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kronix - Page 102

  • Chérie, ça va trancher.

    On a pas mal de problèmes avec cet étranger que nous hébergeons depuis quelques jours. Hier soir, il s'attarde dans mon bureau. Il montre l'écran avec un air interrogatif. Je lui dis « écran » ; il répète : « écrrran », je le félicite. Il prend le téléphone, il me dit « téléphône », je dis bravo c’est bien. Il saisit un coupe-papier, je lui dis « coupe-papier » et là, il se plante la lame dans le pied de toutes ses forces et il se met à hurler : « Si, si : coupe pieds, coupe bien pieds ! ». On a vraiment des problèmes.

     

    (Je n'accepterai aucune protestation contre les blagues débiles. Vous êtes assez grands pour savoir ce que vous faites en fréquentant ce blog de plus en plus dilettante et imprécis).

  • Au suivant

    Le roman que je viens de terminer ne trouvera probablement pas sa voie avant longtemps. Fini un mois avant l'échéance que je m'étais fixée, il est destiné pour l'instant au tiroir et à au repos. Une relecture vers la fin de l'année me dira ce que je peux en faire, grâce au recul que le temps permet de prendre avec un texte. Là, je saurai si je le réécris, si je le réorganise, si je l'enrichis, si je le réduis encore ou si, finalement, il doit retourner dans sa boîte pour ne plus jamais en sortir. L'exemple de « L'Affaire des vivants » que vous pourrez lire, si tout se passe bien, l'an prochain chez un grand éditeur, me conforte dans l'idée qu'un manuscrit, quel qu'il soit, doit être laissé en jachère, remisé le temps de vivre un peu avec seulement son souvenir. C'est une période intéressante parce que vous n'êtes plus dans l'acharnement de l'écrit, vous tournez avec légèreté autour des personnages que vous avez créés, vous flânez parmi les situations et les décors, sans enjeu, sans impatience. C'est un temps de grâce où le livre continue de pousser sans qu'on se soucie de lui, par bribes, par notes, par petites pensées inspirées mises de côté en attendant (et parfois par grandes révélations : « Bon sang, mais oui ! »). Pour ce dernier roman, dès la première lecture de la sortie imprimante (passage obligé pour moi, après des mois d'écriture sur écran), déjà se sont imposées des idées qui pourraient approfondir certains thèmes abordés, leur donner plus de corps ; et des coupes à effectuer. Paradoxalement, après avoir lu cette première version avec un certain mépris, une sorte de lassitude, je devine le roman qui pourrait advenir, et qui serait, lui, acceptable. Laissons faire, laissons le temps patiner ces pages, et nous verrons comment tout cela résiste.
    En attendant, comme vous êtes un peu habitués si vous me fréquentez, j'enchaîne avec un nouveau livre. Ce ne sera pas un roman, enfin pas tout à fait, ce sera un texte hybride. Celui-là devrait être terminé en  mai 2014. Et j'ai un beau titre. Un très beau titre. Ça nous fait une page. Ehé.

  • Chaque chose en son temps

    Deux chatons exécutent leurs pirouettes insensées dans le bureau. Alors écrire...

  • Remboursez !

    Soit une taupe capturée. Soit un zoo spécialisé dans les taupes. Soient des visiteurs scrutant désespérément les surfaces de gazon dans l'espoir de voir surgir un des spécimens. Soit un directeur de zoo condamné pour escroquerie. Égal : une taupe qui se marre.

  • True story

    Les acteurs jouaient très naturellement la scène du pique-nique. Vraiment, c'était remarquable. Sans doute, le soin que le metteur en scène avait mis à disposer de véritables victuailles sur la nappe contribuait à l'authenticité du jeu. La scène s'éternisa, on eut la surprise de ne plus parvenir à entendre ce que se disaient les protagonistes, qui enchaînaient les verres de rouge en rigolant. Enfin, les spectateurs durent bien se rendre à l'évidence : les comédiens repus et avinés les avaient complètement oubliés.

     

    (d'après une histoire vraie relatée par Stephen Pile dans son excellent et hilarant "Livre des bides")

  • B. A. T.*

    Pas de billet aujourd'hui. Travail de relecture finale sur le manuscrit de Mausolées.

    L'occasion de réaliser que telle scène, très spectaculaire, lue des centaines de fois depuis sa fabrication, pourrait très bien disparaître, sans nuire au récit. Il est juste trop tard à présent. Pourquoi ne voit-on certaines choses qu'à ces moments critiques où tout retour en arrière n'est plus envisageable ? Cela dit, ma douce me rassure : c'est une scène superbe. Et puis je crois qu'elle intervient pour réveiller l'intérêt du lecteur à un moment un peu plus paisible du roman.

    Ah oui, il faut que je vous dise : Mausolées sortira chez Mnemos le 17 octobre. J'en parlerai peu sur Kronix, sinon pour expliquer quel rapport ambigu j'entretiens avec ce roman. Plus que jamais, ce seront les lecteurs qui décideront ce que je dois en penser.

