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Livres - Page 20

  • Critique de Mausolées

    Une nouvelle critique de Mausolées, sur Bifrost, par un nommé Eric Gentile. Très bien, bien écrite, donnant quelques clés malignes sur les enjeux.

  • Bel endroit pour une rencontre

    J'aurais pu, toute honte bue, me contenter de vous renvoyer au billet d'hier qui liait celui de Laurent Cachard sur son blog (excellent, où tout est dit et notamment que mes livres « parlent principalement d’écriture, et réécrivent la vie telle qu’elle devrait être », pertinence d'analyse qui me touche, en plein cœur), mais tout de même, j'aurais quelque remords. Je veux au moins rendre hommage ici à l'équipe de la bibliothèque de Fleury-la-Montagne. Bibliothèque toute neuve, animée par des bénévoles actives depuis longtemps (on n'arrache pas la construction d'une bibliothèque dans un village de 700 habitants en agitant seulement l'oriflamme de la culture, il faut se battre sur le long terme, prouver que « ça a un intérêt »). Enfin, j'étais en bonne compagnie et vraiment très heureux de l'invitation.
    Habituellement, il s'agit pour un écrivain de parler de son dernier livre. J'estimais hier que, Mausolées étant du mois d'octobre et le prochain étant pour septembre, nous nous trouvions dans une zone de calme éditorial qui me permettait de tenter une expérience. Évoquer le parcours d'un auteur publié sur le tard, à la production encore réduite. Et puis, si les deux heures dévolues n'étaient pas écoulées, tendre la main au dessus des piles de livres apportés (de Proust à Brussolo en passant par Degoutte ou Michon) et, au hasard, dire les livres que j'aime, les raisons qui font qu'un auteur me parle. La deuxième partie a été tronquée : elle réclame une séance à elle seule. Le temps que je le réalise, je n'avais empoigné que les ouvrages les plus populaires (dont le Tarzan de Rice Burroughs, qui a permis à Laurent de faire une photo amusante). Car je dois à la littérature populaire, j'ai une dette envers elle et je voulais la saluer. Ce sont les bandes-dessinées et les récits de W.E. Jones qui m'ont donné à comprendre que les mots avaient une puissance d'évocation, qu'avec une phrase, il était possible de transporter le lecteur, de lui faire sentir et ressentir des choses. Plus tard, il m'est apparu que la narration seule m'ennuyait, mais la notion de récit a été un viatique pour la forme littéraire que j'affectionne aujourd'hui (celle des Chevillard, Meltz, Michon, Gracq ou Volodine) où, à même niveau d'exigence que ce qui est dit, se manifeste la façon de le dire.
    Bien sûr, comme nous ne sommes pas loin de Roanne, un certain nombre des lectrices présentes étaient venues pour évoquer leur ressenti à la lecture de « J'habitais Roanne ». Ce qui m'a valu des marques de reconnaissance, des extraits choisis très bien lus et fort à propos, puis des échanges encore, au moment des signatures. Quand on écrit, quand on est dans le mouvement de l'écriture, on est seulement acharné à produire le meilleur livre possible. Dès sa sortie, on est en présence d'un nouveau phénomène, plus ou moins évincé pendant la période de travail : ce qu'on écrit a des conséquences. Personnellement, je n'y songe jamais assez, je crois. Je ne considère jamais l'impact et les effets d'un texte. Heureusement, jusque là, les effets sont plutôt positifs (« merci de m'avoir fait redécouvrir la Loire »), mais enfin, c'est une dimension que je n'ai pas intégrée encore. Et peut-être est-ce aussi bien, d'ailleurs. Je ne sais pas. On voit dans cette inconséquence que je suis encore un jeune écrivain, finalement.
    Il fut question du vocabulaire. De la difficulté de lire mes livres à cause de la richesse de leur langue. Pour qui est-ce que j'écris, alors, puisqu'il semble que je multiplie les filtres ? Une élite ? Je m'en voudrais. Je m'en veux, tiens oui, au fait : j'aimerais que tout le monde ait l'attitude que j'ai en tant que lecteur, la gourmandise du mot nouveau. Et puis, comme j'aime la justesse, la précision du mot (un sens, un mot), j'écris à sa place celui qui doit être là et qui exclut, par sa pertinence, tous les autres. Il fallait ce mot. Il est difficile, vous ne le connaissez pas ? Et bien, je  l'offre à votre avidité. Il faut savoir qu'il m'est arrivé de me voir refuser un manuscrit avec cet argument : « trop de vocabulaire ». Je suis conscient que ce peut être une limitation, mais je ne suis pas prêt à y renoncer. Il fut question aussi des sonorités (question illustrée par une lectrice intervenant très à propos, avec un extrait du début de Mausolées). J'écris aussi pour qu'un texte s'écoute. L'influence de mes premières lectures, là aussi, peut-être. En tout cas, des auteurs que j'aime. J'avais prévu d'évoquer Hugo et « La Légende des siècles » (on est vraiment dans les plaisirs coupables), mais je n'ai pas eu le temps ou plutôt pas eu le réflexe d'en parler à ce moment-là. C'est au contact du vieil Hugo et de ses poèmes monumentaux taillés à grands coups d'Alexandrins, que j'ai appris le goût de la scansion, du rythme. Il m'a fallu des années pour me débarrasser de la césure de l'hémistiche. Il me reste aujourd'hui une attention particulière à la musicalité d'un texte, dans ce que j'écris aussi bien que chez les autres. Il fut aussi question de ce que j'appelle, dans notre bibliothèque, les textes fondateurs. Bible, Coran, Kalevala, Véda, L'Iliade, et surtout Gilgamesh, puisque ce premier texte de l'humanité m'a inspiré une nouvelle qui fera bientôt mon actualité éditoriale.
    Nous sommes tous, auteurs ou non, débiteurs, voleurs, héritiers d'une galaxie de passants anodins ou essentiels. Il est vain de vouloir honnêtement rendre hommage à chacun, mais il me semblait que même un court aperçu valait pour tous les autres. Il y aura cependant un hommage particulier, il se fera, dans les mêmes lieux, à celui qui vint me voir tenter l'exercice. Cette fois-ci, mathématiquement, je suis en position pour produire un compte-rendu avant qu'il ne le fasse. Mais je n'ose rien promettre

