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kronix - Page 59

  • Les Nefs de Pangée - Nouvelle critique

    J'adore celle-ci. Je ne connaissais pas "L'ours Inculte", mais le ton, les illustrations et l'à-propos de la critique sont un régal.

    "Une des particularités de ce roman est son échelle, au niveau du temps comme de la géographie. Il se déroule sur des dizaines d’années et s’étend sur des milliers de kilomètres et pourtant on ne sent jamais que l’intrigue s’éparpille, tout est cohérent, tout se tient et on ne perd jamais le fil"

  • 2689

    Tu n'es pas dans ma maison, tu n'es pas dans ma rue, tu n'es pas dans mes champs, tu n'es pas dans mon atelier, tu n'es pas dans mon livre, tu n'es pas sur les berges de mon fleuve, tu n'es pas dans mon ciel, tu n'es pas dans mon jour ni dans ma nuit. Ma vie est trouée de ton absence. Je t'ai laissé derrière le mur. Je refuse de t'entendre gémir, je refuse d'entendre parler de toi, je refuse de trouver le goût de ta plainte dans le fruit que je mange, je refuse de voir ton visage dans mon miroir, je refuse de connaître ta souffrance et ta mort. Je sais qu'un jour tu rempliras ma rue, mon ciel et les berges de mon fleuve. Je sais qu'un jour ton visage effacera le mien dans le miroir. Mais en attendant, je mange le fruit creusé de ton absence.

     

    Extrait de Minotaure. Pièce en cours d'écriture.

  • 2688

    Le sage regarde son doigt, la lune lui demande s'il a vu le fou, le sage dit que oui, qu'il est au bout de son doigt. Sur ces paroles énigmatiques, la lune s'éclipse.

     

    (et puis, d'accord, j'arrête cette série, ça devient vraiment trop débile)

  • 2686

    Le sage montre la lune, l'autre sage dit : « oui, et alors ? »

    Le fou montre son doigt, le sage regarde la lune et dit : « Il va faire froid, demain »

    Le sage montre la lune, le fou regarde la lune, et le sage en profite pour lui piquer son porte-monnaie.

  • Rencontre

    M_Vuillermet.jpgC'est demain, à la bibliothèque de Fleury-la-Montagne.

    Maryse Vuillermet évoquera bien sûr "Pars! travaille!" (dont Kronix parlait ici), son dernier livre paru à la Rumeur Libre, mais aussi ses opus précédents, de ses racines, de ce milieu modeste qui l'a construite et lui impose, livre après livre, de relayer la parole des humbles.

     

    Venez nombreux, je vous garantis que ce sera très bien.

  • 2685

    Le sage montre la croquette, le chat regarde le doigt.

  • 2684

    74_1_w1000h600.jpgMartin adore le vertige que lui procure ce dessin. C'est un prodige qu'il ne parvient pas à s'expliquer. Comment, sur cette feuille de papier, sur cette surface plane qui tient entre ces bras ouverts, l'Architecte a-t-il pu rendre la sensation de l'immensité ? Et chaque dessin de l'Architecte procure le même effet. Depuis trois mois qu'il vit ici avec Marianne, et surtout depuis les deux dernières semaines, depuis que l'Architecte est parti en leur laissant la jouissance et la surveillance de son logis, Martin profite de ses longues heures d'oisiveté, pour entrer dans le bureau aussi discrètement que si le maître était présent, sortir délicatement un dessin du meuble de classement, et le contempler longuement, avec concentration, à s'y perdre.

     

    Extrait de "La Grande Sauvage". Ecriture en cours.

    Image : projet pour la bibliothèque royale, rue de Richelieu. E-L Boullée, 1785.

  • 2683

    etienne-louis-boulc3a9e-1784-cc3a9notaphe-de-newton.jpgÀ son grand étonnement, le dessin immobile se met à raconter l'histoire de ces visiteurs, la majesté du monument amorce une fable, quelque chose d'aussi vaste que les légendes du Christ qu'on lui enseignait naguère. Quelque chose qui le dépasse, comme le dépassent les dimensions de la sphère, son globe qui se dresse comme une lune descendue sur la terre, immense, qui développe ses courbes loin au dessus des minuscules créatures à ses pieds. Comment ces fourmis pourraient-elles faire plus que rêver pareil délire ?

     

    Extrait de "La Grande Sauvage". Roman en cours d'écriture.

    Image : Le cénotaphe de Newton, par Etienne-Louis Boullée (1728-1799).

  • 2682

    Un ami homo me confie son journal inédit. Grand honneur. L'une des années se conclut avec une scène affreuse où une voisine lui défend de seulement regarder ses enfants, en le traitant avec rage de pédé, faisant la confusion que les imbéciles font classiquement entre cette orientation sexuelle et une perversion, la pédophilie. Mon ami, bouleversé, met des mois à s'en remettre (la lente réparation de cette blessure se lit au fil de son journal). Lisant cela, je réalise que c'est une expérience pratiquement intransmissible, je n'ai pas d'équivalent pour juger de son traumatisme. On n'a jamais cherché à me faire du mal de cette façon. La pire insulte que je crois avoir reçue a été « philosophe », par le plumitif de l'hebdo local, qui voyait dans ce qualificatif le sommet de la veulerie bien-pensante. Ça m'a surpris, ça m'a fait rire, mais je dois avouer que ça ne m'a pas blessé. Ou alors, si légèrement...

