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Livres - Page 19

  • Carte blanche

    Ce soir, à partir de 18h30, vous êtes cordialement invités à nous rejoindre pour une soirée riche en événements, avec : la présentation des 10 heureux élus de la 21e sélection Lettres Frontière, la séance de rattrapage sur Mausolées, qui n'a pas franchi la barre ultime mais tant pis, et la venue en chair et en voix d'Hervé Bougel, éditeur (le Pré#Carré éditions) et auteur (pour son dernier ouvrage « Tombeau pour Luis Ocana »). C'est à la Médiathèque de Gilly-sur-Isère que ça se passe et tout cela en excellente compagnie, je vous assure.

  • Avant, après

    Petit à petit, par cercles concentriques allant du plus large (la majorité de la population) au plus étroit (les fameux 0,001 % de possédants), la paupérisation gagnera avec l'accentuation de la pénurie des ressources. Le travail ne sera plus un droit, mais un luxe, exercé par des familles patriciennes. Le reste de la population sera une masse grandissante de survivants, en général désespérés, violents et suicidaires. Les États seront anémiés et relayés par des pouvoirs de baronnies. Après un pic démographique dans les années 2050 où la concentration urbaine aura connu son maximum, la baisse drastique de la natalité pour des raisons économiques et la stérilité humaine feront sentir leurs effets de façon de plus en plus patente. Les élites auront, un temps encore, la capacité de recourir à des procédés artificiels, mais cela concernera si peu de gens que la tendance générale ne s'en trouvera évidemment pas inversée. Tout sera pollué, l'air, les mers, les rivières, les plantes, absolument tout. Il ne sera plus possible de trouver de la nourriture saine, même pour les plus riches. Les grandes épidémies réapparaîtront et la majorité de la population sera atteinte d'une variété inédite de cancers. Les malades sans moyens, les handicapés, les vieux et les attardés seront rendus coupables de coûter cher et on les encouragera à l'euthanasie, dans un premier temps. Les crises économiques à répétition, les mafias, les grands mouvements migratoires et les guerres civiles auront eu raison des démocraties. Le totalitarisme sera la règle et l'on vivra dans une guerre permanente. Le post-humanisme triomphant donnera les clés théoriques pour autoriser de nouveaux génocides, des massacres préventifs, répercutés de cercle en cercle dans le même mouvement que la paupérisation, avec un léger décalage cependant. On tuera à l'arme blanche ou à la main, la pénurie rendant coûteux un armement plus efficace. Les espoirs qu'on avait placé dans les nanotechnologies, l'espace, l'intelligence artificielle, les énergies renouvelables, seront réduits à néant par les effets de la pénurie de ressources citée plus haut et dont l'ampleur n'aura été prise en compte par personne, par aveuglement ou peur peut-être, mais surtout parce qu'elle est inconcevable pour des esprits construits sur l'idée d'une flèche du progrès, aucun recyclage n'aura permis d'inverser la tendance.

    Ce qui nous fera un joli cadre pour planter l'action de la préquelle de Mausolées.

  • Un peu d'autosatisfaction

    Lucifer-Elegie.JPGC'était la jolie surprise de l'an dernier, quand Jackie Platevoet, responsable des éditions Sang d'Encre et poète elle-même, me demanda si j'avais des textes pour elle. C'est toujours une grande émotion d'être voulu, sollicité, apprécié au point qu'on veuille des textes de vous. Au cadeau initial, s'ajouta celui de la participation de Corie Bizouard. L'artiste ne s'est pas contentée de sortir quelques images de ses fonds de tiroir (nous sommes dans une économie de la petite édition, et c'est tout ce que Jackie pouvait oser proposer), mais elle a pris les sujets à bras le corps, a élaboré une belle série de dessins et peintures, expressément dédiés à « Lucifer Elégie » et à « Nos Futurs », pour cette belle édition. Beau papier, format agréable, jolie mise en pages, typographie classieuse, reproductions de bonne qualité.
    Voilà, c'est arrivé, c'est là, et c'est un fleuron supplémentaire dans mon parcours. Je suis très heureux.

    Sauf incident, un petit événement (exposition, musique, lecture) aura lieu à la Médiathèque de Roanne en septembre pour présenter cet opus. Je vous tiens au courant, bien sûr.

  • Ce que je n'oublie pas

    Un repas paysan dans « La grande Beune » de Pierre Michon.

    Michon encore, jeune, récitant « La Ballade des pendus » au chevet de sa mère juste décédée. Dans « Corps du Roi ».
     