  • Langue Fleury

    La bibliothèque de Fleury, pour moi, c'est dix minutes. Pour Laurent Cachard, ça doit être dans les deux heures ou pas loin. Le bougre a le temps de produire un billet avant même que je réalise que je devrais peut-être tenter d'essayer de vouloir parler de la rencontre. Et en plus, c'est gracieux et pertinent. Moi, je vous le dis tout net : je ne sais pas comment il fait.

  • Le 15 à 15 heures

    1-28092012-_igp5238.jpgA l'invitation de son équipe, je serai à la bibliothèque de Fleury-la-Montagne (Saône-et-Loire), ce samedi 15 mars (aujourd'hui, donc) de 15 h. à 17 h.  J'y parlerai de chacun de mes livres et des auteurs que j'aime. Je suis très heureux de cette invitation : on n'a pas tous les jours la chance de se rendre dans une bibliothèque qui peut se prévaloir d'un nombre d'abonnés équivalant à un tiers de la population de sa commune.

  • Chez les fleurandins

    Samedi 15 mars, de 15 à 17 heures, je suis accueilli pour la première fois à la Bibliothèque de Fleury-la-Montagne. Je viendrai en voisin (je n'habite pas loin) pour évoquer mon travail. Je ne parlerai pas seulement de mon dernier roman, Mausolées, mais de mes autres livres, de certains inédits, de théâtre, de nouvelles, et de mes influences et de pas mal d’autres auteurs que je connais. C’est l’avantage d’avoir du temps et je ne peux que remercier Françoise Leroux, bénévole de l'équipe, à qui je dois cette initiative.
    Petit village du département de Saône-et-Loire dans la région de Bourgogne, Fleury-la-Montagne compte 649 habitants appelés les Fleurandins (source : site de la mairie). Ce qui signifie que je vais pouvoir mettre à l'épreuve, une fois de plus, la pertinence du principe de Cachard.