  • 2681

    Souvenir...

     

    Atrée : « Décidément ! Quatre cartes ! Quand tu fais un nombre supérieur à cinq tu multiplies ton chiffre par deux si c'est un nombre impair, par deux et demi s'il est pair, sauf si ton adversaire précédent a posé un sept de contre sur la case de Guignol : là tu retires le nombre de cartes données par les dés moins une. Moins une encore, puisque tu joues pour la première fois. Quatre ! Pas compliqué. »

     

    Extrait de Le Rire du Limule. Création (2012?)

  • 2680

    On le sait, la démocratie désigne le commandement (kratein) par le peuple (dêmos), inspiré du fonctionnement politique de l'antique Athènes. Une démocratie toute relative puisqu'alors ne pouvaient voter que ceux qui subvenaient à leurs besoins. Esclaves, pauvres et femmes étaient exclus du système. C'était il y a 2500 ans. Souvenons-nous que l'abolition de l'esclavage date en France de 1794 et le droit de vote pour les femmes de 1944, et rappelons que Tocqueville, de voyage an Amérique, s'offusquait de cette démocratie américaine tellement libérale qu'elle admettait qu'un vulgaire trappeur soit élu sénateur (il s'agissait de Davy Crockett).
    La tentation persiste de se croire mieux instruit qu'un autre de la complexité du monde et par là, de penser que son vote est plus légitime que celui d'un autre. La démocratie est d'abord affaire d'humilité.

  • 2679

    Après le retrait des missiles nucléaires à Cuba, l'écrivain Pol Mathil échange avec Che Guevara.

    Le Che : En acceptant le démontage des bases et des fusées, les Russes ont commis une erreur historique.
    Pol Mathil : Et toi, qu'aurais-tu fait à leur place ?
    Le Che : Si les fusées avaient été entre mes mains, elles auraient été tirées et auraient atteint la cible vers laquelle elles ont été orientées. C'est pour cela qu'elles ont été installées ici.
    Pol Mathil : Pourtant, si vous les aviez tirées, la riposte américaine aurait été immédiate et terrible. Cuba aurait été engloutie sous l'océan.
    Le Che : Peut-être. Tel aurait pu être le cours des événements. Mais le but aurait été atteint et l'impérialisme yankee nous aurait accompagnés au fond de l'océan.

    (Extrait traduit de L'intrus. 2007. Pol Mathil)

  • 2678

    Elle nous parlait, nous souriait. N'était plus exactement de notre monde, approchait l'autre. Et le savait. Elle l'a rejoint et nous devons mesurer la distance qui nous séparait d'elle, tandis que nous étions en sa présence.  

  • 2677

    Le grillon commence modestement. La taupe prolonge. Le blaireau profite de l'aubaine. L'ours élargit. La pelleteuse amplifie. Le tunnelier s'engouffre. Les portes se referment. Le migrant cherche un autre grillon.

  • 2676

    Il fulmine, les mots lui viennent aisément, sa parole est fluide et le propos logique, il lui semble de plus en plus évident qu'il a raison. Mais en réalité, il confond sa colère avec de la lucidité.

  • 2675

    Le conférencier inculte vient à bout de son exposé. La salle murmure ; ce brouhaha qui signifie « y'a quoi dans le frigo, en rentrant ? » Un journaliste incompétent pose une question affligeante. Le conférencier répond en souriant tandis que l'assemblée écoute. Tout va bien. Personne ne s'étonne de rien. 

  • 2674

    Descends de cette échelle, laisse ce chat tranquille, pose-moi ce couteau, ne saute pas par la fenêtre... Ah, toutes ces prudences parentales qui ont tué dans l'œuf les vocations de pompier, vétérinaire, chirurgien ou astronaute...

  • Les Nefs de Pangée - Dédicaces

    Je serai demain de 10 h à 18 h, sur le stand des éditions Mnémos, aux Intergalactiques, à Lyon. C'est à la MJC MONPLAISIR, 25 Avenue des Frères Lumière dans le 8e.

    J'y serai en bonne compagnie. (Attention : contrairement à ce que dit le programme, on ne m'y verra pas aujourd'hui, samedi.)

    Venez me voir...

     

  • 2672

    Ce n'est pas une posture : je suis convaincu que le type qui sait construire une maison de ses mains est plus utile qu'un type qui sait écrire un roman. Après, on peut discuter sur la qualité, et de la maison, et du roman. Ce doit être là que ça se joue. Mais sur le principe...

  • 2671

    On lit la phrase, on la lit jusqu'au bout, sans en perdre une virgule et, à la fin, là, quand l'œil bute contre le point final, on s'aperçoit qu'elle ne disait rien, la phrase, et qu'on a perdu du temps et de l'énergie, encore une fois. Et alors, on se prend à lire la phrase suivante, avec mauvaise humeur, en se disant Kronix, plus jamais, mais rien à faire, on réalise qu'on a bel et bien suivi le mouvement jusqu'au nouveau point final. C'est infernal, tiens, encore une phrase, il ne s'arrêtera donc jamais, mais cette fois-ci, juré, c'est la dernière, on ne peut pas se fiche du monde plus longtemps, et heureusement, l'auteur prend pitié (il en a un peu marre, aussi, tout cela ne l'amuse que moyennement, n'allez pas croire), et termine comme ça.

     

    (on sent la fatigue, aujourd'hui...)