Nous attendons de vos nouvelles", dont je vous avais parlé ICI.

    La soirée est organisée par la librairie Le Carnet à Spirales, à Charlieu, et son responsable, Jean-Baptiste Hamelin, sera également présent (nous ne serons pas trop de deux pour aborder ce livre et ce thème intimidants).

  • Insomnie

    Et pendant que les heures sur l'écran s'affichent, je tourne dans le lit, comme les aiguilles.

  • A l'usure

    Comment percer le flanc d'une haine toute faite d'un bloc ? Il faut bien espérer que dans la cuirasse subsiste quelque défaut. Et s'il n'y en a pas, il faut attendre la fatigue. Car la haine demande de l'énergie. Son carburant est la peur. La peur vient de l'inconnu. Il suffit que l'inconnu entre dans la vie, se fasse connaître, s'installe. La bête s'accoutume. Il est même possible que la présence de l'autre lui plaise. Le bloc de haine s'use et s'épuise. S'estompe, disparaît. On ne sait bientôt plus pourquoi et comment la bête s'était construite. Tout rentre dans l'ordre. Enfin, bref, je veux dire, pour le mariage des homos, il faut tenir bon.

  • Répétition

    Reprenons tout le processus, et nous pourrons situer la source du problème. Et le voici comprimant la glaise entre ses mains pour en faire surgir une forme humaine.

  • Protoproverbes

    Passés à la moulinette des traductions en ligne (traduits en hébreu, puis en chinois, puis en arabe, en allemand et versés dans la langue d'origine), des proverbes produisent ces phrases intrigantes :

    Quand il n'a pas de dent maintenant, une telle chose a du pain

    Tant que le pichet (lanceur) de l'eau ceci a interrompu

    On le considère pour être le mieux du sienne

    Quant au début de La Recherche, suivant un procédé complexe (français > chinois ; chinois > arabe ; arabe > japonais ; japonais > hébreu ; hébreu > français, le voici : "La longue période de temps où ceci est très premier pour dormir".

    Ce n'est pas si mal. Maintenant, essayez de retrouver les vrais proverbes qui se cachent sous les traductions (qu'est-ce qu'on s'amuse sur kronix !).

  • Marqué

    Tu appelles ton gamin Tamerlan. Après tu t'étonnes.

  • Echauffé

    Il n'est pas interdit de touiller de la harissa avec les doigts, mais il est fortement conseillé de se laver les mains avant d'enchaîner avec une séance de masturbation.

  • Les petits trucs de Mamie Lulu

    Pout éviter de pleurer en épluchant les oignons, faites-le faire par quelqu'un d'autre.

  • Sensible

    Encore une fois, dans sa précipitation, il n'avait pas lu correctement le sujet du concours. Face à tous ces appareils à détecter les tremblements de terre apportés par les candidats, et malgré les consolations du jury qui estimaient son invention « très originale », il se rendit bien compte qu'on se moquait de sa machine à détester les tremblements de terre.

  • Sur les épaules de Darwin

    Merveilles de la Nature. Comment imaginer que le cheval de mine a évolué pour aboutir à la taupe ? C'est à n'y pas croire. Et pourtant.

     

    Et c'était la 1700 ème note.