    Le début de « Mrs Dalloway » de Virginia Woolf
     
    « L'obscurité du dehors » de Mc Carty, une scène proche de la fin, impossible à raconter, même en résumé. 
     
    Le repas des mercenaires, dans Salammbô. Embarquement immédiat pour l'antiquité fantasmée de Flaubert. Sons, couleurs, odeurs. Dépaysement garanti dès la première phrase. Un modèle d'entrée dans une fiction.
     
    A Villequier, de Hugo ; le père Totor en flagrant délit de sincérité. Le meilleur de sa force et, enfin, un peu de simplicité.
     
    La fin de Lorenzaccio, de Musset. La lucidité d'un auteur de 24 ans !
     
    La scène du récital de piano dans « trois hommes dans un bateau ». Et un fou-rire inextinguible, qui rendit presque impossible la lecture à haute-voix que j'avais entreprise pour ma femme, à l'époque. 
     
    La scène du choeur des russes dans l'usine, chez Cavanna dans « les Russkofs ».
     
    La mort d'Emma dans « Madame Bovary » (tiens, encore Flaubert).
     
    Le premier repas chez Mme Verdurin, dans « la recherche », ou une bagarre de Saint-Loup avec un homme, à la sortie d'une réception. La drôlerie de Proust, qu'on ne dit pas assez. Ou sa curiosité pour les abîmes, évidente dans ce passage où un homme est l'objet de tortures mentales de la part de sa fille lesbienne et de sa jeune amie. Je crois que c'est dans « du côté de chez Swann » mais je ne suis plus sûr. Enfin, sa lucidité, tout entière résumée par la dernière phrase de « Du côté de chez Swann ». Là, je suis sûr.

    Conan en bateau, remontant un fleuve couleur pourpre au sein de la jungle émeraude.

    La ruse insensée de Cortés dans un village où il a retenu des dignitaires aztèques, et joue sur au moins trois tableaux différents, simultanément. Un culot incroyable, à se taper le front d'incrédulité. Et pourtant. C'est dans « La Conquête du Mexique » de Bernal Diaz del Castillo.

    Delphine de Vigan entrant chez sa mère, évitant de comprendre qu'elle vient de se suicider, dans « Rien ne s'oppose à la nuit ».

    La scène finale du « Pendule de Foucault » d'Umberto Ecco.

    La visite au musée dans « Ladivine » de Marie N'Diaye, quand la réalité perd pied, que décidément quelque chose ne va pas.

    La première nouvelle de Pierre Péju dans « Naissances ». Trop dure à raconter.

    L'interrogatoire sous sérum de vérité de « La question » d'Henri Alleg

    L'angoisse des prisonniers dès le premier étage de « Enfer vertical en approche rapide » de Brussolo

    Dans le fourgon, Perry se met à raconter la nuit du massacre de la famille Clutter. Les mots simples de l'horreur, dans « De sang froid » de Truman Capote.

    L'accouchement de la sœur de Colette dans « La maison de Claudine » écoutée à distance par sa mère, qui se tord les mains, souffrant par procuration.

    Ugolin raconte à Dante comment, emprisonné avec ses enfants, il a dû se résoudre à les dévorer. C'est « L'Enfer », en effet.

    Une scène de « Truismes » de Marie Darrieussecq. (Non, je déconne)


    Bon, j'arrête là. Marre. Il y en a tant.

