Dans ce monde parallèle, les frères Lumière sont peintres. Ils ont produit en commun un tableau intitulé « Sortie des Usines Lumière ». C'est pas mal, mais il manque quelque chose, un je-ne-sais-quoi... un peu de couleur, du mouvement ?
kronix - Page 55
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Chers lecteurs de Kronix. Je ne vous ai pas prévenus parce que j'en fais seulement le constat : Kronix a sournoisement abandonné sa discipline quotidienne. Voyez le nombre de billets ci-dessus et comprenez que je fatigue.
Cette pause (en tout cas, ce ralentissement dans la fréquence) sera l'occasion de réfléchir à la fonction et à la pertinence d'un blog.
Merci de votre fidélité et de votre compréhension.
A bientôt.
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Tellement attentiste que ses opinions prenaient de la mousse, côté nord.
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Khan fixait le jeune homme avec une intensité inhabituelle, où se lisait un désir d’adhésion totale. Kargo ne la lui refusa pas. Il promit de continuer l’œuvre, dans la mesure de ses moyens. Il renonça à tricher, à dire : « mais nous n’en sommes pas encore là, tu as de nombreuses années devant toi, tu poursuivras toi-même ce travail, et toi seul… », toutes ces formules qui seraient ridicules à cet instant. Lui revinrent les mots de Jhilat, quelque chose d’étrange à propos des hirondelles et du sens de l’Odyssée. Un propos autour « du sens des choses et du sens des livres… » Khan opina, il connaissait l’histoire : « Je me souviens, oui. À la fin de l’Odyssée, Ulysse, déguisé en mendiant, caché même à sa femme, participe à l’épreuve que Pénélope a imposée à ses prétendants. Il s’agit de bander son arc. Aucun prétendant n’y parvient. Ils font chauffer le bois au feu, ils essayent chacun leur tour, impossible. Il faut être un héros de l’Iliade pour réussir, apparemment. Quand le mendiant propose d’essayer on le moque d’abord, mais finalement on le laisse faire. C’est Ulysse, il a assez de force pour courber le bois à sa volonté et parvient à placer la corde (il mima les gestes). Ainsi fait, pour vérifier la tension de la corde, Ulysse la fait vibrer. Dis-moi, Léo, as-tu déjà entendu le cri d’une hirondelle ? » Kargo rappela qu’elles avaient disparu bien avant sa naissance, et Pavel conclut : « Voilà. La corde de l’arc d’Ulysse répond à la tension en émettant le cri de l’hirondelle, dit Homère. Nous ne savons donc plus, aujourd’hui, quel son faisait la corde de l’arc d’Ulysse. Si les choses qui donnent le sens d’un livre disparaissent, l’une après l’autre, est-ce que ce livre a encore un sens ? Voilà ce qui obsédait Iradj, et qui le rendait insensible à mon amour des livres. »
Extrait de Mausolées. Editions Mnémos, 2013.
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Hier, j'annonçais triomphalement avoir mis un point final à La Grande Sauvage. Précisons qu'il s'agit du point final de la version alpha du roman. Mes manuscrits connaissent en général plusieurs étapes de réécriture qui mènent à une version delta, acceptable pour l'éditeur (avant que celui-ci, éventuellement, propose des aménagements pour le bien du livre). Cependant, la version alpha est une étape décisive (je vous fais rentrer dans la cuisine, ne faites pas attention au désordre, merci), parce qu'elle permet enfin de posséder une vision de toute l'architecture du livre, d'en percevoir à partir de là, les faiblesses, les parties à réduire ou à renforcer, des scènes à supprimer ou à ajouter, des personnages à enrichir. Pour chacune de ces phases, je cisèle le vocabulaire, approfondis les notions qui seraient trop esquissées, ou allège les morceaux trop explicites ou pédagogiques (ce qui est souvent le défaut d'un roman historique). Il y aura aussi le problème particulier des dialogues. Il est impossible de « faire parler » des personnages du XVIIIe dans leur véritable langue. D'abord parce que, malgré la multiplicité des documents, rien n'est sûr et, en tout cas, pas forcément utilisable. Par exemple, nous avons des lettres de soldats, des documents donc, issus du petit peuple, écrivant à leur famille. Lettres farcies de formules propres et de fautes. Mes personnages du peuple pourraient parler de cette manière, mais l'effet serait par trop exotique, semblerait plus factice qu'une forme que je vais élaborer à partir de ce français dégradé. Je ne peux pas non plus multiplier les occurrences du vocabulaire d'époque, parce que les dialogues seraient illisibles. Des choix vont s'opérer, des compromis qui donneront un effet naturaliste, obtenu par des procédés tout-à-fait spécieux et fautifs. Un roman historique n’est pas une machine à remonter le temps. Il faut que l'auteur et le lecteur aient bien conscience de cette impossibilité et des artifices qu'elle implique. Voilà les problèmes auxquels je vais maintenant me consacrer. Je vais aussi travailler sur un glossaire et un appareil de notes que j'espère divertissantes.
