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kronix - Page 41

  • 3050

    Il y a peu, j'interpellais mes contacts via ma messagerie électronique pour signer une pétition, chose rare. Il s'agissait de sauver (le terme n'est pas usurpé, je crois, au vu des circonstances), une famille géorgienne, accueillie par une amie, dans notre région. Le père journaliste était la cible d'agressions dans son pays, sa femme avait été licenciée, ses enfants ont été menacés et pas seulement : son fils a fait l'objet d'une tentative d'enlèvement. Pourquoi cet acharnement ? Kahaber Kotchalamazashvili a eu simplement le tort de couvrir une manifestation pour les droits LGBT (Lesbiennes, Gay, Bi et Trans) dans son pays, à Tbilissi, en 2013. On peut supposer (je n'ai pas de traduction de son article) qu'il n'a pas méprisé ces droits, qu'il n'a pas craché sur leurs représentants. Cette attitude lui a donc valu les "problèmes" décrits plus haut.

    Le droit d'asile semble donc assez légitime. La liberté d'expression, l'intégrité des personnes faisant partie de nos valeurs, des principes que notre chère démocratie entend défendre coûte que coûte. L'esprit Charlie, quoi (vous vous souvenez ? Ah mais c'est tellement vieux !).

    La pétition, lancée fin septembre par Réseau Éducation Sans frontières, essayait de réunir des soutiens pour s'opposer à l'Obligation de quitter le territoire qui venait d'être signifiée à la famille. Un recours déposé vient d'être rejeté, malgré les presque mille signatures recueillies en quelques jours. La famille de Kahaber, ses enfants scolarisés ici, seront conduits demain à l'aéroport, embarquement à 10 heures pour Tbilissi. Là où leurs vies sont menacées.

    Je réagis ici dans l'urgence après avoir appris cette terrible nouvelle, je n'ai aucune solution, peut-être pouvez-vous, comme RESF le propose aux pétitionnaires, adresser un courrier à vos maires, députés, sénateurs, (du côté de notre député-maire LR, hélas, ses paroles ont prouvé que les souffrances étrangères lui importaient peu, mais sait-on jamais) ? Il est peut-être trop tard, mais au moins pouvons-nous signifier que l'injustice ne laisse pas les consciences inertes.

     

  • 3049

    Tant de poètes sont jardiniers que je me demande si tous les jardiniers ne sont pas un peu poètes.

    Celui-là est l'un et l'autre, indifféremment. C'est vendredi, à 18 heures, tout près de chez nous. Louis Dubost est à Fleury-la-Montagne. Entrée libre.

    affiche Louis Dubost-1.jpg

  • 3048

    J'entre dans cette bibliothèque de village où je dois intervenir prochainement. Je me présente à la dame, à l'accueil. Elle : "Oui, je vous ai reconnu, j'ai déjà vu vot'tronche."

  • 3047

    Homologuer un saut à la perche de 96 mètres allait poser problème pour la suite. Il était peu probable qu'un autre perchiste se retrouve encastré dans le train d'un hélicoptère au moment du décollage. Le perchiste, cependant, insistait, depuis son fauteuil roulant. Quant au pilote de l'hélicoptère, il proposait de créer une nouvelle discipline olympique : le saut à la perche par relais aérien.

  • 3046

    Il y a eu un malaise quand papy a grogné « la guerre, on dit la guerre c'était dur, oui, bon. Mais c'est surtout à la libération qu'on a souffert ». Disant cela, il caressait la chevelure de mamy en soupirant.

  • 3045

    Sa maman lui répéta de se tenir bien droit sur sa chaise. Et qu'elle fut électrique ne changeait rien.

  • 3044

    La Médiathèque de Charlieu m'a fait le grand plaisir de me proposer une "carte blanche", dans le cadre de sa série de manifestations intitulée "Chemins de lecture". C'est l'occasion d'inviter mes amis, complices depuis les débuts de l'aventure "NU Compagnie" : François Podetti, Marc Bonnetin et Jérôme Bodon-Clair. Avec eux, nous verrons comment, chacun dans leur discipline (mise en scène, image et lumières, musique et matière sonore), ils ont investi la version textuelle d'une pièce de théâtre et en ont fait un spectacle total. La discussion sera illustrée d'extraits des pièces de la compagnie.
    Ce sera vivant, passionnant, drôle, j'en suis certain.
    Soyez nombreux à venir goûter ce beau moment à la Médiathèque de Charlieu, ce vendredi 21 octobre, à 20 heures;

    Marc, Jérôme et moi, sommes aussi engagés dans une démarche locale, intitulée : Portraits de Mémoire(s). Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site (avec en prime, la première chanson sortie de l'atelier)

  • 3043

    Le requin le plus dangereux, ce n'est pas le requin tigre, c’est le requin déséquilibré.

