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rencontres avec des gens biens - Page 8

  • 3115

    Dans son journal, un ami écrit qu'il aimerait que, le jour venu, ce soit un homme qui lui ferme les yeux. Il en cite quelques uns, et mon nom apparaît alors. Je me découvre perplexe avant d'être honoré puis tout à fait ému. C'est ainsi qu'un autre ami m'a demandé que je lise un poème de Lamartine au dessus de sa tombe, le jour de son inhumation. Je ne sais si je mérite une telle confiance, mais elle atteste d'une amitié qui est née et se prolonge -voilà ce qui est doux- dans le partage du meilleur de la vie.

  • 3114

    Je devais être en troisième. Notre gentille prof de Français nous annonça que nous allions étudier Le Père Goriot et demanda si un élève connaissait ce roman et pouvait en faire un rapide résumé, ou en introduire la lecture pour ses camarades. Je voulus bien et entrepris de raconter l'histoire. Pendant mon discours, je surprenais l'expression peinée de ma professeure, peinée mais encourageante, disant « oui, oui » à chaque phrase. Quand j'eus fini, elle prit la parole pour corriger mes éventuelles erreurs et amener le résumé vers un point de concordance ente nos deux visions. Effort remarquable, car elle n'avait pas osé m'interrompre tandis que j'exposais avec assurance l'argument et les moments clés de Raboliot.

  • 3113

    Fichtre de fichtre ! Quand il s'y met... J'étais loin de mon bureau quand ma douce m'a appelé. Elle m'a résumé l'intention de la chronique, m'a fait entendre au téléphone le dernier paragraphe du billet de Laurent Cachard à propos de "La Vie volée de Martin Sourire" sur son blog. J'avais hâte de le lire intégralement, sachant le travail de lecture dont cet auteur fait le cadeau aux autres auteurs, et combien il ne se contente pas de dire qu'il a aimé. Dès mon retour, je me précipite, je lis. Me voici servi ! Je vous laisse en sa compagnie, à la lecture de ce texte précis, complet, détaillé. Que dire d'autre ? Ajouter d'innombrables mercis ? Mais nous savons, lui et moi, qu'il n'y a là ni retour d'ascenseur ou bienveillance partisane (de la bienveillance, si, tout de même un peu ? mais pas de complaisance), nous suivons chacun le parcours de l'autre et, quand un des livres de notre ami nous plaît, nous mettons en œuvre les moyens qui permettront au plus grand nombre de partager notre découverte.

    Bon, autant dire que je suis très heureux et fier, surtout, que mon dernier opus ait plu à un écrivain et néanmoins ami.

  • 3112

    La premier à chroniquer mon dernier roman est un écrivain dont j'admire le travail, ça tombe bien. Nos livres sont -sinon aux antipodes- en tout cas, inscrits dans des registres très éloignés. Et il s'agit d'un auteur intègre, qui ne distribue pas ses bons points à l'envi, ou par souci de complaire à une amitié. Je suis d'autant plus sensible au retour de lecture que Jean-Pierre Poccioni, auteur de La maison du FauneLa femme du héros entre autres, a fait de La vie volée de Martin Sourire. Diffusé d'abord sur Facebook, son texte valait d'être relayé sur Kronix. Merci à lui.

