Quoi ? Déjà Noël ? Et Marie de pousser de toutes ses forces pour accoucher dans les temps.
kronix - Page 134
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Ponctuelle
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Bonne résolution
J'avais formidablement envie de prouver à cet ami que les « miracles du Coran » (prémonition de la rotondité de la terre et du big bang, « racines » des montagnes, etc.) sont une vaste fumisterie. Je craignais d'avoir à beaucoup chercher, à me documenter longuement, mais finalement les démonstrations contradictoires sont tellement bon enfant que ça a été vite fait. Sauf que, soudain, une grande lassitude m'a gagné. A quoi bon ? Qu'il se démène avec ce fardeau que toutes mes explications ne lui ôteront pas, parce qu'il est passé au-delà du rationnel. Alors, j'ai replongé dans les derniers articles scientifiques, où l'on décrit la chasse au boson de Higgs, tandis que mon ami est persuadé que l'eau de mer et l'eau douce ne se mélangent pas.
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Assistés
Ma douce et moi sommes l'incarnation de la bienveillance que nous espérons de nos élites. Je m'explique : notre goût pour l'assistanat se manifeste jusque dans l'entretien de nos chats, absolument improductifs. Comment expliquer autrement que nous ne nous agacions pas de les voir, couchés mollement, regardant passer une souris à protée de griffes, sans qu'ils bougent une oreille ?
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Paradoxe (un de plus)
On se souviendra peut-être de cette période de récession et d'urgence de l'économie d'énergie comme de celle où les magasins, pour Noël, restaient grand ouverts sur la rue, distribuant le chauffage au ciel froid d'hiver, et où les particuliers, autrement si sourcilleux sur le respect des normes environnementales, déployaient des théories de loupiotes sur leur toit et autour de leurs fenêtres.
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Sans titre
J'ai rencontré le parolier de Didier Barbelivien. C'est une sorte de boîte en plastique avec de la mousse dessus. Quand on soulève le couvercle, ça fait des sortes de pets. Selon le rythme, on soulève en cadence, ça produit des rimes. Didier était heureux de me faire une démonstration. Je ne savais pas quoi dire devant son air de gamin émerveillé d'avoir fait fumer un pétard à une grenouille. Je lui ai dit « c'est bien, ça » et puis on est passé à autre chose. Les prochaines élections le passionnent. J'étais certain qu'il savait déjà pour qui il aller voter, mais pas du tout. Pour ça aussi, il fait confiance à sa boîte magique. Il l'a prise devant lui, sur ses genoux. Il a demandé : « Pour qui faut qu'je vote ? » et la boîte a émis encore un de ses longs pets, mais il y avait l'odeur aussi. Alors, il a levé sur moi un sourire entendu, et j'ai compris qu'il ferait comme d'habitude.
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Révélation
Le soldat téléphona à sa famille : « Mais je t'assure, en face, ils cherchent à nous tuer. Nous tu-er ! »
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La petite commande
"les chants plaintifs" sont en ligne sur le site de la petite fabrique (aller dans la catégorie "livres d'artiste" puis "Livre pluriel")
les photos donnent une idée de la qualité de l'objet.
Il existe aussi en version édition courante, abordable (rubrique "édition courante"). La commande peut se faire en contactant directement la maison d'édition : contact@la-petite-fabrique.com ou de la main à la main, si vous habitez dans les villes où oeuvrent ces librairies :Le Square
Square du Dr Martin, 38000 Grenoble
Tschann
125 Boulevard Montparnasse, 75006 Paris
L’Odeur du Temps
35 rue Pavillon, 13001 Marseille
Et autrement, j'ai eu un écho enthousiasmant de l'écrivain réputé et fameux (et surtout excellent) qui signera la préface de "J'habitais Roanne", mais nous en parlerons en temps utile. -
Sur Lévy
« … beurre, confiture, toasts, boîte pour le chien, un paquet entamé de jambon de Parme, un morceau de Gouda, une tasse de café, deux pots de lait, une coupe de compote de pommes, deux yoghourts nature, des céréales, un demi-pamplemousse... » la liste de ma douce pour que mange un soir tout seul ? Non : un extrait de « Et si c'était vrai » de Marc Lévy. Je vous jure. Mais ce n'est finalement pas le plus gênant. Ce qui m'affole, c'est qu'on puisse faire entrer un texte qui est du niveau scripturaire d'un scénario de film (pas plus mauvais, mais pas « écrit », pas conçu pour ça), dans la catégorie des romans. En fait, je crois que la supercherie est là : je fais l'hypothèse que ce... ce roman (je n'ai pas lu les autres) est d'abord un scénario que Lévy a proposé aux studios et qui, refusé, a trouvé un nouveau souffle dans une adaptation pour le livre. Ou bien est-ce sa vision de l'écrit, comme d'une sorte de rapport où, visuellement, rien ne doit être caché. L'accident de Lauren, au début du récit, est typique du procédé avec la description du corps, les détails de sa position, celle du bras, l'esquisse de sourire, son visage, sa chevelure... Lévy ne nous épargne rien. Il faut qu'il énonce. Tout. Comme s'il voyait son histoire se construire à coups d'images arrêtées. Je ne sais pas qui lit ces trucs, mais c'est ennuyeux au possible.
