Il les cherche aussi, les parodies ! Tout seul devant un horizon maritime, dans une prémonition de la phase ultime du réchauffement climatique, avec une montée des eaux qui recouvre définitivement toute trace de vie. N'est-ce pas une fanfaronnade pathétique de se dire fort quand on est totalement submergé ?
kronix - Page 131
-
Coule
-
Parmi tant d'autres
« Nous ne sommes pas une espèce spécialement réjouissante. Le problème est qu'on en fait partie. Se croit-on meilleur qu'elle ? Est-on meilleur, à l'échelle individuelle, que l'addition que nous formons avec les autres et dont nous condamnons si facilement les comportements ? Ou bien la proportion de salauds est-elle plus grande que celle des gens de progrès ? » s'interrogeait la fourmi.
-
Simple
Si l'on s'en tenait à la simple logique, on devrait tirer toutes les conséquences du fait que, statistiquement, les voitures sont très majoritairement accidentées sur les routes, et on roulerait donc dans les champs, sur les trottoirs, parmi les forêts et les canyons, en toute sécurité.
-
Desireless
La valise a pris en main le voyageur. Elle le conduit, vaguement hébété, dans les couloirs de l'aéroport. Un peu inquiète, elle devra le laisser tout seul sur un fauteuil tandis qu'elle rejoindra ses amis pour faire le trajet dans la soute. Elle songera au débarquement, ennuyée d'avance de tourner en rond longtemps avant de remettre la main sur son porteur, qu'elle s'abstiendra de morigéner pour sa lenteur. Car elle sait combien l'avion le stresse.
-
Indice
- Pardon monsieur, la sous-préfecture, s'il-vous-plaît ?
- Oui, alors : vous voyez le menhir bleu avec la plante en forme de colibri qui pousse dessus ?
- Oui.
- Et bien c'est que vous êtes complètement bourré, mon pauvre ami. -
Incipit
Début d'une nouvelle, acceptée par les éditions "La muse galante", (non) publiée dans la vagissante revue "Canicule". Pourquoi "non" publiée ? Parce qu'il s'agit d'un numéro zéro. Mais après tout, on peut imaginer que du numéro zéro au numéro 1, il n'y a qu'un pas. Ah oui, précision importante en ce qui me concerne, essentielle même : ce texte est une commande. Le bonheur d'être sollicité (pour un type comme moi, miné par un doute permanent), alors que je ne connais absolument personne, je vous assure...
"Si je ferme les yeux, je retourne sans effort près de ce fleuve. Voici ses eaux, tranquilles sous la lune. Et parmi les gazelles venues s'abreuver, trois fois plus haut que leurs échines, te voici, Enkidu. Enkidu, je te devine dans la nuit, massif comme un roc, vif pourtant, ramassé dans un geste au milieu des roseaux, la chevelure hirsute tombée sur ton visage, ta bouche qui lampe à grand bruit l'eau du Tigre. Le jour, les bergers effrayés fuient ta silhouette immense, ton regard fauve, tes muscles couverts de pelage. Le soir, ils redoutent tes cris sauvages, ta folie, ton mystère. Tu chasses leur gibier, tu mènes ta harde, impunie, au milieu de leurs champs. Et contre toi, les chiens sont impuissants.