    « Pourquoi lire La vie volée de Martin Sourire de Christian Chavassieux ?
    Parce que ce roman qui se présente comme historique l’est d’une façon particulièrement intéressante et originale.
    L’événement historique est ici perçu par le personnage principal et ceux qui le côtoient comme nous percevrions nous mêmes les convulsions de notre histoire si nous ne connaissions la médiation permanente des moyens de diffusion et de présentation de l’information.
    Une histoire à hauteur d’hommes simples, de gens du commun et non l’histoire des hauts faits de quelques grands noms plus ou moins dignes du Panthéon. L’histoire du peuple par le peuple et avec lui.
    Parce que ce texte est un roman et ajoute au genre une aura supplémentaire de noblesse. Ni auto-fiction narcissique, ni pseudo biographie, ni variations sur le thème sempiternel et vain de « l’histoire vraie ». Une fiction c’est-à-dire ce procédé d’illusion réaliste que George Semprun considérait comme le seul moyen d’approcher le réel. Une fiction avec ses plaisirs petits et grands, virevoltes, événements, surprises et rebondissements.
    Enfin parce que ce texte est une œuvre littéraire ce qui implique qu’elle ne prend vie que par et pour l’écriture. Cette écriture qui se déploie avec aisance et précision, qui joue subtilement sur les tournures et le lexique très riche et recherché pour figurer la distance temporelle qui nous sépare des protagonistes est sans défaut ce qui est à la fois la moindre des choses et pas si fréquent ! Et puis soudain, quand le lecteur mis en confiance et presque accoutumé à cette belle langue finirait par oublier le talent qu’elle implique c’est le choc d’un long moment lyrique, une évocation quasi hallucinée des exactions commises en Vendée, qui s’élève progressivement aux plus forts moments poétiques qu’un lecteur puisse rencontrer. Un flot, une lave de mots qui embrase, qui sidère, qui parvient enfin, car rien n’est ici gratuit, à dire l’absolu du mal, sa béance inhumaine et pourtant si humaine. Pour moi un grand moment littéraire.
    Pour faire bonne mesure j’ai cherché des raisons de ne pas lire ce roman. Désolé je n’ai pas trouvé ! »

  • 3111

    Le texte a été écrit à Nohant, en 1872, daté du 6 novembre et publié dans le journal Le Temps. Trois ans avant sa mort, George Sand est en colère. Elle est un des seuls (sinon le seul) esprits de son temps, à comprendre les enjeux de l'environnement. Une visionnaire, surtout dans le dernier paragraphe :

    "…Tout est abattis, nivellement, redressement, clôture, alignement, obstacle; si, dans ces cultures tirées au cordeau qui ont la prétention de s'appeler campagne, vous voyez de temps en temps un massif de beaux arbres, soyez certain qu'il est entouré de hauts murs…Les forêts qui subsistent sont à l'état de coupes réglées et n'ont point de beauté durables. les besoins deviennent de plus en plus pressants (…)
    Irons-nous chercher tous nos bois de travail en Amérique ? Mais la forêt vierge va vite aussi et s'épuisera à son tour. Si on n'y prend garde, l'arbre disparaîtra et la fin de la planète viendra par dessèchement sans cataclysme nécessaire, par la faute de l'homme.
    On replantera, on replante beaucoup, je le sais, mais on s'y est pris si tard que le mal est peut-être irréparable… Il faudra voir si l'équilibre peut se rétablir entre les exigences de la consommation et les forces productives du sol. Il y a une question qu'on n'a pas assez étudiée et qui reste très mystérieuse : c'est que la nature se lasse quand on la détourne de son travail. Elle a ses habitudes qu'elle quitte sans retour quand on la dérange trop longtemps. Elle donne alors à ses forces un autre emploi; elle voulait bien produire de grands végétaux, elle y était portée, elle leur donnait la sève avec largesse. Condamnée à se transformer sous d'autres influences, la terre transforme ses moyens d'action. Défrichée et engraissée, elle fleurit et fructifie à la surface, mais la grand puissance qu'elle avait pour les grandes créations elle ne l'a plus et il n'est pas sûr qu'elle la retrouve quand on la lui redemandera. Le domaine de l'homme devient trop étroit pour ses agglomérations. il faut qu'il l'étende, il faut que des populations émigrent et cherchent le désert. Tout va encore par ce moyen, la planète est encore assez vaste et assez riche pour le nombre de ses habitants; mais il y a grand péril en la demeure, c'est que les appétits de l'homme sont devenus des besoins impérieux que rien n'enchaîne, et que si ces besoins ne s'imposent pas, dans un temps donné, une certaine limite, il n'y aura plus de proportion entre la demande de l'homme et la production de la planète. (…)
    nous tous, protestons aussi, au nom de notre propre droit et forts de notre propre valeur, contre des mesures d'abrutissement et d'insanité. Pendant que de toutes parts, on bâtit des églises fort laides, ne souffrons pas que les grandes cathédrales de la nature dont nos ancêtres eurent le sentiment profond en élevant leurs temples, soient arrachées à la vénération de nos descendants. Quand la terre sera dévastée et mutilée, nos productions et nos idées seront à l'avenant des choses pauvres et laides qui frapperont nos yeux à toute heure. Les idées rétrécies réagissent sur les sentiments qui s'appauvrissent et se faussent. L'homme a besoin de l'Eden pour horizon. Je sais bien que beaucoup disent : " Après nous la fin du monde ! ". C'est le plus hideux et le plus funeste blasphème que l'homme puisse proférer. C'est la formule de sa démission d'homme, car c'est la rupture du lien qui unit les générations et qui les rend solidaires les unes des autres."

