Il retourna sur le lieu du crime pour s'apercevoir que sa victime allait mieux, et même était debout, soignée, armée et désireuse de se venger. On lui avait toujours dit que son perfectionnisme le perdrait.
kronix - Page 42
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Dans cet hôtel, assez loin dans la montagne, à l'écart des grands axes, la direction a tout de même perçu les vastes mouvements de la mondialisation. Elle s'est pliée à l'exercice et affiche une présentation, en anglais et avec photos, du personnel de l'établissement. Une dizaine de portraits sont donc affichés, appuyés d'une phrase qui précise les aptitudes de chacun en langues étrangères. Invariablement, à côté de chaque employé, on peut lire : « speak french »... et rien d'autre. Je trouve charmant qu'on prévienne le touriste britannique égaré, qu'ici, de toute façon, personne ne peut rien pour lui.
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« Je n'ai pas pour habitude de... » commença-t-il, avant de trahir un de ses défauts les plus courants.
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Quand j'écrivais pour moi, abandonner un roman dont je voyais qu'il ne menait nulle part ou que l'angle choisi n'était pas le bon, n'était pas très grave. Cela m'est arrivé trois fois. Je m'en voulais, j'avais perdu du temps mais après tout, personne n'attendait rien de moi, qu'importait. Prendre cette décision aujourd'hui, alors que j'ai la confiance d'un éditeur (de deux éditeurs pour mes romans en fait, mais l'histoire ici ne concerne que l'un d'eux), n'est pas sans conséquences. Je viens d'écrire à mon directeur d'édition et à mon éditrice que je renonce au roman que je leur avais promis, dont je leur avais présenté les arcanes en avril, et qu'ils avaient accepté. Je devais rendre ma copie l'en prochain en février. Pour la première fois de ma vie d'auteur, je ne pourrai pas tenir parole. Le premier tiers du livre, remanié, réécrit, repensé, rien à faire, l'impasse. Rien ne fonctionne, c'est laborieux, compliqué, et surtout, surtout, mauvais signe : je m'y ennuie terriblement. Il faut avoir le courage de ne pas s'acharner. Bien sûr, j'ai d'autres flèches dans mon carquois, des projets menés assez loin, mis de côté pour me consacrer aux autres projets de romans. J'en ai deux, justement, qui me semblent une base correcte pour amorcer un nouveau chantier. Il faut seulement que j'assimile cet échec, que j'attende les mots de l'équipe éditoriale, mais j'ai confiance en eux comme, j'espère, ils ont confiance en moi. Malgré tout.
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Rencontre autour des Nefs de Pangée, demain dimanche 2 octobre, à 10 heures, à Montélimar, dans le cadre des prestigieux Cafés littéraires jugez plutôt avec la liste des auteurs invités ICI. Thomas Pagotto, principal artisan de mon invitation, me fait l'honneur de suivre les pas de Stefan Platteau, excellent auteur et belle personne, accueilli l'an dernier dans ce superbe festival. En préparant la rencontre, je réalise que c'est la première fois que je parlerai de façon un peu développée (une heure et plus, si questions du public) de ce livre qui m'a tant demandé. Nous en profiterons pour évoquer les notions de basculement de société, de valeur d'un héritage écrit dans un monde qui disparaît, de la légitimité d'une terre, qui traversent le roman et qui ont motivé ce travail. Et puis, il sera question de péplum et de poésie, puisque, selon moi, ce sont les deux termes qui définissent « Les Nefs. »
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Les Nefs de Pangée - Nouvelle critique
Quoi ? Qu'est-ce qu'ils ont, mes personnages ? Les regrets de Miroirs SF qui auraient aimé, eux aussi, un récit en plusieurs volumes.