  • Prix Rosny aîné

    Depuis 1980, le prix Rosny aîné récompense des œuvres de science-fiction (romans et nouvelles) parues en langue française sur support papier au cours de l'année civile précédente.

    Mausolées est dans la liste pour ce prix (rien d'extraordinaire : TOUS les livres SF ont leur chance, au départ).

    Si vous avez lu mon roman, et si vous pensez qu'il le mérite, vous pouvez voter pour lui ICI (jusqu'au 31 mai 2014)

    Après une première sélection faite par les lecteurs, un deuxième tour est réservé aux inscrits de la 41e convention nationale de science-fiction (du 17 au 20 juillet 2014 à Amiens). C'est là que tout se décide. Au vu des lauréats des éditions précédentes, je dois dire que, ma foi, je n'aurais rien contre rejoindre cette belle brochette. Et puis, le prix étant une statuette de l'ami Caza, je dois dire que, ça aussi, ça me motive pour oser vous demander de voter pour moi.

    merci de votre soutien.

  • ALIROULU 2-E02

    Un nouvel épisode de la deuxième saison de ALIROULU. On reste à la Médiathèque de Charlieu, cette fois. Pour parler d'un seul livre. Ici, on prend le temps de parler d'un auteur. C'est ça, ALIROULU.

     

    On remarquera que j'en fais de moins en moins.

  • Ecoute-moi

    Un futur, un seul. Ne crois pas ceux qui t'en promettent autant que tu le désires.

     

    Extrait de "Nos futurs", à paraître chez Sang d'Encre.

     

  • Martine et Cacao

    Ma douce achève le classement des albums jeunesse. Parmi eux, les livres de son enfance, nourrie à une époque, par la série des « Martine ». L'un d'eux s'intitule « Martine en voyage ». On y voit Martine décider de partir avec sa petite copine noire, nommée « Cacao » mais qui est si bête « qu'elle ne se souvient même pas de son nom. Un nom pourtant facile à retenir. » Les deux amies partent donc en voyage. Tout le long du livre, Martine, décontractée, tient une ombrelle sur l'épaule, tandis que Cacao la suit en portant leur valise commune sur la tête. Bien expliquer aux enfants les bonnes manières et l'ordre des choses.

    NB : apparemment, l'album a été réédité, et Cacao s'appelle maintenant Annie. Je ne sais pas si elle porte la valise tout le temps.

  • A paraître

    Jackie Plaetevoet, auteure et éditrice (Sang d'Encre), met la dernière main à un petit livre de sa collection Opuscules. Il s'agit de deux textes réunis en un seul recueil : « Lucifer Elégie » et « Nos futurs ». Deux textes au propos et aux tonalités très éloignés voire antagonistes quoique parents, dont la genèse et la forme semblent si différentes qu'elles paraissent issues de deux auteurs. C’est le cas, d'une certaine façon : le premier a été écrit par le quadragénaire que je fus, le second par le quinqua que je suis. Ce doit être suffisant pour  créer des contours physiques autour des manières d'écrire.
    La poésie actuelle se préoccupe peu des grandes figures mythologiques. La poésie actuelle n'a pas tort. Les grandes figures mythologiques m'ont cependant toujours paru proches et touchantes, tangibles comme les membres de ma famille et mes amis. Je les sollicite souvent pour bénéficier du raccourci que permet leur caractère universel. « Lucifer Élégie » est une suite de confidences de la figure de Prométhée, confondue ici avec celle de Lucifer. Parce que, étymologiquement, Lucifer (lux, ferre) est le porteur de lumière, celui qui n'admet pas la décision injuste de(s) Dieu(x) d'abandonner l'humanité à son innocence. Lucifer et Prométhée sont des philanthropes. Mais une bonne action est toujours punie. Ces confidences sont émises depuis les lieux où le grand révolté est enterré, par volonté divine. Elles font écho bien sûr, aux colères enfouies chez chacun de nous par souci de conventions sociales, mais aussi aux regrets des défunts, quand il est trop tard pour exister. Ce sont des paroles de spectres.
    Ces paroles (à peu de choses près, car j'ai réécrit certains passages) ont été entendues une fois, une seule, lors d'une représentation de la pièce « Le Rire du Limule », où elles constituaient des parenthèses entre deux séquences. Il y était question de toutes les occasions de révolte et de tous les renoncements. Elles étaient restées inédites.

