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Livres - Page 15

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    Le roman, ce fils qu'on ne cesse de tuer, et qui vous survivra.

  • L'idiot

    Je suis épaté par l'intelligence avec laquelle les auteurs parlent de leur œuvre. Moi, j'ai toujours le sentiment d'être l'idiot de mes livres, celui qui ne sait pas ou, en tout cas, en sait moins que ses lecteurs. C'est la pertinence des lectures qui me fait comprendre ce que j'ai fait.

  • Versailles

    Ce soir, je suis invité par le club lecture Parole d'encre, dans le cadre prestigieux de la galerie des archives de la Bibliothèque de Versailles (où j'espère revenir pour d'autres raisons et plus longuement). J'ai le plaisir et l'avantage de présenter « L'Affaire des Vivants », en compagnie de Jean-Luc Seigle, qui viendra évoquer, lui, son dernier et superbe ouvrage « Je vous écris dans le noir ». Danielle Maurel en parle mieux que je ne pourrais le faire sur son blog.

    Une autre bonne nouvelle : la sortie en poche de « Mausolées », en novembre.

  • Réaliste

    Admettre que Mausolées ou Les Nefs de Pangée seront lus et vus comme ce qu'ils ne sont pas, qu'ils vaudront mieux que leur réputation, compter sur le temps pour que ce qui les fonde, en réalité, soit reconnu. Essayer de s'en moquer et continuer.

  • L'histoire sans fin

    "Elle pensait à la fin, au profil de la fin, à l'impossibilité d'en tracer une idée. Ce monde lui semblait un conte dont la conclusion se perdait dans les limbes. Une légende absurde commencée avant elle, avant eux tous, et qui n'aurait pas d'achèvement."

     

    Les Nefs de Pangée. Extrait. Sortie septembre chez Mnémos.

  • A Villequier

    Nous en parlions, avec Laurent Cachard, à Fleury, à propos de la fin de sa nouvelle, Marius Beyle. J'avais fait une vidéo qui n'existe plus (où est-elle passée ?). Mais il y a cet enregistrement sonore. Loin d'être parfait, mais c'est un hommage. Un des plus beaux textes de Totor.



    podcast

  • Ce qui subsiste

    « Il arrive cette période où le bouleversement est tel que ses témoins ne peuvent imaginer un avenir ; surtout un avenir où ce qu'ils ont aimé, ce qui les a construits, n'aurait pas disparu. Ce qui paraît perdu à jamais, et qui leur était si précieux, résiste pourtant mieux qu'on le croirait aux changements les plus radicaux. Tout est là, secret, tenace comme un parfum. Rien n'est absolument détruit. Mais nous ne vivons pas assez vieux pour en faire le constat et en être rassurés. C'est cela, le drame de notre condition. »

    Histoire des dix âges de Basal. Hammassi, conteuse de Bhaca de Memphée, témoin de la dixième chasse.

     

    Extrait de "Les Nefs de Pangée". Sortie en septembre chez Mnémos.

  • Préselection Lettres-Frontière

    Encore une fois dans le peloton final. Mais notre héros parviendra-t-il à la ligne d'arrivée ? (la concurrence est forte. Tellement de talents. Je n'aimerais pas être à la place des jurés, il va y avoir du sang).

    Les 20 titres suivants ont été sélectionnés parmi un nombre important d’ouvrages
    (près de 200) pour leurs multiples qualités. Le jeudi 30 avril prochain, le Jury votera
    pour ses 10 livres favoris qui constitueront la 22ème Sélection au Prix Lettres frontière
    et celle-ci sera annoncée le soir même au Salon international du Livre et de la
    Presse de Genève, sur la scène de L’apostrophe. Les auteurs des 10 livres retenus
    seront invités à participer à la manifestation L’Usage de Mots, qui aura lieu le samedi
    14 novembre 2015 à Genève (salle du Faubourg).