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Pas vu à la télé
Enfin la consécration ! Je suis dans le studio de l'émission « la grande librairie ». A peine installé dans un fauteuil, le présentateur François Busnel m'assaille de questions : « Vous êtes qui ? Qu'est-ce que vous voulez ? Et d'abord qui vous a laissé entrer ? »
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Miss Univers
J'ai rencontré miss lentilles 2011 à Débats-Rivière-d'Orpra (Loire, 147 habitants). Et bien, elle n'est pas du tout comme on dit. Très sympa, très simple. A aucun moment n'a cherché à me faire ressentir une quelconque supériorité. Tout ce qu'on pourrait éventuellement lui reprocher c'est peut-être un petit manque de lucidité, une tendance à la rêverie, mais alors à peine.
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Oradour-sur-Glane : l'armée allemande réhabilitée
L'enquête toujours en cours a connu un véritable tournant avec la découverte de ce document qui prouve de façon irréfutable qu'un habitant n'avait pas payé une contravention sur la vente de fromages de chèvres. Toute l'Allemagne respire et peut se regarder à nouveau en face. L'enquête française sur le massacre d'Ouvéa piétine un peu, mais on se fait fort de mettre la main sur les traces d'un trafic de poisson dans les mois qui viennent.
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Bonne mine
Enfants de deux villages séparés par un coin de forêt, ils s'aimaient. Le jeune vietnamien et la jeune vietnamienne se retrouvaient entre les fougères, dans un terrain réputé miné. Mais, frêles et minces, leur faible masse ne suffisait pas à déclencher les engins de mort. Ils décidèrent un jour de passer aux choses sérieuses, se couchèrent sur un tapis de feuilles et firent l'amour. Sous leurs poids additionnés, ils sentirent le déclic du détonateur. La bombe n'exploserait que s'ils se relevaient maintenant. Ils s'aimèrent longtemps.
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Positive attitude
La réponse de l'éditeur commençait ainsi : « Le manuscrit de votre petit garçon n'entre pas dans notre ligne éditoriale... » mais Alexandre jardin se jura de ne pas renoncer.
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Négociation
Le directeur ne nourrissait ses poissons que lors d'un entretien avec un subordonné. Pendant qu'il écoutait une demande d'augmentation par exemple, il approchait négligemment de l'aquarium et jetait de la viande à ses piranhas, provoquant un remous sanglant. Souvent cela avait pour effet qu'on passait à un autre sujet.
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Correspondant de guère
Je n'ai guère le temps d'en parler davantage (une surcharge de travail inopinée, ajoutée au retard pris pendant quelques jours de fièvre), mais je vous livre tout de même mes premières impressions : Entre Musso et Lévy, franchement, il y a une grosse différence. Musso sait écrire, il est consciencieux, respectueux de son lecteur et lui veut du bien. Lévy est un sagouin, il se fout de son lecteur et de ses personnages. Il bâcle ça, hop, doit avoir calculé son temps de travail à l'ordi en fonction d'une rentabilité supposée du produit, en bon chef d'entreprise. Ça donne des passages tout à la fois affligeants et désopilants. Mais il paraît qu'en interview, le gars est plutôt pépère, ne la ramène pas, ne se réclame pas le titre d'écrivain. D'après ce que je lis, il fait bien.
