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kronix - Page 3

  • 3818

    La deuxième fois qu'une femme m'a déçu, j'avais peut-être une vingtaine d'années. Elle descendait un escalier greffé à un immeuble, sans me voir. On se retrouve en bas, où je l'attends. Je ne veux pas l'aborder, juste la regarder parce qu'elle est très jolie et que, de tout son corps, rayonne une sensualité difficile à ignorer. Comme elle approche, je reconnais son visage : nous étions voisins dans le train, il n'y a pas si longtemps. Pendant tout le voyage, nous avions discuté agréablement. Je ne me souviens pas précisément de notre échange, mais j'en garde une impression de plaisir où, là aussi, entrait de la sensualité. Cela me donne un prétexte pour engager la conversation. Je lui dis bonjour, elle me dit t'es qui connard et je me réveille. Très désappointé.

  • 3817

    Je vénérais les femmes. La première fois que des représentantes du genre ont brusquement anéanti mon credo, je n'avais guère plus de dix ans. J'écoutais une conversation entre un monsieur et des collègues à lui, des petites fonctionnaires dont je ne savais qu'une chose : elles étaient jolies et gentilles. Il y avait une pose casse-croûte au mitan d'une journée consacrée à marcher dans la campagne. Notre groupe, dont mes parents, était attablé dans une auberge. Les conversations allaient, entre deux mastications et rires, j'étais entouré de femmes, j'étais bien. Entre alors un homme, massif, visage brûlé par la vie du dehors, semblable à mon père, une parenté de constitution en tout cas. L'homme salue mon père, justement, et le reste à la cantonade. Il s'en retourne après quelques mots anodins. A peine est-il reparti que le monsieur qui discutait avec ses collègues hoche tristement la tête : il connaît l'homme qui vient de passer « Un pauvre type, il vit comme un sauvage. Faut voir son jardin : il laisse les bêtes aller là-dedans. Même les hérissons... » Je ne comprenais pas, je trouvais ça très bien, moi…. Et là, je vois se contracter les frimousses des si jolies femmes en une moue laide et dégoûtée. « Beurk. » Décidément, c’est un rustre, ce péquenot, laisser des hérissons se promener dans son jardin ? (Je suppose qu'à l'époque on les pensait nuisibles. Je ne sais pas). Qu'un jugement aussi brutal et stupide fût reçu et conforté par celles qui, pour moi, étaient à la fois le substrat et la cime de l'humanité, qui alliaient la beauté, la douceur à l'élégance, à la bienveillance, provoqua en moi un cataclysme. La leçon que j'en tirai, après des années de réflexion autour de ce seul indice, fut que idéaliser qui ou quoi que ce soit, n'est rien d'autre que se préparer à la désillusion.

  • 3816

    En avant-première, un extrait du scénario de la BD "Cortés" pour Glénat. Dessin Cédric Fernandez, couleurs Franck Perrot. Histoire de montrer, en coulisses, comment c'est fait, un scénar de BD (en tout cas, comment je les écris, moi). Quand Cédric aura avancé sur la première planche, je reviendrai montrer les différentes étapes de réalisation, avec son accord. En attendant qu'on mette sur pied un site dédié. Les [] indique une vignette facultative (parce que le découpage est dense, ici).


    Planche 3

    Légende : San Juan de Baracoa, Cuba. 1517.

    Intérieur jour. Chambre de Leonor. Le soleil irradie un rideau de drap blanc, tendu devant une fenêtre. Quelques éléments précieux aux murs, tableau et tenture, des coffres sur le plancher, ouverts sur des robes pliées aux motifs complexes. Le reste est assez sobre.