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3024
Ne me remerciez pas, jeune homme, vraiment. Je n'ai pas fait exprès de vous sauver la vie. En fait, j'ai tué ce lion uniquement pour ajouter un trophée aux murs de ma salle de billard. Voyez, ce n'est qu'une coïncidence. Je vais même vous dire, pour être franc : si j'avais vu que ce lion vous attaquait, je l'aurais probablement laissé vous bouffer avant de lui tirer dessus. Mieux : Je crois que je l'aurais épargné pour le remercier de son acte. Je vous assure ! Vous savez, vous êtes l'être le plus laid, le plus bête, le plus méchant, le plus inconséquent, le plus ignoble et avare et abruti et impoli que j'aie jamais rencontré. Vous êtes un con majuscule, mon pauvre, une sorte de crétin doublé d'un fat égocentrique et hautain. Vos plaisanteries sont affligeantes, votre manière de rire est insupportable, vous n'avez aucun centre d'intérêt et vous sentez mauvais. J'admets à la limite que vous me remerciez de ne pas vous avoir abattu après le fauve, quand je vous ai vu sortir du bosquet où vous étiez planqué pour reluquer le coin douche des filles du camp, mais c'est bien toute la reconnaissance que je veux bien recevoir de vous.
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3023
Le machisme doit commencer quand on laisse sa douce repeindre une fenêtre pendant qu'on écrit, et qu'elle-même vous y encourage. Le machisme n'existerait pas sans l'amour des femmes.
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3022
Dans un village d'un millier d'âmes, près de chez nous, quelques dizaines de migrants vont être accueillis dans une colonie de vacances. Outrage, scandale ! La représentante du FN (pourquoi y a-t-il tant de femmes heureuses d'incarner l'extrême-droite ?), est venue de Roanne, non loin, pour exciter la foule. La réunion prévue par la mairie a fait le plein. Pour les réfugiés, l’État a réquisitionné le bâtiment le temps de sa désaffection, les six mois d'automne et d'hiver. Les Afghans et Syriens accueillis ne seront que des hommes, ils vivront en reclus dans le château (il paraît que c'est un château), leur nourriture sera achetée aux commerçants locaux. Quel est le problème ? Le problème est la bêtise, le problème est la haine entretenue, le problème est la stigmatisation et le repli d'un société devenue sourde à la détresse des autres. « Ils vivent dans un château et on paye avec nos impôts » disent ceux qui bénéficient de niches fiscales, « pendant la guerre, nos parents n'ont pas fui devant les Allemands » disent les amnésiques, « On arrive même pas à s'occuper de nos SDF » disent ceux qui n'ont jamais participé à une collecte et gardent leur aumône, « Comment vont-ils assouvir leurs besoins sexuels ? » s'interrogent les plus subtils ; « et ils auront une piscine !!! » renchérit le maire de Roanne qui ajoute « et comment être sûr qu'il n'y a pas de terroristes parmi eux ? » pour apaiser le débat sans doute. Tout est de ce niveau. Le maire de la petite commune, qui s'est vu imposer cette décision d’État, tente d'élever le débat, appelle à la dignité. Cris de haine, de colère, sifflets, bronca, déclarations excédées, bave aux lèvres et rugissements. Les moutons se voient plus grands, quand leur échine se hérisse. Avec ma douce, nous avons hésité longtemps avant de renoncer à nous rendre à cette réunion, parce que nous devinions que nous en reviendrions malades. A lire le compte-rendu du journal, à entendre les témoins, nous avons bien fait. Maintenant, ma douce va demander à l'association et à la mairie comment elle peut se rendre utile auprès de ces infortunés. Je vous tiens au courant. Toute cette bêtise écœurante… Je me dis « c'est la campagne » et puis un ami me rappelle les manifestations des bonnes gens du XVIe dans un moment semblable. Et dire que ce pourrait être pour tous ceux-là, l'occasion de faire une fois dans leur vie un acte qui les élèverait, les rendrait fiers, leur donnerait à eux-mêmes une image acceptable, éventuellement, les mettrait en accord avec les propos entendus à la messe, le dimanche, pour voir ce que ça fait.
