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Livres - Page 16

  • En deux temps

    affiche rencontre 14 mars .jpgCe sera donc le samedi 14 mars 2015. La bibliothèque de Fleury-la-Montagne est ravie d'accueillir Laurent Cachard. J'ai le redoutable honneur d'animer le premier temps. En deuxième partie, le récital Littérature et musiques, mis au point par Laurent et ses complices, parfaitement rôdé. Un moment que je vous conseille de partager, parce que c'est une forme subtile, élégante, riche, originale et peut-être, de l'aveu de l'auteur, une des dernières occasions d'y assister. Alors, vraiment, ça vaut le déplacement.

  • Rencontre pour tous

    Ce jour, à 14h30, je suis l'invité de la Bibliothèque pour tous de Saint-Germain-en-Laye, décidément une ville qui me veut du bien. C'est 4, rue de Pontoise. Je sais déjà, au vu des contacts, que je vais m'y sentir bien. Il s'agira surtout de parler de "L'Affaire des vivants".

  • Au bout de la route

    couvauboutdelaroute2-page001-550x802.jpgJacques Josse est allé chiner dans les archives de la Camarde, a sorti le dossier "au bout de la route" et concocte en s'appuyant sur ce panorama ricanant de fins grotesques, stupides, terribles, une tragédie enlevée et sobre (je crois qu'on a notre lot d'adjectifs, là). C'est vif, superbe, ça laisse un goût de désolation. La mort, comme l'inspiration, comme le Roi dirait Michon, vient quand elle veut.

    Ce dernier opus des nouvelles publiées par la Galerie Le Réalgar, est superbement illustré par des gravures de Scanreigh (qui ne doit plus se souvenir qu'il fut mon prof aux Beaux-Arts il y a très très longtemps).

     

    "Au bout de la Route" Jacques Josse, 40 pages, 8 EUROS.

  • Méta

    Et donc, grâce à Hélène Gestern,auteure de "Portrait d'après blessure", j'apprends que les interventions à la première personne dans "L'Affaire des vivants" ressortent de la métalepse narrative: "La narratologie qualifie de métalepses les diverses façons dont le récit de fiction peut enjamber ses propres seuils, internes ou externes. Gérard Genette y voit une « figure par laquelle le narrateur feint d'entrer (avec ou sans son lecteur) dans l'univers diégétique».

    Je vous laisse méditer là-dessus et je retourne à mes Nefs, qui, décidément, refusent de me laisser un peu de répit (et ça, je ne sais pas, ce doit être une prosopopée, je dirais).

  • Aujourd'hui, à Saint-Haon-le-Châtel

    C'est la seconde fois que la bibliothèque de Saint-Haon-le-Châtel me fait le plaisir et l'honneur d'une invitation. Et c'est toujours un joli temps de rencontre. Jean Mathieu animera ce moment prometteur (pour moi en tout cas), et nous réfléchirons ensemble sur les notions d'Histoire, ce qu'est la littérature relativement à la culture de masse, ce que c'est que d'écrire. Autant de sujets qui dépassent le seul propos de "l'Affaire des Vivants", qui a motivé cette invitation. C'est à 17 h, aujourd'hui, à la bibliothèque de SAINT-HAON-LE-CHÂTEL (Loire).

  • Paroles et plumes, ce soir.

    Ce soir, à 20h30, je suis l'invité du cercle de lecture « Paroles et plumes » de Saint-Germain-en-Laye (ville où j'ai déjà eu le plaisir d'être reçu en librairie et dont la bibliothèque pour tous m'accueillera le 10 février). Je ne serai pas seul. Un autre auteur, Hélène Gestern, sera présente pour évoquer son dernier roman « Portrait d'après blessure », paru chez arléa. L'intérêt d'une telle rencontre est, peut-être, qu'il n'y a pratiquement aucune passerelle entre son récit (l'incidence d'une photo de presse sensationnelle sur la vie d'un homme et d'une femme, et tous leurs proches), la forme qu'il prend, son style et le mien. Justement, je crois que ce sera enrichissant. On me dit d'avance qu'il y aura du monde, mais si vous voulez venir, c'est au 3 rue de la République, pas loin du RER.