    « Nos Futurs » est une série de variations autour de l'idée de lendemain, de futur, d'avenir, autour de la notion du temps. Un embryon de cette série de textes courts avait été initiée après une première collaboration avec Jérôme Bodon-Clair, compositeur de la musique du « Rire du Limule », justement. Tout se tient. Laissé en jachère, « Nos Futurs » a trouvé sa forme définitive grâce à l'élan donné par Sang d'Encre. Il me semblait que c'était le texte inédit le plus adapté pour accompagner « Lucifer Élégie ». Jackie a approuvé ce choix, par goût littéraire bien sûr, mais aussi parce que des passages font écho à certains aspects de sa vie.

    Aujourd'hui, ces deux textes rassemblés bénéficient du travail de l'artiste Corie Bizouard, qui les a illustrés (n'ayons pas peur de parler d'illustrations, me disait-elle), prolongeant les peurs et les ténèbres, révélant des images à peine esquissées entre les lignes, maniant un certain humour parfois. Des images d'une grande intelligence et d'une grande force graphique, car nées dans la puissance de la spontanéité. Les corps y apparaissent en creux dans la texture de l'encre noire ou en surfaces pleines, contours déchirés par la sécheresse d'une brosse (et essayez de répéter dix fois très vite cette dernière partie de phrase). Plusieurs dessins ont été faits à la peinture rouge, ils apporteront des ruptures bienvenues. Corie a vraiment fait un travail de grande qualité, et c’est toujours intimidant, déstabilisant même, de se voir épauler par tant de talents. Pour cela, je dois beaucoup aux femmes, remarqué-je : Anne-Laure Héritier-Blanc (« Les chants plaintifs » édition La petite Fabrique) ; Yveline Loiseur (« Dans les plis sinueux des vieilles capitales » chez Huguet), et puis Christine Muller, et puis Catherine Chanteloube, Jackie et Corie enfin.

    J'ai tellement conscience de la chance que j'ai, que tout cela me paraît illégitime.

  • Pas rien

    Il ne se sera pas passé grand'chose entre la naissance des dinosaures et la fin des humains. A peine un tour de la planète autour du centre de sa galaxie. C'est frustrant. Mais tout de même, il y aura eu le bref éclat de la littérature.

  • ALIROULU - Saison 2 - Premier épisode

    Oui, car on ne considère pas un hors série (fut-il consacré à Proust et servi par l'immense François Podetti) comme un "vrai" numéro. Voici donc enfin, le premier épisode de la seconde saison de l'émission ALIROULU. On retrouve Jean-Baptiste Hamelin, de la libraire Le Carnet à Spirales de Charlieu, et on découvre la Médiathèque de cette petite ville, le tout dans une bonne lumière estivale.

    Au sommaire Razvan Radulescu et Lidia Jorge.

    A lire, si vous ne les avez pas lus.

     

  • Nihil novi sub sole

    "Viens, jouissons de ta vigueur, avance ta tête pour m'embrasser entre les cuisses".
    Extrait de L'épopée de Gilgamesh, écrite il y a près de 4000 ans. Rien de nouveau, n'est-ce pas ?

  • Vive l'ampleur !