  • 3042

    Il tente bien de garder une contenance, l'aigle, mais voyez sa mine piteuse quand il est enterré jusqu'au cou. Tandis que la taupe, pardon, observez son sourire quand elle est propulsée dans les airs.

  • 3041

    Le balcon s'était effondré, entraînant ceux qui se trouvaient dessous. Le fracas épouvantable fit sortir les familles à tous les balcons de la résidence. Leurs structures guère plus solides, ils craquèrent et basculèrent dans le vide instantanément, dans un grondement de séisme. L'onde de choc alerta toute la cité, on se rua sur les balcons qui chavirèrent à leur tour. Attirés par le bruit, les voisins imitèrent les précédents et les rues avoisinantes furent le cadre du même spectacle. Ainsi, de loin en loin, de village en village, le phénomène se répéta inlassablement et… J'entends un énorme bruit d'éboulement, est-ce que ça ne serait pas ? Ah, tout de même, il faut que je m'en assure ! Je me précipite au balcon. Mais je n'ai pas de balcon, et par la fenêtre je bascule dans le vide.

  • 3040

    Longtemps je me suis couché de bonne heure, pour aller lire Proust au lit (le problème des livres de chevet).

  • Un souvenir de Pierre Etaix

    Rue Pascal, la cour était en partie occupée par un atelier. Là, mon grand-père paternel exerçait le métier de cordonnier. A ce savoir-faire déjà appréciable, il avait ajouté par force de travail et d'études spécialisées, celui d'orthopédiste. Le cuir dont il avait besoin pour les chaussures sur mesure qu'il réalisait (...) était acheté chez le père de Pierre Etaix, avec qui notre famille garda ses liens. On verra plus loin des exemples de l'exceptionnelle mémoire de Pierre Etaix, mais en voici un : récemment, il se rappelait avoir vu mon grand-père dans cette ridicule et presque féminine tenue de zouave, uniforme de la compagnie des tirailleurs algériens et tunisiens (« ceux qu'on envoyait sur les mines » grinça le réalisateur de Pays de Cocagne) dont une photographie garde la trace dans un album familial. Quand, où le jeune Pierre Etaix l'avait-il découvert ainsi ? A l'occasion d'une des rares permissions de mon grand-père j'imagine. Rares, car je suppose qu'on ne rentrait du service en Tunisie qu'une ou deux fois dans l'année. L'occasion des visites des parents, des voisins, des amis. L'occasion sans doute de revêtir pour l'exhiber, le bizarre costume avec fez et culotte bouffante et d'évoquer Tunis, c'est-à-dire Carthage. (...) Pierre Etaix se souvient surtout – et c'est précisément pour cela que je l'appelai, pour lui faire préciser des confidences faites quelques années auparavant – du retour de mon grand-père de captivité. Le seul témoignage qui me soit ainsi parvenu de cet épisode n'est pas issu de la mémoire familiale ; mon père n'en a jamais parlé. Il a fallu ce spectateur bienveillant pour que ce moment particulièrement intense resurgisse.