    1- Leonor (belle femme de type indien : c'est une Taïno de Cuba) nue étendue sur un lit défait. Elle fait jouer entre ses doigts un collier superbe : « Hernan… tu es complètement fou. » Un homme est assis près d'elle, il se rhabille. Il est à contre-jour sur l'écran de la fenêtre. C'est Cortés (il a 32 ans) : « Ne l'ébruite pas. On me croit le plus sage des hommes. »

    2- Leonor : « Je suis sûre que tu offres les mêmes bijoux à ta femme. Exactement les mêmes. »
    Cortés : « Tu es jalouse ? »
    Leonor, moqueuse : « Non, je m'interroge sur ton sens moral. »

    3- Cortés : « Catalina me fatigue en ce moment. Elle veut me retenir. »
    Leonor : « Si je t'aimais vraiment, moi aussi, je t'empêcherais de partir. »

    [4- Cortés : « Heureusement que tu ne m'aimes pas vraiment. »
    Leonor : « Heureusement. Je serais folle d'inquiétude. »]

    5- Cortés : « Léonor… Je n'ai pas le choix. La proposition de Diego Velasquez ne se refuse pas. Une expédition à la gloire de la Couronne... »

    6- Léonor : « Allons ! Je te connais. Tu ne peux pas résister à l'appel de l'aventure. Sinon, tu serais resté en Espagne. Un courtisan en vue, un ministre du roi, qui sait ? Rusé comme tu es. Avec le sens moral qui est le tien... »
    Cortés : « Mon sens moral te préoccupe beaucoup, décidément... »

    7- Leonor : « … Mais son absence, chez toi, me rassure, hi hi. Allons, je sais bien que ton encomienda de San Juan n'est pas assez grande pour toi, ni La Havane, ni Cuba, ni l'Espagne. »

    8- Cortés se regarde dans un miroir : « Je ferai mieux que Grijalva ou Cordoba. Je prendrai langue avec les autochtones, je marchanderai, je bâtirai un pays nouveau, avec eux. Je serai riche, affranchi de tous les gouverneurs et empereurs. Et alors, tu me rejoindras, avec notre fille. » Leonor : « … Et ta femme ? Aha, ton sens moral, Hernando, ton sens moral ! »

  • 3815

    La raison étant défendue avec fébrilité par des incapables, et les délires assénés d'un ton docte par des penseurs inspirés, celle-ci (la raison) s'en trouve aussitôt dégradée. Va rétablir un semblant de mesure dans ce merdier !

  • 3814

    Il y a des années de cela, j'ai signé une pétition pour la défense des droits des homosexuels dans je ne sais quel pays où leur vie est menacée. Depuis, l'association à l'initiative de la démarche m'envoie régulièrement des alertes sur les agissements de tel ou tel politique ou telle contrée, hostile (mortellement hostile) aux homos. Je pétitionne systématiquement. L'ONG m'adresse aussi, naturellement, des appels aux dons. La nature de ces appels m'intrigue : ils sont rédigés selon une terminologie et un ton qui sous-entendent que je suis, moi aussi, homo. Comme s'il leur était difficile de concevoir qu'un hétéro puisse compatir et s'indigner du sort fait aux autres, quels qu'ils soient. Femmes pour les féministes, noir pour les noirs, musulman pour les musulmans, juif pour les juifs, etc. Même là, les distinctions (implicites, non déclarées mais tout de même) opèrent. C'est à désespérer.

  • 3813

    Nous sommes comme des élèves assis sagement dans une classe, écoutant des professeurs connus ou inconnus, dont on ne peut distinguer le légitime de l'opportuniste, se disputant en meute la même estrade, tous vociférant, convaincus, dans un brouhaha indescriptible qu'il nous faudrait trier pour en déduire une leçon. Qu'on ne s'étonne pas de nous découvrir sourds, désemparés, inaptes, et plus attentifs à celui qui crie le plus fort.