    Rhône-Alpes :
     Jacques A. Bertrand, Comment j'ai mangé mon estomac, Julliard
     Yves Bichet, L'Homme qui marche, Mercure de France
     Christian Chavassieux, L'Affaire des vivants, Phébus
     Christophe Fourvel, Le Mal qu'on se fait, La Fosse aux ours
     Bruno d'Halluin, L'Egaré de Lisbonne, Gaïa
     Isabelle Pouchin, Le Roman poème de Berthe et Emma, Gaspard Nocturne
     Emmanuel Ruben, La Ligne des glaces, Rivages
     Jean-Christophe Rufin, Le Collier rouge, Gallimard
     Camille de Toledo, Oublier, trahir puis disparaître, Seuil
     Eric Vuillard, Tristesse de la terre, Actes Sud

    Suisse romande :
     Xochitl Borel, L'Alphabet des anges, L'Aire
     Marianne Brun, L'Accident, L'Age d'Homme
     Slobodan Despot, Le Miel, Gallimard
     Julien Dunilac, Mes obsèques à Pâques, Slatkine
     Christophe Gérard, Osbet & Autres historiettes, L'Age d'Homme
     Valérie Gilliard, Le Canal, L'Aire
     Max Lobe, La Trinité bantoue, Zoé
     Sébastien Meier, Les Ombres du métis, Zoé
     Jean-Michel Olivier, L'Ami barbare, L'Age d'Homme
     Dominique de Rivaz, Jeux, Zoé

  • Un sol neuf

    Ils avaient éprouvé l'étrange sensation d'un sol ferme sous eux. La plante de leurs pieds apprenait cette danse, cherchait à épouser cet épiderme inégal, cette alternance de surfaces meubles ou dures, la morsure des caillasses, le leurre des galets. Ce fut la première surprise. Se comporter par rapport à cette réponse nouvelle. Pieds, jambes, torses, colonne vertébrale, hauteur du regard. Il fallait tout réinventer. Après des siècles d'exil, il fallait apprivoiser un nouveau vocabulaire du corps. L'air avait une odeur singulière, les sons circulaient autrement, leurs voix semblaient plus proches, leur timbre avait une tenue, une tonicité qu'elle n'avait pas sur la mer. Les yeux ne traversaient plus l'atmosphère sans heurt jusqu'aux confins, ils trouvaient les obstacles des rochers, de la végétation, la diversion d'un oiseau, d'un envol de papillons. C'était tellement différent qu'ils en éprouvèrent un long vertige. Débarqué, le peuple suivait, marchait avec le même étonnement sur cette île qui ne bouge pas et répond à la marche par un son de conque pleine. Ils se penchèrent, s'accroupirent, saisirent une touffe d'herbe ou une poignée d'humus, un caillou, un peu de poussière. Les portèrent aux narines, toussèrent, rirent, pleurèrent. Humèrent la clarté abyssale de cette nature antagoniste. La terre.

    (...)

    Cependant, inévitablement, ils tournaient leur regard vers le large. L'océan qui avait été leur habitat depuis tant de générations, leur refuge et leur prison, et auquel ils avaient résolu, enfin, de s'arracher. Ils avaient pour lui des sentiments ambivalents, de la reconnaissance mais aussi une sorte d'épouvante, et tout cela se fondait dans une lassitude. Leur civilisation s'était construite avec et autour de lui, ils avaient su en tirer le meilleur, se nourrir, se vêtir, évoluer, créer des alliances avec d'autres créatures, leur langue désormais serait imprégnée des mots de la mer, ils diraient « vagues dures » pour parler des collines, « comme l'écume » pour évoquer la couleur de certaines fleurs. La vie sur l'océan avait marqué à jamais leur société, mais la colère d'avoir été repoussés hors du berceau ne les avait pas quittés. 

    (...)

    Nambrane ou Mantari, l'un ou l'autre ou les deux, désignèrent le Sud. « L'Arche nous attend » et tout un peuple s'ébranla. Des hommes, des femmes, vieillards et enfants, éblouis, étonnés de leur propre audace, supportant ou traînant le peu qu'ils pouvaient emporter. On échangeait des sourires à se voir si nombreux, on se confortait, on avait moins peur à se soutenir ainsi, on devinait l'Arche, sans la voir, au bout de ce nouvel horizon.

     

    Les Nefs de Pangée - Extraits. Sortie en septembre chez Mnémos.

  • Chavassieux décortique Cachard I

    Première partie de la rencontre à Fleury. En espérant une deuxième partie, dès que Laurent aura surmonté les problèmes techniques.