Alors, les bergers désespérés sont allés à Uruk chercher secours auprès du puissant Gilgamesh. Ils ont enlevé la poussière de leurs pieds, se sont inclinés devant le fils de Ninsuna et ils ont raconté tes rugissements, ta force, la steppe qui gémit sous tes pas. Gilgamesh a écouté. Il a reconnu dans leur récit des mots qui pourraient le décrire, lui, le roi aux deux-tiers divin. Il a noté l'envergure de leurs bras pour mesurer ta carrure, la hauteur de leur houlette pour dire la taille de tes jambes, l'image des braises pour définir ton regard. En tout cela, étrangement, il se retrouvait. Gilgamesh a réfléchi. Il a appelé sa courtisane, Shamat, et il l'a présentée aux bergers. « Voyez Shamat, la Joyeuse. Elle est attachée à mes pas, nulle femme ne lui est comparée. Elle prend la route avec vous, dès ce soir. Son escorte montera la tente sur les berges du Tigre. Là, elle attendra le monstre que vous craignez. » Les bergers considérèrent la courtisane, sa chair précieuse et son port de reine, avec étonnement et mépris : que ferait-elle que nos chiens n'ont pas fait ? Que pourrait-elle que nos fléaux n'ont pas pu ? Le géant la mettra en pièces, il la dévorera ! Elle tourna son visage vers son roi. Ils échangèrent un sourire. Gilgamesh dit : « Ayez confiance, allez ! » "
-
Prémonitoire
Je me souviens qu'aux dernières élections présidentielles, nous étions avec des amis et leurs enfants devant la télé, quand les résultats du second tour furent annoncés. A l'instant où le visage de not'président s'afficha, le plus petit de la famille, environ 6 ans, fut pris d'une crise de vomissements. Le ton du quinquennat était donné.
-
Une bouteille à la mer.
On nous montre sur l'écran une fiction très éloignée des faits réels qui l'ont inspirée. En réalité, le petit palestinien de Gaza qui cueillit la bouteille sur la plage, adressa à la petite israélienne un message qui disait en substance : « si vous pouviez arrêter de nous balancer vos déchets, en plus du reste. »
-
Personnalisé
Je voudrais que vous me réalisiez un site internet. Je l'aimerais sobre, élégant... bref, tout le contraire de moi.
-
Civilisé
La question était mal posée. Il fallait d'abord demander : « Pour vous, qu'est-ce qu'une civilisation ? » Toujours s'entendre sur le vocabulaire. Je pouffe en imaginant Guéant s'emmêler les pinceaux à tenter, en direct, de définir une notion aussi complexe.
Ensuite, il était éventuellement possible de lui demander un classement, pour voir.
-
Demain
La Chine s'est éveillée. C'est fait. Mais attendez que les Chinois se réveillent !
-
Arrêtons le massacre
Et tous ces zèbres qu'on écrase, qu'on passe au bulldozer, qu'on étire, étire, jusqu'à ce que leur peau colle au goudron. Tout ça pour le signalisation des routes, quel gâchis !
Et ces pauvres gendarmes ! Abattus, couchés en travers de la route, cadavres anonymes. Tout ça pour obliger les automobilistes à ralentir ! -
Scène de la vie rurale
J'observais ce mouton depuis un bon quart d'heure et son comportement ne cessait de m'intriguer. Il s'offrait à la copulation de tous les mâles de la ferme, gallinacées compris. Malgré tout, aucune bête ne répondit à ses avances. Il leva son regard doux vers moi. Après un moment d'hésitation, je me levai, mis mes poings dans les poches et m'éloignai en sifflottant, indifférent aux bêlements désespérés qui tentaient de me retenir. Je n'aime pas faire de la peine à mes chèvres.
-
Plus qu'hier
- Merci pour les roses. Elles sont très belles. Tu as quelque chose à te faire pardonner ?
- Oui
- Quoi ?
- De ne pas t'en avoir offert hier. -
Rencontres
Si les frères Lumière ne s'étaient pas mariés avec les soeurs Satourne, le cinéma n'aurait jamais vu le jour.
-
Ce soir, Totor encore
D'après un article de Fabienne Croze:
"Victor Hugo, si on y réfléchit : c'est tout près ! « Les Misérables » paraissait il y a juste 150 ans. En hommage à Victor Hugo, la médiathèque de Roanne propose deux rendez-vous : Le premier, avec l'association « Demain dès l’aube », organisatrice, chaque année, des lectures de St-Haon-le-Châtel, près de Chenay. Six de ses membres (Christian Chavassieux, Bernard Furnon, Dominique Furnon, Charlotte Furnon, Yolande Lauxerois, Jean Mathieu). tous passionnés de lecture publique, rendront hommage -à une ou plusieurs voix- à Victor Hugo avec des textes forts, puisés dans les œuvres majeures : Les Contemplations, Quatre vingt treize, Choses vues, l’Année terrible… : « Ils cherchent des lueurs dans la nuit ». Cette association est ouverte aux amoureux de la littérature, du plaisir de lire à haute voix, d’écouter en extérieur, plaisir individuel et collectif. Les littératures, comme trésors inépuisables de connaissance et d’amour, à sauver, à partager, à dépenser !