     

    Et finalement, c'était un billet, ça.

     

    *BAT : Bon à tirer, dernière étape d'un livre, formule du métier de l'imprimerie, document que l'on signe pour autoriser le tirage. Rien à voir avec une allusion machiste quelconque, comme une folle a cru pouvoir le faire via ce blog.

  • Cartoon

    Il se débat comme un beau diable et finit par assommer le frelon qui le harcelait. Il essaye ensuite de l'écraser violemment avec le pied. Et il marche sur une vipère.

  • Déjà paru 10

    Ne négocions pas avec les chats ! Obéissons-leur sans discuter, nous gagnerons du temps et de l'énergie.

  • Déjà paru 9

    Nous ne sommes à ce point grégaires, que parce qu'il est vital d'avoir tout près quelqu'un, disposé à nous gratter le dos.

  • Compte à rebours

    C'était une belle journée, hein ? T'as aimé, c'était bien ? Ehé oui, une belle journée... Mais une de moins. 24 heures à déduire de ton compte, mon petit gars. Et tu sais, t'as déjà commencé le décompte de la suivante. Profite, profite...

  • Terraformation

    On prolonge le monde et l'humanité telle qu'elle se découvre aujourd'hui : assez puissante pour transformer le monde. On pousse les curseurs de l'artifice au bout. Que voit-on ? Une sorte de terraformation négative. La planète n'est peut-être pas une forme aboutie et acceptable en l'état. On peut en finir avec toute la vie, hors les bactéries décidément trop résistantes. Ne garder que nous, entre nous, supportables à condition d'être rares. Une aristocratie de survivants. Sauf qu'on va s'emmerder, mais s'emmerder !

  • Yoyo

    On déplore qu'Hillary, vainqueur de l'Everest, ait si peu rendu hommage à ses compagnons, aussi méritants que lui. Certes, mais il faut se souvenir que le sherpa Tersing avait malicieusement remplacé le drapeau néo-zélandais par celui du Tibet et que, furieux, Hillary a été obligé de descendre pour remonter avec sa bannière, sous les regards hilares et peu charitables des autochtones.

  • Déjà paru 8

    Aujourd'hui amusons-nous à sourire à toutes les personnes que nous croisons, et essayons de ne pas nous faire tabasser par la police, pour provocation

  • Déjà paru 7

    Sur le calendrier, des jours biffés, des semaines barrées, grillagées de feutre. Rendez-vous effectués, anniversaires fêtés, voyages dont nous sommes revenus. Des souvenirs enfoncés sous les ratures, comme des vestiges sous les pelletées de terre. Et puis, là-bas, dans la prochaine colonne, les espaces surlignés de bleu ou d'orange, les vacances à venir, les gens à rencontrer, les fêtes, les repas, les cinoches, les dédicaces des copains, les petits bonheurs en prévision.

  • Phrases de schiste

    Sous ces fortes chaleurs, les taupes s'enfoncent instinctivement dans la terre. De plus en plus profondément. Ce faisant, elles tracent la voie aux futurs forages de gaz de schiste, inconscientes complices d'un drame écologique majeur. Parfois, la nature joue contre elle-même.

    Et je n'imaginais pas sortir une vanne pareille quand j'ai commencé cette phrase. Sous ces fortes chaleurs, le blogueur s'enfonce instinctivement. De plus en plus profondément.

  • Lectures

    Puisque c'est l'été. Les après-midis sont consacrés à la lecture. Enfin. Ce qui donne :

    Les trois volumes de carnets de Simenon : Quand j'étais vieux. Indispensable. Je découvre l'homme après l'écrivain. Et je me réjouis de constater qu'il est à la hauteur. Que c'est un type que j'aime.

    Lydia Jorge : La couverture du soldat. Du mal à entrer dans le roman de cette auteure lusitanienne (vous me connaissez, dès que je suspecte le gnangnan, la soupe épicée pour dames, le schéma convenu : destin d'une fillette devenue femme, lourd passé familial tagada, je m'irrite) mais très vite le charme de l'écriture arrache l'adhésion, les personnages sont de toute beauté, notamment celui de l'héroïne. Dispensable, contrairement au Simenon, mais vraiment très bien.

    La maison du retour, de Jean-Paul Kaufmann. Presque un journal du regain, quand l'ex otage qui ne peut être que cela aux yeux des autres (il rentre juste de ses années de séquestration), décide de s'installer avec sa famille dans une maison isolée des landes, dont on dit qu'elle abrita un lupanar pour officiers allemands. Tendresse, étonnements, descriptions saisissantes, un peu trop de moraline. Je crois que le journaliste n'était pas encore un écrivain à cette époque-là. Il semble que ses derniers récits de voyage sont plus pertinents et forts.