  • Proust, visionnaire

    Ne l'oublions pas, Marcel Proust, très en avance sur son temps, présente le baron Palamède de Guermantes, tenant devant lui un panneau : « Je suis Charlus ».

  • Demain

    Demain, à 18 heures, rencontre autour de « L'Affaire des Vivants » à la Bibliothèque de Commelle-Vernay (Loire), animée par l'ami Christian Degoutte qui a eu la gentillesse d'accepter ce rôle difficile. Il a bien travaillé le bougre, a trouvé des passerelles et des points d'interrogation pertinents. Je pense que ça devrait bien se passer, en toute simplicité.
    Nous vous espérons nombreux.

  • Pars, travaille !

    Le récit de Maryse Vuillermet paru à « La Rumeur Libre » est dans la lignée des œuvres des auteurs qui l'ont précédée dans cette impeccable maison, je pense à Patrick Laupin notamment. La force des textes choisis par Andrea et Dominique Iacovella réside dans leur sincère tentative de faire entendre la voix de ceux que la littérature ignore ou fait semblant de réanimer, le temps d'une fiction (le genre de choses qui m'arrive, soyons honnêtes).
    pars_travaille_maryse_vuillermet_cover.jpg
    Pars ! travaille ! Est le titre évocateur de ce livre singulier. Pars d'ici, de ce pays de peu, va gagner ta croûte, progresse, élève-toi. Ici, il n'y a plus rien. L'auteur a bien cru entendre ça, comme ses ancêtres italiens, dont elle retrace par bribes le destin au cours d'une enquête émouvante. Mais l'injonction est tacite, enfin on la reçoit, on croit la comprendre, on se dit que c'est l'évidence. On ne va pas rester dans ce patelin sinistre à polir des pipes ou enfiler de fausses fleurs sur des branches en plastique, à traîner dans les bars ou dans les rues que les commerces désertent.
    On part depuis toujours, quand la terre est pingre. Ainsi, les arrière-grands oncles, deux frères, Italiens, partis pour l'Australie, qui se séparèrent là-bas. Un seul reviendra. Aller sur les traces de celui qui n'est pas revenu, c’est interroger toujours l'existence, la question des choix, du destin sur lequel on ne revient pas. Partir ? S'exiler ? La richesse, l'aisance (on ne parle pas de bonheur, loin s'en faut !) serait au fond d'une mine d'opale ? Pas sûr. En Australie, terre d'immigration, ceux qui étaient déjà là, avant, sont les exilés de leur propre terre. Ils dépriment et meurent sur place, leurs rêves sont vendus aux touristes. Quant à ceux qui sont venus chercher fortune, ils retourneront à leur terre. Les vivants ne les ont peut-être pas toujours attendus, eux. Si Maryse Vuillermet s'autorise ce qui ressemble à des digressions (l'Australie, les considérations sur le couple et les enfants, l'Algérie, la carrière professionnelle) ce sont autant de façons d'aborder la même problématique : Pour quoi part-on et pour qui ?
    Partir, oui, mais est-ce que l'auteur a eu raison de partir ? Après de brillantes études, elle enseigne, elle donne à ses élèves des clés pour s'exprimer, pour exister. Se plaindre si nécessaire. C'est important de se plaindre. L'insatisfaction est le moteur de la machine qui vous déracine. Pour le meilleur et pour le pire. Le prix à payer, celui auquel on ne s'attend pas, c'est le déphasage du retour. Celle qui est partie a changé, elle n'est plus du même monde, sa langue a pris une souplesse, une tenue que n'ont pas les autres, ceux qui sont restés. Et l'exilée, partie travailler parce qu'elle était persuadée qu'il le fallait, que doit-elle faire de cette langue qui est le stigmate de sa différence, irréductible désormais ? Témoigner? Mais ce monde qu'elle a quitté, le comprend-elle encore ? Le père lui reproche ces récits sombres, pessimistes, lui ne se voit pas comme ça. Contrairement à Enée, dont une représentation illustre la couverture du livre, Maryse Vuillermet n'a pas emporté Anchise, son père, pas plus que sa mère, pas plus que son territoire d'enfance. C'est une illusion, ce bagage, on n'emporte avec soi que le peu de compréhension qu'on a des autres. En ce sens, mais est-ce conscient, le livre de Maryse Vuillermet est le constat tragique d'une impossibilité. On ne peut donc jamais être d'ici, et obtenir l'outil qui vous permettra de dire le vrai ? C'est le paradoxe superbe de cette langue qu'on va chercher ailleurs, pour tendre un miroir à l'existence de ceux qui n'ont pas entendu la double injonction, et qui n'y parvient qu'à condition de trahir.

