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kronix - Page 72

  • Réseautons

    J'insistai pour lui représenter toute l'abjection de son projet, mais il n'en tint pas compte et rédigea une pétition pour alerter contre les souffrances des geôliers de DAECH, accablés par les insultes et les reproches incessants de leurs prisonniers. Je ne dis plus rien lorsqu'il me présenta en jubilant les 60 000 soutiens qu'avait recueillis son message, dès la première journée.

  • Rencontre avec Laurent Cachard

    La bibliothèque de Fleury, ses bénévoles avec le concours de la municipalité, ont eu l'excellente idée d'inviter l'écrivain lyonnais Laurent Cachard, pour une rencontre exceptionnelle (exceptionnelle « à plus d'un titre », comme le souligne le billettiste désirant passer à l'essentiel, contenu dans la suite).  D'abord, parce que Laurent est un écrivain rare, aussi parce qu'il s'agissait de tenter une approche de l'ensemble de sa production et enfin, parce que la soirée se poursuivait par un – peut-être – ultime récital « Littérature et musique ». Forme singulière alternant lectures d'extraits et chansons inspirées de ses livres, concoctée par l'auteur il y a quelques années, et imaginée avec la complicité des musiciens qui composent et/ou interprètent les chansons inspirées de l'œuvre de leur ami Laurent. Ici, Gérard et sa nièce Clara Védèche, et Eric Hostettler. Ce serait une journée-hommage en quelque sorte, bien que l'âge de Laurent n'incite pas au bilan ou à la rétrospective. Disons que cette rencontre était l'occasion d'un point à mi-parcours.

    Hier donc, Laurent Chachard était venu trouver un public neuf, celui de la bibliothèque de Fleury-la-montagne. Les lecteurs de Kronix connaissent bien cet auteur, souvent chroniqué ici et souvent « lié », blog à blog, car une ancienne complicité existe entre le Cheval de Troie et Kronix.
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    La rencontre d'hier avait pour objet de parcourir les différents aspects de son travail et de susciter pour le public présent le goût d'en découvrir plus, et de le lire. Je ne sais pas si nous y sommes parvenus, en tout cas, l'assemblée était nombreuse et attentive et l'échange, je crois, riche et intéressant.
    Romans, nouvelles, paroles de chansons, comédie musicale, théâtre, écrits sur l'art, essais... Il y avait matière. Prendre le temps de tout aborder, avec immédiatement la certitude que nous ne ferons qu'effleurer le propos mais donner à l'auteur, ce n'est pas si fréquent, l'occasion de dire, de digresser, de peut-être découvrir des choses sur lui-même, qui sait ? Il aura fallu deux heures, et il ne restait plus assez de temps à consacrer aux échanges avec le public. Il fallait se résoudre à conclure, car les musiciens, dans la salle voisine, étaient prêts pour la deuxième partie de l'événement, et des spectateurs arrivaient. Cependant, l'objectif difficile a priori, d'effectuer un tour d'horizon complet a été tenu. Les réactions dans l'assemblée étaient celles de personnes qui découvrent un auteur, ou un aspect méconnu de son œuvre, et ont pris goût d'en connaître davantage. C'était le but. Je ne suis pas mécontent. Un enregistrement a été fait qui, j'espère, pourra être mis en ligne, et qui permettra de suivre complètement l'entretien.

    Littérature et musique est cette expérience peu commune ou plutôt unique (j'en avais fait une description lors d'une représentation stéphanoise à lire ici), constituée à partir de l'œuvre de notre invité. Laurent, je l'ai dit, est un personnage autour de qui s'agrège avec naturel les amitiés durables. Ce n'est pas une chance, pas seulement, c'est son talent. Pendant plus d'une heure, les amis musiciens de l'auteur ont accompagné les musiques écrites par Eric Hostettler sur les paroles de Laurent, et soutenu parfois, ou laissé le silence nécessaire, aux lectures d'extraits des livres de Laurent par lui-même. Courts extraits, significatifs, de chaque roman ou recueil de nouvelles, un prolongement bienvenu de notre rencontre. Et chaque fois, les chansons ad hoc, parfaitement écrites et interprétées. Celles inspirées de « Tébessa, 1956 » ou de « La partie de cache-cache », sont des moments inoubliables, émouvants, forts. Autre moment assez estomaquant, l'interprétation de la jeune Clara Védèche (18 ans), violoncelliste, d'une pièce contemporaine virtuose. Rien que pour ça...