  • 3812

    Un ami écrivain au superbe parcours me confie le constat qu'il fait de son impuissance littéraire. Sans effroi, sans tristesse, il voit simplement qu'il n'a plus rien à dire. Même, le refus de son éditrice sur son dernier manuscrit sonne pour lui comme une libération. Il ne se sent plus obligé de proposer des textes. Mon rôle serait de le contredire, de le pousser à écrire encore, il est impensable qu'un auteur comme lui 'sèche' soudain ou se complaise dans le mutisme. Mais je comprends si parfaitement son état d'esprit, que je me contente de compatir, de lui souhaiter ce si paisible silence, ce repos de l'âme que seules nos manies d'écrivant combattent et rejettent. Un écrivain refuse souvent d'admettre qu'il ferait mieux de se taire. Je rends hommage à ceux qui ont le courage et la modestie d'accepter ce verdict avant que ce soient les lecteurs qui le lui imposent.

     

    A qui le tour ?

  • 3811

    « Et oui, soupira le maçon en considérant les débris épars dans la rue, la rambarde en fer forgé tordue autour de quelques victimes qui tenaient encore leurs casseroles, il aurait fallu aussi acclamer le réparateur de balcons... »

  • 3810

    Les notions d'histoire, la culture générale, ma foi, ça peut toujours servir. En cas d'épidémie, pour se souvenir de celles qui passèrent et des effets qu'elles eurent ; en cas d'attaque terroriste, pour mettre en perspective les données géopolitiques ; en cas de racisme, pour expliquer qu'il n'y a plus qu'une espèce humaine sur la terre, une seule. Par exemple. Par exemple, rappeler à ceux qui assimilent Charles Martel à la défense de l'occident chrétien, qu'au Moyen-Âge, le même était considéré comme maudit, grand pilleur sans scrupules des biens de l’Église, et qu'on dit que son tombeau s'ouvrit sur un dragon noir, puant, symbole du mal qu'il fit. Prenez, ça peut aider.

  • 3809

    24 heures après les déclarations de Trump, une trentaine de cas d'intoxication au détergent dans le pays (source : Le Canard enchaîné). Et dire qu'il ne croît pas au darwinisme…

  • 3808

    Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? voici ce que je dois faire ! j'ai tous les éléments, un dossier élaboré sur des années. L'histoire de cet allemand qui a changé d'identité en profitant du chaos de la guerre et s'est réinventé une vie. Mais oui ! Et là, je me réveille. Dans un état second, je réfléchis au sujet de roman que le rêve m'a rappelé, pour réaliser progressivement que je n'ai jamais eu le moindre dossier sur un tel personnage, que ce n'était qu'une illusion fabriquée dans mon sommeil. Soudain, ma douce entre dans le bureau, le visage crispé, elle est au bord des larmes. Il s'est passé quelque chose de grave. Et là, je me réveille. Pour de bon cette fois. Dans mon lit. Normal.

  • 3807

    « Je vous rappelle que la distanciation sociale n'est utile qu'entre nous ! Quand vous partez en mission kamikaze avec une ceinture d'explosifs, elle n'est plus nécessaire, voire déconseillée. Sinon, on se retrouve avec des scores minables comme celui de Kassim, ce matin, sur le marché. »

  • 3806

    Et, comme il se plaignait que les bruits de casseroles l'empêchaient de dormir, on lui fit comprendre que, infirmier de nuit ou pas, il devrait avoir un minimum de respect pour les hommages qu'on rendait à sa profession.

  • 3805

    Chers amis, ce 6 juin 2023, je reprends momentanément ce blog, notamment les billets concernant "Demain, les origines", pour supprimer les liens avec les fichiers. Pourquoi ? Parce qu'il se pourrait bien, selon certain éditeur, qu'une vie publiée attende ce gros machin, et je veux limiter à présent la diffusion d'un texte qui va être repris et, j'ose espérer, amélioré. Merci de votre compréhension.

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  • 3804

    "Quand les Hommes disparaîtront, les abeilles se demanderont quoi faire de tout ce miel."

    Gérard Einstein.

  • 3803

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  • 3802

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  • 3801

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  • 3800

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  • 3799

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