     

    Pars ! travaille ! Maryse Vuillermet. Editions La Rumeur Libre; 155 pages. 20 euros.

  • Le plein, s'il vous plaît

    L'année 2015 va commencer avec un mois de janvier chargé, en ce qui me concerne.
    Bien sûr, les répétitions pour Pasiphaé s'accélèrent puisque la première représentation de cette « farce du désir » assez risquée se déroulera le 9 janvier à 20h30. Cette production est un tournant pour la compagnie NU. Je sais que François Podetti, le metteur en scène, est sous pression comme rarement. Tant de choses inédites pour nous ont été imaginées pour cette pièce, que sa représentation relève de la gageure constante pour Jérôme Bodon-Clair à l'univers musical et Marc Bonnetin à l'univers visuel. Personnellement, je rencontrerai les élèves d'un lycée roannais le 12 janvier. Ils auront assisté à la pièce. L'échange devrait être passionnant. Les 15 et 16 janvier, Aurore Pourteyron (Pasiphaé), François Frapier (Dédale) et François Podetti (Minos) endosseront à nouveau les costumes d'Odile Gantier pour jouer notre pièce sur la scène du Chok Théâtre, à Saint-Etienne, à 20h30. Le vendredi 16 janvier, sur ce même plateau, dans les décors d'Yves Perey, mais à 18 heures, j'aurai l'immense plaisir d'être interviewé par Jean-Claude Duverger dans le cadre de l'émission « A plus d'un titre » sur RCF. Il s'agira surtout d'évoquer « L'Affaire des Vivants », paru chez Phébus cette année. Les spectateurs venus pour l'émission pourront enchaîner - je le leur conseille - avec la représentation de Pasiphaé. Restons à Saint-Etienne où, le lendemain, samedi 17 janvier à 18 heures, la Galerie Le Réalgar (par ailleurs éditrice de « La Joyeuse »), ouvre l'exposition « Hommes sans âme ? » consacrée à WinfExpo_WV.jpgried Veit, artiste puissant et merveilleusement humain, qui a justement illustré ma nouvelle. J'y serai pour dédicacer notre petit ouvrage.

    Le 23 janvier, c'est l'ami Christian Degoutte, dont le « Sous les feuilles » a été un de mes éblouissements l'an dernier (déjà?), qui animera une rencontre à la Bibliothèque de Commelle-Vernay. Christian est du coin, c'est un auteur magnifique, quelqu'un que, que... Bref, je me suis permis de lui demander ce grand service et pour mon bonheur, il a accepté. Ce sera à 18 heures.
    Le 30 janvier, c'est le cercle de lecture « Parole et plumes » qui m'accueille à Saint-Germain-en-Laye pour parler de « L'Affaire des Vivants », sujet également de la rencontre du lendemain, plus près de chez moi cette fois, à Saint-Haon-le-Châtel, dans la bibliothèque municipale à partir de 17 heures.

    Pour l'instant, je n'ai qu'une seule date en février. Sensation étrange d'un grand vide. Heureusement, mars et avril commencent à se remplir. Me voilà rassuré. Après, le vrai problème est d'insérer l'écriture et la lecture au milieu de tout ça. On ne va pas se plaindre, c'est très bon d'être sollicité.

  • Surpoids

    Mon éditrice avait dit : « Je verrais bien un roman ambitieux, un gros pavé, plus que Mausolées. » Et bien, à ma grande surprise, c'est bel et bien ce que je suis en train de produire, chapitre après chapitre. Et je devine, vu le rythme pris, que le mois de janvier, bien qu'il sera très chargé (voir la note de demain), sera celui de l'achèvement de la première mouture des Nefs de Pangée.
    De l'avantage d'avoir arrêté de travailler (j'insiste, excusez-moi, mais sans cela, il m'aurait fallu renoncer pour me consacrer au livre suivant). Je vous dis ça et j'oublie l'essentiel : belle fin d'année à vous. Soyez heureux au moins jusque là. Après...