  • Les six jouissances du grand Laurent

    LC_Balance.jpgAbordant un recueil de nouvelles, le lecteur accepte d'emblée le principe de traversée de temps et de modes différents. C'est le genre qui le veut, et l'homogénéité, ou disons la cohérence, des récits courts qui se succèdent, n'est pas forcément désirable. Entre les six nouvelles de La 3ème jouissance du gros Robert de Laurent Cachard, il y a de forts contrastes de style et de thème. Et cela contribue au plaisir de la lecture. Mais implique de parler de chaque nouvelle comme d'un texte spécifique, dégagé du corpus intégral, quasi inconciliable avec la nature du reste. Le plus jouissif, puisqu'il s'agit de cela, c'est que l'ensemble ainsi créé ajoute à la palette déjà très étendue de Cachard, romans, chansons et théâtre, des nuances inédites. Ce dernier ouvrage semble ressortir des domaines alliés de la somme et de l'exploration.
    La première nouvelle du recueil et qui lui donne son titre, est un sobre et émouvant moment de vie de Robert, et de ses amours possibles. Le récit est crédible (en tant que lecteur, j'ai besoin de vraisemblance et ce n'est pas un détail) et touchant, très délicat, juste. Robert est gros, maladivement gros, ne le restera pas, comme il ne restera pas à la Croix-Rousse (décidément, Cachard est l'écrivain de la Croix-Rousse), où le récit prend racine. La vie du héros connaît les hauts et les bas de cette partie  pittoresque de Lyon, et quand son travail de scientifique l'entraînera à Paris, c'est « tout naturellement », qu'il va retrouver les sensations de son quartier dans les escaliers de Montmartre. Sauf qu'entre temps, il a perdu plus de 30 kilos, a rencontré Mathilde et sa fille, et que grâce à elles sa vie a pris l'épaisseur dont son corps s'est débarrassé. À Paris, au CNRS, où il rejoint une équipe qui travaille - tiens, tiens - sur les phénomènes d'ordre et de désordre, il fait la connaissance de Sophie, autre tête chercheuse. Les chercheurs se trouvent, la vie prend un élan, une résolution. Mais quelque chose n'est pas dit, subsiste et gêne. Il faut que Robert s'acquitte d'une dernière expérience. Cela prend la forme d'une installation en terrasse, à la Croix-Rousse, sur les traces d'un passé pas si lointain. Quand il était encore gros, quand la vie allait lui offrir Mathilde. Dans ce beau récit, Cachard articule avec science le déroulement du temps, place le lecteur aux côtés de son héros, permet une transparence des sentiments, tandis que, de la confusion initiale, monte une clarté, s'affirme une décision. On aime chaque personnage, on accompagne chaque mouvement. C'est un récit solaire et bon. Dans Le poignet d'Alain Larrouquis, l'agaçant et pusillanime Herfray oscillait entre deux femmes à peu près également invivables (selon mes propres critères), Dans cette Troisième jouissance, employée sans ironie, Robert est l'objet d'un amour double et généreux. Le choix de sa vie, finalement, s'en trouve facilité. Et le lecteur sourit, car il est heureux pour chacun des protagonistes.
    Valse, Claudel, ressort du domaine évoqué plus haut, de la somme. Voici un texte longuement mûri, sans doute repris souvent, amendé, approfondi à chaque relecture de son auteur. Le résultat est une nouvelle absolument admirable, d'une sophistication extrême malgré sa brièveté, tant au niveau de la forme que du fond. Le narrateur patiente devant le Musée Rodin, rue de Varenne. Il attend une femme évidemment, et dans l'attente, entame un monologue intérieur avec Rodin, qu'il tutoie. Aussitôt, le récit est suspendu, et tout le jeu littéraire consiste en une exploration à partir du narrateur comme point géographique immobile, vers mille thèmes, mobiles et fuyants. La pensée vagabonde entre l'art et l'intime, l'histoire (de Camille et d'Auguste, de Lui et de Elle), l'attente, la fixité des statues ou de l'homme qui espère, les pensées, la danse, les regards, le mouvement, la réflexion prend son élan et un deux trois, un deux trois, se met à valser. L'irruption d'un gardien, figé dans son rôle, ne bouleverse pas longtemps l'équilibre tenu entre pose et pas-de-deux. Tout le texte explore la dualité fragile du balancement et du stable. C'est un superbe moment d'écriture d'un auteur en pleine possession de ses moyens. Cependant, on est loin de l'exercice littéraire stérile qui afficherait une virtuosité. La sophistication ne rompt pas le charme, elle l'augmente et l'enrichit par moult considérations sur l'art et les rapports de l'artiste à son travail. On reste dans l'humain, l'instant de vie, entre histoire de l'art documentée et remuements intimes, une somme disais-je. J'attendais beaucoup de cette Valse, promise depuis longtemps. Je constate que c’est un condensé d'émotion et d'intelligence. Un des textes les plus riches et les plus passionnants de son auteur. Le genre de littérature qu'on recherche avec avidité, parce qu'elle précipite en son creuset tout ce qu'on aime dans l'écriture, et vous le restitue avec clarté.
    Il est aussi question de danse, dans la nouvelle suivante, avec une scène joliment décrite d'un couple qui sur la piste, s'approche et s'éloigne, joue le rituel de la tentation et du retrait. Ciao, Bella ! décrit une brève rencontre. Il y a tant de brèves rencontres dans la littérature. Celle-ci ne déroge pas aux schémas attendus, amorce anodine, complicité, déambulation nocturne (Lille offre le cadre), incertitude, bienfaisant abandon, mais la fin est un bijou de finesse, qui va faire craquer le lectorat féminin de Laurent. On ne la révélera pas ici, mais ces quelques pages concentrent les rapports entre deux êtres sur une question essentielle : le faire ou pas ? Il y a du In the Mood for Love dans cette valse-hésitation. Un texte extrêmement délicat et subtil. Une réussite.
    Tombe la neige et Marius Beyle (ce dernier texte, déjà édité sous une autre forme, mais retravaillé ici), qui se succèdent dans le recueil, parlent de la guerre et des lendemains de la guerre. Tombe la neige pourrait être vue comme une suite de Tébessa, 1956, puisque ses héros reviennent de l'Algérie. Gérard est resté là-bas, comme on sait, mais son alter ego anonyme revient avec son copain Polo. Le monde a changé, un peu, les femmes ont changé, pas mal. Enfin, les guerriers doivent trouver leur place. Les deux récits parlent de l'identité, de la transmission, et de la place qu'on prend entre les vivants et les morts (ce qui rapproche ce récit d'un roman à venir, le mien, mais nous en reparlerons en temps utile -pardon pour cet aparté). Cachard entreprend la description documentée d'une société passée, avec sa langue et ses modes, qu'elle soit la France populaire des années 60 ou les champs de bataille de 14-18. Dans les deux cas, il retrouve les formes et les accents des monodies intérieures du Gérard de Tébessa, à la première personne. Les portraits et les visions surgissent des pensées, les événements majeurs se mêlent aux souvenirs infimes, la vérité d'une vie et d'une période se construit sans que le lecteur en prenne conscience, par l'accumulation des touches impressionnistes. Les lecteurs qui ont aimé le premier roman de Cachard seront en terrain de connaissance.
    Je soupçonne l'auteur d'avoir eu à convaincre pour ajouter la dernière nouvelle du recueil. Non pas qu'elle constitue un point de faiblesse ou qu'elle ternisse l'ensemble, mais je devine que le burlesque n'est pas la forme littéraire préférée de son fidèle éditeur. Car Rififfi chez les Aplagnet-Tartat est une incursion de Cachard dans le comique le plus roboratif, avec anarchie dionysiaque, jubilation infantile dans la destruction, crescendo dans le désastre (bien que tout rentre dans l'ordre au prix d'un effort absolument admirable du plus mature des protagonistes). On est dans la délectation la plus joyeusement primaire, la régression la plus réjouissante. Une très bonne idée que cette conclusion désopilante qui fait parfois penser au petit vélo à guidon chromé de Perec. Un autre écrivain qui savait employer toute l'étendue de sa verve malicieuse pour offrir à ses lecteurs une occasion supplémentaire de jouissance. Il n'y a pas que trois jouissances pour le lecteur, dans ce recueil, vous l'aurez compris.