  • Faire le métier

    TombeaupourLuisOcana.jpgIl y a 20 ans, le champion cycliste Luis Ocaña se donnait la mort. Je dois avouer que je n'en ai rien su, car je me tenais à l'écart (à l'époque et encore aujourd'hui) de tout ce qui peut ressembler à un vélo. Comme dirait l'homme qui choisit sa fin au milieu de ses vignes, « j'en demande le pardon ». En tout cas, grâce à Hervé Bougel, le champion espagnol revient au jour, cara el sol, marche un peu sous le ciel de Caupenne-d'Armagnac, médite et remâche triomphes et chutes à la première personne.
    Un Tombeau est un hommage. Voici un bel hommage, « or-ga-ni-sé » en 71 courts chapitres, clé mathématique qui se réfère à l'année de la chute du champion dans un fossé de boue noire, sous un orage d'apocalypse, chute qui l'empêcha de gagner le Tour de France cette année-là. Il gagna celui de 1973, ouf. Je suis rassuré. Beaucoup plus tard, Luis dépose le vélo, sort les pieds des cale-pieds, décroche le dossard, c’est fini, il n'en peut plus, il n'est plus champion depuis longtemps mais son corps a semble-t-il décidé d'arrêter la course. L'arme au poing, Luis contemple ses vignes, se revoit, enfant, découvrant un garçon sur une bicyclette d'un gris étincelant. Il est alors saisi par l'élégance et la souplesse du jeune coureur, et plus encore, ébloui par la beauté de sa monture. Un choc esthétique peut-il décider d'un destin ?
    Le petit bûcheron qui suit les traces de son père, échappé au franquisme, qui est tellement de son sang, pareillement dur au mal, devient un champion. Et, champion cycliste, courbe son corps comme la tilda qui couronne son N et arpente les routes de l'épreuve-reine de cette discipline : Le Tour de France. Un monstre l'attend, Merckx, le Belge, le monstre, le grand con, la bête à abattre. Du mépris pour cet adversaire de haut vol ? Probable qu'il en a eu, puisqu'il a donné son nom à son chien. Mais de cela, comme d'autres broutilles, Ocaña demandera le pardon en cet ultime jour de 1994.
    Le duel, les duels Merckx-Ocana, le Belge jamais nommé contre celui qui restera dans le cœur des foules, « L'Espagnol », donnent d'ailleurs le meilleur du livre, on sent la rage. Bougel excelle dans la description physique de la hargne. C'est un énervé, Hervé. La lutte est âpre, on s'observe par en dessous, roue à roue, dos raidi, tension du regard, tension des rayons, le paysage devient fluide, et le vent est cet élément « dans lequel il faut s'engager », Luis s'engage en course comme Hervé en poésie, c’est un combat aux poings, c'est comme ça qu'on le voit, qu'on le ressent, ça va saigner. Le routier Ocaña est à sa place, il « fait le métier » et on pourrait se dire que voilà l'obsession de cet auteur, le thème sur lequel il revient sans cesse, en O.S. qui peaufine l'ouvrage : le métier, la langue du labeur, le vocabulaire des corps coltinés au travail. Je remarque, je n'en suis pas sûr, mais il me semble bien, qu'il y a chez Hervé Bougel, un incessant désir (mais un effroi aussi, sans doute) du retour à l'atelier. Ce n'est pas que la moindre pièce ait un défaut, mais il n'a de cesse de réviser l'ouvrage, en maniaque.


    Nous tenterons d'éclaircir ce point, et d'autres, d'évoquer le parcours de cet écrivain singulier, de son travail d'éditeur, le vendredi 20 juin à partir de 18h30, à la Médiathèque de Gilly-sur-Isère, dans le cadre des « cartes blanches » dont cet établissement m'honore depuis maintenant trois ans.


    Tombeau pour Luis Ocaña, Hervé Bougel, La table Ronde, 100 pages (à peu près, riche idée de ne pas folioter, merci !), 12 euros.

  • En pleine chaleur

    Présentation Lucifer Elégie.jpgBondeCde_Lucifer Elégie.jpg

    Tandis que l'auteur s'amollit sous les feux de l'été, l'éditrice continue d'œuvrer, et comment la remercier ?

    Jackie Plaetevoet, auteure et éditrice (Sang d'Encre), vient de faire paraître une série de mes textes dans sa collection Opuscules. Il s'agit de deux textes réunis en un seul recueil : « Lucifer Elégie » et « Nos futurs ». Deux textes au propos et aux tonalités très éloignés voire antagonistes quoique parents, dont la genèse et la forme semblent si différentes qu'elles paraissent issues de deux auteurs. C’est le cas, d'une certaine façon : le premier a été écrit par le quadragénaire que je fus, le second par le quinqua que je suis.

    "Lucifer Elégie".

    Les grandes figures mythologiques m'ont toujours paru proches et touchantes, tangibles comme les membres de ma famille et mes amis. Je les sollicite souvent pour bénéficier du raccourci que permet leur caractère universel. « Lucifer Élégie » est une suite de confidences de la figure de Prométhée, confondue ici avec celle de Lucifer. Parce que, étymologiquement, Lucifer (lux, ferre) est le porteur de lumière, celui qui n'admet pas la décision injuste de(s) Dieu(x) d'abandonner l'humanité à son innocence. Lucifer et Prométhée sont des philanthropes. Mais une bonne action est toujours punie. Ces confidences sont émises depuis les lieux où le grand révolté est enterré, par volonté divine. Elles font écho bien sûr, aux colères enfouies chez chacun de nous par souci de conventions sociales, mais aussi aux regrets des défunts, quand il est trop tard pour exister. Ce sont des paroles de spectres.