    "C'était à Mehassa, faubourg de Basal, dans le jardin des nautiles. Le festin des partages aurait lieu à la nuit tombée et les préparatifs, entrepris une saison plus tôt, s'accéléraient dans les dernières heures du jour. On avait débarrassé l'aire d'honneur de ses griffes d'Olicanthe et planté au sommet des arches les bannières de chasse de toutes les nations, puis on avait dressé de longues tables organisées en carré autour des vasques de bronze où rougeoyaient des braises. La nuit tropicale avait d'un coup tendu le ciel d'une taie violette incrustée de poussière adamantine. On avait allumé les torches de résine, versé les perles phosphorescentes dans les bassins d'eau verte des nautiles."

    Et c'est comme ça pendant tout le bouquin ! Le projet est de construire une sorte de « Salammbô » de l'imaginaire (d'où la première phrase parodique). C'est très laborieux, voire épuisant. Cependant, ce pittoresque, cette emphase, cette ampleur, seront la couleur du premier des trois volumes de la saga. Pour ne pas me décourager sur le premier, ne pas me lasser de cette facture lyrique, je me projette sur le deuxième tome, qui sera exactement opposé. Froid, sec, intimiste. Si le premier volume sort un jour, il faudra expliquer aux lecteurs que sa forme et son atmosphère ne sont intelligibles vraiment qu'en regard de sa suite. Quant au troisième et dernier tome de l'histoire, il a pour ambition de faire la synthèse de ces deux ambiances, par effets de contrastes, dans une forme encore inconnue dans la littérature de l'imaginaire. Ne pas croire que j'abandonne certaines ambitions, même quand je m'amuse.

  • Mausolées chauffé à 233°

    Une nouvelle critique de Mausolées, toujours du côté des internautes, qui se prennent au jeu.

    Sur 233°C.

     

    Ah, et puis, j'avais oublié de lier celle-ci, sur Wagoo.

  • Mausolées - Extrait

    Une clameur s’éleva, croissante. Le cœur battant, Kargo entendit enfin nettement un cri hystérique : « Des enfants ! » Comme les autres, il abandonna sa file, rebroussa chemin et joua des coudes pour s’approcher. Dès les premières rumeurs, les gardes avaient quitté leur poste pour s’imposer au milieu de l’esplanade et dégager la place. Le cercle s’élargit, les cris devinrent murmures, des gens s’agenouillèrent. Kargo ne vit rien tout de suite, mais il entendit d’abord de petits cris qui pouvaient bien être des rires. Les voix si légères, si fragiles enflèrent ; un groupe de femmes, devant lui, se prosterna d’un bloc, comme une vague qui s’effondre, et Kargo les vit : guidés par des soldats puissamment armés, de tout petits hommes avançaient maladroitement. Des enfants !
    Kargo n’en avait jusqu’à présent vu que des représentations, mais cette vision directe procurait une sensation neuve, indescriptible. Les minuscules visages se bousculaient, dodelinaient comiquement ; démesurés par rapport au reste du corps, étonnamment gracieux. Cela provoquait le rire en même temps qu’une onde de chaleur qui poussait de bonnes larmes aux paupières. Certains enfants décochaient des sourires au passage ; d’autres, intimidés par la foule nombreuse, restaient accrochés aux mains des soldats et affichaient une mine sérieuse qui inspirait des réactions attendries et bienveillantes. Kargo éprouvait une sensation exaltée et, autour de lui, la foule s’enivrait de tendresse, hypnotisée. La seule apparition des enfants avait jeté sur le sol, en position de prière, des milliers de personnes fascinées. Il devait y avoir une quarantaine de garçons et de filles. Un vieillard, dans l’assistance, estima qu’ils ne devaient pas avoir plus de trois ans, ce que contesta une voix anonyme, un peu plus loin, qui parla de cinq ans. Des pénitents leur demandèrent de se taire. Kargo était bouleversé comme il ne l’avait jamais été. Il aurait voulu pouvoir être assez près des enfants pour en toucher un, ou le frôler, sentir son odeur au moins, et plonger juste une seconde dans un de ces regards trop vite passés ; mais le petit groupe s’éloignait déjà, laissant au cœur de chacun une blessure étrange, très douce. La foule immobile demeura ainsi jusqu’à ce que les enfants aient disparu, à l’autre bout de l’esplanade, derrière le mausolée. Les touristes se questionnaient, pronostiquaient leur direction, le but de leur visite. Lentement, la tête ailleurs, on reconstitua les files d’attente pour pénétrer dans le monument.