    Dans la dernière partie de notre entretien, celle qui na pas eu lieu faute de temps, nous voulions d'un commun accord, aborder la question de l'assèchement littéraire. Car Laurent subit comme nous tous, parfois, l'angoisse du vide, du « à quoi bon ». Il me semble que la séance à deux détentes d'hier devait lui donner de bonnes, d'excellentes raisons, de ne pas baisser les bras, et lui faire la démonstration, s'il en était besoin, que tout ce travail n'est pas inutile, qu'il a un public, un lectorat, attentif à la suite de ses productions, et du coup, un devoir envers eux.

     

    NB : Je connais Laurent. Il aurait pu évidemment rédiger avec l'aisance qui le caractérise, le compte-rendu de cette rencontre dès son retour à Lyon hier, dans la nuit, mais je crois qu'il m'en a laissé la primeur, par élégance, malgré ma rédaction tardive. C'est bien lui, ça.

  • Lecture

    Considérons que ce samedi est une journée hommage à Laurent Cachard, en attendant cet après-midi le rendez-vous de la Médiathèque de Fleury (voir billet d'hier), vous devriez faire un tour du côté de son blog. Dans son dernier billet, vous apprendrez par exemple que Stephan Eicher n'a pas de portable.

  • Demain....

    ... ça va être bien.

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  • En voiture

    J'ai une trentaine d'années. J’attends un copain devant chez moi, dans la nuit et sous la pluie. Aucun abri, je commence à être trempé. J’ai dans un sac de quoi travailler : nous devons rejoindre un troisième larron. Ensemble, nous formons un trio brièvement connu dans notre ville sous le pseudonyme collectif de Chris FrankEr. Chris FrankEr écrit des films à budget zéro, les réalise et les diffuse. Mon pote tarde un peu, je trépigne, j’ai froid. Enfin, la voiture s’arrête de l’autre côté de la rue. Je fonce ; assis côté passager, je pose mon sac et vérifie que mes notes sont sèches en pestant contre le mauvais temps et les conducteurs qui sont en retard. Alors, j’entends « Ah. Il doit y avoir une erreur… » Je lève le regard : ce n’est pas mon pote. Nous nous considérons, très surpris l’un et l’autre. Je me confonds en excuses, ressors puis reprends ma place, secoué par un fou-rire bizarre, qui éclate sporadiquement, pendant les longues minutes de mon attente renouvelée. De l’autre côté de la rue, une vieille dame, surgie d’une maison de retraite, pénètre dans la voiture qui lui était, donc, destinée. Je suppose que son chauffeur va avoir de quoi lui raconter.

  • Le roi est nu

    Admettre l'imperfection de Proust. Relire et constater que tout de même, il y a au moins cette phrase où, à force d'allonger et de multiplier les incises, il finit par évoquer les vertèbres qui dépassent d'un front, a quelque chose de réconfortant. Non, pas réconfortant, le mot sentirait l'ironie. Rassurant ? Peut-être. Pourtant pas comique, plutôt une sensation de remords. D'avoir surpris le maître en flagrant délit de négligence. Indécent. Voilà, indécent. Comme si on l'avait découvert nu, inconscient sur son lit défait. On referme la porte. Vite. Il faut être le salopard que je suis pour oser en parler ensuite.

  • Reprenons

    Donc, la reine, fatiguée par sa grossesse, avait commencé à se lasser de Martin dès le premier été de sa présence à la Cour. Est-ce parce qu'il lui rendait mal les efforts de sa protection, est-ce parce que, plus que toute autre adoption, celle de Martin avait semblé un caprice brutal, presque un désir sensuel, est-ce parce que la mauvaise humeur de la reine, conséquence de ses regrets, recevait en retour un indéfectible sourire de chiot content de son sort ? En tout cas, la présence de Martin finit par la contrarier. Bien qu'elle ne puisse rien lui reprocher précisément, Martin semblait à la reine une faute incessamment rappelée, le souvenir d'un désordre, comme semblaient le souvenir des fortunes perdues au Pharaon, sa réputation saccagée au bal de l'Opéra malgré la dérisoire protection du domino, les fêtes délirantes conspuées, des caprices et larmes pour obtenir une faveur pour ses protégés, autant de pauvres façons de se fondre ou d'exister, dont le sourire énigmatique de l'enfant lui représentait la vanité avec une cruelle constance. La reine ne montra jamais d'irritation en sa présence mais enfin elle évitait sa compagnie, retardait ou négligeait les moments où elle devait s'occuper de lui, se déchargeait sur ses dames des attentions qu'elle lui portait quelques mois plus tôt et ne lui prodiguait plus les chatteries des premiers temps.

     

    Extrait de "La Grande Sauvage". Écriture en cours. (avec l'espoir d'une publication en 2016).