  • 3110

    Il est publié et maintenant, il va falloir commencer à parler de ce roman. C'est-à-dire, enfin, tenter d'en avoir une idée claire. Qu'est-ce que j'ai bien voulu faire en écrivant cette histoire ?

  • 3103

    Les deux mots sont toujours là. Fidèlement, depuis dix ans. « Doux baisers » me déclare ma douce chaque matin, chaque soir, chaque fois que je me plante devant la glace, de mon côté de la salle de bains. Les lettres sont tracées au rouge à lèvres, renouvelées à chaque ménage, écrites et reprises sur le palimpseste de verre (c'est à peu près la seule utilisation que ma douce a du bâton de rouge, elle qui n'a pas besoin de paraître puisqu'elle se voit telle qu'en mon regard, et que ce reflet lui convient). « Doux baisers » dit naïvement et sans détour le miroir depuis dix années, dix années de déclaration permanente, de tendresse sans partage. Dix années passées comme un songe. J'ai pu croire un temps que j'aimais ma douce égoïstement, car on peut aimer dans l'autre le fait d'être aimé (surtout à ce point, qu'on peut comparer à de l'adulation). Mais un jour, d'inquiétantes nouvelles me firent entrevoir la possibilité que je finisse la route seul. Ce jour-là, un gouffre s'est ouvert. Heureusement, d'autres examens nous remirent sur les rails du bonheur sans défaut. Ma douce, merci pour ces dix années, merci d'avoir soutenu le projet fou de la vie que nous menons aujourd'hui. Doux baisers à toi. Bon anniversaire à nous.

  • 3099

    Décembre est particulièrement odieux à l'amnésique sommé, comme les autres, de faire le bilan de l'année.

