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  • 3291

    Savoir quelle planète nous laisserons à nos enfants est un enjeu crucial. Que cela ne nous retienne pas, surtout, de nous inquiéter de savoir à quels enfants nous laisserons notre planète. Car la question me paraît de plus en plus légitime...

  • Conte horrifique

    Depuis quand s'agitait-il ainsi, dans son sommeil ? En tout cas, son mari à présent rugissait, râlait, se tordait, se tournait et retournait. Il ne se passait plus une nuit sans qu'il fût la proie de cauchemars terribles. Impressionnée, elle avait longtemps hésité à le réveiller. Et puis, une nuit, comme il semblait s'étouffer et battait l'air de gestes saccadés, elle le prit à l'épaule et le secoua en l'appelant. Il eut un sursaut formidable et, ouvrant les yeux, se mit à hurler : « Demain ! » puis il s'effondra et s'endormit paisiblement.
    Le lendemain, en ouvrant les volets, elle découvrit sur l'horizon une vibration lumineuse qui enflait, dont l'éclat augmentait en même temps que le volume, et derrière laquelle le paysage disparaissait, comme avalé. L'éclat devint insoutenable. Elle se tourna vers son mari. Il était réveillé, les yeux écarquillés, bouche bée, il regardait la lumière envahir la chambre. Puis il baissa le regard, inclina la nuque dans un geste d'acceptation.

  • 3289

    La dame, jupe droite bleu marine, barrette dans les cheveux, cherche un livre, ne parvient pas à se décider.

    La libraire : "Tenez, il y a Le lièvre de Patagonie, de Lanzmann"

    La dame : "Trop juif."

    A part ça, tout va bien. Je vous souhaite une bonne journée.

  • 3288

    Vous voyez cette masse oblique qui avance dans le ciel ? Non ? Alors, c'est que l'orage ne vient que pour nous deux.

  • 3287

    Sans dopage, un bond spectaculaire par dessus la barrière. L'accélération du taureau derrière l'athlète avait-elle été déterminante ?

  • Conte horrifique

    Nous, nous étions accoutumés à leurs silhouettes sombres aux contours incertains, mais nos invités hurlaient de peur quand ils voyaient les Autres s'accroupir silencieusement sur la table, dans le salon, sur un meuble, puis, avec une lenteur qui leur était propre, s'allonger démesurément pour s'élargir en taches contre le plafond ou sur le plancher avant de disparaître. Rares étaient les amis qui, comme nous, continuaient imperturbablement à grignoter leurs cacahuètes en évoquant leur journée de travail.

  • 3285

    Imaginez ce moment, quand Cheng découvrit que son frère siamois venait de mourir, et comprit qu'il n'avait maintenant que quelques minutes à vivre.

  • 3284

    J'en viens à considérer l'éventail des pensées et conceptions politiques, leur grande variété et leurs divers antagonismes ou symbioses, sous l'angle d'une écologie des opinions. Comme les espèces, qu'elles nous dérangent ou nous réconfortent, nuisibles, domestiques ou sauvages, chacune a sa place, chacune a son utilité. Idée qui a pour effet surtout d'atténuer mes colères et mes révoltes (me rendre mou, diront certains. Probable. Ou tolérant ?)

    Addendum : ce qui implique qu'il y aurait un équilibre écologique des opinions politiques. Éradiquer une pensée, la rendre débile au point qu'elle soit négligeable, serait créer un déséquilibre, comme d'ailleurs, faire d'une opinion la seule qui vaille au détriment de toutes les autres. Je vous livre ça comme ça, à l'épreuve de votre sagacité.

  • 3283

    “Parce que les seuls gens qui m'intéressent sont les fous furieux, les furieux de la vie, les furieux du verbe, qui veulent tout à la fois.” ― Jack Kerouac. Mais alors, les sages et les doux, les tranquilles et les paisibles ? Quel dommage de ne pas se pencher sur eux. Quelle limitation du regard ! Quelle mutilation ! Et que ce serait fatiguant de ne côtoyer que les fous furieux. Jeter ainsi à l'abîme de l'indifférence l'essentiel de l'humanité me semble une posture, et cela m'agace. Surtout, l'agacement vient de ce que ceux qui se réclament de cette philosophie, se voient d'emblée du côté des fous furieux cités plus haut. Laissez-moi rire.
    Cela dit, lisez Kerouac, c'est bien, tout de même.

  • 3282

    Quand on marchait dans les prés, les sauterelles faisaient des vagues crépitantes devant nos pas. Le jardin se colorait de papillons, les hirondelles s'alignaient en nombre sur les fils électriques et il y avait des écrevisses dans les rivières. Comme le dit E. G. Robinson dans Soleil vert, en pleurant soudain parce qu'il vient de se repaître d'une tranche de pomme et d'un morceau de viande, mets exceptionnels qu'il n'a pas vus depuis des années : « Comment en est-on arrivé là ? » Ben voilà. Nous y sommes.

  • 3281

    Après Viviane Perret et Alexis Jenni (excusez du peu), c'est à mon tour d'évoquer un document issu des sections patrimoniales de nos bibliothèques, à la demande des promoteurs du site Lectura+ et pour leurs "Flashbacks du patrimoine". Le texte s'appelle "La messe d'or", il est inspiré par un livre du XVIe siècle, intitulé "Le Balet comique de la Royne". Il est lu magnifiquement (j'ai beaucoup de chance) par Ghislaine Drahi. C'est un peu long (presque un quart d'heure, le texte le plus long pour l'instant, de la sélection), j'espère que vous prendrez le temps de l'écouter.