Vendredi 3 février à 18h30 – Entrée libre
Le mardi suivant, le 7 -à 19h (Entrée libre également), la médiathèque propose, en collaboration avec le Cercle Condorcet, une Conférence : « Victor Hugo et la question sociale » donnée par Agnès Spiquel, professeur de littérature française des XIXe et XXe siècles, à l'université de Valenciennes. Elle a écrit plusieurs livres sur Victor Hugo : La déesse cachée, Isis dans l’œuvre de Victor Hugo (H. Champion, 1997), Du passant au passeur : quand Victor Hugo devenait grand-père (Eurédit, 2002), Victor Hugo et le romanesque (Lettres Modernes Minard, 2005)."Fabienne Croze
-
Le vrai drame
Roméo et Juliette, tu parles : des gamins ! Tu les imagines, trente ans plus tard, s'engueulant pour savoir dans quelle belle-famille passer Noël ! Les tragédies sont belles parce qu'elles interviennent avant le vrai désastre, qui est la banalité de la vie.
-
Si bon de rire, parfois.
Comment faire rire ? Voyons... Je prends une idée, au hasard. Au hasard. Voyons. Bon, déjà : trouver une idée. Une idée. Une i-dée... Si pas d'idée, poser le regard n'importe où et chercher à partir de là. Tiens, mon trousseau de clés, là, sur le bureau. Les clés du boulot ; Ah oui, bien : les clés du boulot. Aha. Je ris d'avance, attends, tu vas voir, je vais te trouver une saillie maligne à propos de l'accès à l'emploi que tout le monde cherche mais que c'est moi qui ait les clés... Mais non, décidément, il faut aussi être d'humeur. Oui, commençons par l'humeur. J'aurais dû y penser. Être de bonne humeur, bien sûr. Zut, ça ne vient pas comme ça, sur commande. Ou alors, non : pour être drôle souvent, il vaut mieux être complètement désespéré. Les grands mots d'esprit livrés sur un lit de mort. Oui, c'est ça le secret : le désespoir le plus total. D'accord, on fait comme ça : je me suicide avec un poison assez lent pour me permettre d'écrire un très très bon jeu de mots, une phrase définitive sur la dérision de la vie, un truc cinglant.
Glup. Pas bon.
Je sens que ça fait effet.
Argglll... Vite ! Argh...
Tip tip tip. « Allo, passez-moi le centre anti-poison, je crois que j'ai fait une bêtise. Faites vite. Hein ? Non, c'est pas une blague, je n'ai pas du tout envie de rire ! » -
La débandade
Perdu la boîte à épices. Celle où sont rangés les rires et la bonne humeur. Du coup, tout ce que j'écris ne décolle pas, fait à peine sourire. Beau m'efforcer, me congestionner les boyaux de la cervelle, des nèfles ! Rien de marrant ne sort. Une sorte de panne, de détumescence de la rigolade. Une petite voix, grinçante, s'élève : « Parce que tu as déjà été drôle, toi ? »
Suite demain.
-
Crever la dalle
Par chez moi, on fait la grève de la faim pour réclamer des parkings. Oui m'sieur ! Pas pour défendre les droits de l'homme, alerter l'opinion publique sur le sort des SDF en hiver ou protester contre la maltraitance en milieu carcéral, pas pour s'indigner des condamnations à mort en Chine ou s'inquiéter de la centralisation des Caisses d'assurance ou du non-financement des dépenses de santé. Non : pour des parkings. Gandhi n'y avait pas pensé, Bobby Sands non plus. Ou peut-être auraient-ils trouvé ça absolument obscène. Va savoir.