Je voulais par ce billet, vous faire prendre la mesure de la relativité de l'expression « point final » pour un roman. -
2765
Tu vois les mots, là-bas ? Tout là-bas ? « Les femmes ne pouvaient se retenir de le pincer aux joues et de l'embrasser. » ? Eh bien ce sont les premiers du roman. C'est loin, n'est-ce pas ? Et tu vois, là, ce point ? Ce point, ici. C’est le point final. Voilà, c'est fait. J'ai fini La Grande Sauvage.
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Monsieur,
Malgré tout son intérêt, nous avons le regret de refuser votre candidature. L'étude de votre dossier montre en effet une grande dissymétrie entre l'ampleur des moyens mis en œuvre et le nombre modeste de victimes.
Bien à vous,
M. El Bagdhadi.
(Lettre de refus de Daesh à la candidature spontanée du commandant du Costa Concordia) -
2763
Mobilisons-nous pour sauver la figure du sale con, menacée par le politiquement correct qui voudrait le remplacer par celle du pervers narcissique, ce qui est lui faire beaucoup d'honneur.
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Le problème, avec la Révolution française, c'est qu'on croise des personnages de roman à chaque coin de rue (et sur les toits, sur l'eau, dans les champs, derrière le moindre bosquet). Et je n'ai qu'un roman à écrire.
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2761
" Nos amis brouille, brouille, nos parents brouille, brouille brouille, nos bienfaicteurs brouille brouille, nos pères brouille brouille, nos conducteurs brouille brouille, nos maîtres brouille brouille, nos pontifes brouille brouille, nos juges brouille brouille"
Mme de Laveine. Convulsionnaire. 1736. (Martin fréquente de drôles de gens...)
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2760
« Il arrive qu'un bouleversement est si profond que ses témoins ne peuvent imaginer un avenir ; surtout un avenir où ce qu'ils ont aimé, ce qui les a construits, n'aurait pas disparu. Ce qui paraît perdu à jamais, et qui leur était si précieux, résiste pourtant mieux qu'ils le croient aux changements les plus radicaux. Tout demeure. Secret, tenace comme un parfum, rien n'est absolument détruit. Mais ils ne vivent pas assez vieux pour en faire le constat et en être rassurés. C'est cela, le drame de notre condition. »
Les Nefs de Pangée. Extrait. où l'on devine qu'il s'agit de parler d'autre chose que de la transformation de la civilisation Ghiom...
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2759
Quand le médecin fut parti, l'Architecte les accueillit près de son lit avec soulagement. « Mes amis, j'ai bien cru qu'il me tuerait. Quelle purge ! » Inquiets, ils furent avec lui, Marianne essayant de comprendre ce qui se passait : « Vous avez besoin de quelque chose, monsieur ? » Le bon sourire de l'Architecte était lézardé par la fatigue, mais son caractère demeurait constant : « Ma bonne Marianne, il est plus intéressé par les effets de la dissolution des Facultés, que par mon modeste cas. Laissons les prescriptions de mon fameux médecin et prépare-moi du vin chaud. » Comme Marianne sortait, l'Architecte expliqua à Martin, qu'il jugeait péremptoirement apte à comprendre : « Il paraît qu'à cause de certains décrets votés l'an dernier, toutes les Facultés de Médecine, les Collèges de Chirurgie et de Pharmacie disparaissent, ainsi que l'Académie de Chirurgie et la société Royale de Médecine, et avec elles toutes les sociétés scientifiques. Un drame, je veux bien l'admettre, je tentais de le lui dire, de l'assurer de ma sympathie, mais pas aujourd'hui, demain, une autre fois, pour l'heure je suis malade. Il ne m'a épargné aucun détail, m'a tenu ferme tandis que je sentais faiblir mon pouls, en m'assénant que désormais le public est victime d’individus érigés en maîtres par leur seule opinion, qui distribuent des remèdes au hasard, et compromettent l’existence des citoyens. Et moi, lui ai-je dit enfin, mon existence ? Vous en occuperez-vous ? Je crois que je l'ai offusqué. Il a consenti à me visiter. Il a déduit de son examen plus court que son discours, qu'il s'agissait soit d'un refroidissement, auquel cas il suffit que je me tienne au chaud et alité, ou d'une hydropisie ascite, auquel cas je ne devais m'inquiéter de rien et mourir dans deux jours. Je crois qu'il plaisantait. »
La Grande Sauvage. Extrait. En cours d'écriture.