  • 3095

    L'Hippocampe atrabilaire

    Laurent Cachard

    Hippo-atra.pngÉcrire pour un blog, écrire pour un livre… existe-t-il une différence ? est-elle d'intention, de forme ? De forme, c'est probable quand on lit la version éditée de L'Autofictif de Chevillard par exemple, qu'on envisage le médium du papier comme une sauvegarde de ce qui nous a déjà paru tellement brillant sur le net et dont on craint l'évanouissement. C'est plus complexe si l'on considère la publication, par les toutes récentes éditions de l'Orin, des billets de Laurent Cachard pour son blog Le cheval de Troie (référence nizanienne obligée de la part d'un auteur qui s'en réclame et le clame). Plus complexe parce qu'il paraît bien, à la lecture de ces textes qui ont été écrits sur un an (entre mai 2015 et juin 2016 approximativement), que l'objet livre tenu entre les mains, propose une approche que l'Internet était dans l'incapacité de fournir. Hors la notion de sauvegarde déjà évoquée (et abordée par l'auteur dans son adresse « au lecteur » en préambule) La différence entre les deux écritures tient-elle dans un autre rapport au temps ? C'est possible. Les lectures de blog sont souvent concentrées sur le matin en ce qui me concerne (il faut s'organiser quand on suit plusieurs auteurs, plusieurs sites d'info, etc.) et cette habitude comporte un risque : on fait vite, on saute, on élude. On lit, on apprécie, mais trop superficiellement, hélas. On ne prend pas toujours la mesure exacte de l'entreprise littéraire qui est en jeu. La différence entre les deux écritures est-elle dans la façon dont on reçoit la seconde, son approche physique ? C'est évident. Le support papier est lourd des exigences de son histoire. On ne l'ouvre pas comme on se rend sur un blog, d'un clic sur un raccourci.
    Il y a donc pour celui qui fréquenterait, même assidûment, le blog de Laurent Cachard, un grand intérêt à revenir à ses chroniques publiées sous la forme d'un livre (élégant d'ailleurs, format, couverture, illustration...). Revenir sur ce qu'on croit bien connaître pour savourer, s'amuser, s'émouvoir, prendre le temps de la lecture attentive, et mieux percevoir ce qui relie ces textes adressés à la foule anonyme des passants de la Toile.
    En quatre saisons (plus une), Laurent Cachard énonce d'abord l'état sensible du voyageur entre-deux, entre départ et arrivée, balancements de l'âme, espoirs de vie (inquiets mais assumés), arrachements (pas forcément douloureux pour celui qu'on croit) et nostalgie (non « déceptive », qu'on se rassure). Puis le quotidien reprend ses droits. La nage, les amis, les rencontres, les lectures, les concerts, les collaborations artistiques (avec des peintres, avec des musiciens, autant d'histoires d'amitiés), l'écriture (les projets et les sonnets). Tout ce qui fait Cachard quand on le connaît. Beaucoup d'amis, pas mal de (restitutions de) lectures, beaucoup de concerts (les amateurs se régaleront car il y a un réel talent pour faire revivre un concert, dire les ressentis sur un album, une chanson, un interprète) et un joli passage sur la nage. Quelques plaisanteries. J'ai ri (mince, j'ai perdu le repère, il y avait un billet que je n'avais pas lu à l'époque… J'ai éclaté de rire). De là encore, j'insiste, l'intérêt de la version papier. Car j'admets que j'avais manqué des rendez-vous. Merci aux éditions de L'Orin pour cette occasion de rattrapage.
    Et donc, je reviens à cette notion de « mieux percevoir ce qui relie ces textes ». Elle a pu échapper à l'auteur, c'est dire que je tiens à la formuler ici (prétentieux que je suis) avant que, se retournant sur son travail, il ne lui apparaisse comme une évidence ce qui suit. Ce qui relie ces chroniques, l'ostinato qui tient l'ensemble et lui donne sa cohérence, c'est justement l'exploration du balancement, cet entre-deux évoqué plus haut. Sentiment inconfortable finalement assez rarement « rendu » par la littérature. Où se trouve Laurent Cachard ? Les repères sont multiples (familiaux, affectifs, érudits, géographiques, professionnels, mémoriels) mais ils semblent échapper, fuir, refuser la supplique de leur témoin qui serait : « arrêtez-vous, créez du sens, dites-moi où je suis ». J'extrapole. J'interprète. C'est le droit d'un lecteur. N'empêche, je vois bien l'incertitude inquiète qui sous-tend ce travail, cet acharnement à revenir aux signes de la vie pour qu'ils avouent enfin, par la grâce de l'écriture, ce qu'ils nous cachent, le secret qu'ils nous refusent. Pour que tout se décide, enfin, à basculer dans un sens ou l'autre. C'est dans cette attente, cette zone grise tellement stimulante (il serait sot de la croire déprimante ou stérile), que se situe l'enchaînement textuel donné à lire par E/O. On aura compris que la forme livresque n'est pas pour rien dans la prise de conscience de cette tension. Le codex a cette vertu de la vue d'ensemble, appréhension que ne permet pas Internet, encore une fois.
    Beaucoup s'attarderont et gloseront (dans le sens du commentaire admiratif) sur les émouvantes considérations universelles qui peuplent la partie Hors-saison, en fin d'ouvrage. C'est normal, le deuil nous hante tous (surtout à partir d'un certain âge), et ces textes sont sincères et justes, mais je voudrais souligner la beauté d'un billet de la partie Printemps : celui du 6 juin 2016. La lettre est un des textes les plus forts du recueil, sinon le plus fort, et l'un des meilleurs de son auteur, selon moi. Possiblement réelle (mais la réalité m'importe peu, quand je lis un beau texte), cette histoire de correspondance sur des années entre un homme et une femme, et sa fin élégiaque, tendre, vertigineuse, légitime à elle seule cette édition.
    Une autre série de billets inscrite dans cette période, qui concernait la relation au fils, a été détachée du corpus présent. Elle constitue, cette série, une des Lettres ouvertes des éditions Le Réalgar. Cela s'intitule Lettre ouverte d'un vieux nizanien à son fils de vingt ans, et cette lettre doit être ajoutée à celles qui ponctuent L'Hippocampe…, si l'on veut se faire une idée plus juste, quand tout disparaîtra, de ce qu'était le blog d'un véritable auteur, aux temps héroïques d'Internet.