  • A lier

    Il se produisit à cette époque une augmentation remarquable du nombre de fous. Les autorités eurent pour premier réflexe la construction de garde-fous, qu'on plaça en priorité le long des routes, pour éviter les débordements. Mais les fous franchirent ces modestes barrières et allèrent battre la campagne. On espéra contrarier cette contamination néfaste par la création du corps des garde-champêtres. Mais la folie se propageait toujours. Et apparurent les herbes folles.

  • Le jour d'après

    Elle fait le ménage, les courses, la cuisine. On pourrait croire, à observer notre vie de couple, que je suis un horrible macho. En fait, je suis féministe. Mais j'ai horreur de l'ostentation.

  • L'un des malentendus

    La construction des ponts ne s'est pas imposée à l'Homme comme la nécessité de relier deux rives, deux mondes, mais comme la réponse à l'agacement devant un obstacle illégitime. Alors qu'il n'était question pour la nature que d'offrir un beau panorama, la clarté d'une rivière, l'âpreté sonore d'une gorge.

  • Pottier pris aux mots

    Cet acharnement qui va jusqu'à la démolition des ruines, et tout ça sans connaître le couplet « Du passé faisons table rase »... ça force le respect, cette internationale de la colère.

  • Salut Patrick !

    Et bien oui, il faut se faire à cette idée : le contrepet n'est pas exclusif au génie Français. En même temps, je vois dans cette découverte un heureux signe d'accord universel toujours possible. Ah, si tous les contrepétistes voulaient de donner la main !

    La contrepèterie english s'appelle un spoonerism et j'en ai trouvé des preuves sur ce forum.

    Par exemple : The nun has got hope in her soul.
    Il y a aussi une chanson dénommée "The Pheasant plucker" (celui qui plume les faisans).

    Nous voici rassurés. Et vous pouvez me remercier de passer du temps à me renseigner sur des questions qui, a priori, ne vous empêchaient pas de dormir.

  • Rien

    - Tu n'as toujours pas fait ton billet du jour sur Kronix ?
    - Ah non, tiens, c'est vrai. Il se fait tard. Je ne sais pas quoi mettre. J'avais un truc sur ma spasmophilie : « Ces étouffements dans la nuit qui parviennent à me faire prononcer involontairement : 'pitié' », mais tout le monde s'en fout, surtout, personne ne va comprendre. Et puis ça fait mélodramatique.
    - Tu ne vas pas leur refaire le coup du billet qui raconte que tu n'arrives pas à écrire un billet, hein ?
    - Non, non, bien sûr que non. Je l'ai déjà fait, comme tu dis. Je ne veux pas paraître comme ça, paresseux.
    - Tu n'es pas paresseux
    - Je ne sais pas. Parfois, si, quand même. En ce moment, même au niveau fiction, ce n'est pas ça. Je me traîne.
    - Tu as préparé l'interview de Laurent, le 14 ?
    - Bien sûr. J'ai tout relu, noté des choses. C'est fait. Je vais essayer de faire mieux qu'à Gilly, où je n'avais pas pris de notes, confiant dans ma relative bonne connaissance de son travail.
    - Oui, ce serait bien. Et le colloque, le 10 avril ?
    - Le colloque ? Oui, oui, j'ai même répété. Je tiens une heure facile. C'est un peu long.
    - Tu peux parler de Minotaure, de La Grande Sauvage... Je ne sais pas, tes chantiers en cours.
    - Ils sont à peine amorcés. Je peux parler de mon impuissance à les poursuivre.
    - Tes lectures ?
    - Oui, en effet, mais je ne sais pas faire de vraies critiques littéraires. Et puis ça demande vraiment beaucoup de travail pour écrire quelque chose de soutenu, d'argumenter, de respectueux. Tu vois, je suis quand même paresseux.
    - Faut pas dire ça. Tu as des priorités, c'est tout
    - Bôh, en ce moment...
    - Et la BD ? Tu peux parler de Cédric, qui relance vos dossiers : Cortés, Les nefs de Pangée (version BD), Le Petit Jules, Complainte des Terres du Nord, l'Enthéide, et j'en oublie...
    - Moi aussi, j'en oublie, on en a tellement sous le coude... Une dizaine, une vingtaine, je ne sais plus. Sans compter les nouveaux projets.
    - Et la dame que tu as dépannée ce matin, qui est venue sonner à la porte alors que tu étais encore en pyjama ? Et que tu es allé prendre froid, mon pauvre amour, pour réparer une roue sur un terrain tout boueux.
    - Oui, ça, peut-être...
    - Est-ce que tu as parlé de Voir Grandir, du travail musical de Jérôme, des projets de concerts ?
    Un peu, mais c’est encore loin, c'est prématuré
    - Des lectures de Nos Futurs avec Emmanuel Merle ? Des rencontres à Versailles ? De tes autres projets de romans ? De l'anthologie sur l'Utopie, qui revient au jour ? De la revue Brasiko Folio ? de la sortie des Nefs de Pangée chez Mnémos en septembre ? De tes enfants, de moi ?
    - Le problème, tu vois, c'est qu'il ne se passe pas grand chose dans ma vie.