Et donc, Musso, non point la désolante syntaxe que je craignais, mais un récit pas mal fait, mieux écrit que pas mal d'autres choses, ma foi. Pas indécent, quoi. Je préfère cette fadeur, ce romantisme piqué de fantastique bon teint (bon, je n'ai pas fini, mais on s'y achemine) à certains écrivains proclamés tels par des lectrices pâmées qui braillent leur admiration pour de mièvres choses humides, baguées de pâte d'amande, où s'affiche une poésie de cour d'école avec des mots piqués dans le dictionnaire, au hasard, c'est pas grave, tant que ça sonne bien et que ça fait joli.
Voilà, vite dit, de votre correspondant de guerre sur le front de la littérature de gare mais qui se vend super bien et qu'on aimerait bien être vendu pareil, et que tout ça, au fond, sûrement, c'est rien que des histoires de jalousie.
Pour résumer, je n'ai pas tellement envie de parodier Musso (nous formions ce projet, un ami et moi), qui me fait l'impression d'être honnête et de quand même chercher à écrire des phrases qui se tiennent (d'ailleurs, ça doit l'agacer qu'on le mette dans le même panier que l'autre. je serais lui...), mais avec Lévy, on devrait bien s'amuser, hein, L. ? Je propose déjà un titre : « Et si c'était trop ? » -
La mauvaise réputation
Je suis cloué au lit, fiévreux, assommé, emmitouflé dans les couvertures, assoupi en regardant la cassette que ma fille m'a prêté, avec sur la table de chevet des livres achetés récemment par souci d'objectivité. Mais je sursaute : imaginons que je meure là, soudain. Et on me retrouverait, tout habillé dans mon lit, calanché devant Kung-Fu Panda 2, avec un Musso et un Lévy à portée de main !
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Aux petits soins
A l'hospice, les vieillards ont insisté pour se trouver dans la même chambre. L'un deux nasille dans son tuyau tandis que l'autre bat la mesure sur son bassin. Les autres écoutent en hochant la tête. Les infirmiers s'échangent des sourires. Elle est émouvante mais un peu pathétique, l'ultime reformation des Rolling Stones.
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Béni non-non
- Je te baptise au nom du P...
- Attendez: qu'est-ce que c'est que cette flotte ? je croyais qu'on pouvait boire du vin dans votre religion ?
- Certainement dit le curé, quoiqu'avec modération, mais là, nous en sommes au baptême
- Ah mais ça ne va pas du tout, ça.(et il s'en va)
- Encore ce malentendu, soupira l'abbé. -
Au faîte
Si j'en suis arrivé là où j'en suis aujourd'hui, c'est grâce à toi, dit-il à sa femme. Elle considéra autour d'eux la vieille caravane et le terrain vague où ils habitaient et se demanda s'il n'y avait pas dans les propos de son mari un reproche voilé.
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Carrément Trop pas !
Laurent Cachard aime la chanson depuis toujours. Et il aime aussi la comédie musicale. Goût que je partage, d'ailleurs. C'est toute une équipe qui a rejoint l'auteur du Poignet d'Alain Larrouquis pour mener à bien un projet hors-normes : la création ex nihilo, avec ses propres moyens de producteur, d'une vraie comédie musicale. La comédie musicale est, pour l'auteur de langue française « le » genre casse-gueule par excellence. Laurent Cachard s'en sort en articulant intelligemment les chansons entre elles, tout simplement. Sur le blog consacré à la genèse de l'expérience, on peut en écouter quelques unes, dont la musique est signée de son éternel complice en la matière : Eric Hostettler (les compères ont déjà produit un album : L'éclaircie).
Dans ce nouvel opus, ma chanson préférée est « l'inversion des choix ». Cependant, je dois admettre que « Trop pas », chanson d'ouverture qui donne le titre à la pièce, se retient facilement, s'incruste longuement et a accompagné une de mes insomnies, récemment.
En tout cas, vous qui, contrairement à moi, serez mobiles ce soir à partir de 20 heures, vous seriez bien inspirés de vous rendre à la Casa Musicale, pour le premier show case de ce musical auquel je souhaite évidemment succès et postérité. Tél : 04 78 83 40 82.