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3021
Le discours de la veuve qui se résuma à un compte-rendu factuel de la vie de son mari, et le fait que la famille ne se déplace pas jusqu'au cimetière, confirmèrent l'opinion générale. Le défunt avait été un suprême enfoiré.
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3020
Jésus dans sa mandorle, écartant les bras entre les parois manifestement vaginales de ce dessin oblong. Nous croyons admirer un Christ en gloire, quand c'est d'un accouchement qu'il s'agit. Et toute la façade de l'église n'est qu'une vaste paire de cuisses mariales ouvertes face à nous.
(si vous étiez tentés de le penser, sachez que nous n'êtes pas les premiers à réaliser que Kronix revendique un certain mauvais goût)
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Avez-vous réalisé (comme moi, que cette idée surgie à 2h22 a maintenu éveillé un bon morceau de nuit), que Ulysse fut (et là, un peu de réflexion et d'érudition est requis), le premier capitaine Nemo ?
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J'aime l'automne. Mais, hirondelles parties, brouillard matinal, bureau plus frais quand je m'y installe, jour raccourci… c'est de voir s'éteindre l'été qui me peine.
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Le prochain grand rendez-vous, en ce qui me concerne, est celui des Cafés littéraires de Montélimar, dont la vingt-et-unième édition se déroule du 29 septembre au 2 octobre. Polar, poésie, essais, romans, jeunesse, fantasy, BD… les « bénévoles et passionnés lecteurs », initiateurs du festival, militent pour une littérature généreuse, qui rassemble « la communauté autour de la langue », sans frontières et sans carcan. J'ai le bonheur d'être invité avec des auteurs prestigieux : Emmanuel Ruben, Laurent Binet, Sylvie Germain, Agnès Desarthe ou Catherine Poulain, entre autres.
C'est dimanche 2 octobre, à 10 h., au salon d'honneur, que j'aurai le plaisir de rencontrer le public lors d'une présentation des Nefs de Pangée, animée par Thomas Pagotto.
L'ambition et le professionnalisme de la manifestation, perceptibles dans tous les détails (prises de contact, documents, envois, échanges…) m'impressionnent. Je suis certain que ce sera un beau moment. J'ignore si vous serez nombreux à venir nous écouter un dimanche matin à 10 heures, mais je remercie d'avance tous ceux qui auront une pensée pour moi.Je ne résiste pas à vous citer la manière dont Les Nefs sont présentées, sur le programme : "Entre Moby Dick et la Planète des singes : un récit à la fois anthropologique et épique. Une fantasy accessible à tous, mais qui aborde les thèmes de la guerre, la religion, la lutte des classes… A l’heure où les fanatiques nous poussent à la guerre des civilisations, la littérature fait réfléchir à ce qui fonde notre humanité."
De très bon augure, quoi.
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Samedi et dimanche, les 17et 18 septembre, de nombreuses personnes avaient bravé une météo peu amène pour visiter les sites charliendins à l'occasion des Journées du Patrimoine. L'équipe de « Portraits de Mémoire(s) » était invitée à participer à l'événement. Nous avions improvisé un assez joli stand dans la salle capitulaire de l'abbaye de Charlieu. Panneaux avec extraits du site internet, photos de marc Bonnetin, vidéo d'un maquette de chanson sur une musique de Jérôme Bodon-Clair, présence des auteurs… Nous avons pu expliquer notre démarche à une centaine de personnes. Des contacts nombreux, des anecdotes prometteuses, des encouragements, des réactions positives, des personnalités passionnantes… Le coup d'accélérateur dont le projet avait besoin.
Merci à l'équipe de l'abbaye de Charlieu pour son accueil diligent et chaleureux, merci à la communauté de communes pour la réalisation du stand, merci à la société des Amis des Arts de Charlieu pour son invitation.Photos Delphine Faquin.