    L'Hippocampe atrabilaire, Laurent Cachard. 216 pages, éditions de L'Orin. 13 €

  • 3094

    Je ne peux pas vous raconter, mais en ce moment, j'écris des scènes vraiment dingues et je me régale. Autrement, je lis « L'hippocampe atrabilaire » de Laurent Cachard, chez E/O. Je me régale aussi, et ça, je pourrais vous raconter (vais me gêner, tiens).

  • 3086

    D'un club de lecture de la FNAC, si j'ai bien compris, cette critique inaugurale de "La Vie volée de Martin Sourire". Un bon début, quoi.

  • 3084

    Lors des rencontres Lettres-Frontière pour Le Baiser de la Nourrice, il y a quelques années, je m'inquiétais du coût énergétique de l'envoi de 80 kilos d'écrivain sur les routes pour qu'il évoque son travail. Quelques années seulement ont suffi pour aggraver la situation puisque, aujourd'hui, c'est 90 kilos d'écrivain qu'il faut promener à travers le pays. Je ne saurais donc trop vous demander de compenser ce désastreux bilan carbone en venant nombreux aux premières rencontres organisées pour La Vie volée de Martin Sourire, sur 2017 :

    La librairie du Centre, Ferney-Voltaire, le mercredi 18 janvier, 20 heures.

    Médiathèque de Gilly-sur-Isère, le vendredi 3 février, 18 h.

    Médiathèque de Saint-Denis de Cabanne, samedi 11 février, 16h30.

    Médiathèque de Romorantin,mardi 28 février, 18h30.

    Centre culturel de Riorges, jeudi 6 avril, 18h30.

    Bibliothèque de Fleury-la-Montagne, vendredi 9 juin, 18h.

    et aussi, à propos des Nefs de Pangée, au Salon du livre de Noirmoutier, samedi et dimanche 24 e 25 juin.

  • 3083

    Deux jours d'absence, les amis. Aujourd'hui et demain. Kronix n'en dit rien et je n'en pense pas moins.

    Je vais à Paris m'occuper de mon Martin Sourire.

    Bonnes journées à vous. Je vous conseille de lire "Des opéras de lumière" de Jean-Noël Blanc, en attendant. C'est publié au Réalgar, et c'est une merveille.

     

  • 3077

    Un nouveau portrait et une nouvelle chanson : "La ville étonnée" sur le site "portraits de Mémoire(s)", la démarche entreprise sur la communauté de Communes Charlieu-Belmont.
    Avec un texte de Jérôme expliquant la démarche de la composition musicale et le texte de la chanson (pour l'entonner avec nous, sous la douche ou au bureau, préparez vos aigus).
    Bonne écoute, les amis.

  • 3076

    Un ami, l'ami de cet ami, et moi, construisons une charpente que nous couvrons de tuiles de récupération. Je vais pouvoir remettre en service un poulailler pour le début de l'année qui vient. La matinée est bonne, la pluie a suspendu son harcèlement pour nous encourager. Ça rit beaucoup, ça bosse, ça avance. Et puis, un coup de fil nous apprend qu'une très chère amie, belle jeunesse de 90 ans, galaxie de gentillesse et de savoir, immense lectrice et précieuse personne, a été agressée devant chez elle, bras tailladés à coups de cutter pour lui arracher son sac, beaucoup de sang et de peur.
    Ce n'est pas haut, le toit d'un poulailler, mais la descente sur terre est bien rude.