    De la dernière sélection Lettres frontière :


    Fée d'hiver, d'André Bucher. La découverte d'une maison d'édition, Le mot et le reste, dont la collection Attitudes tourne autour du « nature writing », expression que j'ignorais mais qu'on peut comprendre comme une littérature imprégnée du sentiment de la nature. C'est le cas de ce beau récit où les personnages (Daniel, Richard, Alice, Louis, Pierre et Robert) et qui constituent un microcosme déjà assez perturbé, vont s'allier, se révéler ou s'affronter quand survient un beau bûcheron venu de Serbie. Images poétiques et fortes, et descriptions émouvantes et sensuelles de la nature. A chaque page, j'avais envie de souligner un passage, une expression. L'auteur est  né en 1946, vit depuis trente ans dans la Drôme sauvage qui sert de cadre à l'histoire. Je suis sûr qu'il décrit les saisons et les ciels depuis sa fenêtre. Je devine même que certains paysages ont déterminé des scènes, venues dans l'élan d'un coup de vent, d'une migration d'oiseaux. Grands espaces, caractères forts, il y a du western là-dedans. On craint la tragédie, elle approche dangereusement, mais pour une fois, nom de nom, dans ce monde de brutes, c'est l'amour qui l'emporte. Roman écrit par l'un des pionniers de l'agriculture bio, ce qui me le rend immédiatement sympathique. Ma seule réserve concerne la maquette de ce livre, désastreuse. La typo est absurdement petite, peut-être pour des raisons de coût, une réduction du nombre de pages, faire tenir 300 pages dans la moitié. Ou alors, c’est un souci écologique, dans ce cas je m'incline. Mais merde, on souffre. Allez lire ça dans le car, vous.

    Dans ma tête, je m'appelle Alice. Portrait de femme. De gamine et de femme. D'auteure qui raconte surtout une autre femme : sa mère. Récit poétique à la première personne. Sauf que c'est un homme qui donne sa voix à la narratrice. En tant qu'homme, je trouve ça très bien fait. En réalité, pour avoir fait l'exercice maintes fois, je peux jurer qu'il n'est pas difficile d'écrire les sentiments d'une femme. Et quoi : on est tous fait de la même chair et traversé des mêmes sentiments. Donc, pas d'exploit, mais une vibration juste, un beau portrait en creux. En creux parce que, sous les yeux de la narratrice, et même si on croise un frère, un père, des petits copains, c’est surtout de la mère dont il s'agit. La fille observe la Reine surgir. La Reine, c’est le surnom de la mère terrible, honteuse, de la mère alcoolique. La Reine qui va bousiller la famille, démolir la vie, mais aussi la construire, que voulez-vous, on est fait de cela aussi, pas le choix. C'est un premier roman, oui mesdames, d'un petit gars de 25 ans. C'est parfois plus précieux que vivant, mais c'est toujours fichtrement bien écrit. Entre les chapitres, des parenthèses rapides, foisonnantes, criblées de noms qui font écho dans la mémoire. On comprend vite, on est en terrain connu. La seconde vie de la narratrice, c'est la lecture. Dans ces courts impromptus, les références se télescopent, s'enchaînent dans un sabbat de héros et de phrases. Refuge, monde dans le monde, de quoi permettre à la fille de se blottir quand la Reine monte sur son trône. C’est un livre fort, élégant, habile. De Julien Dufresne-Lamy. 25 ans, je disais. Il y en a qui exagèrent.

  • Déjà paru 6

    Si j'en suis arrivé là où j'en suis aujourd'hui, c'est grâce à toi, dit-il à sa femme. Elle considéra autour d'eux la vieille caravane et le terrain vague où ils habitaient et se demanda s'il n'y avait pas dans les propos de son mari un reproche voilé.

  • Déjà paru 5

    Au pied de l'escabeau où elle était grimpée, l'homme était selon elle, en très bonne position pour regarder sous ses jupes. Et même, elle avait remarqué le léger déplacement de son collègue pour mieux voir. Amusée, elle ne protesta pas. Mais elle se trompait : l'homme s'était un peu décalé de façon à ne pas risquer de voir. C'est ce mouvement qu'elle avait perçu et mal interprété. Dans la journée et dans les jours qui suivirent, ils ne pouvaient s'empêcher d'échanger un sourire complice quand ils se croisaient. Lui, persuadé qu'elle lui savait gré de son tact ; elle, délicieusement troublée par l'idée qu'elle avait pu, sans s'humilier, montrer son entrejambe à un homme qui désormais, vivrait dans le feu de la tentation.

  • Déjà paru 4

    Le machisme doit commencer quand on laisse sa douce repeindre une fenêtre pendant qu'on écrit, et qu'elle-même vous y encourage. Le machisme n'existerait pas sans l'amour des femmes.

  • Déjà paru 3

    Il est petit, frêle, bête, méchant. mais personne ne cherche querelle au cornac.