  • Mausolées sur e-maginaire

    Une nouvelle critique de Mausolées. Un certain STEPH a bien compris le virage souhaité par Mnémos en publiant ce livre.

  • Bouffée d'oxygène

    Samedi dernier, à Tarare, tandis que la ville se recroquevillait sous une pluie froide et déprimante, j'ai eu le plaisir d'être interviewé par Marie-Louise Hansen, chroniqueuse d' Oxygène-Radio. L'habillage de la radio (ah, les bons vieux effets de réverb' sur le logo), la couleur des voix qui s'y font entendre, m'ont rappelé le temps où nous sévissions sur les ondes, avec notre accent et notre bonne volonté, au micro des premières radios libres. Le web permet de réinventer ce médium, en tout cas de faire renaître la veine enthousiaste de ses pionniers. Je me suis plié avec grand plaisir à cet exercice, dont voici l'enregistrement intégral en deux parties. Merci à Marie-Louise, merci à son technicien. Vivent les radios libres !


    podcast

     


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  • Dédier

    Samedi 1er février, de 9 heures 30 à midi (et peut-être même en début d'après-midi, si la foule ne s'est pas résorbée), j'aurai le grand plaisir d'être accueilli à la librairie Elizeo, à Tarare (Rhône), près de Lyon.
    Depuis Paris, c'est facile. Depuis New York, rejoignez Paris et demandez votre chemin. Depuis Katmandou, je ne sais plus, mais un moment, il faut tourner à droite. Enfin, c'est bien indiqué.

  • Joyeusement

    Hier soir, je recevais quelques images de ce que l'artiste Winfried Veit a réalisé pour illustrer La Joyeuse, une nouvelle en passe d'être publiée par les éditions Le Réalgar, à Saint-Etienne. Sollicité par son galeriste, Daniel Damart, l'artiste a entrepris une production énorme, 70 dessins et croquis, pour s'emparer du sujet. Le résultat est magnifique. Il y avait, dans cette histoire venue des origines de la civilisation (La Joyeuse est inspirée d'un passage de L'épopée de Gilgamesh, le plus vieux texte du monde), quelque chose de terrien, de tellurique, de biblique, et chaque fois que Winfried fouille cette glaise, découvre les corps comme des racines tout engobées de tourbe, je retrouve ce que m'inspire ce récit des origines. Il y a des encres, des dessins assourdis de noir, texturés de traits, des lavis qui embrument les corps. Une variété de techniques qui contribue à magnifier l'onirisme, à évoquer le fruste, le primitif, le nocturne, à donner l'effet d'une réminiscence. J'assiste, émerveillé, à l'équation du texte et du dessin. Dans La Joyeuse, mais aussi dans le mythe original, il y a cette idée que l'amour physique civilise (alors que dans notre pensée judéo-chrétienne, le sexe est supposé abêtir, abaisser au rang de l'animal). Les images que Winfried Veit a réalisées travaillent ce sentiment d'une élévation tirée de la terre, fait le portrait d'une créature « à la chair de météore » élevée au rang d'homme qui parle et pense. C’est le récit d'une humanisation aidée par les bons soins d'une courtisane. Ce matin, un nouvel arrivage de dessins me parvenait. Un régal, à nouveau, la confirmation que le choix du galeriste était le bon. Il fallait de la puissance, de l'humanité. Winfried Veit a su relever ce défi.
    Des images ? Patience...