  • 3071

    eric-vuillard-14-juillet-1.jpgÉvidemment, j'ouvre le 14 juillet d'Eric Vuillard avec une grande curiosité et un brin d'appréhension. Curiosité car, comment cet auteur que j'admire s'est-il emparé de la Révolution française, lui ? Comment s'est-il arrangé de la documentation, comment a-t-il fait parler ses personnages ? Quant à l'inquiétude, elle est légitimée par une comparaison toujours possible (due notamment à la proximité des parutions) comparaison dont je sortirais inévitablement malmené, même si nos projets sont très différents. Eric Vuillard (l'auteur du formidable Conquistadors et de l'excellent Tristesse de la terre, entre autres), a choisi de concentrer sur 200 pages le récit de la prise de la Bastille en prenant soin d'en situer rapidement les prémices dans les émeutes d'avril chez Réveillon (le fabricant de papier peint qui avait décidé de baisser la rémunération de ses ouvriers). Pour ma part, j'entraîne le lecteur de La vie volée de Martin Sourire dans un vaste mouvement, depuis l'enlèvement de mon « héros » par la Reine jusqu'aux guerres de Vendée et au-delà (disons de 1777 à 1794). Je me place dans une veine romanesque classique, dont la modernité de traitement apparaît par irruptions soudaines, comme par bouffées, et dans les méandres particuliers de mon histoire, les choix opérés parmi les personnages, les événements relatés.
    Je lis les premières pages de 14 juillet et, à la fois défait et admiratif, déclare à ma douce : « C'est génial ! » Comme je me sens largué avec mon énorme machine d'un volume double ! Pour preuve, je lis un extrait à voix haute. Ma douce admet que c'est très bien (ne veut pas me faire de peine). Le livre refermé, l'impression d'être dépassé s'est estompée. Le livre de Vuillard est fort, piquant, précis, amusant parfois, profond et tendre quand il s'attarde sur les destins, les notions de foule, d'individus et de peuple (tiens, tiens), mais quoi qu'il en soit, il est tellement différent du mien que je ne pense pas qu'une comparaison honnête soit possible. Si la dimension humaine nous obsède l'un et l'autre, la savoureuse richesse d'anecdotes produites par Vuillard constitue un instantané. C'est le quotidien d'une foule entraînée dans un mouvement extraordinaire presque malgré elle, c'est le grand cirque dérisoire où se cristallise comme par inadvertance un moment historique, dont il fait son miel. Pour ma part, je m'interroge sur cette ambiguïté : la Révolution française était-elle inéluctable ou bien, étant advenue, doit-on considérer qu'elle était nécessaire ? Qui trahit nos élans mieux que nous-mêmes ? L'actualité nous pousse à mesurer constamment cet héritage et nous engage à approcher nos vérités par la variété de lectures des événements. Bref, je vous souhaite de lire 14 juillet, et le plaisir que vous en aurez ne disqualifie pas celui que vous pourriez avoir, j'espère, en lisant La vie volée de Martin Sourire.   

    Il ne m'a pas échappé que mettre en relation ces deux livres était une manière de les comparer et surtout, qu'on peut y voir une prétention dont je n'aurais pas été conscient. Je vous le dis, pour conclure : mon masochisme ne se laisse pas intimider par ma vanité.

  • 3066

    Dans une heure, trois membres de l'association Demain dès l'Aube (Jean, Dominique et votre serviteur) accompagneront Philippe Claudel lors de sa rencontre avec le public de la librairie Le Carnet à Spirales, à Charlieu. Nous aurons le plaisir de lire des extraits de Le Rapport Brodeck, La petite fille de Monsieur Linh, L'Enquête et Les Âmes grises.

    Amis de la région, nous pouvons nous retrouver aussi (un peu plus au calme sans doute), cet après-midi, à Mably, pour un salon du livre organisé à l'occasion des 20 ans de la Médiathèque George Sand. A 15 heures, toujours dans cette médiathèque, j'aurai le plaisir de vous entretenir des Nefs de Pangée et, peut-être, de mon prochain roman La Vie volée de Martin Sourire, à paraître le 3 janvier, avec lecture d'extraits.