    La troisième jouissance du gros Robert (et autres nouvelles). Laurent Cachard. Editions Raison et Passions. 138 pages. 14 euros.

  • Peine à jouir

    J'espérais produire ici une relation de ma lecture de « La 3ème jouissance du gros Robert », mais un autre chantier d'écriture (étrangement lié à l'auteur dont je voulais parler), m'a pris plus de temps que prévu. Ce sera pour demain. Peut-être.
    En tout cas, hier matin, lors du vernissage de l'exposition d'un ami, je me suis "fait" un candidat UDI, anciennement FN, qui a réussi à se recycler sous cette nouvelle étiquette et serre maintenant les paluches de tout le monde culturel local (poignées de mains que personne ne lui refuse, car le voici devenu propre). Pas mécontent de l'avoir renvoyé dans ses buts vert-de-gris. Me sens un peu seul, malgré tout. Heureusement, ma douce me soutient.

    Je parlerai de l'expo aussi, elle en vaut la peine.

  • Tut Tut Poet poet

    Le train de la poésie s'est embourbé dans l'édulcorant, mais ça n'a pas suffi. On l'avait préalablement recouvert d'un or solennel. Qui a précipité et aggravé l'enlisement.

  • Sans ciel au dessus

    Athée, en prière tout de même, une manière de concentration pour mieux supporter les colères du monde, et dans cette concentration, savourer la douce épice du dérisoire.