    « Nos Futurs » est une série de variations autour de l'idée de lendemain, de futur, d'avenir, autour de la notion du temps. Un embryon de cette série de textes courts avait été initiée après une première collaboration avec Jérôme Bodon-Clair, compositeur de la musique du « Rire du Limule », justement. Tout se tient. Laissé en jachère, « Nos Futurs » a trouvé sa forme définitive grâce à l'élan donné par Sang d'Encre. Il me semblait que c'était le texte inédit le plus adapté pour accompagner « Lucifer Élégie ». Jackie a approuvé ce choix, par goût littéraire bien sûr, mais aussi parce que des passages font écho à certains aspects de sa vie.

    Aujourd'hui, ces deux textes rassemblés bénéficient du travail de l'artiste Corie Bizouard, qui les a illustrés (n'ayons pas peur de parler d'illustrations, me disait-elle), prolongeant les peurs et les ténèbres, révélant des images à peine esquissées entre les lignes, maniant un certain humour parfois. Des images d'une grande intelligence et d'une grande force graphique, car nées dans la puissance de la spontanéité. Les corps y apparaissent en creux dans la texture de l'encre noire ou en surfaces pleines, contours déchirés par la sécheresse d'une brosse (et essayez de répéter dix fois très vite cette dernière partie de phrase). Plusieurs dessins ont été faits à la peinture rouge, ils apportent des ruptures bienvenues. Corie a vraiment fait un travail de grande qualité, et c’est toujours intimidant, déstabilisant même, de se voir épauler par tant de talents.

    En vignette, la présentation et le bon de commande de la maison d'édition Sang d'encre.

    Le produit de la vente des livres par bon de commande revient intégralement à cette petite maison d'édition de la région lyonnaise.

    Merci de votre soutien et de faire suivre aux personnes susceptibles d'être intéressées par ce message.

    Bonne journée à tous.

  • Raté

    Le Jury du prix Lettres frontière a voté pour ses dix livres préférés parmi les vingt présélectionnés. Mausolées n'a finalement pas été retenu, pas plus que le Rainbow Warrior d'Ayerdal. En cause, le genre ? Je note tout de même, pour la première fois il me semble, un choix qui ne consacre que de grands éditeurs (pour Rhône-Alpes en tout cas). Un des aspects les plus louables de cette sélection a donc été sacrifié. La volonté d'attirer un public plus nombreux ? J'espère que non. Cela dit, aucun de ces titres ne désoblige le jury. Tout est excellent.

    Rhône-Alpes 

    Suisse Romande

  • ALIROULU 2-E4

    Dernière livraison du P'tit Lab, de l'ami Yohann Subrin, un Aliroulu qui évoque un livre dur, méchant, à part: Sida Mental, de Lionel Tran, chez Ego comme X.

     

    Ce n'est pas le billet du jour, c'est un bonus. Les billets sont postés paresseusement vers la fin de journée, à peu près.

  • Demain

    Ô le futur que je devine ! Ô la peur que je ressens au rappel de mes visions !
    Rétines éblouies par les marbres, échines raidies par la gloriole, danses muselées, fronts carrés levés, femmes et hommes abrutis par les bottes.

     

    Extrait de "Lucifer Elégie", à paraître en juin chez Sang d'Encre. Illustrations de Corie Bizouard.

  • Réversibilité

    Il était là, en spectateur discret, tandis que je me pliais pour la deuxième fois à l'exercice qui consiste, en moins de dix minutes, à donner envie à des libraires de s'intéresser à mon livre. Avec le secret espoir qu'une fois prochaine, cet exercice soit le sien. Je vous suggère un petit tour sur le blog de Laurent Cachard.

  • Cachard's Tour

    De retour de sa tournée triomphale à New-York, Laurent Cachard et ses musiciens se produiront ce 11 mai, à L'ATMO, à Lyon. Cachard, c'est littérature et musique parfaitement combinées. Entre spectacle musical, chanson, lecture et poésie, entre jubilation et recueillement, un équilibre étonnant, à découvrir. Il n'existe rien de comparable.

    INVITA ATMO .jpg

     

     

  • Plonger - remonter

    [Ici, j'épanchais mes sentiments dans un billet paniqué, supprimé parce que les copains sont vigilants et que, je crois , ils ont raison. Allez, hop; n'en parlons plus.]

     

    (et du coup, pas de billet aujourd'hui) Aha.