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2758
La dernière ligne droite sur l'écriture de La Grande Sauvage. Par dernière ligne droite, entendez encore un mois d'écriture, avant de retravailler l'ensemble du manuscrit pour veiller aux équilibres, à la dynamique de l'ensemble, au traitement de chaque aspect, le relief des personnages, etc. Enfin, je discerne la lumière, là-bas. J'approche. Je ne sais trop dans quel état d'esprit j'étais quand j'ai entrepris ce roman. Le projet s'est modifié, entre le moment où j'étais tenté de me gausser de la superficialité de l'ancien régime en racontant la vie de fermiers qui faisaient de la figuration dans le hameau de la Reine, à Versailles, et celui où se sont imposées les notions de fanatisme et de reconstruction, parce qu'une certaine actualité est venue s'immiscer dans le processus.
Avant d'en avoir fini, j'ai supprimé déjà plusieurs passages, sacrifié quelques personnages qui n'étaient là que pour ma satisfaction personnelle. L'idée est de réduire le volume final. Je voulais écrire un roman court. Ce ne sera pas le cas, hélas. Il dépasse dores et déjà L'Affaire des Vivants, et menaçait de se hisser au niveau du volume des Nefs de Pangée avant que je me décide à cette opération de chirurgie salutaire. Faisant cela, je rêvais d'une version avec bonus, comme les DVD de films en offrent la possibilité. Il y aurait, en appendice, les scènes coupées du roman. Ce n’est guère envisageable. Je me dis que Kronix pourrait avoir cette fonction.
En tout cas, en mars, quand j'en aurais fini, y compris avec un glossaire que je crois devoir écrire à la suite du roman, comme pour L'Affaire..., je profiterai de mon passage au Salon du Livre de Paris (c’est confirmé), pour livrer mon manuscrit à mon éditeur, avec deux mois d'avance sur mon propre planning et quatre d'avance sur le sien. Ne voyez pas cette annonce auto-satisfaite comme une anecdote : une telle avance signifie que je peux, avec mon éditeur, travailler le texte pour l'améliorer encore, et préparer très en amont sa sortie. L'enjeu est le suivant : ce livre doit me permettre de maintenir mon statut d'écrivain en 2018. Vous imaginez que ce projet m'importe assez pour me sentir tout le courage nécessaire. -
2757
Son premier rendez-vous sera la visite d’un orphelinat volontaire. « Qu’est-ce que c’est que ce truc : un orphelinat volontaire ? » interroge la first lady. Son assistante lui répond que c’est un établissement qui recueille les parricides.
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Des balles, des peurs, de la mort et de la cruauté. Et en regard, n'empêche, ni pogroms, ni foules haineuses, mais un peuple qui dit : on va continuer d'aimer la vie et de l'aimer ensemble. C'est très très rare, mais il m'arrive d'être fier d'être Français.
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Les Nefs de Pangée - Nouvelle critique
Cette fois, par un écrivain ! Laurent Cachard embrasse tout le récit, s'interroge et, autant vous prévenir, spoile un peu. Les lecteurs prudents attendront donc d'avoir fini (ou d'avoir au moins avancé des deux-tiers), les Nefs, pour prendre connaissance de cette superbe et riche chronique.
Je lui suis d'autant plus reconnaissant que cette forme ne lui est pas habituelle et que je l'avais mis à l'aise : dis-moi juste ce que tu en penses, tu n'es pas obligé de chroniquer (oui, parce qu'on se connaît, et ça, ce n'est pas trahir un grand secret).