    Mon grand-père paternel fit partie de ces nombreux prisonniers français dont la figure lointaine fournit toute une mythologie pétainiste, puisque leur pitoyable statut fut mis dans la balance pour cautionner le Service du Travail Obligatoire. De ces quatre ans de captivité, mon grand-père parlait parfois, quand il évoquait l'immense plaine recouverte de neige, là-bas, en Prusse orientale et la vie dans la ferme où il avait été envoyé pour aider aux travaux des champs, comme tant d'autres. Il ne confia que peu de détails sur son retour, et en tout cas rien du moment insondable où il retrouva son unique fils, pour qui il était un étranger. Pierre Etaix, qui ne devait pas avoir plus de quinze ans, fut le témoin du retour de cet homme amaigri et malade et du sentiment de gâchis qu'il ne manqua probablement pas d'éprouver quand, embrassant son fils, il se découvrit étranger dans son regard. La guerre brise tant de pactes, et celui anodin qui liait ces deux êtres, comme les autres. Cette déchirure produisit ses effets jusqu'aux deuils. Mon père n'appela jamais son père « papa », mais « mon père », justement. Une séparation jamais résolue, une distance jamais réduite. Le père Etaix avait gardé pendant des années la dernière commande de cuir faite par mon grand-père, et la lui offrit à son retour. Il y eut entre eux, sinon une amitié, une forte complicité en tout cas, qui dépassa la seule relation de clientèle. Pierre Etaix fut toujours reconnaissant à mon grand-père d'avoir continué d'apporter des fleurs à sa mère, quand elle fut devenue veuve. Plus tard encore, mon père s'occupa de la tombe de la mère du cinéaste.

     

    Extrait de "J'habitais Roanne". Thoba's éditions, 2011.

  • 3038

    Nous prenons toujours un pont du côté où nous arrivons. Depuis la rive A, impossible d'aborder le pont par la rive B, sinon en traversant, ce qui oblige à entrer par le côté A, celui qui n'a pas été préféré. Cette absence de choix insupportable explique pourquoi certains en viennent à faire sauter les ponts – ou tout ce qui implique de passer par des solutions provisoires avant de retrouver le sens souhaité de la vie.

  • 3037

    Sueur, larmes, pus, excréments et urine, morve, vomi, glaires, chassie, sang, gonorrhées, spermatorrhées, menstrues, salive, tout ce que nos corps crachent, éjectent, expulsent, tout ce dont ils suintent, tout ce dont ils se vident, tout ce qui était nous, qui fut noble dans notre sac de peau et qui, mis au jour, révélé dans sa nudité crue d'humeur, révulse ou inquiète. Car le spectacle de cette dispersion, le constat de ce progressif éparpillement de fluides, nous renvoie à la vision de nos corps fondus à la terre.

  • 3036

    Aucun apaisement ne vous délivrera, vous n'obtiendrez pas l'apocalypse brutale et rapide dont vous rêvez. Vous devrez supporter la lente humiliation des immortels qui se compissent, et vous devrez vivre cet amer déclin jusqu'au terme.

  • 3035

    Comme d'autres, je remarque la timidité des réactions à gauche (ma gauche, dirais-je pour faire court) quand une bande attaque des policiers avec la volonté manifeste de les tuer, et de les tuer avec un surcroît de cruauté (et peut-être aussi une économie de moyens) : par le feu.
    J'ai moi-même eu des réticences à entreprendre d'écrire là-dessus. Non pas que la condamnation d'un tel acte soit discutable, mais qu'il nous est difficile (« nous » : voir première parenthèse) de ne pas équilibrer cette condamnation par une analyse sur les causes de cette tentative de meurtre. Or, en l'espèce, l'analyse paraît une excuse, une volonté de relativiser, et disqualifie aussitôt tout discours qui voudrait s'emparer de faits aussi effarants et ignobles pour en dégager des causes.
    C'est ce pénible constat qui inhibe la pensée et contraint les plus soucieux de tranquillité à abandonner la recherche de la compréhension des faits pour préférer s'indigner (dans le meilleur des cas) ou parfois hurler avec les loups. « Au meurtre ! » pour « Comment en est-on arrivé là ? »

  • 3034

    Les Nefs de Pangée, vues comme "Le mythe de Gilgamesh revisité" ?

    J'avoue que ça ne m'avait pas effleuré, mais comme il s'agit d'un de mes textes préférés, la comparaison me comble. Merci à cette librairie qui lui a décerné un coup de cœur.

     

  • 3033

    Écoutez, ce n'est pas compliqué : soyez d'accord avec moi et vous verrez que nous nous entendrons très bien.

  • 3032

    On râle, on regimbe, on rechigne, on renâcle, mais on y va. Non, je ne parle pas du boulot, je parle de la mort.

  • 3031

    La vieille porte un sac trop lourd pour elle. Je propose de l'aider. Elle accepte, d'autant plus me dit-elle, qu'elle habite au quatrième étage d'un immeuble sans ascenseur. C'est parti ! Ma tête quand j'apprends en route qu'elle habite à 300 kilomètres de là !