  • Rencontre avec Laurent Cachard

    La bibliothèque de Fleury, ses bénévoles avec le concours de la municipalité, ont eu l'excellente idée d'inviter l'écrivain lyonnais Laurent Cachard, pour une rencontre exceptionnelle (exceptionnelle « à plus d'un titre », comme le souligne le billettiste désirant passer à l'essentiel, contenu dans la suite).  D'abord, parce que Laurent est un écrivain rare, aussi parce qu'il s'agissait de tenter une approche de l'ensemble de sa production et enfin, parce que la soirée se poursuivait par un – peut-être – ultime récital « Littérature et musique ». Forme singulière alternant lectures d'extraits et chansons inspirées de ses livres, concoctée par l'auteur il y a quelques années, et imaginée avec la complicité des musiciens qui composent et/ou interprètent les chansons inspirées de l'œuvre de leur ami Laurent. Ici, Gérard et sa nièce Clara Védèche, et Eric Hostettler. Ce serait une journée-hommage en quelque sorte, bien que l'âge de Laurent n'incite pas au bilan ou à la rétrospective. Disons que cette rencontre était l'occasion d'un point à mi-parcours.

    Hier donc, Laurent Chachard était venu trouver un public neuf, celui de la bibliothèque de Fleury-la-montagne. Les lecteurs de Kronix connaissent bien cet auteur, souvent chroniqué ici et souvent « lié », blog à blog, car une ancienne complicité existe entre le Cheval de Troie et Kronix.
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    La rencontre d'hier avait pour objet de parcourir les différents aspects de son travail et de susciter pour le public présent le goût d'en découvrir plus, et de le lire. Je ne sais pas si nous y sommes parvenus, en tout cas, l'assemblée était nombreuse et attentive et l'échange, je crois, riche et intéressant.
    Romans, nouvelles, paroles de chansons, comédie musicale, théâtre, écrits sur l'art, essais... Il y avait matière. Prendre le temps de tout aborder, avec immédiatement la certitude que nous ne ferons qu'effleurer le propos mais donner à l'auteur, ce n'est pas si fréquent, l'occasion de dire, de digresser, de peut-être découvrir des choses sur lui-même, qui sait ? Il aura fallu deux heures, et il ne restait plus assez de temps à consacrer aux échanges avec le public. Il fallait se résoudre à conclure, car les musiciens, dans la salle voisine, étaient prêts pour la deuxième partie de l'événement, et des spectateurs arrivaient. Cependant, l'objectif difficile a priori, d'effectuer un tour d'horizon complet a été tenu. Les réactions dans l'assemblée étaient celles de personnes qui découvrent un auteur, ou un aspect méconnu de son œuvre, et ont pris goût d'en connaître davantage. C'était le but. Je ne suis pas mécontent. Un enregistrement a été fait qui, j'espère, pourra être mis en ligne, et qui permettra de suivre complètement l'entretien.

    Littérature et musique est cette expérience peu commune ou plutôt unique (j'en avais fait une description lors d'une représentation stéphanoise à lire ici), constituée à partir de l'œuvre de notre invité. Laurent, je l'ai dit, est un personnage autour de qui s'agrège avec naturel les amitiés durables. Ce n'est pas une chance, pas seulement, c'est son talent. Pendant plus d'une heure, les amis musiciens de l'auteur ont accompagné les musiques écrites par Eric Hostettler sur les paroles de Laurent, et soutenu parfois, ou laissé le silence nécessaire, aux lectures d'extraits des livres de Laurent par lui-même. Courts extraits, significatifs, de chaque roman ou recueil de nouvelles, un prolongement bienvenu de notre rencontre. Et chaque fois, les chansons ad hoc, parfaitement écrites et interprétées. Celles inspirées de « Tébessa, 1956 » ou de « La partie de cache-cache », sont des moments inoubliables, émouvants, forts. Autre moment assez estomaquant, l'interprétation de la jeune Clara Védèche (18 ans), violoncelliste, d'une pièce contemporaine virtuose. Rien que pour ça...