  • 2015 en vue

    Parce que 2014 est passée. Une année exceptionnelle pour moi, oui, avec trois publications successives. Lucifer Elégie et Nos Futurs chez Sang d'Encre, La Joyeuse au Réalgar et L'Affaire des Vivants chez Phébus. Sans compter les rencontres, les moments précieux, les amis, les librairies, les lecteurs, les rencontres, les rencontres... Il me faudrait des pages et des pages pour tenter un bilan de l'apport de cette année folle. Mais il faudrait parler des deuils, des souffrances, qui ne furent pas moindres. Il faudrait évoquer, sans espoir que cela compense mais tout de même, atténue et adoucit, la décision radicale de cesser de travailler et de me consacrer à l'écriture. Quelques nuits blanches, de mauvais réveils, des calculs faits et refaits et puis, finalement, l'entrée dans un quotidien, une normalité de la fonction d'écrivain à plein temps. Statut fort bénéfique, puisqu'il me permet aujourd'hui, entre autres, d'envisager de boucler un manuscrit (imposant) pour les éditions Mnémos et enchaîner avec un prochain roman pour Phébus. Je vois aussi se multiplier les propositions. Pas le Pérou, mais des perspectives qui rassurent, nous confortent, ma douce et moi, dans le choix que nous avons fait en avril, de changer de vie. 2015 sera l'année de Pasiphaé, des Nefs de Pangée et, c’est très probable, de Voir Grandir. De tout cela, évidemment, il sera question sur Kronix. Ce blog où, il y a seulement six ans, je disais mon désespoir d'être jamais édité.

  • De l'imaginaire

    S'il y a un intérêt à travailler sur un roman ressortant des « littératures de l'imaginaire », il réside notamment dans les capacités du genre à explorer des concepts inédits, impossibles à traiter dans des formes de récit plus classiques. Par exemple, pour Les Nefs de Pangée sur quoi je m'acharne actuellement, je veux faire saisir la sensation du retour à la terre d'un peuple entier, contraint de vivre depuis plus de mille ans sur la mer. Pour eux, tout est étrange, différent, pas hostile mais inédit. Ce qui oblige l'auteur à comprendre, au fond, ce qui fait l'essence de notre présence sur le sol, et ce qu'on y perçoit sans jamais y prêter attention. Une démarche assez proche de celle de la poésie, en fait.

  • Où on parle (enfin ?) d'Ernest

    une ombre dans la marche triomphante de l’argent et de la bien-pensance

    Source : article Une petite tranche de fresque avec Christian Chavassieux ? - Place Gre'net de PlaceGrenet

     

    "une ombre dans la marche triomphante de l’argent et de la bien-pensance"

    Sur le blog de Danielle Maurel, une critique superbe de "L'Affaire des Vivants". Parce que superbement écrite et pensée.

    Danielle Maurel a fondé avec des amis l'association Rives & Dérives qui "invit[e] des écrivains, [publie] un petit journal, bref [partage] cette faim dévorante et communicative". Depuis plusieurs années elle " anime des débats et des échanges littéraires, participe au Printemps du livre de Grenoble, aux littératures voyageuses d’Albertville, au Festival du premier roman de Chambéry, etc."

    Elle avait ainsi animé et présenté chaque livre de la rentrée littéraire organisée par l'ARALD en septembre.

    Qu'elle ait voulu prolonger ce moment en évoquant si intelligemment mon roman, est une source de plaisir que vous pouvez peut-être imaginer s'il vous est arrivé de vous retrouver sur une scène, un Oscar en main.

  • Le salon de l'auto (promotion)

    Sur un salon du livre, mon voisin vante les mérites de son dernier livre aux visiteurs : « C’est un roman magnifique, une très belle histoire d'amour, vous allez passer un bon moment, garanti... » Je me dis que, tant que je n'en serais pas là, tout va bien.

  • Et pendant ce temps, à Vera Cruz...

    Fiers polissons, sachez que je signe à Chazay (sur Asergues, ou zergues), toute la journée (enfin pas jusque tard, je prends mon train vers 17h30).