  • 3058

    Ils auraient voté FN, probablement, aux prochaines élections. Lors de la réunion où la venue des migrants a été annoncée dans un village, tout près de chez nous, ils ont pu assister au débordement de haine, à la violence, à la bêtise des bas-du-Front venus de la ville toute proche pour en découdre. Depuis, complètement révulsés, ils ont rejoint le comité citoyen qui accueille les migrants. Dans la lutte contre les idées du FN n'oublions pas que nous avons un allié de poids : le FN lui-même. 

  • 3055

    Le travail que nous avons déjà effectué, Jérôme, Marc et moi, pour « Portraits de Mémoire(s) » a de quoi nous rendre heureux. Multiples rencontres, quelques chansons produites, beaucoup de sourires, d'attention, et de relais. Il se passe quelque chose autour de ce projet (qui n'est plus un projet, donc). Je note cependant une inquiétude. La mienne, bien sûr (qui d'autre s’inquiéterait quand une démarche rencontre le succès et l'estime ?) J'écris en ce moment, presque à la chaîne, des biographies croisées, des récits de vie, je synthétise des témoignages. Je dois en être à 15 ou 16 articles (mis en ligne ou en passe de l'être), et je crains au final d'affadir la forme stylistique que j'ai mis tant d'années à mettre (à peu près) au point - la peur de prendre de mauvaises habitudes, si je résume. De plus, le roman que je suis en train d'écrire pour Mnémos prend la forme d'un long monologue d'un garçon de dix ans. Ce n'est pas pauvre, quoiqu'il existe une sorte de réduction contrainte, c'est un exercice intéressant (comment habiter une pensée pertinente, dépourvue de beaucoup de mes propres références ?) mais cela risque de me conforter dans un mode de récit plus spontané. Voilà ce qui m'inquiète.
    Il ne faudra donc pas être surpris de trouver dans le roman qui suivra, écrit pour Phébus, une inspiration poétique, riche, sophistiquée, extrêmement littéraire, frisant la sur-écriture. On écrit souvent en réaction au livre précédent.

  • Un prix pour les Nefs de Pangée

    C'est ce matin, aux Utopiales de Nantes, que le prix Planète SF des blogueurs 2016 a été décerné aux Nefs de Pangée.

    Prix-Planete-SF-2016-V5.jpg

     

    Du baume au cœur. Plus d'infos ICI.

     

    Je ne pouvais pas être présent. Erci Jentile m'a proposé de prendre la parole pour moi. Je lui ai demandé de transmettre au public le message suivant :

    "J'aimerais d'abord, vraiment vraiment mais vraiment prier qu'on excuse mon absence. Pour une fois que j'ai un prix, je ne suis même pas là pour le recevoir. J'en suis profondément désolé et je voudrais de tout cœur être avec vous, mais... Bon, j'espère qu'on comprendra que j'aie donné la priorité à certaines effusions familiales.

    D'autre part : je remercie les éditions Mnémos bien sûr. Fred et Nathalie. Je remercie Stéphanie Chabert, qui a dirigé cette publication, qui a su m'écouter et me proposer, et sans qui "Les Nefs de Pangée" serait certainement différent. La décision d'un volume unique lui revient et je crois que c'était une bonne décision. Je suis très fier du livre qui résulte de notre travail.

    Je voudrais aussi remercier le jury qui a retenu mon livre et les blogueurs qui m'ont soutenu, énormément, qui ont été nombreux, attentifs, pertinents, et qui ont permis une certaine attention des lecteurs et des libraires envers "Les Nefs". Je considère, par leur voix et grâce à ce prix, que je reçois l'équivalent d'un "prix de la critique", et c'est à mes yeux une reconnaissance essentielle.

    Enfin, je salue mes confrères écrivains. Nous sommes tellement acharnés à produire les meilleurs livres possibles, que nous pouvons tous prétendre à recevoir un prix un jour. Aujourd'hui, c'est moi. Croyez bien que je savoure sans scrupules. Merci encore."