    Dans la dernière partie de notre entretien, celle qui na pas eu lieu faute de temps, nous voulions d'un commun accord, aborder la question de l'assèchement littéraire. Car Laurent subit comme nous tous, parfois, l'angoisse du vide, du « à quoi bon ». Il me semble que la séance à deux détentes d'hier devait lui donner de bonnes, d'excellentes raisons, de ne pas baisser les bras, et lui faire la démonstration, s'il en était besoin, que tout ce travail n'est pas inutile, qu'il a un public, un lectorat, attentif à la suite de ses productions, et du coup, un devoir envers eux.

     

    NB : Je connais Laurent. Il aurait pu évidemment rédiger avec l'aisance qui le caractérise, le compte-rendu de cette rencontre dès son retour à Lyon hier, dans la nuit, mais je crois qu'il m'en a laissé la primeur, par élégance, malgré ma rédaction tardive. C'est bien lui, ça.

  • Demain....

    ... ça va être bien.

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  • Le roi est nu

    Admettre l'imperfection de Proust. Relire et constater que tout de même, il y a au moins cette phrase où, à force d'allonger et de multiplier les incises, il finit par évoquer les vertèbres qui dépassent d'un front, a quelque chose de réconfortant. Non, pas réconfortant, le mot sentirait l'ironie. Rassurant ? Peut-être. Pourtant pas comique, plutôt une sensation de remords. D'avoir surpris le maître en flagrant délit de négligence. Indécent. Voilà, indécent. Comme si on l'avait découvert nu, inconscient sur son lit défait. On referme la porte. Vite. Il faut être le salopard que je suis pour oser en parler ensuite.

  • Rien

    - Tu n'as toujours pas fait ton billet du jour sur Kronix ?
    - Ah non, tiens, c'est vrai. Il se fait tard. Je ne sais pas quoi mettre. J'avais un truc sur ma spasmophilie : « Ces étouffements dans la nuit qui parviennent à me faire prononcer involontairement : 'pitié' », mais tout le monde s'en fout, surtout, personne ne va comprendre. Et puis ça fait mélodramatique.
    - Tu ne vas pas leur refaire le coup du billet qui raconte que tu n'arrives pas à écrire un billet, hein ?
    - Non, non, bien sûr que non. Je l'ai déjà fait, comme tu dis. Je ne veux pas paraître comme ça, paresseux.
    - Tu n'es pas paresseux
    - Je ne sais pas. Parfois, si, quand même. En ce moment, même au niveau fiction, ce n'est pas ça. Je me traîne.
    - Tu as préparé l'interview de Laurent, le 14 ?
    - Bien sûr. J'ai tout relu, noté des choses. C'est fait. Je vais essayer de faire mieux qu'à Gilly, où je n'avais pas pris de notes, confiant dans ma relative bonne connaissance de son travail.
    - Oui, ce serait bien. Et le colloque, le 10 avril ?
    - Le colloque ? Oui, oui, j'ai même répété. Je tiens une heure facile. C'est un peu long.
    - Tu peux parler de Minotaure, de La Grande Sauvage... Je ne sais pas, tes chantiers en cours.
    - Ils sont à peine amorcés. Je peux parler de mon impuissance à les poursuivre.
    - Tes lectures ?
    - Oui, en effet, mais je ne sais pas faire de vraies critiques littéraires. Et puis ça demande vraiment beaucoup de travail pour écrire quelque chose de soutenu, d'argumenter, de respectueux. Tu vois, je suis quand même paresseux.
    - Faut pas dire ça. Tu as des priorités, c'est tout
    - Bôh, en ce moment...
    - Et la BD ? Tu peux parler de Cédric, qui relance vos dossiers : Cortés, Les nefs de Pangée (version BD), Le Petit Jules, Complainte des Terres du Nord, l'Enthéide, et j'en oublie...
    - Moi aussi, j'en oublie, on en a tellement sous le coude... Une dizaine, une vingtaine, je ne sais plus. Sans compter les nouveaux projets.
    - Et la dame que tu as dépannée ce matin, qui est venue sonner à la porte alors que tu étais encore en pyjama ? Et que tu es allé prendre froid, mon pauvre amour, pour réparer une roue sur un terrain tout boueux.
    - Oui, ça, peut-être...
    - Est-ce que tu as parlé de Voir Grandir, du travail musical de Jérôme, des projets de concerts ?
    Un peu, mais c’est encore loin, c'est prématuré
    - Des lectures de Nos Futurs avec Emmanuel Merle ? Des rencontres à Versailles ? De tes autres projets de romans ? De l'anthologie sur l'Utopie, qui revient au jour ? De la revue Brasiko Folio ? de la sortie des Nefs de Pangée chez Mnémos en septembre ? De tes enfants, de moi ?
    - Le problème, tu vois, c'est qu'il ne se passe pas grand chose dans ma vie.