  • Un tri dans la nuit

    Ce n'est pas qu'on ne croit plus à l'amour, mais c’est qu'on y a collé tellement de choses et surtout tellement n'importe quoi, qu'on finit par ne plus savoir de quoi l'on parle. C'est comme une bibliothèque monstrueuse où se côtoient le pire et le meilleur sous prétexte qu'il s'agit de livres. Va trouver de la littérature dans  ce fatras, toi.

  • Les eaux froides.

    Voyageur, ne t'aventure pas dans ces contrées maudites si aucune raison impérieuse ne t'y oblige. Pauvres enfants de Pangée, marcheurs sous le soleil, promeneurs qui lancent leurs chants parmi les vapeurs parfumées que l'humus exhale, combien vous regrettiez la douce haleine de la terre ! [...] Après le calme relatif des longues nuits, un vent pénétrant se levait avec le maigre jour et courait sur les flots noirs à l'assaut de nos ponts. En quelques instants, les cordages et les haubans, les pavois, les lisses, les voiles, les proues et jusqu'aux mécanismes des balistes et des gouvernails, tout se couvrait d'un lourd fourreau de glace, empêchant les manœuvres, ralentissant les mouvements et l'exécution des ordres. La mâture devenait roche et forêt blanche de givre, envahie, recouverte, dévorée par une masse toujours plus épaisse de cristaux piquants qu'il fallait continuellement briser à la hache pour l'en dégager. Tout se faisait dans la peine et la souffrance. Agripper un câble sans protection était comme saisir une barre de métal brûlant. La peau était immédiatement arrachée, la chair crevassée. Nous respirions prudemment, l'air entrait dans la gorge douloureuse et jusqu'à la poitrine avec la force et l'éclat d'une dague. Le froid poussait des larmes aux yeux, larmes qui se figeaient dans l'instant. Le ciel était livide, la mer noire et balancée lente, marbrée de bave blanchâtre.

     

    Extrait de Les nefs de Pangée.

  • Le dernier mot

    [Billet supprimé. Un effet de la solidarité que je dois à mon éditeur. Inutile d'alimenter une polémique qui, au fond, n'a pas d'intérêt]

  • Shakes pire

    Je signe à côté de Lisa Tuttle, célèbre écrivain écossaise dont je vous conseille « Les chambres inquiètes » recueil de nouvelles traduites par Nathalie Serval, chez Dystopia. Bref, je suis donc à côté de cette étonnante personne, dans l'excellente librairie Charybde, à Paris. Poliment, nous échangeons quelques mots. La pauvre me pose une question sur la réflexion borgésienne présente dans « Mausolées » (car l'éditeur a conclu son livre par une phrase de Borges, et j'ai réussi à dire que certains passages du mien pouvaient évoquer la bibliophilie du grand auteur argentin). Inconsciente du danger, Lisa a franchi un seuil. Je me lance dans une explication longue et périlleuse. Après un quart d'heure de massacre de sa langue et de supplice pour elle, Lisa Tuttle me supplie de parler français : elle saura se débrouiller.

  • Critique de Mausolées

    Je trouve celle-ci particulièrement soignée et riche. C'est sur YOZONE, par un nommé Hilaire Alrune.

    Permettez-moi de citer le dernier paragraphe, qui me fait plaisir et fait écho au pari de mon éditeur :

    "Une réussite manifeste pour un auteur à la prose exigeante, et une belle publication pour les éditions Mnémos qui avec « Mausolées » ont le courage de sortir des sentiers battus pour proposer au lecteur un de ces romans qui ne s’oublient pas sitôt la dernière page tournée, et qui, tête haute – ils ne sont pas si nombreux – sont capables de venir s’inscrire à la fois dans le registre de la littérature dite de genre et dans celui de la littérature générale."

  • Que je vous dise

    Hier, vendredi, j'ai donné par téléphone à Agathe, la très gentille et patiente et sympathique assistante du directeur d'édition, les ultimes corrections de « L'Affaire des vivants ». Corrections orthographiques (très peu, j'avais bien travaillé) et typo (beaucoup, à cause d'un parti-pris assez inédit de code particulier pour les dialogues). Voilà. Bouclé, terminé. La prochaine étape, c’est l'impression. Puis les services de presse.
    Un quart d'heure après ce long échange téléphonique, j'écrivais à Agathe pour lui demander d'apporter deux petites et ultimes corrections. J'avais eu le malheur de relire les deux premières pages.
    Il faut savoir lâcher son bébé. C'est difficile.