     

    voilà voilà.

  • C'était en Charybde...

    C'était à la librairie Charybde, le 24 octobre dernier, un enregistrement de la soirée par nos libraires, mis en ligne, et que je découvre. Pour les fans exclusivement (ça dure plus d'une heure).

     

  • Incipit

    Pour le petit garçon que j'étais, tout se configurait je crois à partir de ma seule existence, et j'étais le point d'accrétion autour de quoi étaient organisés la matière et le temps. Le reste m'était incompréhensible et stagnait dans l'indéfinissable. Il me semble que Roanne se résumait initialement à notre chambre, à la vue depuis la fenêtre, et au trajet vers l'école dans quelques rues. Quelques rues, empruntées à pieds toujours et regardées avec la myopie de l'enfance : les trottoirs de ciment ou de terre battue, les rues goudronnées, les pavages fragmentaires, les façades limitées au rez-de-chaussée, des carrefours examinés gauche et droite pour la seule intelligence du danger automobile, soit un champ de vision réduit à peut-être une douzaine de mètres autour de nous et à trois mètres au dessus des visières de nos casquettes de cuir. On ne saurait donc parler de ville, même pas de quartier. En dehors de notre maison, les bâtiments étaient sans épaisseur, leurs verticales à côté de nous n'étaient guère plus tangibles que les maisons de carton que mon père découpait dans une boîte à chaussures, portes et fenêtres dont un côté préservé formait charnière, juste assez grandes pour que nos soldats de plastique puissent s'y pencher et jouer les drames de nos récits (le nous que j'emploie ici convoque mon frère dans ces souvenirs, mais nous ne les avons partagés qu'un temps, et je suis bien sûr qu'il devina précocement les niches derrière les murs, la complexité du monde au bout des perspectives. Contrairement à moi qui ne voyais partout qu'un songe plaqué sur l'écran du monde, il a sans doute saisi très vite que les bâtiments n'étaient pas des simulacres de carton et que les drames qui s'y nouaient n'impliquaient pas des figurines réduites à la préhension des jeux mais bien de massifs individus, plusieurs fois hauts comme nous, et dont les voix roulaient des foudres).
    Cette exiguïté de perception eut un effet curieux mais durable : elle engendra une exploration obstinée du sol. Car l'espace ne me fut d'abord sensible que par le déroulement du trottoir sous les pas. Cette habitude de gosse timide est devenue plus tard manie de chasseur de fossiles amateur : déambuler, regard collé à mes pointes de souliers. Et m'extasier de ces inventions du hasard,  célébrées par Vinci. Incidemment, des images s'animaient sous mes pieds. L'image d'une silhouette notamment, dessinée par une flaque de ciment au détour d'un trottoir, me hante depuis cette époque où j'empruntais la rue Émile Zola pour rejoindre la rue des Écoles. La perfection. L'exacte silhouette d'une gitane. Celle des paquets de cigarettes de mon grand-père maternel. La même cambrure, le geste de danse flamenca et l'ondulation de la chevelure cascadant jusqu'aux reins. Je ne me lassais jamais de son apparition, m'étonnais à chaque fois que cette forme, indiscutablement accidentelle, fut si proche d'un dessin maîtrisé, fruit de la volonté humaine. Elle est restée des années, rapiéçage de trottoir, fine découpe monochrome, jusqu'à ce que l'état du revêtement soit tel qu'il nécessite une réfection complète. Je me suis souvent demandé si les ouvriers d'alors avaient perçu le miracle dans cette apparition. Et s'ils avaient eu quelque regret en l'effaçant, d'un épais coup de taloche. Un peu plus haut, là où mon regard portait sans effort, s'ébauchaient d'autres étonnements. Les publicités peintes directement aux murs produisaient les rares événements colorés d'un univers majoritairement gris. Il y avait un homme en robe de chambre bleue, levant le coude pour absorber je ne sais quelle panacée, et ailleurs une ménagère stylisée en chignon et blouse à carreaux verts et noirs (une figure connue des vieux Roannais : la « Toinette » personnage publicitaire de la blanchisserie Bourlière ; sorte d'ancêtre de la mère Denis). En dehors des vitrines de magasins, il faut se souvenir de la rareté et de la préciosité de la couleur dans notre monde. Rues, façades, vêtements, télévision, livres, véhicules même ; l'environnement s'inscrivait pour nous dans une gamme qui allait des peaux sans hâle aux tapisseries marron. La couleur était le domaine du futile et du luxe. A l'exception notable des parterres de fleurs où les jardiniers de la Ville (dont mon père) s'échinaient à reproduire la légion d'honneur, des variations du Renaison selon les bains des teintureries qui empoisonnaient ses eaux (rose, rouge, bleu), et des grands panneaux qui décrivaient pour les petits écoliers des batailles exotiques ou l'assassinat d'Henri IV, la couleur nous a été enseignée par la publicité. Je parle d'une ville ouvrière de province des années 70. J'évoque une enfance longue à vivre, où tout se concentre sur quelque huit années – avant les premiers pas de l'homme sur la lune, si l'on veut un repère universel. Malgré l'irruption des orange de l'électroménager, l'opulence des verts et des jaunes acides des accessoires décoratifs, je l'affirme, notre monde était gris.