  • 3280

    Les experts étaient formels : l'ambulance qui avait traversé le hall des urgences en emportant la plupart des malades installés dans le couloir avec leur famille, avait été projetée là par une voiture de pompiers qui l'avait percutée en essayant d'éviter un homme en fauteuil roulant, descendu vivement et sans prévenir d'un véhicule aménagé (de ce fait, les pompiers ne purent arriver à temps pour sauver les habitants d'un immeuble en flammes). Le handicapé avait expliqué qu'il voulait certes se suicider, mais certainement pas causer une telle catastrophe. Cela dit, le nombre de ses victimes indirectes était remarquable et se retrouver en bonne place dans le livre des records de l'année lui avait offert une célébrité dans laquelle il puisait sans fin un nouveau goût de vivre.

  • 3279

    Je commençais à me dire que le foot c'était pas si mal, quand on m'annonça que je regardais un concours de nage synchronisée.

  • 3278

    Sur le site Lectura +, la série "les Flashbacks du patrimoine" se poursuit avec un texte superbe d'Alexis Jenni. C'est la deuxième de l'édition 2017, commencée avec une "lettre" de Viviane Perret, inspirée de History of the indian tribes of North America de Thomas Mc Kenney. Ici, Jenni s'émerveille avec nous d'un panorama photographique de la ville de Lyon, issu des collections de la bibliothèque municipale. Treize clichés réalisés un jour de grande chaleur de 1869 par un certain Jean-François Armbruster (1832-1912). L'auteur détaille cette préfiguration des vues inquisitoires de Google Street et en raconte la genèse. Son texte est porté par la voix de l'acteur Romain Christopher Blanchard.

     

    A suivre.

  • 3277

    Le rapport "léger" à l'amitié, tel qu'on le décrit pour Facebook, ne date pas d'aujourd'hui :

    "Cléon appelle Damis son ami : c'est un homme dont il a fait connaissance il y a vingt-quatre heures ; aussi quelqu'un disait : j'ai fait cette année 364 amis ; il était au 31 décembre."

    C'est signé Louis-Sébastien Mercier, et ça date de 1781.

  • 3276

    Ils s'étaient promis de se retrouver dans dix ans mais, tous devenus clodos, ils avaient finalement renoncé.

  • 3275

    Ils se croisent dans la rue. Elle, regard cloîtré par le niqab ; lui, vision étriquée par des œillères.

  • 3274

    Opéra de Bordeaux, Romé et Juliette, ProkofievUn ballet, classique : Roméo et Juliette de Prokofiev. C'était il y a quelques jours à l'opéra de Bordeaux. Une superbe idée de ma fille et de son compagnon. Merci les enfants. Pour moi, la danse est incarnée par Maguy Marin, Karine Saporta, Merce Cunningham, Pina Bausch, Carolyn Carlson, Angelin Preljocaj… les rénovateurs d'un art qui s'est élevé, dans les années 80 notamment, à une puissance et une pertinence qui en faisait, pour le jeune spectateur que j'étais, une forme évidente et magistrale, un art en avance sur les autres (si cette expression a un sens). Je veux dire que la danse contemporaine me semblait participer, plus que les autres formes artistiques, à la société dans laquelle j'étais. Comparativement, le ballet classique, tutus et chaussons, m'a toujours paru d'une ringardise insupportable. Même les Roland Petit ou Maurice Béjard, par ailleurs portés aux nues de la création, me semblaient rejetés dans la poussière des vestiges, au regard des créateurs cités plus haut. Il me semblait que les Ballets russes et Le Sacre du printemps avaient fait un sort définitif à tout ce fatras d'agitations codifiées, depuis belle lurette. La version classique, scrupuleusement reprise, de Roméo et Juliette, a nuancé mon jugement. Passées les premières minutes où le spectateur doit admettre qu'un jeune et fougueux hétérosexuel de Vérone peut être cet éphèbe maniéré sautillant en collant bleu dans les rues, petit à petit un certain crédit s'installe, la beauté de certaines scènes vous saisit, les amours et les drames se nouent et, fichtre, on a la gorge serrée bien des fois. Les duos des deux principaux protagonistes sont stupéfiants de beauté. Les codes traditionnels se mettent à fonctionner, tout est de plus en plus lisible et de moins en moins risible. Remarquons tout de même que la musique de Prokofiev a nettement moins vieilli que la chorégraphie et que c'est peut-être elle, finalement, qui emporte et refouille l'âme éternellement. Mais bien malin celui qui saurait distinguer ce qui, dans la perfection des performances intriquées de l'orchestre et du ballet, fait advenir l'émotion.

    (Photo Maximilien S.)

  • 3273

    Œil pour œil, deux borgnes.


    Qui vole un œuf récolte la tempête


    Les grandes douleurs ne font pas le moine


    Qui ne risque rien rira le dernier


    Un homme averti ne fait pas le printemps

  • 3272

    Il ne vous aura pas échappé que, contrairement à la hutte primitive ou à la grotte, la maison d'habitation toute en lignes droites, est absolument contraire aux formes de l'homme. Ne cherchez pas plus loin la source de notre mal de vivre.