  • Jardinage

    Encore des témoins de Jéhovah. C'est embêtant. Je ne sais plus où les enterrer.

  • Méthodique

    Bon. D'abord se défaire du pessimisme ambiant. Ensuite, voyons... Courir le plus vite possible ?

  • En bonne voie

    Que je vous explique : même avec un accord préalable d'un éditeur, je ne suis jamais sûr que le livre sur lequel j'ai travaillé un, deux ou trois ans, sera finalement publié. Je ne suis jamais certain qu'un manuscrit correspondra aux attentes ou aux espoirs d'un éditeur. L'échec est toujours envisageable. Ce que je ne vous explique pas, par contre, ce sont les angoisses inhérentes à ces inconnues, puisque c’est désormais ma seule source de revenus. Rien n’est donc sûr tant que le contrat n'est pas signé. Pour « Les Nefs », je viens de recevoir le document magique. Vous n'imaginez pas le soulagement que c'est.

  • Météo

    Après la pluie vient le beau temps. Et après, une grosse météorite.

  • L'infatigable maillet contre l'infatigable burin

    D'autres religions ont abattu les idoles des précédentes. Que reste-t-il des dieux gaulois, des sites aztèques, des statues de Médine ? Les générations d'iconoclastes sont spontanées et sans cesse renouvelées. Ne change que l'ampleur de leur tâche, car leurs efforts font face à une spiritualité infatigable, créative, prolifique, accumulée par les siècles et pareillement régénérée que leur haine. 

    Mais enfin, il serait prudent d'enterrer Lascaux.

  • Plairil l'iconoclaste

    Le vent qui naguère berçait ses rêves ambitieux, l'entourait à présent d'une moqueuse sarabande. Plairil se plaignait d'avoir tout perdu et le vent vint ricaner à son oreille Perdu ? Perdu quoi ? Qu'as-tu fait ? Qu'as-tu construit que tu aurais perdu ? Il proférait, indigné, des réponses plus hésitantes à chaque souffle : « Un monde, j'avais construit un monde », mais le vent poursuivait ses moqueries, Où est ton monde ? Nous ne l'avons pas vu. Et pourtant, pourtant... il arrachait ses vêtements : « Aveugles ! Voilà pourquoi ! Il était entre mes mains. Je le tenais. À quel tribunal me plaindre de l'injustice qui m'est faite ? » mais des rafales emportaient ses lamentations, il s'exaltait, vociférait pour traverser le chahut hostile de l'air : « Tout s'était plié sous la puissance de ma réflexion, ma voix avait remplacé la voix des autres, leurs bouches délivraient mes paroles, leurs gestes étaient ceux que j'avais enseignés, leurs pensées étaient celles que je leur dictais. Comment peut-on dire que ce monde n'a pas existé, que je n'ai rien créé, et qu'il ne m'a rien été enlevé ? » Où est-il, ce monde ? Répétait cruellement le vent. Et Plairil en réponse était incapable de le montrer, de prouver qu'il eût jamais été. Ses paupières clignaient, sa bouche béait, ses yeux écarquillés tentaient de retrouver au milieu du chaos, les bribes de ce qu'il avait construit. S'il ne reste rien, c'est qu'il n'y avait rien, se gaussaient les tourbillons autour de lui. « Là ! » Il désigna les trous où avaient été plantées autrefois les dents d'Odalim qui ornaient l'esplanade. « Je les ai fait supprimer ! » Et bien, dit le vent, c'est cela, ta preuve ? Plairil considéra les trous. « Ce manque... » les mots affaiblis lui furent arrachés des lèvres par une bourrasque et jetés, inertes, loin dans la tempête qui se levait.

     

    "Les Nefs de Pangée" Extrait. A paraître en septembre chez Mnémos.

  • Sur la scène de la vie

    L'étau se resserre. Chez le boulanger, au supermarché, à la mutuelle, et même chez le docteur à présent. Les mêmes propos, unanimes : salauds de pauvres. Pas dits de cette manière, mais enfin, chacun, du haut de ses compétences économiques pointe le vrai problème qui plombe notre bonne société : le coût des pauvres et des étrangers. Parallèlement, notre dégoût s'épaissit, la sensation de notre impuissance, d'être cernés par une bêtise galopante. Comment ça se termine, déjà, « Rhinocéros » de Ionesco ?