     

     

    "J'habitais Roanne". Thoba's éditions, 2011. Extrait.

  • L'ennui

    J'ai toujours aimé l'ennui, sa mélancolie, l'apaisement qu'il procure quand on sait le goûter. Une amie à qui je confiais ce goût et cette aptitude pour le vide et le temps arrêté, arrondit son regard bleu, figé dans l'incompréhension. Elle a horreur de l'ennui, c'est pour elle une sorte d'abandon insupportable de soi, j'imagine. Beaucoup de personnes, pareillement, sont hantées par le surgissement de l'ennui comme par la fréquentation d'une maladie repoussante, ou plus sûrement sont épouvantées par l'intrusion de cette parente de la mort. Pas moi. J'observe la capacité des chats à s'arrondir autour de leur indifférence. Enfant, je savourais la présence des animaux, les vaches dans l'étable, debout face à l'auge, regard abruti collé au mur, les moutons étendus dans le pré, l'œil abîmé dans la contemplation de la plaine, les chiens – une chienne particulièrement – assise contre moi, sérieuse, immobile, aussi peu intriguée par le mouvement des arbres et le murmure de l'eau que moi par l'acharnement des adultes, là-bas, à se croire essentiels. J'ai appris des bêtes la volupté du temps qui ne veut rien, la langueur admirable du vide. Tant de gens se lancent dans une occupation à cause de la terreur qu'inspire l'ennui ! Et plongent alors dans une activité souvent véritablement ennuyeuse, mais qui donne l'illusion de produire, d'avancer quelque chose, une tâche qui ne souffrirait pas d'attendre demain. Tandis qu'il est si bon de suspendre sa vie, de la laisser traîner comme une ombre, au jeu flânant des méditations. Finalement, je me demande si dans mes récits je ne cherche pas à décrire constamment l'état secret dans lequel me plongent l'ennui, l'absence, l'engourdissement.

     

    Extrait de "J'habitais Roanne", Thoba's éditions, 2012.

  • Jeudi c'est youpi

    Une belle journée pour l'Affaire des Vivants, ce jeudi.

    C'est d'abord, une très jolie critique lue sur le blog de Imrama (je ne mets pas toutes les critiques de blog, non qu'elles soient mauvaises, mais elles se ressemblent toutes, ont le superlatif facile et sont rarement développées comme celle-ci). Là, il me semble que la blogueuse a tout compris et elle l'exprime admirablement.

    Ensuite, une critique de Yves Viollier dans le magazine "La Vie" :

    2014-11-20~C CHAVASSIEUX-LA_VIE.pdf

     

    Enfin, ce sont les mots d'Alice Ferney, écrivain remarquable qui, depuis qu'elle a lu mon livre (sans que j'y sois pour rien), se démène pour le faire connaître, en parle à tout le monde. Et encore une fois, dans cet article de l'Obs, consacré à son dernier roman "Le règne du vivant" (par ailleurs excellent), elle profite d'une question du journaliste pour dire ce qu'elle pense de mon livre. Je ne pouvais rêver de meilleure ambassadrice. Oui, il y a des gens désintéressés dans ce métier.