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2754
On allait comme ça, entre deux nuits, décalotter les calotins, faire mordre la poussière aux coquins, les phrases que trouvait Huché quand il était inspiré, à marcher dans cet hiver qui nous enfonçait le chapeau dans les épaules, éparpillait nos balles dans le pays à cause de nos mains tremblantes, à reprendre les cris des loups et les cris des corbeaux, nos compagnons de mort et de froid. Je sais bien ce qu'on était, charognards semblables, animaux guère plus, enfin je crois que c'était nous, ce qui restait de nous. Il y avait bien une noble mission, à l'origine, là-bas, au premier de nos pas, il y avait une idée de grandeur et d'élévation quelque part à la source, mais les loups et les corbeaux sont de piètres ouvriers pour accomplir si noble tâche, ils font tout salement, dévorent les proies sans les occire tout à fait, se foutent des plaintes des corps qu'ils déchirent, on se voyait à distance, hardes et hardes, on se reconnaissait, les loups nous auraient jamais attaqués par exemple, je crois qu'ils avaient appris nos uniformes, notre odeur, on devait leur paraître comme des pourvoyeurs, des alliés surgis de l'enfer pour leur faire le cadeau de l'abondance, bien leur tour, après tant d'années de fuite, on leur livrait les entrailles fumantes de leurs chasseurs, on punissait ceux qui les massacraient.
La Grande Sauvage. Extrait. En cours d'écriture. A paraître chez Phébus en 2017.
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2753
« Vous n'allez pas faire ça ? » dit-il, horrifié, mais le scénariste ne se donna pas la peine de répondre, il frappa sur son clavier et écrivit une histoire de jumelles amnésiques tenancières de bordel nazi, car il n'avait aucun scrupule. « Et peut-être même qu'il y aura des ninjas » fit-il, impitoyable, avant d'être secoué d'un énorme rire démoniaque.
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2752
Donc, pas de publication majeure cette année. La Grande Sauvage sortira en 2017, Minotaure sera créé au Théâtre de Roanne dans un premier temps, en 2017 également, et Voir Grandir, ce récital de textes mis en chansons par Jérôme Bodon-Clair, ne sera produit qu'en 2017, lui aussi. Du coup, ce sera exagérément chargé. C'est dommage, j'aurais aimé qu'au moins un de ces axes de création trouve un aboutissement cette année, puisque de mon côté, tout est écrit. C'est ainsi ; on ne décide pas tout.
En attendant, côté publication, ce sera très calme disais-je ; il y aura tout de même un joli recueil sur l'utopie, édité par les excellents Moutons électriques. J'en reparlerai avant sa sortie.
C'est surtout grâce aux rencontres consécutives au coup de cœur Lettres-frontière pour l'Affaire des Vivants, que mon emploi du temps va se remplir. Je serai :
le 26 janvier à la Médiathèque de Genève-Minoteries,
le 4 février à la Médiathèque d'Annemasse,
le 3 mars à la Médiathèque de Saint-Cergues,
Les 12 et 13 mars pour un salon du livre à Villefranche-sur-Saône,
le 18 mars à la Médiathèque d'Allonzier-la-Caille,
(et/ou normalement : au Salon du Livre de Paris sur le stand des Indés de l'imaginaire)
le 24 mars, à la Médiathèque de La Part-Dieu (Lyon), pour évoquer avec Aurélien Delsaux notre travail sur les romans en cours. Nous sommes tous deux bénéficiaires de bourses d'écriture de la DRAC et c’est à ce titre que nous nous exprimerons. Débat organisé par l'ARALD et animé par Danielle Maurel (qu'on aime),
le 1er avril (oui) à la Médiathèque d'Arenthon,
les 7/8 et 14/15 avril, je serai à Paris par procuration, sur la scène du Théâtre du Point-du-Jour, pour une série de représentations de Pasiphaé,
le 9 avril, à la Médiathèque de Mégevette,
le 30 avril, à la Médiathèque de Thonon,
le 19 mai, à la Médiathèque de Saint-Etienne (je ne sais plus laquelle, je préciserai en temps utile),
le 27 mai, à la Médiathèque des Houches,
les 3 et 4 juin, pour la traditionnelle carte blanche organisée par la Médiathèque de Gilly-sur-Isère. J'aurai le plaisir et l'honneur de recevoir et de présenter Christian Degoutte et Emmanuel Merle, des auteurs qui, des auteurs que... pour qui il faudra que je trouve les mots, voilà,
le 11 juin, à la Médiathèque de Saint-Haon-le-Châtel, pour une petite « causerie » autour de 10 œuvres choisies dans le domaine des arts plastiques.
C'est tout pour l'instant.Lien permanent Catégories : actu, Ecrire, Livres, rencontres avec des gens biens, Travaux en cours 4 commentaires -
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M. Loiseau honorait sa femme quotidiennement, mais ses transports étaient excessivement brefs. Quand Mme Loiseau s'en plaignit, son mari lui expliqua que c'était une méthode sûre pour obtenir un fils. Il prévoyait d'ailleurs de l'appeler Sonny. Car c'est petit à petit, que Loiseau fait Sonny.