  • En bonne voie

    Que je vous explique : même avec un accord préalable d'un éditeur, je ne suis jamais sûr que le livre sur lequel j'ai travaillé un, deux ou trois ans, sera finalement publié. Je ne suis jamais certain qu'un manuscrit correspondra aux attentes ou aux espoirs d'un éditeur. L'échec est toujours envisageable. Ce que je ne vous explique pas, par contre, ce sont les angoisses inhérentes à ces inconnues, puisque c’est désormais ma seule source de revenus. Rien n’est donc sûr tant que le contrat n'est pas signé. Pour « Les Nefs », je viens de recevoir le document magique. Vous n'imaginez pas le soulagement que c'est.

  • Plairil l'iconoclaste

    Le vent qui naguère berçait ses rêves ambitieux, l'entourait à présent d'une moqueuse sarabande. Plairil se plaignait d'avoir tout perdu et le vent vint ricaner à son oreille Perdu ? Perdu quoi ? Qu'as-tu fait ? Qu'as-tu construit que tu aurais perdu ? Il proférait, indigné, des réponses plus hésitantes à chaque souffle : « Un monde, j'avais construit un monde », mais le vent poursuivait ses moqueries, Où est ton monde ? Nous ne l'avons pas vu. Et pourtant, pourtant... il arrachait ses vêtements : « Aveugles ! Voilà pourquoi ! Il était entre mes mains. Je le tenais. À quel tribunal me plaindre de l'injustice qui m'est faite ? » mais des rafales emportaient ses lamentations, il s'exaltait, vociférait pour traverser le chahut hostile de l'air : « Tout s'était plié sous la puissance de ma réflexion, ma voix avait remplacé la voix des autres, leurs bouches délivraient mes paroles, leurs gestes étaient ceux que j'avais enseignés, leurs pensées étaient celles que je leur dictais. Comment peut-on dire que ce monde n'a pas existé, que je n'ai rien créé, et qu'il ne m'a rien été enlevé ? » Où est-il, ce monde ? Répétait cruellement le vent. Et Plairil en réponse était incapable de le montrer, de prouver qu'il eût jamais été. Ses paupières clignaient, sa bouche béait, ses yeux écarquillés tentaient de retrouver au milieu du chaos, les bribes de ce qu'il avait construit. S'il ne reste rien, c'est qu'il n'y avait rien, se gaussaient les tourbillons autour de lui. « Là ! » Il désigna les trous où avaient été plantées autrefois les dents d'Odalim qui ornaient l'esplanade. « Je les ai fait supprimer ! » Et bien, dit le vent, c'est cela, ta preuve ? Plairil considéra les trous. « Ce manque... » les mots affaiblis lui furent arrachés des lèvres par une bourrasque et jetés, inertes, loin dans la tempête qui se levait.

     

    "Les Nefs de Pangée" Extrait. A paraître en septembre chez Mnémos.

  • Relire

    Ce qui est agréable, dans la préparation d'une rencontre, c'est de relire le travail de l'auteur qu'on va interviewer. Surtout quand son œuvre est de ce niveau. En l'occurrence, celle de Laurent Cachard, en prévision de sa venue du 14 mars à la bibliothèque de Fleury-la-Montagne. Je réalise qu'au bout du compte, c'est un cadeau que je me fais à moi-même.

  • L'autre rentrée

    Et donc, la sortie des Nefs de Pangée, initialement prévue en décembre, est avancée pour septembre, me dit mon éditrice. Ce qui signifie que les semaines qui viennent vont être chargées. Mais au bout, paraît-il, un bel objet cartonné, une sortie plus fracassante que de coutume. Pour moi, surtout, la bonne nouvelle est de boucler une publication plus tôt que prévu. De pouvoir songer au chantier suivant dès le mois d'avril.

  • Pas forcément l'orage, mais une élégante condensation

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