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Aujourd'hui et demain, vous pouvez venir rencontrer les auteurs du projet « Portraits de Mémoire(s) », à l'abbaye de Charlieu (Loire), dans le cadre des Journées du Patrimoine ; Entrée libre.
Marc Bonnetin, Jérôme Bodon-Clair et moi serons à votre disposition pour expliquer, raconter, montrer notre travail, ce qui a été fait et ce qui reste à faire. Venez, venez ! Pour ceux qui sont loin, n'hésitez pas à visiter notre site internet, qui s'étoffe généreusement, semaine après semaine.
Portraits de Mémoire(s) c'est la conservation de la mémoire industrielle de la communauté de communes, des lieux et des gens qui en ont fait l'histoire, par le biais de chansons originales.
Abbaye de Charlieu, samedi et dimanche, de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30. -
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L'univers est la machine la plus dispendieuse qui soit. Toute cette énergie, depuis le big bang, la création de la voie lactée et du système solaire, de la terre etc. pour que ce fou de bassan plonge de sa falaise et transperce cette dorade !
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A vos postes ! Déambulation télévisuelle.
En ce moment, je n'écris plus, je ne lis plus. Je regarde des trucs débiles à la télé. Un téléfilm, hier soir. Je débarque dans cette série policière française, averti par Télérama qui l'a sanctionnée par un signe moins. Il y a belle lurette que je ne fais plus confiance à ce magazine pour juger de ce que j'aime ou pas. Je vois qu'il y a Lionnel Astier, ça suffit à mon bonheur. Je regarde donc. Je comprends au bout de dix minutes que le moins est un plafond dans la notation pour ce genre de daube. A part Le Bihan qui est arrivé dans ce métier sans avoir la moindre intention de l'honorer, tous les comédiens font au mieux pour donner corps à leurs personnages inconsistants et prononcer des dialogues mal écrits, (pas toujours d'ailleurs, comme si deux auteurs, un mauvais et un correct, s'étaient partagé le boulot) dans un scénario invraisemblable. C'est surtout là que ça pêche. Ho là là. Retournements et coups de théâtre qui font pousser des ricanements d'aise, pistes négligées, indices oubliés (« Mais enfin, ils vont le faire analyser ce putain de sang à l'arrière de la bagnole ? » Réponse : jamais. « Mais enfin, personne ne s'interroge sur le coup reçu en plein crâne par le flic (Lionnel Astier, deux répliques et illico à l'hosto) ? » Réponse : si, si, on arrive, holà, pas si vite, on a notre temps. C'est juste un collègue qui a failli se faire buter à coups de piolet, après tout. « Il vient de se réveiller, vous lui demandez pas s'il a vu son agresseur ? » Réponse : Jamais. « Les interrogatoires, vous les menez toujours dans les couloirs, au fond de la cambrousse, ou dans les cuisines chez les gens, sans jamais prendre de notes ? » Réponse : écoutez, laissez la police de ce téléfilm faire son travail, nous ne manquerons pas de vous faire part de...). La résolution de l'énigme provoque chez le spectateur une moue fataliste. La fin a ceci de bon qu'elle permet d'éteindre le poste et de se réapproprier instantanément le cerveau qui ne s'était de toute façon pas impliqué totalement. Je zappe sur les nombreuses chaînes du PAF. Je sais que, désormais, de nouvelles aventures m'attendent.
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Réincarné en chat, pourquoi pas ? Juste cette perspective de passer sa vie à se lécher l'anus...
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Il se tourna vers son dernier compagnon d'armes encore en vie. A cause d'un boulet qui lui avait emporté une oreille et du crépitement du feu qui les cernait, il n'était pas sûr d'avoir bien entendu la remarque de son camarade, qu'un éclat d'obus avait d'ailleurs privé de sa mâchoire inférieure. « Qu'est-ce qui va s'arranger ? » demanda-t-il avec un brin d'agacement.