  • Franchement

    Ne me remerciez pas, jeune homme, vraiment. Je n'ai pas fait exprès de vous sauver la vie. En fait, j'ai tué ce lion uniquement pour ajouter un trophée aux murs de ma salle de billard. Voyez, ce n'est qu'une coïncidence. Je vais même vous dire, pour être franc : si j'avais vu que ce lion vous attaquait, je l'aurais probablement laissé vous bouffer avant de lui tirer dessus. Mieux : Je crois que je l'aurais épargné pour le remercier de son acte. Je vous assure ! Vous savez, vous êtes l'être le plus laid, le plus bête, le plus méchant, le plus inconséquent, le plus ignoble et avare et abruti et impoli que j'aie jamais rencontré. Vous êtes un con majuscule, mon pauvre, une sorte de crétin doublé d'un fat égocentrique et hautain. Vos plaisanteries sont affligeantes, votre manière de rire est insupportable, vous n'avez aucun centre d'intérêt et vous sentez mauvais. J'admets à la limite que vous me remerciiez de ne pas vous avoir abattu après le fauve, quand je vous ai vu sortir du bosquet où vous étiez planqué pour reluquer le coin douche des filles du camp, mais c'est bien toute la reconnaissance que je veux bien recevoir de vous.

  • Tiens, y'avait longtemps

    On peut la trouver sans méthode et lente, certes, mais elle n'est pas moins efficace que tous les chasseurs de trésor lancés dans l'aventure et qui sont rentrés bredouille. Laissons-là travailler tranquille et nous verrons qu'un jour, la taupe trouvera le trésor des templiers.

  • Boîte à meuh

    Il y a ces jouets vieillots qui n'ont pas de nom, vous savez, ces boîtes cylindriques qu'on retourne et qui font Meuh. On peut bien se moquer, mais moi je trouve qu'elles constituent un sacré progrès. Pensez qu'avant, il fallait retourner une vache pour obtenir le même son.

  • Gourmand

    Bien sûr, on préfèrera les bonzes diabétiques, si rares. Quand ils s'immolent par le feu, cette bonne odeur de caramel...

  • A propos de l'été slovène.

    LEte-Slovene.JPGOn imagine Clément Bénech intelligent et délicat, drôle et tendre, malicieux (pardon de ces qualificatifs pour gendre idéal, il vaut mieux que ça). Enfin, ses textes (ses, oui : avant ce premier roman, il fut permis d'apprécier sa pertinence sur son blog humoétique -en lien ici depuis au moins un an, sinon plus-  et dans Décapage, la revue de l'éditeur Flammarion, où il fut sans doute repéré), ses textes, disais-je, dessinent ce portrait de leur auteur. Jeune, très jeune (21 ans, édité chez Flammarion ! que les autres jaloux prennent la file, je suis devant), fin, drôle (je l'ai déjà dit, non?), cultivé. Amoureux. En tout cas le narrateur de L'été slovène. Le narrateur, qu'on se figure être Clément comme on s'imagine Marcel en lisant La Recherche (mais on peut raisonnablement supposer qu'il s'agit d'un leurre). Le narrateur, donc, parti avec sa copine Eléna en Slovénie pour un petit périple. Voyage doux-amer. Lucide. Lucide comme l'était un autre jeune garçon de la littérature, Musset. Lucide au point de disséquer en quelques phrases le lent évanouissement des amours inconséquentes. Celles que la jeunesse permet justement, et dont on peut plus tard se pardonner le peu d'ambition.
    L’été slovène est écrit avec la même délicatesse, le même humour, la même lucidité que l'auteur donne à ses personnages. A notre échelle européenne, la Slovénie est un pays jeune, une terre incertaine, propice au tourisme neuf, errant, dérivant. Un paysage qu'un jeune couple arpentera tout en restant concentré sur son doux écroulement. La France n'aurait pas pu, ni les États-Unis. Il fallait bien que cet été soit de là-bas, slovène. Lointain et coutumier. Banal et exotique. Paradoxal.
    Ceux qui me connaissent savent que j'aime les fables hirsutes et malsaines, les grandes orgies de littérature tonitruantes, les récits où se puisent les mythologies des siècles à venir. Mais enfin, un roman court, profond sans avoir l'air d'y toucher, musical, léger comme la gravité qui nous tient debout, ma foi, j'aime. Et je conseille.
    Et on voit encore une fois que les chroniques littéraires, c’est pas mon fort.